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Entropie | Didier Reboussin | 2023

Recueil de nouvelles


Un article ajouté/rédigé par | 13/11/2023 | Lu 512 fois




Illustration et quatrième de couverture

La complexité a pour contrepartie le chaos, établissant ainsi un équilibre mouvant qui permet à l'évolution de s'exprimer. La fuite en avant de l'humanité accroît-elle le désordre autour d'elle ? La contraint-elle à opérer des choix, heureux ou malheureux, dont dépend son avenir ?

Saura-t-elle maintenir les plateaux de la balance au même niveau ou bien, par ses excès la fera-t-elle pencher du mauvais côté ? Dans un cas comme dans l'autre, quels  seront les défis à relever, les conséquences à assumer ? Qui aura le dernier mot : l'esprit ou L'ENTROPIE ?

Table des matières

Préface de Jean-Michel Archaimbault
- Après moi le déluge 
- Izieu 
- L’Antéchrist 
- Le temps du rêve 
- Les Alyscamps 
Norma   
- Entropie 
- Un coup de grisou 
Vanité   
Wannsee   
- Admira 
- Dans la maison du jaguar 
- Euryale 
- Évolution 

1973… ET LA SUITE

Évoquer le titre de cette dystopie corrosive et grinçante signée Richard Bessière (Fleuve Noir Anticipation n°555, avril 1973) n’a rien d’un pur hasard. D’abord, l’année indiquée marque l’entrée d’un jeune homme passionné de science-fiction dans le fanzinat actif et lui offre l’occasion inespérée d’une rencontre déterminante. Ensuite, la référence à l’auteur qui a ouvert le grand bal d’Anticipation en 1951 permet de souligner toute l’importance de cette collection – à l’époque et encore maintenant – pour ledit jeune homme qui se décrit comme « élevé au Fleuve Noir sous la mère ». Bien évidemment, il s’agit de Didier Reboussin, une personnalité dont la richesse, les connaissances, la passion et le talent n’ont d’égales que la discrétion, la gentillesse et le besoin de partager ce qu’il aime. Son parcours personnel, il l’a déjà relaté dans son article Souvenirs faniques paru en 2021 sur le site Le Galion des Etoiles.

Après ses deux romans, « L’arbre aux lunes » (2017) puis « Le chemin de Damas » (2021), parus chez Pulp Factory, voici donc que Didier nous propose « Entropie », qui regroupe dix-neuf nouvelles dont sept inédites…

Ne nous étonnons pas de souvent trouver dans ces textes, à travers l’écriture classique, la sensibilité aiguë et l’imagination si vaste de leur auteur, l’écho de facettes remarquables du talent de ces deux grandes dames que furent Nathalie Henneberg et Julia Verlanger, tout en y percevant aussi l’admiration de Didier pour d’autres maîtres de la science-fiction.

Ainsi, par exemple, Clifford D. Simak dans « La chose qui pensait », avec une dimension supplémentaire d’amour sublime et tragique suscité par des présences enfouies sous la terre depuis les premiers âges du monde. Et plus loin, dans « Évolution », Olaf Stapledon dont le « Créateur d’étoiles » résonne lors de l’éveil à la conscience cosmique du narrateur qui se verra confier le choix du destin de notre espèce.

Dans cette collection de nouvelles, Didier Reboussin nous invite à voyager sur notre planète, à la recherche de l’éternel féminin qui se révèle dans des contrées lointaines, dans des replis du temps, dans d’autres dimensions soudain accessibles par des processus étranges ou miraculeux. Omniprésente, l’Histoire offre ses surprises et ses pièges en diverses époques marquantes, dont l’âge noir de la Seconde Guerre mondiale avec ses criminels encore impunis et ses démons qu’il faut exorciser. À Sarajevo, deux amoureux tragiques trouvent un refuge surréaliste, les mines de charbon du Nord voient apparaître un Messie inattendu et un disciple fauteur de catastrophe, une locomotive à vapeur (rappelons au passage que le monde ferroviaire est l’une des grandes passions de Didier) relie tout-à-coup l’année 1955 aux premiers mois de la Grande Guerre et emmène son « train des fantômes » sur une voie balisée de souvenirs poignants… Nous irons « en Arles, où sont les Alyscamps » (Paul-Jean Toulet), dans un autre Paris, à Milan sur les traces de Maria Callas, à Vaux-le-Vicomte, en Australie, au Mexique… et il ne sera pas toujours aisé d’en revenir.

L’espace, le cosmos s’ouvrent pour la visite à des mondes singuliers, de gadoue et de pétrole où règne la plus sordide cupidité, de fascination et de merveilles comme ce grand arbre qui, sous les rayons de trois soleils, enserre entre ses branches et ses ramures des planètes et des lunes où foisonnent la vie et la conscience. Viennent alors les réflexions et les considérations sur le pouvoir, la durabilité des structures qui le sous-tendent et lui permettent de s’exercer, la vanité et la fragilité de ces édifices que sont les civilisations planétaires ou interstellaires.

En synthèse, la puissance absolue et souveraine peut-elle appartenir à autre force ou principe que l’entropie ? Qu’elle soit terrestre ou galactique, l’Humanité n’est-elle pas vouée qu’à une seule destinée, celle de disparaître pour que soient effacées les traces de son triste passage et qu’une chance de renouveau, de réinitialisation positive, soit offerte à ce qui viendra après ?

Au gré de ces histoires, l’une des constatations les plus frappantes est bien cette perception du caractère nuisible de l’Homme. Quant aux « anges de la colère » qui surgiront ou seront élus pour éradiquer le fléau, ils auront le choix des armes, du grotesque au tragique, du ridicule au métaphysique. Et nous, lecteurs, resterons là, à méditer sur le meilleur ou le pire, au bord d’un abîme de réflexions…

Les derniers mots seront pour illustrer plusieurs convergences personnelles entre Didier et moi-même. Tous deux, nous sommes d’ardents défenseurs du Fleuve Noir Anticipation (et Angoisse, également) qui nous a fait faire nos premiers pas sur les chemins de la science-fiction. Les fréquentes contributions de Didier au fanzine « Météore » de Michel Vannereux et ses « Croisières au long du Fleuve », dans Galaxies, auxquelles il m’associe à l’occasion, en témoignent notamment. En 2011, nous nous sommes retrouvés dans l’anthologie commémorative « Dimension Jimmy Guieu » concoctée par Richard D. Nolane chez Rivière Blanche. Puis Didier a signé la très belle nouvelle « Le destin d’Hermos » dans mon étude et anthologie « Interco, la Galaxie humaine de J. et D. Le May » parue fin 2013 chez le même éditeur. Au même moment, alors que je réfléchissais à la réécriture « modernisée » d’un roman de Richard Bessière (autre que « Les conquérants de l’Univers », demande initiale de Mick Bessière mais véritable mission impossible !), une très pertinente conversation avec Didier lors des regrettées Rencontres de l’Imaginaire de Sèvres m’a conforté dans le choix de « N’accusez pas le ciel »[1], qui est ainsi devenu Katorga et a été publié fin 2014 toujours chez Rivière Blanche. Fin 2021, nous avons tous deux été d’actifs artisans des divers hommages rendus à Richard Bessière à l’occasion des dix ans de sa disparition, renouvelant ainsi le témoignage de notre amitié commune avec Mick et le devoir de mémoire envers feu son époux. Le choix du titre de cette préface en est d’ailleurs une illustration supplémentaire. Enfin, le Ténério mentionné dans « L’arbre aux lunes » est la figure centrale du roman « Les survivants de Kor »[2] signé Peter Randa (de son vrai nom André Duquesne, 1911-1979), le préféré de Didier dans l’œuvre abondante d’un auteur trop vite jugé et étiqueté dont nous sommes parmi les seuls et derniers à militer pour la reconnaissance de certaines qualités remarquables.

Mais ceci est une autre histoire !
 
Jean-Michel Archaimbault, Hourtin, novembre 2023
 
 
Notes :
[1] Fleuve Noir Anticipation n°259, 1964.
[2] Fleuve Noir Anticipation n°323/H.S.12, 1967.

Jean-Michel Archaimbault
Copyright @ Jean-Michel Archaimbault pour Le Galion des Etoiles. Tous droits réservés. En savoir plus sur cet auteur


💬Commentaires

1.Posté par Southeast JONES le 13/11/2023 15:25 | Alerter
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southeast
Un recueil de nouvelles ! Moi qui adore ça, mais Rivière Blanche est si chère... dommage.

2.Posté par JEAN-MICHEL ARCHAIMBAULT le 14/11/2023 09:38 | Alerter
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JMARCHAIMBAULT
Didier m'a fait l'honneur et le bonheur de me solliciter pour écrire la préface à ce recueil. Ce fut un régal de se (re)plonger avec une attention encore plus soutenue dans ses nouvelles qui, au-delà de son talent, de sa sensibilité et de sa variété d'inspirations, sont autant de fragments de mondes à explorer et, très souvent, vibrent de souvenirs d'auteurs d'époques où nous étions plus jeunes.
Je rêve de partager ici des extraits de cette préface. Si Didier m'y autorise, je le ferai avec grand plaisir.
Quoi qu'il en soit, "Entropie" est à lire absolument. Car il fait du bien à l'esprit et au cœur !

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