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Entropie | Didier Reboussin | 2023

Recueil de nouvelles

10/12/2023
Lu 1815 fois





Entropie @ 2023 RiviĂšre Blanche | Illustration de couverture @ Phil Cohen
Entropie @ 2023 RiviĂšre Blanche | Illustration de couverture @ Phil Cohen

QuatriĂšme de couverture

La complexitĂ© a pour contrepartie le chaos, Ă©tablissant ainsi un Ă©quilibre mouvant qui permet Ă  l'Ă©volution de s'exprimer. La fuite en avant de l'humanitĂ© accroĂźt-elle le dĂ©sordre autour d'elle ? La contraint-elle Ă  opĂ©rer des choix, heureux ou malheureux, dont dĂ©pend son avenir ?

Saura-t-elle maintenir les plateaux de la balance au mĂȘme niveau ou bien, par ses excĂšs la fera-t-elle pencher du mauvais cĂŽtĂ© ? Dans un cas comme dans l'autre, quels  seront les dĂ©fis Ă  relever, les consĂ©quences Ă  assumer ? Qui aura le dernier mot : l'esprit ou L'ENTROPIE ?

Table des matiĂšres

Préface de Jean-Michel Archaimbault
- La chose qui pensait  
- AprĂšs moi le dĂ©luge 
- Izieu 
- L’AntĂ©christ 
- L’arbre jaune   
- Le dernier songe de Vaux   
- Le temps du rĂȘve 
- Les Alyscamps 
- Norma   
- Entropie 
- Un coup de grisou 
- Une fille dans la nuit
- VanitĂ©   
- Wannsee   
- Admira 
- Dans la maison du jaguar 
- Euryale 
- Évolution 
- La Madelon

🖋 Nous vous proposons un article rĂ©digĂ© Ă  6 mains par les Galionautes Jean-Michel Archaimbault, Koyolite Tseila et J.C. Gapdy

Préface de Jean-Michel Archaimbault
Préface de Jean-Michel Archaimbault

1973... et la suite

Évoquer le titre de cette dystopie corrosive et grinçante signĂ©e Richard BessiĂšre (Fleuve Noir Anticipation n°555, avril 1973) n’a rien d’un pur hasard. D’abord, l’annĂ©e indiquĂ©e marque l’entrĂ©e d’un jeune homme passionnĂ© de science-fiction dans le fanzinat actif et lui offre l’occasion inespĂ©rĂ©e d’une rencontre dĂ©terminante. Ensuite, la rĂ©fĂ©rence Ă  l’auteur qui a ouvert le grand bal d’Anticipation en 1951 permet de souligner toute l’importance de cette collection – Ă  l’époque et encore maintenant – pour ledit jeune homme qui se dĂ©crit comme « Ă©levĂ© au Fleuve Noir sous la mĂšre Â». Bien Ă©videmment, il s’agit de Didier Reboussin, une personnalitĂ© dont la richesse, les connaissances, la passion et le talent n’ont d’égales que la discrĂ©tion, la gentillesse et le besoin de partager ce qu’il aime. Son parcours personnel, il l’a dĂ©jĂ  relatĂ© dans son article Souvenirs faniques paru en 2021 sur le site Le Galion des Etoiles.

AprĂšs ses deux romans, « L’arbre aux lunes Â» (2017) puis « Le chemin de Damas Â» (2021), parus chez Pulp Factory, voici donc que Didier nous propose « Entropie Â», qui regroupe dix-neuf nouvelles dont sept inĂ©dites


Ne nous Ă©tonnons pas de souvent trouver dans ces textes, Ă  travers l’écriture classique, la sensibilitĂ© aiguĂ« et l’imagination si vaste de leur auteur, l’écho de facettes remarquables du talent de ces deux grandes dames que furent Nathalie Henneberg et Julia Verlanger, tout en y percevant aussi l’admiration de Didier pour d’autres maĂźtres de la science-fiction.

Ainsi, par exemple, Clifford D. Simak dans « La chose qui pensait Â», avec une dimension supplĂ©mentaire d’amour sublime et tragique suscitĂ© par des prĂ©sences enfouies sous la terre depuis les premiers Ăąges du monde. Et plus loin, dans « Ă‰volution Â», Olaf Stapledon dont le « CrĂ©ateur d’étoiles Â» rĂ©sonne lors de l’éveil Ă  la conscience cosmique du narrateur qui se verra confier le choix du destin de notre espĂšce.

Dans cette collection de nouvelles, Didier Reboussin nous invite Ă  voyager sur notre planĂšte, Ă  la recherche de l’éternel fĂ©minin qui se rĂ©vĂšle dans des contrĂ©es lointaines, dans des replis du temps, dans d’autres dimensions soudain accessibles par des processus Ă©tranges ou miraculeux. OmniprĂ©sente, l’Histoire offre ses surprises et ses piĂšges en diverses Ă©poques marquantes, dont l’ñge noir de la Seconde Guerre mondiale avec ses criminels encore impunis et ses dĂ©mons qu’il faut exorciser. À Sarajevo, deux amoureux tragiques trouvent un refuge surrĂ©aliste, les mines de charbon du Nord voient apparaĂźtre un Messie inattendu et un disciple fauteur de catastrophe, une locomotive Ă  vapeur (rappelons au passage que le monde ferroviaire est l’une des grandes passions de Didier) relie tout-Ă -coup l’annĂ©e 1955 aux premiers mois de la Grande Guerre et emmĂšne son « train des fantĂŽmes Â» sur une voie balisĂ©e de souvenirs poignants
 Nous irons « en Arles, oĂč sont les Alyscamps Â» (Paul-Jean Toulet), dans un autre Paris, Ă  Milan sur les traces de Maria Callas, Ă  Vaux-le-Vicomte, en Australie, au Mexique
 et il ne sera pas toujours aisĂ© d’en revenir.

L’espace, le cosmos s’ouvrent pour la visite Ă  des mondes singuliers, de gadoue et de pĂ©trole oĂč rĂšgne la plus sordide cupiditĂ©, de fascination et de merveilles comme ce grand arbre qui, sous les rayons de trois soleils, enserre entre ses branches et ses ramures des planĂštes et des lunes oĂč foisonnent la vie et la conscience. Viennent alors les rĂ©flexions et les considĂ©rations sur le pouvoir, la durabilitĂ© des structures qui le sous-tendent et lui permettent de s’exercer, la vanitĂ© et la fragilitĂ© de ces Ă©difices que sont les civilisations planĂ©taires ou interstellaires.

En synthĂšse, la puissance absolue et souveraine peut-elle appartenir Ă  autre force ou principe que l’entropie ? Qu’elle soit terrestre ou galactique, l’HumanitĂ© n’est-elle pas vouĂ©e qu’à une seule destinĂ©e, celle de disparaĂźtre pour que soient effacĂ©es les traces de son triste passage et qu’une chance de renouveau, de rĂ©initialisation positive, soit offerte Ă  ce qui viendra aprĂšs ?

Au grĂ© de ces histoires, l’une des constatations les plus frappantes est bien cette perception du caractĂšre nuisible de l’Homme. Quant aux « anges de la colĂšre Â» qui surgiront ou seront Ă©lus pour Ă©radiquer le flĂ©au, ils auront le choix des armes, du grotesque au tragique, du ridicule au mĂ©taphysique. Et nous, lecteurs, resterons lĂ , Ă  mĂ©diter sur le meilleur ou le pire, au bord d’un abĂźme de rĂ©flexions


Les derniers mots seront pour illustrer plusieurs convergences personnelles entre Didier et moi-mĂȘme. Tous deux, nous sommes d’ardents dĂ©fenseurs du Fleuve Noir Anticipation (et Angoisse, Ă©galement) qui nous a fait faire nos premiers pas sur les chemins de la science-fiction. Les frĂ©quentes contributions de Didier au fanzine « MĂ©tĂ©ore Â» de Michel Vannereux et ses « CroisiĂšres au long du Fleuve Â», dans Galaxies, auxquelles il m’associe Ă  l’occasion, en tĂ©moignent notamment. En 2011, nous nous sommes retrouvĂ©s dans l’anthologie commĂ©morative « Dimension Jimmy Guieu Â» concoctĂ©e par Richard D. Nolane chez RiviĂšre Blanche. Puis Didier a signĂ© la trĂšs belle nouvelle « Le destin d’Hermos Â» dans mon Ă©tude et anthologie « Interco, la Galaxie humaine de J. et D. Le May Â» parue fin 2013 chez le mĂȘme Ă©diteur. Au mĂȘme moment, alors que je rĂ©flĂ©chissais Ă  la réécriture « modernisĂ©e Â» d’un roman de Richard BessiĂšre (autre que « Les conquĂ©rants de l’Univers Â», demande initiale de Mick BessiĂšre mais vĂ©ritable mission impossible !), une trĂšs pertinente conversation avec Didier lors des regrettĂ©es Rencontres de l’Imaginaire de SĂšvres m’a confortĂ© dans le choix de « N’accusez pas le ciel Â»[Fleuve Noir Anticipation n°259, 1964], qui est ainsi devenu Katorga et a Ă©tĂ© publiĂ© fin 2014 toujours chez RiviĂšre Blanche. Fin 2021, nous avons tous deux Ă©tĂ© d’actifs artisans des divers hommages rendus Ă  Richard BessiĂšre Ă  l’occasion des dix ans de sa disparition, renouvelant ainsi le tĂ©moignage de notre amitiĂ© commune avec Mick et le devoir de mĂ©moire envers feu son Ă©poux. Le choix du titre de cette prĂ©face en est d’ailleurs une illustration supplĂ©mentaire. Enfin, le TĂ©nĂ©rio mentionnĂ© dans « L’arbre aux lunes Â» est la figure centrale du roman « Les survivants de Kor Â»[Fleuve Noir Anticipation n°323/H.S.12, 1967] signĂ© Peter Randa (de son vrai nom AndrĂ© Duquesne, 1911-1979), le prĂ©fĂ©rĂ© de Didier dans l’Ɠuvre abondante d’un auteur trop vite jugĂ© et Ă©tiquetĂ© dont nous sommes parmi les seuls et derniers Ă  militer pour la reconnaissance de certaines qualitĂ©s remarquables.

Mais ceci est une autre histoire !

Jean-Michel Archaimbault

Entropie | Didier Reboussin | 2023

Par Koyolite Tseila
Par Koyolite Tseila

Brefs retours de lecture de sur quelques unes de nouvelles de ce recueil

La chose qui pensait | L’arbre jaune | Le dernier songe de Vaux | NormaUne fille dans la nuit | VanitĂ© | Wannsee  | La Madelon

Des nouvelles dont j'ai Ă©normĂ©ment apprĂ©ciĂ© la lecture. "La chose qui pensait", "La Madelon" et "Une fille dans la nuit" sont des coups de đŸ–€.

Entropie | Didier Reboussin | 2023

Par J.C. Gapdy
Par J.C. Gapdy

Fiche de lecture

Ce « fix-up Â» (ou recueil d’un mĂȘme auteur, mais en anglais, ça fait plus « culturĂ© Â») de maĂźtre Didier Reboussin dĂ©bute avec une prĂ©face sacrĂ©ment agrĂ©able qui donne encore plus envie de se plonger sans attendre dans ces textes.

Tout l’ouvrage est « nickel Â» et Ă©crit au « millimĂštre Â», comme de petits joyaux soigneusement disposĂ©s dans un Ă©crin, chacun unique pour sa nouvelle. Celles-ci nous offrent de dĂ©couvrir les thĂšmes chers Ă  l’auteur, dont ceux de mĂ©moire, d’univers parallĂšle et rĂ©flexions devant les facettes si contradictoires de notre humanitĂ©, allant des plus noires et terribles aux plus admirables et « humaines Â». Au final, mĂȘlant espoirs et une Ă©vidente poĂ©sie dans plusieurs de ses rĂ©cits, Didier Reboussin rĂšgle sans concession ses comptes avec la folie des hommes, souvent irrĂ©mĂ©diablement, mais toujours avec peine, compassion et une rĂ©elle tendresse, en fait, sans aucune mĂ©chancetĂ© ni fureur. Il le fait avec force, tout en levant un peu le voile sur son Ă©rudition.

Notez que ce ne sont pas lĂ  des nouvelles de pure « SF Â», mais des textes oĂč prĂ©dominent le merveilleux et le fantastique qui se prĂȘtent bien mieux Ă  tout ce qu’il nous raconte.

Pour faire simple et ne pas spoiler quoi que ce soit, je vais brosser (ou repasser pour celles qui ont Ă©tĂ© offertes au Galion) un tour rapide sur les 19 histoires qui composent ce livre, tout en ajoutant quelques cƓurs Ă  celles qui m’ont le plus marquĂ©, que ce soit sur le fond, la forme ou parce que le thĂšme m’a encore plus parlĂ© que d’autres. Attention, il ne s’agit pas d’une notation, uniquement d’un ressenti totalement subjectif selon que ces textes m’ont plus ou moins touchĂ©.
 
1 – La chose qui pensait : ❀❀❀
Un hommage Ă  Clifford D. Simak (Au carrefour des Ă©toiles, Demain les chiens, La planĂšte de Shakespeare, etc.) avec cet homme qui perçoit, lors d’un voyage touristique, la prĂ©sence d’une crĂ©ature lui « parlant Â». Une histoire empreinte de douceur et de poĂ©sie.
 
2 – AprĂšs moi le dĂ©luge : ❀
Gadoue : une Ă©trange planĂšte oĂč le pĂ©trole (et l’argent) coule presque Ă  flots, mais oĂč il ne cesse de pleuvoir depuis 4000 ans. Et que peut donc faire un clown qui s’y Ă©gare ? À part, peut-ĂȘtre, tenter de changer le monde sur le coup d’une rencontre inattendue.
 
3 – Izieu : ❀❀❀
Une rĂ©fĂ©rence et un hommage aux 44 enfants juifs qui, avec 7 adultes, ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s et dĂ©portĂ©s lors de la rafle de la colonie d’Izieu (dans l’Ain) par la Gestapo, le 6 avril 44. C’est d’autant plus poignant que l’enfer ne saurait avoir la mĂȘme amertume pour tous.
 
4 – L’antĂ©christ : ❀
Un Visiteur se rend sur Terre dans un but Ă©trange : celui de « redresser Â» la situation catastrophique dans laquelle ses habitants ont mis leur planĂšte. Un texte plein d’humour et de dĂ©rision, avec de grands coups de canifs dans l’humanitĂ© et ses « errements Â».
 
5 – L’arbre jaune : ❀❀❀❀❀
Que voici un texte Ă©tonnant avec ce prequel de L’Arbre aux Lunes, mĂȘlant Ă  la fois fantasy, magie et univers oniriques, successions de flashes comme autant de poĂšmes glissant les uns Ă  la suite des autres – ils me font penser Ă  « La QuĂȘte de la Joie Â» de Patrice de la Tour du Pin et Ă  « Ikara ou les Elfes Â» de Patrice de Loup Rouge. C’est un petit moment hors du temps, souvent proche du rĂȘve Ă©veillĂ©, teintĂ© de mille couleurs et d’une certaine griserie. L’auteur partage avec nous ce songe au bord du gouffre, celui oĂč, les pieds posĂ©s sur l’une des Ă©normes branches de l’Arbre Jaune, on titube un peu, hĂ©sitant entre se laisser entraĂźner au-delĂ  du raisonnable par Alquamine et se retenir Ă  la rĂ©alitĂ© qui nous permettra de regagner notre Terre.
 
6 – Le dernier songe de Vaux : ❀❀❀
S’appuyant, au dĂ©part, sur une aventure maritime, on vogue trĂšs vite vers le conte philosophique, un conte dans lequel l’auteur nous entraĂźne sans rĂ©mission. Il soulĂšve questions et tourments quant Ă  l’Homme et son avenir, quant Ă  tout ce qu’il forge, au travers de paysages mĂȘlant l’ordinaire Ă  l’extraordinaire, tout en brossant de quelques fins traits de pinceaux des pans de l’Histoire. On dit que tout Ă©crivain se dĂ©voile un petit peu dans ses textes, comme un peintre dans ses tableaux. Et celui-ci, ma foi, nous laisse rĂȘveurs de par ses possibles, autant que par les vagues qui s’agitent sans fin sur la mer du futur, comme si ce naufrage et cette disparition de la Boussole et l’Astrolabe se faisaient prophĂ©tie. Une aventure riche de poĂ©sie et de rĂ©flexions.
 
7 – Le temps du rĂȘve : ❀❀❀
Un texte qui nous fait dĂ©couvrir le Jukurrpa des aborigĂšnes d’Australie, un ensemble d’histoires, de rĂ©fĂ©rences, de mythes, sur la crĂ©ation du monde et sur les origines du tout. C’est « le temps des rĂȘves Â», quelque chose qu’il est difficile de traduire et d’expliquer avec nos mots d’Occidentaux. Pour reprendre ce qu’en dit « The Australian Project Â», « chaque tribu AborigĂšne possĂšde son rĂȘve qui lui est transmis de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration et il existe autant de tribus que de rĂȘves, mĂȘme si certaines lĂ©gendes se retrouvent dans plusieurs rĂȘves, mais tous les AborigĂšnes croient en ce Jukurrpa qui rĂ©git tout Â» © The Australian Project. Un texte superbe pour dĂ©couvrir cette essence des AborigĂšnes.
 
8 – Les Alyscamps : ❀❀❀
Pour qui ne connaĂźtrait pas, les Alyscamps sont une nĂ©cropole d’Arles, qui n’est qu’à une heure de chez moi et que j’ai eu l’occasion de visiter voici quelques annĂ©es dĂ©jĂ . Cette superbe histoire m’a fait irrĂ©sistiblement penser Ă  « La VĂ©nus d’Ille Â» de Prosper MĂ©rimĂ©e (datĂ©e de 1837). Ce texte est celui de la fascination que provoque une statue (telle une GalatĂ©e semblable Ă  celle que sculpta Pygmalion), une fascination qui ouvre les portes d’un monde dont on ignorera s’il est uniquement onirique ou s’il est rĂ©ellement celui du passĂ©, Ă  moins que ce ne soit les deux

 
9 – Norma : ❀❀❀❀
Une nouvelle qui, d’un rĂȘve, recrĂ©e la vie et l’avenir, les mĂȘlant et les intriquant l’une et l’autre, pour offrir de l’espoir et une vision oĂč le chant est paradis. Une histoire si forte et si Ă©tonnante qu’elle a fait resurgir quelques vers de la Divine ComĂ©die de Dante (le Florentin Durante degli Alighieri, de son nom complet) et plus particuliĂšrement du Chant 1 dans « Le Paradis Â». Et je trouve que ces quelques lignes s’accordent parfaitement Ă  ce songe : « Je fus dans le ciel qui prend le plus de sa lumiĂšre, et j’y vis des choses que ne sait ni peut redire celui qui en descend ; car en s’approchant de son dĂ©sir notre esprit y plonge si profondĂ©ment, que la mĂ©moire ne peut le suivre. Â» Et puisque cette histoire parle de l’OpĂ©ra « Norma Â» de Vincenzo Bellini, apprenez que vous pouvez Ă©couter sur Y.T. l’Ɠuvre complĂšte (2 heures) chantĂ©e en 1954 Ă  Milan avec, bien Ă©videmment, Maria Callas. La qualitĂ© n’est pas au rendez-vous, mais cela vous permettra de dĂ©couvrir si vous ne connaissez pas.
https://www.youtube.com/watch?v=80iFQqBCCyM
 
10 – Entropie : ❀❀
VoilĂ  une nouvelle dont le dĂ©but m’a rappelĂ© le Superman de Richard Donner (1978 avec Christopher Reeve), quand Marlon Brando commence par condamner 3 citoyens Ă  l’exil Ă  vie en les faisant absorber par un cristal puis Ă©jecter dans l’espace. Et pour une fois, l’ONU (le grand machin comme le surnommait de Gaulle) « sert Â» Ă  quelque chose, grĂące au personnage principal qui vient justement d’ĂȘtre condamnĂ© Ă  un exil forcĂ© sur Terre et Ă  notre Ă©poque. Un texte amusant autant que pittoresque qui prĂȘte Ă  « sourire Â», malgrĂ© les points fort sĂ©rieux qui sont soulevĂ©s quant Ă  notre actualitĂ© et notre futur.
 
11 – Un coup de grisou : ❀❀❀❀
J’avais eu l’occasion de dĂ©couvrir cette excellente nouvelle dans la revue Galaxies n° 74 (au cƓur du dossier relatif Ă  François Bordes, alias Francis Carsac, cĂ©lĂšbre prĂ©historien français et auteur de SF). Et j’ai retrouvĂ© le mĂȘme plaisir Ă  la relire ici. Nous suivons les confessions d’un homme qui, disposant d’un don et de l’accĂšs Ă  des pierres trĂšs particuliĂšres, commit un jour une erreur
 Un texte superbe sur l’enivrement que procure une certaine forme de « pouvoir Â», avec les risques quant Ă  ce que pourrait en tirer l’humanitĂ©.
 
12 – Une fille dans la nuit : ❀❀❀❀
Une fable poĂ©tique, mĂȘlant dĂ©sillusion et espoir, qui fait penser Ă  « La soucoupe de solitude Â» de Theodore Sturgeon (Les plus qu’humains, Cristal qui songe, etc.). Un texte qui se marie parfaitement avec le final de la musique de Jack Nitzsche pour le film Starman, d’autant mieux qu’à la lecture il dure aussi longtemps.
 
13 – VanitĂ© : ❀❀
À cause d’une citation en dĂ©but de texte, cette histoire m’a fait penser Ă  la chanson d’Angelo Branduardi « VanitĂ  di vanitĂ   Â» (Ă©crite pour la B.O. du film « State buoni se potete  Â» de Luigi Magni)


Lui ? C’est l’un de ces envoyĂ©s Ă  travers l’espace pour assurer, par-delĂ  les siĂšcles de distance et de voyages, le lien entre les planĂštes conquises par l’homme et sa Terre d’origine, passant le plus clair de son temps en sommeil artificiel et ne s’éveillant qu’à l’approche de l’une de ces planĂštes. Si ce n’est que là
 ce ne sont pas ses semblables qu’il retrouve, mais une Ă©trange entitĂ©, qui va mettre Ă  mal tout ce qu’il pensait savoir et tout, tout ce que les religions avaient Ă©dictĂ© au fil des millĂ©naires. Tout est-il vain finalement ? Ou
 Si les dieux n’existent pas, les hommes en auraient-ils besoin ? Ou

 
14 – Wannsee : ❀❀❀❀
Avec cette histoire liĂ©e Ă  Wannsee (c.-Ă -d. la tristement cĂ©lĂšbre confĂ©rence qui s’y dĂ©roula en 1942 quant Ă  la « solution finale Â»), nous touchons Ă  quelque chose d’incroyable qui m’avait remuĂ© dĂšs la premiĂšre lecture et qui pousse Ă  rĂ©flĂ©chir en transformant la vengeance en un instant oĂč la tragĂ©die, l’horreur et la brutalitĂ© s’effacent et s’apaisent grĂące Ă  elle. L’auteur rĂ©ussit lĂ  en quelques pages Ă  nous plonger dans un maelstrom d’émotions pures, un cadeau qu’il nous offre pour nous jeter un peu plus dans le questionnement de nos valeurs.
 
15 – Admira : ❀❀
Un trĂšs beau texte, court et tout en songe, mĂȘlant incomprĂ©hension, peine et douleur, pour finir en une sorte de renaissance entre deux ĂȘtres qui s’aiment, face Ă  la haine et Ă  la guerre.
 
16 – Dans la maison du jaguar : ❀❀
Quand tu arrives dans la maison du jaguar Ă  Mexico, parce que quelque chose t’a appelĂ©, t’as incitĂ© Ă  le faire, alors que tu es Ă  la poursuite de l’un de ceux qui ont commis tant d’horreurs, tu n’as aucune idĂ©e de ce que tu vas trouver
 VoilĂ  un texte qui fait rĂ©fĂ©rence aux origines des AmĂ©rindiens, et plus particuliĂšrement aux ToltĂšques, bien avant que ne dĂ©barquent les conquistadors, ceux qui mirent Ă  bas tant de choses. VanitĂ© des vanitĂ©s. Qu’importe finalement une chasse
 puisqu’existe l’arbre de vie

 
17 – Euryale : ❀❀❀
Si je vous cite les Gorgones, vous penserez Ă  MĂ©duse. Mais vous souvenez-vous qu’elles Ă©taient trois, dont deux Ă©taient immortelles et se nommaient SthĂ©no et Euryale ? Cette derniĂšre, fille de Minos, fut sĂ©duite par PosĂ©idon et devint la mĂšre d’Orion, le chasseur.

Un homme qui s’invite Ă  votre table et vient vous parler, Ă  brĂ»le-pourpoint, d’un sujet qui lui tient Ă  cƓur et sur lequel il espĂšre trouver un jour quelqu’un qui le comprendra et l’aidera peut-ĂȘtre. Il a vĂ©cu un rĂȘve dans un autrefois lointain au cƓur de l’hĂŽtel de Sully (quartier du Marais Ă  Paris) en rencontrant une Euryale, avant de la revoir de maniĂšre inexplicable dans le mĂ©tro. Un songe qui navigue entre deux Ă©poques, un trouble et un rĂ©cit partagĂ© avec vous dans cette salle.
 
18 – Évolution : ❀❀❀❀
Avec une citation Ă  Clifford D. Simak en introduction de ce texte qui, bien Ă©videmment, fait songer immĂ©diatement au superbe roman « L’Arbre aux Lunes Â» de l’auteur. Tout commence Ă  Vienne, la ville isĂ©roise et non la capitale autrichienne. Et si vous aviez le don de vous glisser dans l’esprit des autres, si vous compreniez l’inanitĂ© de ces approches et que vous alliez plus loin, bien plus loin que ces quelques passants que vous voyez depuis les hauteurs de la citĂ© ? Jusqu’à dĂ©couvrir que l’homme n’a pas Ă©voluĂ© comme il l’aurait dĂ». Que feriez-vous alors ?
 
19 – La Madelon : ❀❀❀❀❀
Cette superbe histoire rĂ©unit deux mondes sur une seule voie. La prĂ©cision et les dĂ©tails de ces quelques pages offrent un mĂ©lange de poĂ©sie, de mĂ©canique ancienne – la passion de l’auteur pour les trains se ressent dans chaque mot –, de drames et d’interrogations
 Un texte court, digne de « la BĂȘte humaine Â», que ce soit le livre d’Émile Zola ou le film de Jean Renoir, avec Jean Gabin, qui remue aux tripes en obligeant Ă  se remettre en question comme dut le faire le conducteur de la Madelon.


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💬Commentaires

1.Posté par Southeast JONES le 13/11/2023 15:25 | Alerter
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southeast
Un recueil de nouvelles ! Moi qui adore ça, mais RiviÚre Blanche est si chÚre... dommage.

2.Posté par JEAN-MICHEL ARCHAIMBAULT le 14/11/2023 09:38 | Alerter
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JMARCHAIMBAULT
Didier m'a fait l'honneur et le bonheur de me solliciter pour Ă©crire la prĂ©face Ă  ce recueil. Ce fut un rĂ©gal de se (re)plonger avec une attention encore plus soutenue dans ses nouvelles qui, au-delĂ  de son talent, de sa sensibilitĂ© et de sa variĂ©tĂ© d'inspirations, sont autant de fragments de mondes Ă  explorer et, trĂšs souvent, vibrent de souvenirs d'auteurs d'Ă©poques oĂč nous Ă©tions plus jeunes.
Je rĂȘve de partager ici des extraits de cette prĂ©face. Si Didier m'y autorise, je le ferai avec grand plaisir.
Quoi qu'il en soit, "Entropie" est à lire absolument. Car il fait du bien à l'esprit et au cƓur !

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