QuatriĂšme de couverture
La complexité a pour contrepartie le chaos, établissant ainsi un équilibre mouvant qui permet à l'évolution de s'exprimer. La fuite en avant de l'humanité accroßt-elle le désordre autour d'elle ? La contraint-elle à opérer des choix, heureux ou malheureux, dont dépend son avenir ?
Saura-t-elle maintenir les plateaux de la balance au mĂȘme niveau ou bien, par ses excĂšs la fera-t-elle pencher du mauvais cĂŽtĂ© ? Dans un cas comme dans l'autre, quels seront les dĂ©fis Ă relever, les consĂ©quences Ă assumer ? Qui aura le dernier mot : l'esprit ou L'ENTROPIE ?
Table des matiĂšres
Préface de Jean-Michel Archaimbault
Saura-t-elle maintenir les plateaux de la balance au mĂȘme niveau ou bien, par ses excĂšs la fera-t-elle pencher du mauvais cĂŽtĂ© ? Dans un cas comme dans l'autre, quels seront les dĂ©fis Ă relever, les consĂ©quences Ă assumer ? Qui aura le dernier mot : l'esprit ou L'ENTROPIE ?
Table des matiĂšres
Préface de Jean-Michel Archaimbault
- La chose qui pensait
- AprÚs moi le déluge
- Izieu
- LâAntĂ©christ
- Lâarbre jaune
- Le dernier songe de Vaux
- Le temps du rĂȘve
- Les Alyscamps
- Norma
- Entropie
- Un coup de grisou
- Une fille dans la nuit
- Vanité
- Wannsee
- Admira
- Dans la maison du jaguar
- Euryale
- Ăvolution
- La Madelon
đ Nous vous proposons un article rĂ©digĂ© Ă 6 mains par les Galionautes Jean-Michel Archaimbault, Koyolite Tseila et J.C. Gapdy
Préface de Jean-Michel Archaimbault
1973... et la suite
Ăvoquer le titre de cette dystopie corrosive et grinçante signĂ©e Richard BessiĂšre (Fleuve Noir Anticipation n°555, avril 1973) nâa rien dâun pur hasard. Dâabord, lâannĂ©e indiquĂ©e marque lâentrĂ©e dâun jeune homme passionnĂ© de science-fiction dans le fanzinat actif et lui offre lâoccasion inespĂ©rĂ©e dâune rencontre dĂ©terminante. Ensuite, la rĂ©fĂ©rence Ă lâauteur qui a ouvert le grand bal dâAnticipation en 1951 permet de souligner toute lâimportance de cette collection â Ă lâĂ©poque et encore maintenant â pour ledit jeune homme qui se dĂ©crit comme « Ă©levĂ© au Fleuve Noir sous la mĂšre ». Bien Ă©videmment, il sâagit de Didier Reboussin, une personnalitĂ© dont la richesse, les connaissances, la passion et le talent nâont dâĂ©gales que la discrĂ©tion, la gentillesse et le besoin de partager ce quâil aime. Son parcours personnel, il lâa dĂ©jĂ relatĂ© dans son article Souvenirs faniques paru en 2021 sur le site Le Galion des Etoiles.
AprĂšs ses deux romans, « Lâarbre aux lunes » (2017) puis « Le chemin de Damas » (2021), parus chez Pulp Factory, voici donc que Didier nous propose « Entropie », qui regroupe dix-neuf nouvelles dont sept inĂ©ditesâŠ
Ne nous Ă©tonnons pas de souvent trouver dans ces textes, Ă travers lâĂ©criture classique, la sensibilitĂ© aiguĂ« et lâimagination si vaste de leur auteur, lâĂ©cho de facettes remarquables du talent de ces deux grandes dames que furent Nathalie Henneberg et Julia Verlanger, tout en y percevant aussi lâadmiration de Didier pour dâautres maĂźtres de la science-fiction.
Ainsi, par exemple, Clifford D. Simak dans « La chose qui pensait », avec une dimension supplĂ©mentaire dâamour sublime et tragique suscitĂ© par des prĂ©sences enfouies sous la terre depuis les premiers Ăąges du monde. Et plus loin, dans « Ăvolution », Olaf Stapledon dont le « CrĂ©ateur dâĂ©toiles » rĂ©sonne lors de lâĂ©veil Ă la conscience cosmique du narrateur qui se verra confier le choix du destin de notre espĂšce.
Dans cette collection de nouvelles, Didier Reboussin nous invite Ă voyager sur notre planĂšte, Ă la recherche de lâĂ©ternel fĂ©minin qui se rĂ©vĂšle dans des contrĂ©es lointaines, dans des replis du temps, dans dâautres dimensions soudain accessibles par des processus Ă©tranges ou miraculeux. OmniprĂ©sente, lâHistoire offre ses surprises et ses piĂšges en diverses Ă©poques marquantes, dont lâĂąge noir de la Seconde Guerre mondiale avec ses criminels encore impunis et ses dĂ©mons quâil faut exorciser. Ă Sarajevo, deux amoureux tragiques trouvent un refuge surrĂ©aliste, les mines de charbon du Nord voient apparaĂźtre un Messie inattendu et un disciple fauteur de catastrophe, une locomotive Ă vapeur (rappelons au passage que le monde ferroviaire est lâune des grandes passions de Didier) relie tout-Ă -coup lâannĂ©e 1955 aux premiers mois de la Grande Guerre et emmĂšne son « train des fantĂŽmes » sur une voie balisĂ©e de souvenirs poignants⊠Nous irons « en Arles, oĂč sont les Alyscamps » (Paul-Jean Toulet), dans un autre Paris, Ă Milan sur les traces de Maria Callas, Ă Vaux-le-Vicomte, en Australie, au Mexique⊠et il ne sera pas toujours aisĂ© dâen revenir.
Lâespace, le cosmos sâouvrent pour la visite Ă des mondes singuliers, de gadoue et de pĂ©trole oĂč rĂšgne la plus sordide cupiditĂ©, de fascination et de merveilles comme ce grand arbre qui, sous les rayons de trois soleils, enserre entre ses branches et ses ramures des planĂštes et des lunes oĂč foisonnent la vie et la conscience. Viennent alors les rĂ©flexions et les considĂ©rations sur le pouvoir, la durabilitĂ© des structures qui le sous-tendent et lui permettent de sâexercer, la vanitĂ© et la fragilitĂ© de ces Ă©difices que sont les civilisations planĂ©taires ou interstellaires.
En synthĂšse, la puissance absolue et souveraine peut-elle appartenir Ă autre force ou principe que lâentropie ? Quâelle soit terrestre ou galactique, lâHumanitĂ© nâest-elle pas vouĂ©e quâĂ une seule destinĂ©e, celle de disparaĂźtre pour que soient effacĂ©es les traces de son triste passage et quâune chance de renouveau, de rĂ©initialisation positive, soit offerte Ă ce qui viendra aprĂšs ?
Au grĂ© de ces histoires, lâune des constatations les plus frappantes est bien cette perception du caractĂšre nuisible de lâHomme. Quant aux « anges de la colĂšre » qui surgiront ou seront Ă©lus pour Ă©radiquer le flĂ©au, ils auront le choix des armes, du grotesque au tragique, du ridicule au mĂ©taphysique. Et nous, lecteurs, resterons lĂ , Ă mĂ©diter sur le meilleur ou le pire, au bord dâun abĂźme de rĂ©flexionsâŠ
Les derniers mots seront pour illustrer plusieurs convergences personnelles entre Didier et moi-mĂȘme. Tous deux, nous sommes dâardents dĂ©fenseurs du Fleuve Noir Anticipation (et Angoisse, Ă©galement) qui nous a fait faire nos premiers pas sur les chemins de la science-fiction. Les frĂ©quentes contributions de Didier au fanzine « MĂ©tĂ©ore » de Michel Vannereux et ses « CroisiĂšres au long du Fleuve », dans Galaxies, auxquelles il mâassocie Ă lâoccasion, en tĂ©moignent notamment. En 2011, nous nous sommes retrouvĂ©s dans lâanthologie commĂ©morative « Dimension Jimmy Guieu » concoctĂ©e par Richard D. Nolane chez RiviĂšre Blanche. Puis Didier a signĂ© la trĂšs belle nouvelle « Le destin dâHermos » dans mon Ă©tude et anthologie « Interco, la Galaxie humaine de J. et D. Le May » parue fin 2013 chez le mĂȘme Ă©diteur. Au mĂȘme moment, alors que je rĂ©flĂ©chissais Ă la réécriture « modernisĂ©e » dâun roman de Richard BessiĂšre (autre que « Les conquĂ©rants de lâUnivers », demande initiale de Mick BessiĂšre mais vĂ©ritable mission impossible !), une trĂšs pertinente conversation avec Didier lors des regrettĂ©es Rencontres de lâImaginaire de SĂšvres mâa confortĂ© dans le choix de « Nâaccusez pas le ciel »[Fleuve Noir Anticipation n°259, 1964], qui est ainsi devenu Katorga et a Ă©tĂ© publiĂ© fin 2014 toujours chez RiviĂšre Blanche. Fin 2021, nous avons tous deux Ă©tĂ© dâactifs artisans des divers hommages rendus Ă Richard BessiĂšre Ă lâoccasion des dix ans de sa disparition, renouvelant ainsi le tĂ©moignage de notre amitiĂ© commune avec Mick et le devoir de mĂ©moire envers feu son Ă©poux. Le choix du titre de cette prĂ©face en est dâailleurs une illustration supplĂ©mentaire. Enfin, le TĂ©nĂ©rio mentionnĂ© dans « Lâarbre aux lunes » est la figure centrale du roman « Les survivants de Kor »[Fleuve Noir Anticipation n°323/H.S.12, 1967] signĂ© Peter Randa (de son vrai nom AndrĂ© Duquesne, 1911-1979), le prĂ©fĂ©rĂ© de Didier dans lâĆuvre abondante dâun auteur trop vite jugĂ© et Ă©tiquetĂ© dont nous sommes parmi les seuls et derniers Ă militer pour la reconnaissance de certaines qualitĂ©s remarquables.
Mais ceci est une autre histoire !
Jean-Michel Archaimbault
AprĂšs ses deux romans, « Lâarbre aux lunes » (2017) puis « Le chemin de Damas » (2021), parus chez Pulp Factory, voici donc que Didier nous propose « Entropie », qui regroupe dix-neuf nouvelles dont sept inĂ©ditesâŠ
Ne nous Ă©tonnons pas de souvent trouver dans ces textes, Ă travers lâĂ©criture classique, la sensibilitĂ© aiguĂ« et lâimagination si vaste de leur auteur, lâĂ©cho de facettes remarquables du talent de ces deux grandes dames que furent Nathalie Henneberg et Julia Verlanger, tout en y percevant aussi lâadmiration de Didier pour dâautres maĂźtres de la science-fiction.
Ainsi, par exemple, Clifford D. Simak dans « La chose qui pensait », avec une dimension supplĂ©mentaire dâamour sublime et tragique suscitĂ© par des prĂ©sences enfouies sous la terre depuis les premiers Ăąges du monde. Et plus loin, dans « Ăvolution », Olaf Stapledon dont le « CrĂ©ateur dâĂ©toiles » rĂ©sonne lors de lâĂ©veil Ă la conscience cosmique du narrateur qui se verra confier le choix du destin de notre espĂšce.
Dans cette collection de nouvelles, Didier Reboussin nous invite Ă voyager sur notre planĂšte, Ă la recherche de lâĂ©ternel fĂ©minin qui se rĂ©vĂšle dans des contrĂ©es lointaines, dans des replis du temps, dans dâautres dimensions soudain accessibles par des processus Ă©tranges ou miraculeux. OmniprĂ©sente, lâHistoire offre ses surprises et ses piĂšges en diverses Ă©poques marquantes, dont lâĂąge noir de la Seconde Guerre mondiale avec ses criminels encore impunis et ses dĂ©mons quâil faut exorciser. Ă Sarajevo, deux amoureux tragiques trouvent un refuge surrĂ©aliste, les mines de charbon du Nord voient apparaĂźtre un Messie inattendu et un disciple fauteur de catastrophe, une locomotive Ă vapeur (rappelons au passage que le monde ferroviaire est lâune des grandes passions de Didier) relie tout-Ă -coup lâannĂ©e 1955 aux premiers mois de la Grande Guerre et emmĂšne son « train des fantĂŽmes » sur une voie balisĂ©e de souvenirs poignants⊠Nous irons « en Arles, oĂč sont les Alyscamps » (Paul-Jean Toulet), dans un autre Paris, Ă Milan sur les traces de Maria Callas, Ă Vaux-le-Vicomte, en Australie, au Mexique⊠et il ne sera pas toujours aisĂ© dâen revenir.
Lâespace, le cosmos sâouvrent pour la visite Ă des mondes singuliers, de gadoue et de pĂ©trole oĂč rĂšgne la plus sordide cupiditĂ©, de fascination et de merveilles comme ce grand arbre qui, sous les rayons de trois soleils, enserre entre ses branches et ses ramures des planĂštes et des lunes oĂč foisonnent la vie et la conscience. Viennent alors les rĂ©flexions et les considĂ©rations sur le pouvoir, la durabilitĂ© des structures qui le sous-tendent et lui permettent de sâexercer, la vanitĂ© et la fragilitĂ© de ces Ă©difices que sont les civilisations planĂ©taires ou interstellaires.
En synthĂšse, la puissance absolue et souveraine peut-elle appartenir Ă autre force ou principe que lâentropie ? Quâelle soit terrestre ou galactique, lâHumanitĂ© nâest-elle pas vouĂ©e quâĂ une seule destinĂ©e, celle de disparaĂźtre pour que soient effacĂ©es les traces de son triste passage et quâune chance de renouveau, de rĂ©initialisation positive, soit offerte Ă ce qui viendra aprĂšs ?
Au grĂ© de ces histoires, lâune des constatations les plus frappantes est bien cette perception du caractĂšre nuisible de lâHomme. Quant aux « anges de la colĂšre » qui surgiront ou seront Ă©lus pour Ă©radiquer le flĂ©au, ils auront le choix des armes, du grotesque au tragique, du ridicule au mĂ©taphysique. Et nous, lecteurs, resterons lĂ , Ă mĂ©diter sur le meilleur ou le pire, au bord dâun abĂźme de rĂ©flexionsâŠ
Les derniers mots seront pour illustrer plusieurs convergences personnelles entre Didier et moi-mĂȘme. Tous deux, nous sommes dâardents dĂ©fenseurs du Fleuve Noir Anticipation (et Angoisse, Ă©galement) qui nous a fait faire nos premiers pas sur les chemins de la science-fiction. Les frĂ©quentes contributions de Didier au fanzine « MĂ©tĂ©ore » de Michel Vannereux et ses « CroisiĂšres au long du Fleuve », dans Galaxies, auxquelles il mâassocie Ă lâoccasion, en tĂ©moignent notamment. En 2011, nous nous sommes retrouvĂ©s dans lâanthologie commĂ©morative « Dimension Jimmy Guieu » concoctĂ©e par Richard D. Nolane chez RiviĂšre Blanche. Puis Didier a signĂ© la trĂšs belle nouvelle « Le destin dâHermos » dans mon Ă©tude et anthologie « Interco, la Galaxie humaine de J. et D. Le May » parue fin 2013 chez le mĂȘme Ă©diteur. Au mĂȘme moment, alors que je rĂ©flĂ©chissais Ă la réécriture « modernisĂ©e » dâun roman de Richard BessiĂšre (autre que « Les conquĂ©rants de lâUnivers », demande initiale de Mick BessiĂšre mais vĂ©ritable mission impossible !), une trĂšs pertinente conversation avec Didier lors des regrettĂ©es Rencontres de lâImaginaire de SĂšvres mâa confortĂ© dans le choix de « Nâaccusez pas le ciel »[Fleuve Noir Anticipation n°259, 1964], qui est ainsi devenu Katorga et a Ă©tĂ© publiĂ© fin 2014 toujours chez RiviĂšre Blanche. Fin 2021, nous avons tous deux Ă©tĂ© dâactifs artisans des divers hommages rendus Ă Richard BessiĂšre Ă lâoccasion des dix ans de sa disparition, renouvelant ainsi le tĂ©moignage de notre amitiĂ© commune avec Mick et le devoir de mĂ©moire envers feu son Ă©poux. Le choix du titre de cette prĂ©face en est dâailleurs une illustration supplĂ©mentaire. Enfin, le TĂ©nĂ©rio mentionnĂ© dans « Lâarbre aux lunes » est la figure centrale du roman « Les survivants de Kor »[Fleuve Noir Anticipation n°323/H.S.12, 1967] signĂ© Peter Randa (de son vrai nom AndrĂ© Duquesne, 1911-1979), le prĂ©fĂ©rĂ© de Didier dans lâĆuvre abondante dâun auteur trop vite jugĂ© et Ă©tiquetĂ© dont nous sommes parmi les seuls et derniers Ă militer pour la reconnaissance de certaines qualitĂ©s remarquables.
Mais ceci est une autre histoire !
Jean-Michel Archaimbault
Par Koyolite Tseila
Brefs retours de lecture de sur quelques unes de nouvelles de ce recueil
La chose qui pensait | Lâarbre jaune | Le dernier songe de Vaux | Norma | Une fille dans la nuit | VanitĂ© | Wannsee | La Madelon
Des nouvelles dont j'ai Ă©normĂ©ment apprĂ©ciĂ© la lecture. "La chose qui pensait", "La Madelon" et "Une fille dans la nuit" sont des coups de đ€.
Des nouvelles dont j'ai Ă©normĂ©ment apprĂ©ciĂ© la lecture. "La chose qui pensait", "La Madelon" et "Une fille dans la nuit" sont des coups de đ€.
Par J.C. Gapdy
Fiche de lecture
Ce « fix-up » (ou recueil dâun mĂȘme auteur, mais en anglais, ça fait plus « culturĂ© ») de maĂźtre Didier Reboussin dĂ©bute avec une prĂ©face sacrĂ©ment agrĂ©able qui donne encore plus envie de se plonger sans attendre dans ces textes.
Tout lâouvrage est « nickel » et Ă©crit au « millimĂštre », comme de petits joyaux soigneusement disposĂ©s dans un Ă©crin, chacun unique pour sa nouvelle. Celles-ci nous offrent de dĂ©couvrir les thĂšmes chers Ă lâauteur, dont ceux de mĂ©moire, dâunivers parallĂšle et rĂ©flexions devant les facettes si contradictoires de notre humanitĂ©, allant des plus noires et terribles aux plus admirables et « humaines ». Au final, mĂȘlant espoirs et une Ă©vidente poĂ©sie dans plusieurs de ses rĂ©cits, Didier Reboussin rĂšgle sans concession ses comptes avec la folie des hommes, souvent irrĂ©mĂ©diablement, mais toujours avec peine, compassion et une rĂ©elle tendresse, en fait, sans aucune mĂ©chancetĂ© ni fureur. Il le fait avec force, tout en levant un peu le voile sur son Ă©rudition.
Notez que ce ne sont pas lĂ des nouvelles de pure « SF », mais des textes oĂč prĂ©dominent le merveilleux et le fantastique qui se prĂȘtent bien mieux Ă tout ce quâil nous raconte.
Pour faire simple et ne pas spoiler quoi que ce soit, je vais brosser (ou repasser pour celles qui ont Ă©tĂ© offertes au Galion) un tour rapide sur les 19 histoires qui composent ce livre, tout en ajoutant quelques cĆurs Ă celles qui mâont le plus marquĂ©, que ce soit sur le fond, la forme ou parce que le thĂšme mâa encore plus parlĂ© que dâautres. Attention, il ne sâagit pas dâune notation, uniquement dâun ressenti totalement subjectif selon que ces textes mâont plus ou moins touchĂ©.
Tout lâouvrage est « nickel » et Ă©crit au « millimĂštre », comme de petits joyaux soigneusement disposĂ©s dans un Ă©crin, chacun unique pour sa nouvelle. Celles-ci nous offrent de dĂ©couvrir les thĂšmes chers Ă lâauteur, dont ceux de mĂ©moire, dâunivers parallĂšle et rĂ©flexions devant les facettes si contradictoires de notre humanitĂ©, allant des plus noires et terribles aux plus admirables et « humaines ». Au final, mĂȘlant espoirs et une Ă©vidente poĂ©sie dans plusieurs de ses rĂ©cits, Didier Reboussin rĂšgle sans concession ses comptes avec la folie des hommes, souvent irrĂ©mĂ©diablement, mais toujours avec peine, compassion et une rĂ©elle tendresse, en fait, sans aucune mĂ©chancetĂ© ni fureur. Il le fait avec force, tout en levant un peu le voile sur son Ă©rudition.
Notez que ce ne sont pas lĂ des nouvelles de pure « SF », mais des textes oĂč prĂ©dominent le merveilleux et le fantastique qui se prĂȘtent bien mieux Ă tout ce quâil nous raconte.
Pour faire simple et ne pas spoiler quoi que ce soit, je vais brosser (ou repasser pour celles qui ont Ă©tĂ© offertes au Galion) un tour rapide sur les 19 histoires qui composent ce livre, tout en ajoutant quelques cĆurs Ă celles qui mâont le plus marquĂ©, que ce soit sur le fond, la forme ou parce que le thĂšme mâa encore plus parlĂ© que dâautres. Attention, il ne sâagit pas dâune notation, uniquement dâun ressenti totalement subjectif selon que ces textes mâont plus ou moins touchĂ©.
1 â La chose qui pensait : â€â€â€ïž
Un hommage Ă Clifford D. Simak (Au carrefour des Ă©toiles, Demain les chiens, La planĂšte de Shakespeare, etc.) avec cet homme qui perçoit, lors dâun voyage touristique, la prĂ©sence dâune crĂ©ature lui « parlant ». Une histoire empreinte de douceur et de poĂ©sie.
2 â AprĂšs moi le dĂ©luge : â€
Gadoue : une Ă©trange planĂšte oĂč le pĂ©trole (et lâargent) coule presque Ă flots, mais oĂč il ne cesse de pleuvoir depuis 4000 ans. Et que peut donc faire un clown qui sây Ă©gare ? Ă part, peut-ĂȘtre, tenter de changer le monde sur le coup dâune rencontre inattendue.
3 â Izieu : â€â€â€ïž
Une rĂ©fĂ©rence et un hommage aux 44 enfants juifs qui, avec 7 adultes, ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s et dĂ©portĂ©s lors de la rafle de la colonie dâIzieu (dans lâAin) par la Gestapo, le 6 avril 44. Câest dâautant plus poignant que lâenfer ne saurait avoir la mĂȘme amertume pour tous.
4 â LâantĂ©christ : â€
Un Visiteur se rend sur Terre dans un but Ă©trange : celui de « redresser » la situation catastrophique dans laquelle ses habitants ont mis leur planĂšte. Un texte plein dâhumour et de dĂ©rision, avec de grands coups de canifs dans lâhumanitĂ© et ses « errements ».
5 â Lâarbre jaune : â€â€â€ïžâ€â€ïž
Que voici un texte Ă©tonnant avec ce prequel de LâArbre aux Lunes, mĂȘlant Ă la fois fantasy, magie et univers oniriques, successions de flashes comme autant de poĂšmes glissant les uns Ă la suite des autres â ils me font penser à « La QuĂȘte de la Joie » de Patrice de la Tour du Pin et à « Ikara ou les Elfes » de Patrice de Loup Rouge. Câest un petit moment hors du temps, souvent proche du rĂȘve Ă©veillĂ©, teintĂ© de mille couleurs et dâune certaine griserie. Lâauteur partage avec nous ce songe au bord du gouffre, celui oĂč, les pieds posĂ©s sur lâune des Ă©normes branches de lâArbre Jaune, on titube un peu, hĂ©sitant entre se laisser entraĂźner au-delĂ du raisonnable par Alquamine et se retenir Ă la rĂ©alitĂ© qui nous permettra de regagner notre Terre.
6 â Le dernier songe de Vaux : â€â€â€ïž
Sâappuyant, au dĂ©part, sur une aventure maritime, on vogue trĂšs vite vers le conte philosophique, un conte dans lequel lâauteur nous entraĂźne sans rĂ©mission. Il soulĂšve questions et tourments quant Ă lâHomme et son avenir, quant Ă tout ce quâil forge, au travers de paysages mĂȘlant lâordinaire Ă lâextraordinaire, tout en brossant de quelques fins traits de pinceaux des pans de lâHistoire. On dit que tout Ă©crivain se dĂ©voile un petit peu dans ses textes, comme un peintre dans ses tableaux. Et celui-ci, ma foi, nous laisse rĂȘveurs de par ses possibles, autant que par les vagues qui sâagitent sans fin sur la mer du futur, comme si ce naufrage et cette disparition de la Boussole et lâAstrolabe se faisaient prophĂ©tie. Une aventure riche de poĂ©sie et de rĂ©flexions.
7 â Le temps du rĂȘve : â€â€â€ïž
Un texte qui nous fait dĂ©couvrir le Jukurrpa des aborigĂšnes dâAustralie, un ensemble dâhistoires, de rĂ©fĂ©rences, de mythes, sur la crĂ©ation du monde et sur les origines du tout. Câest « le temps des rĂȘves », quelque chose quâil est difficile de traduire et dâexpliquer avec nos mots dâOccidentaux. Pour reprendre ce quâen dit « The Australian Project », « chaque tribu AborigĂšne possĂšde son rĂȘve qui lui est transmis de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration et il existe autant de tribus que de rĂȘves, mĂȘme si certaines lĂ©gendes se retrouvent dans plusieurs rĂȘves, mais tous les AborigĂšnes croient en ce Jukurrpa qui rĂ©git tout » © The Australian Project. Un texte superbe pour dĂ©couvrir cette essence des AborigĂšnes.
8 â Les Alyscamps : â€â€â€ïž
Pour qui ne connaĂźtrait pas, les Alyscamps sont une nĂ©cropole dâArles, qui nâest quâĂ une heure de chez moi et que jâai eu lâoccasion de visiter voici quelques annĂ©es dĂ©jĂ . Cette superbe histoire mâa fait irrĂ©sistiblement penser à « La VĂ©nus dâIlle » de Prosper MĂ©rimĂ©e (datĂ©e de 1837). Ce texte est celui de la fascination que provoque une statue (telle une GalatĂ©e semblable Ă celle que sculpta Pygmalion), une fascination qui ouvre les portes dâun monde dont on ignorera sâil est uniquement onirique ou sâil est rĂ©ellement celui du passĂ©, Ă moins que ce ne soit les deuxâŠ
9 â Norma : â€â€â€â€ïž
Une nouvelle qui, dâun rĂȘve, recrĂ©e la vie et lâavenir, les mĂȘlant et les intriquant lâune et lâautre, pour offrir de lâespoir et une vision oĂč le chant est paradis. Une histoire si forte et si Ă©tonnante quâelle a fait resurgir quelques vers de la Divine ComĂ©die de Dante (le Florentin Durante degli Alighieri, de son nom complet) et plus particuliĂšrement du Chant 1 dans « Le Paradis ». Et je trouve que ces quelques lignes sâaccordent parfaitement Ă ce songe : « Je fus dans le ciel qui prend le plus de sa lumiĂšre, et jây vis des choses que ne sait ni peut redire celui qui en descend ; car en sâapprochant de son dĂ©sir notre esprit y plonge si profondĂ©ment, que la mĂ©moire ne peut le suivre. » Et puisque cette histoire parle de lâOpĂ©ra « Norma » de Vincenzo Bellini, apprenez que vous pouvez Ă©couter sur Y.T. lâĆuvre complĂšte (2 heures) chantĂ©e en 1954 Ă Milan avec, bien Ă©videmment, Maria Callas. La qualitĂ© nâest pas au rendez-vous, mais cela vous permettra de dĂ©couvrir si vous ne connaissez pas.
https://www.youtube.com/watch?v=80iFQqBCCyM 10 â Entropie : â€â€
VoilĂ une nouvelle dont le dĂ©but mâa rappelĂ© le Superman de Richard Donner (1978 avec Christopher Reeve), quand Marlon Brando commence par condamner 3 citoyens Ă lâexil Ă vie en les faisant absorber par un cristal puis Ă©jecter dans lâespace. Et pour une fois, lâONU (le grand machin comme le surnommait de Gaulle) « sert » Ă quelque chose, grĂące au personnage principal qui vient justement dâĂȘtre condamnĂ© Ă un exil forcĂ© sur Terre et Ă notre Ă©poque. Un texte amusant autant que pittoresque qui prĂȘte à « sourire », malgrĂ© les points fort sĂ©rieux qui sont soulevĂ©s quant Ă notre actualitĂ© et notre futur.
11 â Un coup de grisou : â€â€â€â€
Jâavais eu lâoccasion de dĂ©couvrir cette excellente nouvelle dans la revue Galaxies n° 74 (au cĆur du dossier relatif Ă François Bordes, alias Francis Carsac, cĂ©lĂšbre prĂ©historien français et auteur de SF). Et jâai retrouvĂ© le mĂȘme plaisir Ă la relire ici. Nous suivons les confessions dâun homme qui, disposant dâun don et de lâaccĂšs Ă des pierres trĂšs particuliĂšres, commit un jour une erreur⊠Un texte superbe sur lâenivrement que procure une certaine forme de « pouvoir », avec les risques quant Ă ce que pourrait en tirer lâhumanitĂ©.
12 â Une fille dans la nuit : â€â€â€â€
Une fable poĂ©tique, mĂȘlant dĂ©sillusion et espoir, qui fait penser à « La soucoupe de solitude » de Theodore Sturgeon (Les plus quâhumains, Cristal qui songe, etc.). Un texte qui se marie parfaitement avec le final de la musique de Jack Nitzsche pour le film Starman, dâautant mieux quâĂ la lecture il dure aussi longtemps.
13 â VanitĂ© : â€â€
Ă cause dâune citation en dĂ©but de texte, cette histoire mâa fait penser Ă la chanson dâAngelo Branduardi « VanitĂ di vanità » (Ă©crite pour la B.O. du film « State buoni se potete » de Luigi Magni)âŠ
Lui ? Câest lâun de ces envoyĂ©s Ă travers lâespace pour assurer, par-delĂ les siĂšcles de distance et de voyages, le lien entre les planĂštes conquises par lâhomme et sa Terre dâorigine, passant le plus clair de son temps en sommeil artificiel et ne sâĂ©veillant quâĂ lâapproche de lâune de ces planĂštes. Si ce nâest que là ⊠ce ne sont pas ses semblables quâil retrouve, mais une Ă©trange entitĂ©, qui va mettre Ă mal tout ce quâil pensait savoir et tout, tout ce que les religions avaient Ă©dictĂ© au fil des millĂ©naires. Tout est-il vain finalement ? Ou⊠Si les dieux nâexistent pas, les hommes en auraient-ils besoin ? OuâŠ
Lui ? Câest lâun de ces envoyĂ©s Ă travers lâespace pour assurer, par-delĂ les siĂšcles de distance et de voyages, le lien entre les planĂštes conquises par lâhomme et sa Terre dâorigine, passant le plus clair de son temps en sommeil artificiel et ne sâĂ©veillant quâĂ lâapproche de lâune de ces planĂštes. Si ce nâest que là ⊠ce ne sont pas ses semblables quâil retrouve, mais une Ă©trange entitĂ©, qui va mettre Ă mal tout ce quâil pensait savoir et tout, tout ce que les religions avaient Ă©dictĂ© au fil des millĂ©naires. Tout est-il vain finalement ? Ou⊠Si les dieux nâexistent pas, les hommes en auraient-ils besoin ? OuâŠ
14 â Wannsee : â€â€â€â€
Avec cette histoire liĂ©e Ă Wannsee (c.-Ă -d. la tristement cĂ©lĂšbre confĂ©rence qui sây dĂ©roula en 1942 quant Ă la « solution finale »), nous touchons Ă quelque chose dâincroyable qui mâavait remuĂ© dĂšs la premiĂšre lecture et qui pousse Ă rĂ©flĂ©chir en transformant la vengeance en un instant oĂč la tragĂ©die, lâhorreur et la brutalitĂ© sâeffacent et sâapaisent grĂące Ă elle. Lâauteur rĂ©ussit lĂ en quelques pages Ă nous plonger dans un maelstrom dâĂ©motions pures, un cadeau quâil nous offre pour nous jeter un peu plus dans le questionnement de nos valeurs.
15 â Admira : â€â€
Un trĂšs beau texte, court et tout en songe, mĂȘlant incomprĂ©hension, peine et douleur, pour finir en une sorte de renaissance entre deux ĂȘtres qui sâaiment, face Ă la haine et Ă la guerre.
16 â Dans la maison du jaguar : â€â€
Quand tu arrives dans la maison du jaguar Ă Mexico, parce que quelque chose tâa appelĂ©, tâas incitĂ© Ă le faire, alors que tu es Ă la poursuite de lâun de ceux qui ont commis tant dâhorreurs, tu nâas aucune idĂ©e de ce que tu vas trouver⊠VoilĂ un texte qui fait rĂ©fĂ©rence aux origines des AmĂ©rindiens, et plus particuliĂšrement aux ToltĂšques, bien avant que ne dĂ©barquent les conquistadors, ceux qui mirent Ă bas tant de choses. VanitĂ© des vanitĂ©s. Quâimporte finalement une chasse⊠puisquâexiste lâarbre de vieâŠ
17 â Euryale : â€â€â€
Si je vous cite les Gorgones, vous penserez Ă MĂ©duse. Mais vous souvenez-vous quâelles Ă©taient trois, dont deux Ă©taient immortelles et se nommaient SthĂ©no et Euryale ? Cette derniĂšre, fille de Minos, fut sĂ©duite par PosĂ©idon et devint la mĂšre dâOrion, le chasseur.
Un homme qui sâinvite Ă votre table et vient vous parler, Ă brĂ»le-pourpoint, dâun sujet qui lui tient Ă cĆur et sur lequel il espĂšre trouver un jour quelquâun qui le comprendra et lâaidera peut-ĂȘtre. Il a vĂ©cu un rĂȘve dans un autrefois lointain au cĆur de lâhĂŽtel de Sully (quartier du Marais Ă Paris) en rencontrant une Euryale, avant de la revoir de maniĂšre inexplicable dans le mĂ©tro. Un songe qui navigue entre deux Ă©poques, un trouble et un rĂ©cit partagĂ© avec vous dans cette salle.
Un homme qui sâinvite Ă votre table et vient vous parler, Ă brĂ»le-pourpoint, dâun sujet qui lui tient Ă cĆur et sur lequel il espĂšre trouver un jour quelquâun qui le comprendra et lâaidera peut-ĂȘtre. Il a vĂ©cu un rĂȘve dans un autrefois lointain au cĆur de lâhĂŽtel de Sully (quartier du Marais Ă Paris) en rencontrant une Euryale, avant de la revoir de maniĂšre inexplicable dans le mĂ©tro. Un songe qui navigue entre deux Ă©poques, un trouble et un rĂ©cit partagĂ© avec vous dans cette salle.
18 â Ăvolution : â€â€â€ïžâ€
Avec une citation Ă Clifford D. Simak en introduction de ce texte qui, bien Ă©videmment, fait songer immĂ©diatement au superbe roman « LâArbre aux Lunes » de lâauteur. Tout commence Ă Vienne, la ville isĂ©roise et non la capitale autrichienne. Et si vous aviez le don de vous glisser dans lâesprit des autres, si vous compreniez lâinanitĂ© de ces approches et que vous alliez plus loin, bien plus loin que ces quelques passants que vous voyez depuis les hauteurs de la citĂ© ? JusquâĂ dĂ©couvrir que lâhomme nâa pas Ă©voluĂ© comme il lâaurait dĂ». Que feriez-vous alors ?
19 â La Madelon : â€â€â€ïžâ€â€ïž Cette superbe histoire rĂ©unit deux mondes sur une seule voie. La prĂ©cision et les dĂ©tails de ces quelques pages offrent un mĂ©lange de poĂ©sie, de mĂ©canique ancienne â la passion de lâauteur pour les trains se ressent dans chaque mot â, de drames et dâinterrogations⊠Un texte court, digne de « la BĂȘte humaine », que ce soit le livre dâĂmile Zola ou le film de Jean Renoir, avec Jean Gabin, qui remue aux tripes en obligeant Ă se remettre en question comme dut le faire le conducteur de la Madelon.



