Matt Smith, en 2015 | Par Gage Skidmore from Peoria, AZ, United States of America â Matt Smith, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49454617
« Geronimo ! » Le Tardis part en vrille, et le nouveau Docteur aussi, qui sâagrippe Ă lui, suspendu dans le vide au dessus de cette bonne vieille ville de Londres. Seule dans sa chambre la jeune AmĂ©lia Pond prie le pĂšre NoĂ«l quâon lui envoie quelquâun pour rĂ©parer lâĂ©trange fissure apparue sur son mur. Câest ce moment prĂ©cis que choisit le Docteur pour sâĂ©craser dans le jardin avant de partir en quĂȘte de nourriture, car dĂ©couvrant son nouveau corps et ses goĂ»ts en la matiĂšre. AprĂšs cette prĂ©sentation aussi fracassante que drĂŽle, AmĂ©lia tentera dâĂ©lucider ce mystĂšre avec cet ami imaginatif plus quâimaginaire, avant de partir Ă lâaventure avec lui. Mais, comme elle lâapprendra Ă ses dĂ©pends, tout est une question de temps.
Pour lâheure le Docteur, fraĂźchement rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©, dĂ©couvre ces nouveautĂ©s quâil reconnaĂźt avoir du mal Ă maĂźtriser, de mĂȘme que le flux de ses pensĂ©es. Nouveau Tardis, nouveau tournevis, nouvelles maniĂšres, nouveaux goĂ»ts vestimentaires et nouvelles expressions (« Geronimo ! » « Gotcha ! » « Cool ! ») : tout cela semble satisfaire un docteur qui devra pourtant plus que jamais, se montrer Ă la hauteur et ne pas se reposer sur des lauriers (« Hello ! Iâm the Doctor ! BasicallyâŠRun ! ») qui ne suffiront pas Ă©ternellement Ă contenir les hordes dâennemis, plus nombreux, puissants et terrifiants, mus par la guerre, la vengeance, la cupiditĂ© et, cette fois, peut-ĂȘtre davantage.
MĂȘme pas peur. Personnage de contes de fĂ©es confrontĂ©e Ă ses pires cauchemars, Amy Pond mĂšnera mĂȘme, comme le prĂ©cĂ©dent Seigneur du Temps, son premier combat en pyjama, Ă©nonçant et faisant sienne la nouvelle devise du Docteur : « ne jamais interfĂ©rerâŠsauf si un enfant pleure ». Enfants qui seront d'ailleurs au cĆur de la plupart de ces nouvelles aventures. Histoires toujours plus belles, oĂč le rĂȘve se mĂȘle au rĂ©el au point de ne plus pouvoir ĂȘtre distinguĂ© de lui, oĂč rien nâest ce quâil paraĂźt, oĂč ce qui semble familier peut se rĂ©vĂ©ler mortel, contraignant nos hĂ©ros Ă faire de nouveaux choix, entre la mĂ©moire et lâoubli, autrefois alliĂ©, aujourdâhui ennemi.
C'est sans compter sur le temps, qui est le domaine du Docteur au mĂȘme titre que lâunivers tout entier, oĂč le moindre problĂšme domestique prend une ampleur dĂ©mesurĂ©e, au point que celui-ci se laisse emporter, entraĂźnant AmĂ©lia et son petit ami Rory de Leadworth, leur village natal du sud de lâAngleterre, jusque dans lâAmĂ©rique truquĂ©e de Nixon, oĂč lâennemi, embusquĂ© dans lâombre et le silence les traque. Mais, sâil met en danger la vie de ceux qui lâentourent, lâadmirent, et se dĂ©passent pour ne pas le dĂ©cevoir, il leur confĂšre Ă©galement une dimension hĂ©roĂŻque, du mythe du Pandorica Ă celui du Dernier Centurion, en faisant appel au meilleur d'eux-mĂȘmes et de lâhumanitĂ©. Et câest toujours la joie qui ressort, mĂȘme du pire, en prĂ©sence du Docteur, comme de Van Gogh ou de la mystĂ©rieuse River Song.
AprĂšs sâĂȘtre fait appeler tant de fois John Smith, le Docteur a fini par ĂȘtre incarnĂ© par un autre Smith, Matt, pour deux et bientĂŽt trois saisons signĂ©es Steven Moffat. Un OnziĂšme Docteur trĂšs diffĂ©rent, plus lĂ©ger mais plus dangereux aussi, auquel jâai toutefois eu plus de mal Ă mâhabituer, tant Tennant avait endossĂ© lâarmure, et Karen Gillan le rĂŽle principal de la sĂ©rie Ă travers la trĂšs belle Ă©popĂ©e dâAmy Pond, la fille qui attendait, qui estompe celle du Seigneur du Temps. Un Docteur qui, aprĂšs sâĂȘtre ouvert Ă lâhumanitĂ© au point de vouloir lâendosser, aprĂšs sâĂȘtre dĂ©couvert en quelque sort mortel, se rĂ©vĂšle Ă la fois plus sĂ©rieux et plus dĂ©jantĂ©, plus vieux et plus enfantin, sans doute aussi plus proche que jamais de lâidĂ©e dâune fin et, ce faisant, Ă sa façon toujours plus attachant au cours de ces saisons plus Ă©piques, plus riches et plus Ă©poustouflantes encore.
Et, s'il sait dĂ©sormais que son temps est comptĂ©, qu'un jour « le Silence s'abattra», se pourrait-il qu'il meurt vraiment ? Quel scĂ©nariste, quel acteur aura la prĂ©tention dây mettre fin ? En attendant le Docteur a encore quelques beaux jours, et saisons, devant lui.
Nota Bene
Ci-dessous, un paragraphe complémentaire à l'article d'Eric Darsan, rédigé par Thierry B. le 24.11.2014, afin de compléter et mettre à jour cette fiche. En effet, la série poursuit son chemin, et le Docteur aussi...
La fin du 11Ăšme Docteur
Le moment est venu, le Docteur va mourir. Plus question de rĂ©gĂ©nĂ©ration, puisquâil a Ă©puisĂ© ses 13 « vies » (si lâon compte le « War Doctor » et la seconde rĂ©gĂ©nĂ©ration utilisĂ©e par le 10e Docteur dans 04.13 Journeyâs end â La fin du voyage). Non, cette fois, câest la finâŠ
AprĂšs avoir dĂ©jĂ feint une premiĂšre fois son dĂ©cĂšs pour empĂȘcher de dĂ©truire le temps lui-mĂȘme (06.13 The wedding of River Song), le Docteur vient de passer des siĂšcles Ă dĂ©fendre la planĂšte Trenzalore, principalement face aux Daleks (ses vieux ennemis rĂȘvant dâen finir avec les Seigneurs du temps, qui ont trouvĂ© un passage entre Gallifrey - bloquĂ©e dans un micro-univers - et Trenzalore). Le Docteur sait dĂ©jĂ quâil ne fait que retarder lâĂ©chĂ©ance : Trenzalore, il lâa dĂ©jĂ vue dans le futur : ce monde, qui sera entiĂšrement dĂ©truit, abritera bientĂŽt sa propre tombe.
Mais câest sans compter avec Clara Oswald, sa compagne, qui parvient Ă contacter et Ă convaincre les Seigneurs du Temps dâaider celui qui a dĂ©jĂ tant fait pour eux par le passĂ©. Et tandis que le Docteur, marquĂ© par lâĂąge, attend de rendre son dernier soupir, Gallifrey lui envoie lâĂ©nergie rĂ©gĂ©nĂ©rative pour lui permettre de retrouver sa jeunesse et lui procurer un nouveau cycle de vies.
La quantitĂ© dâĂ©nergie quâil absorbe est phĂ©nomĂ©nale : grĂące Ă elle, il balaie lâattaque des Daleks, dĂ©truisant leurs vaisseaux au passage. Mais cela a un prix, et le Seigneur du Temps ne peut faire quâune chose : changer⊠AprĂšs avoir repris briĂšvement lâapparence juvĂ©nile de sa 11e incarnation, il se rĂ©gĂ©nĂšre en une fraction de seconde sous les yeux de Clara, pour devenir le 12e Docteur.
AprĂšs avoir dĂ©jĂ feint une premiĂšre fois son dĂ©cĂšs pour empĂȘcher de dĂ©truire le temps lui-mĂȘme (06.13 The wedding of River Song), le Docteur vient de passer des siĂšcles Ă dĂ©fendre la planĂšte Trenzalore, principalement face aux Daleks (ses vieux ennemis rĂȘvant dâen finir avec les Seigneurs du temps, qui ont trouvĂ© un passage entre Gallifrey - bloquĂ©e dans un micro-univers - et Trenzalore). Le Docteur sait dĂ©jĂ quâil ne fait que retarder lâĂ©chĂ©ance : Trenzalore, il lâa dĂ©jĂ vue dans le futur : ce monde, qui sera entiĂšrement dĂ©truit, abritera bientĂŽt sa propre tombe.
Mais câest sans compter avec Clara Oswald, sa compagne, qui parvient Ă contacter et Ă convaincre les Seigneurs du Temps dâaider celui qui a dĂ©jĂ tant fait pour eux par le passĂ©. Et tandis que le Docteur, marquĂ© par lâĂąge, attend de rendre son dernier soupir, Gallifrey lui envoie lâĂ©nergie rĂ©gĂ©nĂ©rative pour lui permettre de retrouver sa jeunesse et lui procurer un nouveau cycle de vies.
La quantitĂ© dâĂ©nergie quâil absorbe est phĂ©nomĂ©nale : grĂące Ă elle, il balaie lâattaque des Daleks, dĂ©truisant leurs vaisseaux au passage. Mais cela a un prix, et le Seigneur du Temps ne peut faire quâune chose : changer⊠AprĂšs avoir repris briĂšvement lâapparence juvĂ©nile de sa 11e incarnation, il se rĂ©gĂ©nĂšre en une fraction de seconde sous les yeux de Clara, pour devenir le 12e Docteur.

