Illustration de couverture @ Michel Borderie
QuatriĂšme de couverture
C'est l'histoire d'Otto, un petit garçon qui entend, dans un yaourtophone, la voix de sa mÚre, partie vivre sur Mars ; qui dort dans le crùne d'une baleine ; et comprend le langage de Nitch, un vieux chat philosophe.
C'est l'histoire d'une invasion barbare qui menace Venise ; d'une fĂ©e anglaise qui prend le car tous les jours Ă Mestre ; et d'un Reality Book oĂč l'on Ă©crit toutes ses angoisses.
C'est l'histoire de tableaux qui prennent vie ; d'une invasion de zombies géants ; des Dissonances de Vivaldi et de lions qui volent.
C'est l'histoire d'une incroyable bataille Ă mener contre le dĂ©sastre Ă©cologique, et d'un combat intemporel pour la libertĂ© et la fantaisie. Une autre façon de vivre et d'ĂȘtre au monde.
C'est l'histoire d'une invasion barbare qui menace Venise ; d'une fĂ©e anglaise qui prend le car tous les jours Ă Mestre ; et d'un Reality Book oĂč l'on Ă©crit toutes ses angoisses.
C'est l'histoire de tableaux qui prennent vie ; d'une invasion de zombies géants ; des Dissonances de Vivaldi et de lions qui volent.
C'est l'histoire d'une incroyable bataille Ă mener contre le dĂ©sastre Ă©cologique, et d'un combat intemporel pour la libertĂ© et la fantaisie. Une autre façon de vivre et d'ĂȘtre au monde.
Fiche de lecture
Parmi les livres que lâon ouvre, jâai remarquĂ© plusieurs modes de lecture qui se faisaient jour. Il y a le livre que lâon dĂ©vore, celui que lâon repose aprĂšs quelques pages ou chapitres â parfois dĂ©finitivement, parfois en se disant quâun jour peut-ĂȘtre, on le reprendra â, celui dans lequel on pioche de-ci de-lĂ â mĂȘme si cela concerne principalement les fix-up et les anthologies â, etc.
Et puis, de temps, Ă autre, il y a celui quâon lit par « petites gorgĂ©es », celui que lâon prend le temps de savourer, que lâon repose aprĂšs quelques chapitres pour rĂȘver, que lâon reprend le lendemain ou quelques heures plus tard. Ce roman de StĂ©phane Croenne a Ă©tĂ© de ceux-lĂ . De ces histoires dont on sait que nulle urgence de lâhabitude et que la fin arrivera en son temps. De ces aventures qui, bien que semĂ©es de batailles, de drames, de cris et de pleurs, nâont pas besoin que lâon vive Ă cent Ă lâheure, que lâon ne pense quâĂ rester esclave de son smartphone, que lâon coure de par le monde sans profiter de ce qui se trouve juste Ă portĂ©e de notre main et de notre vie. Il est aussi de ces livres que jâaime suivre crayon de bois en main pour marquer quelques pages, certaines phrases ou lignes. Jâai toujours pratiquĂ© ainsi avec chaque livre de poĂ©sie que je lisais ; or, justement, cette fable en Ă©tait unâŠ
Ce qui fait, je lâavoue que jâen ai profitĂ© calmement et plaisamment.
Car lâauteur, au travers de trois fils dâhistoires qui se mĂȘlent et sâentremĂȘlent sans cesse, nous confie « sa bataille » contre la folie de nos sociĂ©tĂ©s actuelles, celle de la course perpĂ©tuelle, des likes, de lâĂ©nervement, de la fuite en avant, celle du toujours plus et toujours tropâŠ
Trois histoires, disais-je.
La premiĂšre, bien sĂ»r, est celle dâOtto, nĂ© Octave, un petit garçon de huit ans quand tout commence avec son arrivĂ©e Ă Venise. Sans doute autiste, il est Ă©tiquetĂ© « sĂ©lĂ©nien », un enfant plus souvent dans la Lune que les pieds sur Terre, un enfant escargot qui prend le temps â mais vraiment le temps â de tout, capable de rester des heures devant un tableau pour en compter les mĂąts, les personnages, voire peut-ĂȘtre, les plumes des oiseaux. Vivant sans parents â son pĂšre est parti brusquement, sa mĂšre est en mission sur Mars â, mais Ă©levĂ© par sa sĆur Alba, il se rend rĂ©guliĂšrement Ă lâĂcole des Enfants Bizarres qui sâoccupe des enfants particuliers (non pas ceux de Miss Peregrine). On y trouve des classes de panic-kids, dâenfants-bulles, dâenfants-ailleurs, dâenfants-barby, de players-kids, etc.
Et puis, de temps, Ă autre, il y a celui quâon lit par « petites gorgĂ©es », celui que lâon prend le temps de savourer, que lâon repose aprĂšs quelques chapitres pour rĂȘver, que lâon reprend le lendemain ou quelques heures plus tard. Ce roman de StĂ©phane Croenne a Ă©tĂ© de ceux-lĂ . De ces histoires dont on sait que nulle urgence de lâhabitude et que la fin arrivera en son temps. De ces aventures qui, bien que semĂ©es de batailles, de drames, de cris et de pleurs, nâont pas besoin que lâon vive Ă cent Ă lâheure, que lâon ne pense quâĂ rester esclave de son smartphone, que lâon coure de par le monde sans profiter de ce qui se trouve juste Ă portĂ©e de notre main et de notre vie. Il est aussi de ces livres que jâaime suivre crayon de bois en main pour marquer quelques pages, certaines phrases ou lignes. Jâai toujours pratiquĂ© ainsi avec chaque livre de poĂ©sie que je lisais ; or, justement, cette fable en Ă©tait unâŠ
Ce qui fait, je lâavoue que jâen ai profitĂ© calmement et plaisamment.
Car lâauteur, au travers de trois fils dâhistoires qui se mĂȘlent et sâentremĂȘlent sans cesse, nous confie « sa bataille » contre la folie de nos sociĂ©tĂ©s actuelles, celle de la course perpĂ©tuelle, des likes, de lâĂ©nervement, de la fuite en avant, celle du toujours plus et toujours tropâŠ
Trois histoires, disais-je.
La premiĂšre, bien sĂ»r, est celle dâOtto, nĂ© Octave, un petit garçon de huit ans quand tout commence avec son arrivĂ©e Ă Venise. Sans doute autiste, il est Ă©tiquetĂ© « sĂ©lĂ©nien », un enfant plus souvent dans la Lune que les pieds sur Terre, un enfant escargot qui prend le temps â mais vraiment le temps â de tout, capable de rester des heures devant un tableau pour en compter les mĂąts, les personnages, voire peut-ĂȘtre, les plumes des oiseaux. Vivant sans parents â son pĂšre est parti brusquement, sa mĂšre est en mission sur Mars â, mais Ă©levĂ© par sa sĆur Alba, il se rend rĂ©guliĂšrement Ă lâĂcole des Enfants Bizarres qui sâoccupe des enfants particuliers (non pas ceux de Miss Peregrine). On y trouve des classes de panic-kids, dâenfants-bulles, dâenfants-ailleurs, dâenfants-barby, de players-kids, etc.
« Et enfin, il y a une classe dâenfants sĂ©lĂ©niens composĂ©e dâun seul reprĂ©sentant : Otto Stern. Je suis une notion Ă moi tout seul. »
Otto est particulier, sa rĂ©alitĂ© nâest pas vraiment la nĂŽtre, il voit ce que son imagination lui ouvre de merveilleux, dâinattendu et forcĂ©ment dâirrationnel aussi. Mais aprĂšs tout, la rĂ©alitĂ© de chacun est-elle celle de tout le monde ?
La seconde histoire est celle de Venise, LA ville, possiblement nĂ©e en 421. Une citĂ© aux lieux emplis dâhistoires, aux noms qui rĂ©sonnent dâun riche passĂ©, une mĂ©tropole chargĂ©e de lĂ©gendes autant que des souvenirs riches de personnages â rĂ©els ou mythiques â devenus cĂ©lĂšbres. Ce qui permettra Ă lâauteur de nous parler de Marco Polo, Antonio Vivaldi, VĂ©sale, GalilĂ©e, Arlequin et bien dâautres encore. Et le voyage en vaut le dĂ©tour, au point que lâon regrette quand, comme moi, on ne connaĂźt pas assez les lieux, de nâavoir pas trouvĂ© une carte de la ville et de ses quartiers.
Quant Ă la troisiĂšme histoire, câest celle du combat menĂ© pour sauver Venise du dĂ©sastre qui la guette, Ă cause du tourisme de masse, ces Huns modernes, des navires de croisiĂšre gĂ©ants, de la folie qui sâempare des arrivants dĂšs que le cĂ©lĂšbre Carnaval dĂ©bute.
Lorsque jâai ouvert ce livre et « entendu parler » Otto, le narrateur, ce mĂŽme de huit ans quand dĂ©bute le rĂ©cit et de dix ans quand approche le drame du « 03 fĂ©vrier », cet enfant sĂ©lĂ©nien dont lâesprit est plus souvent dans la Lune et les nuages que sur Terre, cet enfant escargot â parce quâil est doux et agrĂ©able de traĂźnasser autant que dâavancer sans la folie de nos sociĂ©tĂ©s et quâune coquille, câest quand mĂȘme vachement utile â, je suis devenu Otto. Tout ce quâil disait « Ă©tait Ă©vidence » et « Ă©tait moi autant que lui », parce quâaprĂšs tout quoi de plus naturel que de parler philosophie avec Nitch le chat qui, non seulement, est le plus laid Felis silvestris catus du monde, mais aussi celui dotĂ© de vibrisses aussi imposantes que la barbe de Rubeus Hagrid.
Pourtant quâon ne sây trompe pas, sous la gouaille rieuse, les peurs et les incomprĂ©hensions de lâenfant diffĂ©rent, sous le verbe lĂ©ger se mĂȘlant au sĂ©rieux le plus profond dâun marmot sĂ©lĂ©nien qui grandit doucement, câest un regard empreint de luciditĂ© qui peint notre monde actuel oĂč la folie de toujours plus vite et toujours plus. Une histoire de Venise et un petit rĂ©gal entre fable sociale et Ă©cologique, emplie de fantastique, de fantaisie (sie, pas sy) et de poĂ©sie. Et Otto reste attachant jusquâau bout, alors que la dure rĂ©alitĂ© lâa rattrapĂ©âŠ
Quelques extraits :
La seconde histoire est celle de Venise, LA ville, possiblement nĂ©e en 421. Une citĂ© aux lieux emplis dâhistoires, aux noms qui rĂ©sonnent dâun riche passĂ©, une mĂ©tropole chargĂ©e de lĂ©gendes autant que des souvenirs riches de personnages â rĂ©els ou mythiques â devenus cĂ©lĂšbres. Ce qui permettra Ă lâauteur de nous parler de Marco Polo, Antonio Vivaldi, VĂ©sale, GalilĂ©e, Arlequin et bien dâautres encore. Et le voyage en vaut le dĂ©tour, au point que lâon regrette quand, comme moi, on ne connaĂźt pas assez les lieux, de nâavoir pas trouvĂ© une carte de la ville et de ses quartiers.
Quant Ă la troisiĂšme histoire, câest celle du combat menĂ© pour sauver Venise du dĂ©sastre qui la guette, Ă cause du tourisme de masse, ces Huns modernes, des navires de croisiĂšre gĂ©ants, de la folie qui sâempare des arrivants dĂšs que le cĂ©lĂšbre Carnaval dĂ©bute.
Lorsque jâai ouvert ce livre et « entendu parler » Otto, le narrateur, ce mĂŽme de huit ans quand dĂ©bute le rĂ©cit et de dix ans quand approche le drame du « 03 fĂ©vrier », cet enfant sĂ©lĂ©nien dont lâesprit est plus souvent dans la Lune et les nuages que sur Terre, cet enfant escargot â parce quâil est doux et agrĂ©able de traĂźnasser autant que dâavancer sans la folie de nos sociĂ©tĂ©s et quâune coquille, câest quand mĂȘme vachement utile â, je suis devenu Otto. Tout ce quâil disait « Ă©tait Ă©vidence » et « Ă©tait moi autant que lui », parce quâaprĂšs tout quoi de plus naturel que de parler philosophie avec Nitch le chat qui, non seulement, est le plus laid Felis silvestris catus du monde, mais aussi celui dotĂ© de vibrisses aussi imposantes que la barbe de Rubeus Hagrid.
Pourtant quâon ne sây trompe pas, sous la gouaille rieuse, les peurs et les incomprĂ©hensions de lâenfant diffĂ©rent, sous le verbe lĂ©ger se mĂȘlant au sĂ©rieux le plus profond dâun marmot sĂ©lĂ©nien qui grandit doucement, câest un regard empreint de luciditĂ© qui peint notre monde actuel oĂč la folie de toujours plus vite et toujours plus. Une histoire de Venise et un petit rĂ©gal entre fable sociale et Ă©cologique, emplie de fantastique, de fantaisie (sie, pas sy) et de poĂ©sie. Et Otto reste attachant jusquâau bout, alors que la dure rĂ©alitĂ© lâa rattrapĂ©âŠ
Quelques extraits :
[Otto] â Quâest-ce quâils soupçonnent, les penseurs du soupçon ?
[Alba] â Ils soupçonnent que tout le monde se trompe sur tout, depuis le dĂ©but.
â Ah !...
â âŠ
â Et ils se soupçonnent entre eux ?
â Oui, câest trĂšs probable.
â Ils se soupçonnent eux-mĂȘmes ?
â Jâimagine que oui, peut-ĂȘtre, un peuâŠ
â Ăa doit rendre fou de vivre comme ça⊠Moi je nâai pas du tout envie de soupçonnerâŠ
« Ă cet instant, en effet, je me rends compte que je ne me rends pas compte. Câest un peu comme tous ceux qui sont maltraitĂ©s depuis lâenfance. Ils sont tellement habituĂ©s, ils sentent bien quâil y a un problĂšme, mais ils ne savent pas bien quoi. »
« Jâai lâestomac dans la cervelle et la cervelle en confettis. »
« Moi, je nâaimerais pas que mon corps bouge tout seul. Jâai dĂ©jĂ du mal Ă tenir mon esprit. »
La lettre Ă Hushpuppy est un petit rĂ©gal et une amusante digression, un petit accent circonflexe venu se loger dans lâhistoire de maniĂšre inattendue sur « OttĂŽ ». Et si vous ne connaissez pas Hushpuppy, apprenez quâelle est lâhĂ©roĂŻne du film de 2012 « Les bĂȘtes du Sud Sauvage » et quâelle est jouĂ©e par QuvenzhanĂ© Wallis alors quâelle nâa que 5 ans.
Si jâexcepte la surenchĂšre prĂ©sente au cĆur de la bataille des derniers chapitres qui sĂšme par moments plus de troubles quâautre chose, tout fut un plaisir de lecture et je ne peux que vous inviter Ă rejoindre Venise aux cĂŽtĂ©s dâOtto, de sa sĆur Alba, de ses amis Stella et Tim(Ă©o), de (la fĂ©e) Mary-Ann et surtout du chat Nitsch, qui se rĂ©vĂšle mĂ©lomane et mâa â allez savoir pourquoi, malgrĂ© sa couleur diffĂ©rente â fait penser Ă Scat Cat.
Au final, on comprend pourquoi ce roman a remportĂ© le prix de la Cour de lâImaginaire 2022. Le seul regret est que la maison dâĂ©dition ait mis la clef sous la porte peu aprĂšs la sortie du roman, qui reste, heureusement, disponible encore quelque temps, surtout directement auprĂšs de lâauteur.
Si jâexcepte la surenchĂšre prĂ©sente au cĆur de la bataille des derniers chapitres qui sĂšme par moments plus de troubles quâautre chose, tout fut un plaisir de lecture et je ne peux que vous inviter Ă rejoindre Venise aux cĂŽtĂ©s dâOtto, de sa sĆur Alba, de ses amis Stella et Tim(Ă©o), de (la fĂ©e) Mary-Ann et surtout du chat Nitsch, qui se rĂ©vĂšle mĂ©lomane et mâa â allez savoir pourquoi, malgrĂ© sa couleur diffĂ©rente â fait penser Ă Scat Cat.
Au final, on comprend pourquoi ce roman a remportĂ© le prix de la Cour de lâImaginaire 2022. Le seul regret est que la maison dâĂ©dition ait mis la clef sous la porte peu aprĂšs la sortie du roman, qui reste, heureusement, disponible encore quelque temps, surtout directement auprĂšs de lâauteur.
Sources
Extraits et citations avec l'aimable autorisation de l'auteur


