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En acceptant de reprendre un chantier suite à la disparition du directeur qui en avait la charge, Sophie Compagnon ne pensait pas remettre en question sa vision de la réalité. Mais il est des lieux en ce monde (ou dans un autre) qui ont vocation à vous bouleverser. Que l'ont ait des preuves de leur existence ou non.
Fiche de lecture
« Elle est là, toute biscornue. Courbes ventrues et arabesques baroques côtoient les lignes pures d’un néogothique flamboyant en un mélange détonnant. Cette aberration architecturale aurait-elle été dessinée par un précurseur de Gaudi ? Les mots se coincent dans ma gorge, mais cette apparition improbable me fascine plus qu’elle ne m’effraye. Image 3D, hologramme ? Non, pas de cette dimension. »
Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre avec cette nouvelle et je dois dire qu’elle tombe à point nommé. En effet, près de chez moi, il y a des travaux : une maison en démolition partielle, dont les fondations sont utilisées pour reconstruire un immeuble par-dessus. Lorsque j’ai vu les machines entamer sa destruction, cela m’a fait un pincement au cœur, parce que j’ai toujours pensé qu’une maison a une histoire, que ses pièces sont remplies de souvenirs de la famille y ayant vécu et que les pierres et les murs, s’ils pouvaient parler, auraient beaucoup de choses à raconter.
En l’occurrence, nous allons suivre l’incroyable histoire de Sophie Compagnon. Cette directrice de chantier est appelée sur le site des travaux de construction d’un centre commercial, car son prédécesseur a subitement disparu. Volatilisé. En discutant avec Lorenzo, le contremaître qui l’accueille sur place, elle apprend que d’autres personnes ayant participé de près ou de loin au chantier ont elles aussi mystérieusement disparu. Et plus surprenant : ces disparitions seraient, toujours selon Lorenzo, en lien avec la vieille bâtisse qui a été démolie sur ce terrain. Sur le chantier règne un climat de peur, car les ouvriers prétendent que la maison, pourtant entièrement rasée, apparaitrait par moments, tel un mirage… Pour Sophie Compagnon, de telles balivernes superstitieuses sont intolérables. Cependant, un jour survient un événement pour le moins incroyable qui va la faire changer d’avis…
Entre cauchemar ou rêve éveillés, monstruosité ou beauté absolues, dimension parallèle ou réalité, Luce Basseterre happe ses lecteurs dans l’antre de cette vieille maison où règne un vent de folie qu’elle génère et que ses proies alimentent copieusement de leurs peurs et angoisses. Les descriptions sont à la fois superbes et efficaces. Elles nous transportent et nous placent de suite dans une ambiance et des décors pour le moins fantastiques. Dans cette demeure dont les pièces n’ont de cesse de se modifier et de se déplacer, il y a de quoi perdre la raison. Ou alors, peut-être faut-il prendre le temps d’observer pour bien comprendre… ?
Visite fantôme est un court texte qui m’a bien plu et fait oublier, le temps de sa lecture, tout ce qui m’entoure. Je l’ai dévoré assise dans ma chaise longue sur ma terrasse et, lorsque j’ai refermé le carnet, puis levé les yeux, il y avait, dans mon champ de vision, cette maison transformée dont je vous parlais ci-dessus en introduction. L’espace d’un instant, j’ai eu l’impression qu’elle me fixait. Gasp.
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