Affiche et synopsis
La premiÚre mission habitée sur Mars est en péril.
Pas de panique : une branche canadienne de lâagence spatiale envoie dans une base en plein dĂ©sert cinq anonymes sĂ©lectionnĂ©s pour leurs profils psychologiques quasi identiques Ă ceux des astronautes. Ils doivent vivre comme eux, penser comme eux, ĂȘtre comme eux, pour anticiper et rĂ©soudre les conflits.
Mais ici ce nâest pas tout Ă fait la planĂšte Mars. Et ce ne sont pas vraiment des astronautes.
Pas de panique : une branche canadienne de lâagence spatiale envoie dans une base en plein dĂ©sert cinq anonymes sĂ©lectionnĂ©s pour leurs profils psychologiques quasi identiques Ă ceux des astronautes. Ils doivent vivre comme eux, penser comme eux, ĂȘtre comme eux, pour anticiper et rĂ©soudre les conflits.
Mais ici ce nâest pas tout Ă fait la planĂšte Mars. Et ce ne sont pas vraiment des astronautes.
Présentation
UFO, la boĂźte de distribution de ce film, annonce une cosmique-comĂ©die. Des gens ordinaires doivent endosser le rĂŽle des membres dâĂ©quipage partis pour Mars. Un prof de sport devient le double de lâingĂ©nieur spatial, un vieux monsieur joue le rĂŽle dâune exobiologiste, etc. Ces doubles improbables ont le mĂȘme effet comique que la relance Jumanji avec des avatars complĂštement farfelus, mais inversĂ©s, et ça marche assez bien.
Le rĂ©alisateur, StĂ©phane Lafleur, sâest inspirĂ© dâune sĂ©rie de photographies de Vincent Fournier, Space Project, dans laquelle on voit des astronautes perdus dans le dĂ©sert. Il sâagissait de personnes issues dâune sociĂ©tĂ© qui organise des simulations martiennes. LâidĂ©e de faire semblant lâa beaucoup inspirĂ© et câest ce qui ressort dans le film, certaines scĂšnes sĂšment le doute sur ce que ressent vĂ©ritablement le double. On assiste mĂȘme Ă des dialogues quâon qualifierait de « lunaire » si la planĂšte rouge nâĂ©tait pas si prĂ©sente, comme quand la « cheffe » de mission recadre un membre dâĂ©quipage et lui demande ce quâil ressent (je vous laisse gĂ©nĂ©rer automatiquement lâaccent canadien dans votre cerveau) :
« Ă la fois de la frustration et une certaine forme de colĂšre, rĂ©pond-il sans la moindre Ă©motion. Et toi comment tu tâsens-tu ?
â Un sentiment de puissance et de contrĂŽle absolu, mais aussi le sentiment du travail bien fait. »
Tous les rapports humains doivent ĂȘtre doublĂ©s dâune auto-Ă©valuation clinique. La premiĂšre scĂšne est lâinterrogatoire psy du personnage principal qui doit rĂ©pondre sans rĂ©flĂ©chir par vrai ou faux. La vitesse Ă laquelle il rĂ©plique empĂȘche toute rĂ©flexivitĂ©. Il devient capable dâanalyser ses rĂ©actions physiologiques comme une machine.
En cela je trouve que le thĂšme est moins celui du double que celui dâune ontologie proprement moderne. Les uns et les autres se scrutent, comme le spectateur de tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ©, et la consĂ©quence immĂ©diate est que chacun se scrute lui-mĂȘme. Tous les matins, chaque double reçoit sur une petite imprimante un carton de son Ă©quivalent martien, sur lequel il a transcrit son humeur du jour. Quâimporte que le double soit de bonne humeur : si lâautre est chafouin, il doit ĂȘtre chafouin. On voit trĂšs vite que ça ne tiendra pas longtemps. Ils doivent constamment se mettre en situation, coller Ă lâair du temps, eine rĂ€umliche Stimmung dirait Heidegger, en faisant fi dâeux-mĂȘmes.
La motivation du personnage principal est de « faire la diffĂ©rence » en aidant Ă rĂ©soudre les problĂšmes psychologiques de la vĂ©ritable Ă©quipe. Cette diffĂ©rence quâil cherche, câest lâambition de sortir du lot et de devenir lui-mĂȘme astronaute, une ambition de lâordre du rĂȘve dâenfant qui perdure et le porte, le pousse Ă ĂȘtre plus que lui-mĂȘme. Finalement, câest lâhistoire du garçon de cafĂ© qui joue Ă ĂȘtre un garçon de cafĂ©, il est ce quâil nâest pas et il nâest pas ce quâil est. Un personnage mĂ©tastable comme je les aime.
CĂŽtĂ© film en lui-mĂȘme, le rĂ©alisateur avoue quâil avait envie de faire une « face B » des films de science-fiction, « faire un film qui se prend pour un film amĂ©ricain, sans en avoir les moyens ». De fait, les acteurs vont et viennent du franco-canadien Ă lâanglo-amĂ©ricain, ce qui rajoute Ă la joyeuse Ă©trangetĂ© de ce film. Ils croisent deux cowboys interloquĂ©s par ces hurluberlus en combi qui tentent de dĂ©gager un quad embourbĂ©, le responsable de la NASA leur fait des discours disproportionnĂ©s sur leur mission, bref ils se retrouvent dans un dĂ©cor trop grand pour eux. Ajoutons quâil a Ă©tĂ© tournĂ© en 35 mm, pour ajouter un cĂŽtĂ© « analogue », selon StĂ©phane Lafleur, et quâil a fait appel Ă lâartiste plasticien Yonkers Vidal pour crĂ©er la planĂšte Mars, ses vidĂ©os sont Ă©tonnantes.
Je termine par cet amusant rapprochement que ne peuvent offrir que les Canadiens : le réalisateur Lafleur dirige le comédien Laplante...
Le rĂ©alisateur, StĂ©phane Lafleur, sâest inspirĂ© dâune sĂ©rie de photographies de Vincent Fournier, Space Project, dans laquelle on voit des astronautes perdus dans le dĂ©sert. Il sâagissait de personnes issues dâune sociĂ©tĂ© qui organise des simulations martiennes. LâidĂ©e de faire semblant lâa beaucoup inspirĂ© et câest ce qui ressort dans le film, certaines scĂšnes sĂšment le doute sur ce que ressent vĂ©ritablement le double. On assiste mĂȘme Ă des dialogues quâon qualifierait de « lunaire » si la planĂšte rouge nâĂ©tait pas si prĂ©sente, comme quand la « cheffe » de mission recadre un membre dâĂ©quipage et lui demande ce quâil ressent (je vous laisse gĂ©nĂ©rer automatiquement lâaccent canadien dans votre cerveau) :
« Ă la fois de la frustration et une certaine forme de colĂšre, rĂ©pond-il sans la moindre Ă©motion. Et toi comment tu tâsens-tu ?
â Un sentiment de puissance et de contrĂŽle absolu, mais aussi le sentiment du travail bien fait. »
Tous les rapports humains doivent ĂȘtre doublĂ©s dâune auto-Ă©valuation clinique. La premiĂšre scĂšne est lâinterrogatoire psy du personnage principal qui doit rĂ©pondre sans rĂ©flĂ©chir par vrai ou faux. La vitesse Ă laquelle il rĂ©plique empĂȘche toute rĂ©flexivitĂ©. Il devient capable dâanalyser ses rĂ©actions physiologiques comme une machine.
En cela je trouve que le thĂšme est moins celui du double que celui dâune ontologie proprement moderne. Les uns et les autres se scrutent, comme le spectateur de tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ©, et la consĂ©quence immĂ©diate est que chacun se scrute lui-mĂȘme. Tous les matins, chaque double reçoit sur une petite imprimante un carton de son Ă©quivalent martien, sur lequel il a transcrit son humeur du jour. Quâimporte que le double soit de bonne humeur : si lâautre est chafouin, il doit ĂȘtre chafouin. On voit trĂšs vite que ça ne tiendra pas longtemps. Ils doivent constamment se mettre en situation, coller Ă lâair du temps, eine rĂ€umliche Stimmung dirait Heidegger, en faisant fi dâeux-mĂȘmes.
La motivation du personnage principal est de « faire la diffĂ©rence » en aidant Ă rĂ©soudre les problĂšmes psychologiques de la vĂ©ritable Ă©quipe. Cette diffĂ©rence quâil cherche, câest lâambition de sortir du lot et de devenir lui-mĂȘme astronaute, une ambition de lâordre du rĂȘve dâenfant qui perdure et le porte, le pousse Ă ĂȘtre plus que lui-mĂȘme. Finalement, câest lâhistoire du garçon de cafĂ© qui joue Ă ĂȘtre un garçon de cafĂ©, il est ce quâil nâest pas et il nâest pas ce quâil est. Un personnage mĂ©tastable comme je les aime.
CĂŽtĂ© film en lui-mĂȘme, le rĂ©alisateur avoue quâil avait envie de faire une « face B » des films de science-fiction, « faire un film qui se prend pour un film amĂ©ricain, sans en avoir les moyens ». De fait, les acteurs vont et viennent du franco-canadien Ă lâanglo-amĂ©ricain, ce qui rajoute Ă la joyeuse Ă©trangetĂ© de ce film. Ils croisent deux cowboys interloquĂ©s par ces hurluberlus en combi qui tentent de dĂ©gager un quad embourbĂ©, le responsable de la NASA leur fait des discours disproportionnĂ©s sur leur mission, bref ils se retrouvent dans un dĂ©cor trop grand pour eux. Ajoutons quâil a Ă©tĂ© tournĂ© en 35 mm, pour ajouter un cĂŽtĂ© « analogue », selon StĂ©phane Lafleur, et quâil a fait appel Ă lâartiste plasticien Yonkers Vidal pour crĂ©er la planĂšte Mars, ses vidĂ©os sont Ă©tonnantes.
Je termine par cet amusant rapprochement que ne peuvent offrir que les Canadiens : le réalisateur Lafleur dirige le comédien Laplante...
Mars Desert Research Station #7 [MDRS], Mars Society, San Rafael Swell, Utah, U.S.A., 2008 | Photo @ Vincent Fournier, https://www.vincentfournier.co.uk/



