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L'Univers de Cheyanne | Dumè Antoni | 2018

Par | 19/07/2019 | Lu 725 fois




L'Univers de Cheyanne | Dumè Antoni | 2018
Gus, un jeune adolescent de quatorze ans, dérobe un crâne dans un tombeau contenant des cercueils ouverts, l’emporte dans une forêt et l’y abandonne pour une nuit. Quand il retourne sur les lieux le lendemain avec un ami, il découvre avec stupeur que le crâne a disparu. Qui a pris le crâne et pourquoi est-il retrouvé chez lui, caché sous son lit, par les gendarmes lors d’une perquisition ?

Gus devra apprendre à naviguer entre deux mondes disjoints : le monde réel, où il délaisse ses études et devient musicien professionnel, et un autre monde, étrange et inquiétant, où l’Histoire officielle est invalide. Il devra comprendre pourquoi Cheyanne, cette jeune femme dont il est amoureux, disparaît sans raison apparente, et surtout découvrir qui il est, lui, alors qu’il est recherché par des militaires de l’Allemagne nazie, dans l’univers de Cheyanne...

Fiche de lecture

Je le dis franchement : en lisant ce livre, j’avais une folle envie, celle de vouer son auteur aux gémonies. Quand je l’ai fini, ce fut pire encore. Je l’ai franchement maudit – on devrait interdire les écrivains qui donnent envie de lire leurs autres textes.

Mais, je vais rester sage et commencer par le début.

Cet Univers de Cheyanne, c’est un univers non point de SF, mais bien de Fantastique, ce qui me va très bien, ayant l’habitude de changer régulièrement de genre dans mes lectures.

Cet Univers, c’est d’abord et avant tout celui de Gus, un ado devenant jeune homme, qui nous narre sa vie en apparence fade et parfois morne, une vie où il ne faudra pas chercher d’actions retentissantes ou fracassantes. On suit le cours d’une destinée dans laquelle viennent s’entrechoquer celles de Jean, d’Alex, de Jordan, de Barnabé – pas n’importe lequel, celui de l’évangile de Barnabé, enfin peut-être est-ce lui ou un autre qui porte ce prénom, allez savoir.
Il y a aussi les vies d’Anna, d’Aurélia, de Philomène, et quelques autres comme le petit groupe de musiciens avec lequel Gus – Gustave – évolue, Sylvain, Léonard…

C’est l’univers d’une vie qui commence dans un village perdu sur l'Ile, avec Gus qui n’a jamais été sur le continent, ne connaît ni Marseille, ni Paris. Mais qui nous raconte son adolescence et sa jeunesse d’insulaire – d’isolé – un peu chaotique entre une mère qui ne l’aime pas vraiment, un père en prison et des copains particulièrement étranges. Un début d'adolescence où il est arrêté, mis en prison, et placé hors de sa famille pour avoir profané une tombe et volé un crâne.

On se demande si ce qu’il nous raconte est seulement vrai, si cela est sorti de son imagination ou de sa peur, si tout ce qu’il subit – souvent sans rien en comprendre – en fait un héros, un souffre-douleur ou un simple fétu de paille. On se demande ce qu’est ce crâne qu’il a volé dans un mausolée et qui se retrouve sous son lit. On s’interroge quant au fait que Jordan puisse être aussi Barnabé, qu’il ait un visage qui s’efface et disparaît. On s’inquiète et reste perplexe face à ces morts qui sont présents dans le monde de Gus, face à ces gens qui préfèrent ne pas en parler et se conduire comme si de rien n’était. On reste là à se questionner et à questionner ce livre…

C’est là toute l’histoire. Des centaines et des milliers d’interrogations que l’auteur nous lance au visage à chaque petit événement insolite qui survient dans l'infortune de Gus.

Et on trépigne de ne pas avoir d’action et on se demande ce qu’il va se passer, ce qui fera que l’on comprendra enfin ce qu’est réellement l’Univers de Cheyanne autant que celui de Gus, ce qui nous permettra de saisir enfin comment le monde peut être à la fois en 1973 et en 1944, aussi bien qu’en 1947.

Et c’est là que je tire mon chapeau bien bas. Parce que sous ses airs de récit tout en nonchalance, sous des apparences de faux-semblants, des enchaînements sans fin de mensonges, de non-dits et de silences, Dumè Antoni nous cisèle une histoire dont on est incapable de se sortir, une aventure dont on veut absolument connaître la fin, comme une quête de Saint-Graal, comme une recherche des Mines du Roi Salomon, comme une toile d'araignée où il nous a englués, une histoire qu’il nous aurait concocté dans le seul but de nous attraper dans ses rets ; il nous livre un roman qu’on ne cesse de poser et de reprendre, sans jamais pouvoir l’abandonner.

C’est fou, délirant et pourtant tellement ancré dans des situations très terre-à-terre qu’on ne peut que se laisser entraîner par le courant qui ballote Gus jusqu'à Cheyanne et son Univers, jusqu'à ce mélange de présent et de passé autant que… d’humanité et d’inhumanité.

La fin est plus sage que je ne l’avais pensé – avec tous ces morts, je m’attendais à… mais Dumè Antoni a été sympa avec nous et n’a pas basculé dans l’horreur que l’on pouvait pressentir.

Au final, un régal de Fantastique – dont la lecture laisse sonné, avec l’impression d’avoir été drogué aussi bien que mené par le bout du nez et des phrases au cœur de son Univers.

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JC Gapdy
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💬Commentaires

1.Posté par Dumè ANTONI le 20/07/2019 09:03 | Alerter
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ZendoDLF
C'est vrai qu'il ne se passe pas grand-chose dans l'univers de Cheyanne, sinon que des mondes, des époques, se télescopent en permanence en sorte qu'on ne sait jamais où l'on se trouve. Gus en fera les frais et le lecteur aussi, par la même occasion. En tout cas encore merci pour ce retour de lecture pertinent et dithyrambique.

Dumè ANTONI

2.Posté par Philippe ANDRÉ le 14/02/2020 13:34 | Alerter
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L’UNIVERS DE CHEYANNE un livre de Dumé Antoni

Préambule à L’UNIVERS DE CHEYANNE
Le genre Fantastique déploie dans ses sous-genres toute une série de multifonctionnalité de l’imaginaire ne se préoccupant nullement de leur influence les unes sur les autres, sauf pour quelques œuvres indéfinissables qui arrivent à générer une symbiose, un intérêt difficilement explicable. Sans définir l’indéterminable, la particularité d’être à la limite des frontières des codes littéraires, sur le fil du surnaturel, rend un rapport d’exception aux lecteurs. C’est le cas pour L’univers de Cheyanne, dont le récit empreinte plusieurs chemins, incroyables, déroutants et surprenants. Le façonnement des genres s’attribue le doute constant de la cohérence des intrigues dans le texte, grâce au style alerte de l’auteur, l’immersion ne se réalise pas dans un seul monde, unique, mais un monde chargé de pluralité : les espaces se confondent, les situations se chevauchent en parcourant des sentiers boueux, salis par l’histoire, ceux de ses protagonistes sous le regard de ceux de la Grande Histoire. Cette multiplicité des histoires fictives ou historiques, s’entremêlant dans l’intrigue, forme une sorte de bulle de savon rencontrant d’autres bulles, se frôlant, s’alliant, formant un cercle plus important, puis finalement se divisant avant d’éclater. On traverse le récit comme on traverse le parcourt d’un combattant, Gus, mais sous un raisonnement spirituel, avec une gestuelle légère, une sorte de lévitation singulière vous élevant avec lui vers d’autres « cieux », la vie du héros se « noyaute » au cœur de l’étrange sensation d’une thématique sur la réincarnation ; que ce soit à basse ou à haute fréquence. Cette réflexion sur la particularité d’un genre et de ses sous-genres, le principe de vases communicants, qui se « mécanise » chez d’autres, se fabrique intelligemment chez Dumé Antoni. Si le code des genres abordés risque dans leur entrechoquement de fournir une bouillie littéraire infame, caricaturale et incompréhensible, voir ennuyante par une direction trop simpliste, ici, dans l’univers de Cheyanne, tout se transfigure sous l’éclat d’un rayonnement aux questionnements mystiques faisant échos à une certaine réalité multidimensionnelle. Les thèmes de la SF et du Fantastique se croisent, se regardent, s’effleurent sous la mise en scène de tous ces éléments réels et irréels. Car l’auteur a su huiler tous les rouages de « sa machinerie » par une création fascinante d’une œuvre confection...

3.Posté par Dumè ANTONI le 18/05/2021 11:16 | Alerter
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ZendoDLF
J'avais oublié de remercier Philippe, pour ce retour de lecture de l'univers de Cheyanne. Je devais avoir l'esprit ailleurs (les prémices de l'affaire coronavirus ?). Peu importe. Merci pour cette chronique développée.

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