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Cale des livres

        

Seentha | Jean-Michel Archaimbault | 2009


Un article ajouté/rédigé par | 23/07/2018 | Lu 2778 fois




Illustration et quatrième de couverture

Voici l'histoire d'un jeu cruel aux dimensions du cosmos, et d'une damnation éternelle. 

L'histoire d'un voyage au bout du désespoir qui emmènera Gottfried Falkenberg des mers de la Vieille Terre aux océans du ciel et aux arrière-mondes où des dieux malades écrivent, en lettres de sang, la tragique destinée de leur Création. 

L'histoire, parsemée de faux-semblants, d'une quête infinie, la recherche de l'idéal féminin, du Visage et de SEENTHA...

Fiche de lecture

Je rêvais, allongé au sommet de la falaise, contemplant tout en bas les flots de l'océan. J'entendais se briser, écumantes, les vagues rageuses sur le bord. Et j'aperçus, inconnu, venant vers le rivage, un navire étrange, surnaturel... (Richard Wagner, Le Hollandais Volant)

Cet ouvrage débute par un prologue chargé et peu digeste(1) d’une vingtaine de pages. Là, je dois dire en toute sincérité que j’ai galéré pour affronter ce passage obligé. La lecture du prologue terminée, je souffle un peu. Puis, arrive l’acte premier qui s’ouvre avec la scène 1 qui se déroule dans l’espace, à bord du vaisseau Aniara II, à deux mille six cents années-lumière de l’amas des Hyades. Et là, tout à coup, je retiens mon souffle, happée par les premières phrases du chapitre ! Dès lors, impossible de lâcher cet ouvrage jusqu’à son acte dernier !  
  
Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre avec cet ouvrage, et j’ai été agréablement surprise par cette lecture. Quelle belle découverte ! Pour ne point gâcher votre plaisir de lecture, je n’entrerai pas dans les détails du récit. Sachez simplement que « Seentha » est en quelques sortes une revisite à la sauce SF des opéras « Le Hollandais Volant » et Tristan et Iseut de Richard Wagner, soupoudrés de mythologie nordique. On y retrouve les thèmes majeurs de ces deux œuvres, tels que l’errance, l’arrivée d’un personnage inconnu, le sacrifice et l’amour absolu qui a un goût de folie et de mort. Chers lecteurs, soyez prêts à prendre part à un jeu cruel aux dimensions du cosmos !
  
Construite à la manière d’un opéra, cette histoire est découpée en actes, puis en scènes comportant quelques citations et passages en vers, et une coda. En fin d’ouvrage, on trouvera des repères chronologiques fort utiles pour situer l’action des scènes. 
  
La toile de fond sur laquelle évolue les personnages est savamment réfléchie, bien posée et l’univers dépeint par l’auteur Jean-Michel Archaimbault est parfaitement maîtrisé. Le tout est teinté de musicalité qui accentue la dramaturgie de cette œuvre – comment ne pas entendre les compositions de Richard Wagner dans son esprit quand on lit ce texte ?
  
En conclusion, « Seentha » est un opéra de l’espace en quatre actes, atypique et splendide. En un mot : BRILLANT ! C’est un livre qui m’a laissé une forte impression et que je relirai volontiers d’ici quelques années.

Note

(1) Je me dois de préciser ceci à propos du prologue : je dis « peu digeste », pas « indigeste », nuance. J’ai en fait peu touché le puck, c’est-à-dire que j’ai eu de la peine à comprendre ce que je lisais. Non pas parce que c’est mal écrit, bien au contraire, mais tout simplement parce que – je l’avoue, mea culpa – je n’ai pas le niveau, pas toutes les références. En effet, on est ici dans du haut niveau, car il faut savoir qu’en plus qu’il écrit bien, Jean-Michel Archaimbault est aussi un homme très érudit. Quoi qu’il en soit, mes propos au sujet du prologue ne doivent en aucun cas freiner le lecteur à s’aventurer dans cette lecture. Oui, parce que Seentha est magistral. C’est l’un des plus beaux livres de SF que j’ai eu le plaisir de lire.

Koyolite Tseila
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💬Commentaires

1.Posté par Sylvain BOISSINOT le 21/03/2019 17:40 | Alerter
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Sylvain
Voici un ouvrage extrêmement travaillé que j'ai trouvé tout particulièrement équilibré entre mythes et légendes, entre fictions et réalités. En plus d'être équilibré, le roman est idéalement structuré, aidé par un découpage sous forme d'actes et de scènes, ce qui est original, mais logique vu que Seentha fait de multiples références à Richard Wagner et à ses opéras, le Hollandais Volant plus particulièrement. L'auteur parsème son ouvrage de nombreuses citations et extraits versifiés ce qui donne une certaine dynamique.
Jean-Michel Archaimbault ajoute en plus une dimension supplémentaire en intégrant à son histoire une touche de mythe nordique en faisant intervenir d'étranges Loki et Wode, ce qui rend l'œuvre encore plus épique. On y découvrira une nouvelle Asgard, un nouveau domaine des Ases.
Dans cette histoire parsemée d'embuche, de faux-semblant, de surprise, on suit le périple de Gottfried Falkenberg qui va l'emmener sur la Vieille Terre recouverte entièrement d'une seul et unique océan. Il y a découvrira, entre autres, des Dieux très anciens devenus schizophrènes s'adonnant à des jeux aux dimensions cosmiques et éternelles. Mais Gottfried y découvrira-t-il l'objet de sa quête et les réponses à ses questions ?
Cet ouvrage est très riche, tant par sa forme que par son fond. Un langage raffiné, des néologismes scientifiques bien pensés et bien choisis vont vous entraîner dans une lecture enrichissante et passionnante.

Pour conclure, je dirais que nous avons ici un ouvrage époustouflant qui va vous entraîner dans une aventure extraordinaire à la recherche d'une âme sœur parfaite, à la recherche d'une liberté méritée. Un space opera, ou plutôt un opéra spatial devrais-je dire, sombre et complexe. Attention ! Dès les premières pages, vous allez être aspiré dans une spirale infernale et vous aurez du mal à en sortir...
Seentha... une très agréable surprise !

2.Posté par Jean Christophe GAPDY le 13/04/2021 08:42 | Alerter
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JCGapdy
Tout a été dit dans la fiche de la Capitaine et dans le retour de Sylvain.
J'ajouterai simplement un point.
Si vous aimez un ou plusieurs de ces 3 éléments : la SF, l'Opéra, les grands Mythes et Légendes, vous avez un régal qui s'ouvre à vous.
Personnellement, j'aime les trois (outre tous les textes en vers [poésie, théâtre, etc.], ce qui fait que j'ai été comblé dès l'introduction passée (car on se demande où l'on va aller tant elle apporte de questions et de mystères). Bref, à lire absolument. Ce livre devrait d'ailleurs être dans la bibliothèque idéale d'une lectrice ou d'un lecteur SF.

3.Posté par Thierry LEDRU le 17/12/2022 20:25 | Alerter
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Thierry23
Je ne lis plus de SF depuis bien longtemps après avoir pourtant adoré Asimov, Van Vogt, Silverberg, Anderson, Dick, Sturgeon, Stefan Wul, etc...

Je ne connaissais donc pas Jean-Michel Archaimbault. Et sans aucune hésitation, je le range avec les auteurs cités ci-dessus.

Plus d’une fois, lorsque j’étais jeune, je me suis demandé si ces auteurs de SF n’étaient pas des esprits revenus d’un futur lointain.

Autant, il est aisé de se documenter sur les faits passés pour écrire un roman historique, autant j’ai toujours trouvé fascinant l’imagination de ces auteurs de SF capables de créer des mondes inconnus, des technologies qui dépassent mon entendement, sans aucune possibilité de puiser dans des connaissances étayées, connues de tous, à travers des faits anciens.

Là, tout est à inventer et il faut pour cela une imagination qui me sidère. Ou alors user de souvenirs d’une vie qui n’a pas encore pris forme dans l’époque en cours, une vie qui vient d’un temps qui n’a pas encore existé.

Je pense donc que Jean-Michel Archaimbault vient du futur.

Je ne développerai pas le fond de ce roman parce que la richesse ne se décrit pas, au risque d’en donner une vision appauvrie. C’est un roman de SF, une œuvre totale, un espace au-delà du connu. Pour ce qui est de la forme, c’est magistral. D’une part parce que le foisonnement de termes et de descriptions de technologies dont j’ignore s’ils existent ou s’ils sont pures inventions ne sont jamais source d’égarement ou de lassitude. Bien sûr, il m’a fallu accepter de plonger dans ce bain linguistique et de ne pas en saisir à coup sûr la pleine compréhension. Je me suis donc laissé emporter par le flot et il est arrivé un moment dans la lecture où je lisais ces termes comme si je les avais toujours fréquentés et c’est là que j’ai réalisé que l’ensemble du texte contenait tout ce dont j’avais besoin pour être happé.

L’histoire est complexe mais les personnages ont une densité si forte qu’ils l’emportent sur cette fatigue qui aurait pu survenir s’il ne s’était agi que d’une description de technologies toutes plus fascinantes les unes que les autres. L’humain prédomine. Les relations sont plus prenantes que les vaisseaux les plus sophistiqués, que les technologies les plus étourdissantes.

Bien sûr que la trame a une importance considérable. Aucun roman ne peut être aimé en dehors de son histoire, qu’elle que soit la maîtrise de l’écriture. La technique n’a pas de vie, elle doit la servir. Tout comme un roman dont l’histoire est fascinant...

4.Posté par Fantasio ARDENNES le 16/07/2023 06:59 | Alerter
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Fantasio
Ce livre magnifique est un bonheur pour le lecteur mais un véritable cauchemar pour le modeste chroniqueur que je suis.
Il m'est tout simplement impossible de résumer cette histoire multiple et relativement sophistiquée. Un récit complexe et exigeant donc mais jamais abscons.
Jamais un livre de science-fiction n'a mérité à ce point le qualificatif de « space opera ». D'ailleurs la couleur est annoncée avec la mention : « Space Opera en un prologue, quatre actes et une coda ». Transposition moderne de la célèbre légende du Hollandais volant et, bien sûr de l'opéra de Richard Wagner appelé aussi « Le vaisseau fantôme », ce livre, terriblement sombre, relate, sur plusieurs niveaux , l'histoire d'une damnation éternelle. Mêlant science-fiction, fantastique et même mythologie, SEENTHA nous emmène d'une planète moribonde au cœur de la galaxie en passant par notre Terre à différentes époques.
Les références à Wagner sont incessantes mais l'on trouve aussi de beaux hommages à Kurt Steiner et surtout un « culte «  évident aux univers dantesques de H.P. Lovecraft. On peut lire par exemple des phrases du genre :
« Un vent glacé balayait la plaine. Il soulevait des tourbillons de poussière, et leur donnait par instants l'apparence effrayante de cohortes de damnés en marche vers leur ultime supplice. »
Roman d'une noirceur totale, roman du désespoir éternel, de l'amour et de la rédemption impossibles mais aussi histoire passionnante qui emporte le lecteur dans un monde d'une étonnante obscurité. Ici les ténèbres ne sont pas seulement dans l'espace mais dans le cœur même de l'univers.
SEENTHA bénéficie d'une construction parfaite et j'avais déjà noté la splendide et précise écriture de Jean-Michel Archaimbault dans le très bon recueil de nouvelles REQUIEM POUR ÄMES D'OMBRE qui, assumant son caractère fantastique, était pourtant beaucoup moins sombre que ce « space opera ».
Je conseille sans réserve ce magnifique roman à l'intrigue qui, au départ paraît manichéenne mais se révèle vite très subtile, et qui demande une lecture soutenue mais qui, j'en suis certain, vous transportera certes dans un monde pervers, affligeant et à l'atmosphère terriblement ténébreuse, mais vous procurera aussi un intense plaisir de lecture.
On peut déjà affirmer que ce roman est un incontournable de la science-fiction française...
Il faut aussi noter la très belle illustration de couverture signée Dimitri Rastorgoueff

5.Posté par Michel MAILLOT le 18/11/2023 17:41 | Alerter
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mmaillot
Tout d’abord, s’excuser. De la lenteur de la lecture et donc du retour. Mais les yeux qui fatiguent si vite ne laissent pas de quoi parcourir un nombre de pages journalières suffisantes pour avancer rapidement. Et enfin, depuis de nombreuses années, grandement aidé par cette vue déclinante, la volonté de ne pas lire en diagonale. De ne pas passer parfois sur des mots, des phrases entières pour bien rendre justice au texte et à l’auteur. Donc, voilà, c’est fait, hier soir, j’ai refermé le livre, le vrai en papier que j’avais acheté parce que décidément, non, en raison d’âge et de rejet archaïque, je n’accroche pas à l’édition numérique. Un livre, pour moi, ça se dévore à pleines mains. Une couverture, ça s’admire en tournant l’objet de la même manière. Je l’ai donc reposé sur le petit guéridon dans l’entrée avant de lui dénicher une place de choix sur une étagère. Enfin si j’en trouve et si les autres locataires donnent leur accord, en ronchonnant comme il se doit pour cause de resserrement supplémentaire. On y parviendra, j’en suis certain.

Bon, alors, ce livre !

Oui d’accord, j’y arrive. On n’est pas pressé, non ?

En premier lieu, en parler, mais ne pas déflorer l’histoire. D’autres lecteurs piafferont d’impatience à l’idée d’ouvrir et de découvrir le magistral édifice. Que dis-je, l’opéra, la symphonie visuelle, mais également acoustique. Parce que le lecteur sensible, voit, entend, la musique, petite ou grande, douce ou exaltée qui se joue alors que les yeux et les oreilles écarquillés, il se laisse entraîner dans les flots tumultueux de la représentation cérébrale. Ici, il est autant question de récit que de musique. Dans la narration, dans les histoires qui se complètent, s’entrecoupent. On sent, on perçoit les sonorités grandioses d’un orchestre libérant toutes ses cordes et ses cuivres pour nous emporter, pauvres fétus de paille que nous sommes, dans l’impétueux océan en furie. Du vaisseau fantôme à la chevauchée des Valkyries dont les montures déferlent, c’est la puissance d’un Wagner invoquée qui nous entraîne. L’auteur, chef d’orchestre suprême, mène toutes ses troupes à la baguette pour les emmener vers le destin implacable tracé par son encre. Les péripéties d’un vaisseau spatial embarquant avec lui tout un équipage en quête de réponses aux mystères soulevés. L’arrivée impromptue du damné, pion ou pièce maîtresse du jeu d’échecs cosmique. Les machinations cruelles et machiavéliques de divinités impitoyables. S’entremêlent les plans, les destin...

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