Affiche et synopsis
Itto, jeune marocaine dâorigine modeste, sâest adaptĂ©e Ă lâopulence de la famille de son mari, chez qui elle vit.
Alors quâelle se rĂ©jouissait dâune journĂ©e de tranquillitĂ© sans sa belle-famille, des Ă©vĂ©nements surnaturels plongent le pays dans lâĂ©tat dâurgence.
Des phĂ©nomĂšnes de plus en plus inquiĂ©tants suggĂšrent quâune prĂ©sence mystĂ©rieuse approche. Seule, elle peine Ă trouver de l'aideâŠ
* Prix spécial du jury au festival de Sundance 2023 *
Alors quâelle se rĂ©jouissait dâune journĂ©e de tranquillitĂ© sans sa belle-famille, des Ă©vĂ©nements surnaturels plongent le pays dans lâĂ©tat dâurgence.
Des phĂ©nomĂšnes de plus en plus inquiĂ©tants suggĂšrent quâune prĂ©sence mystĂ©rieuse approche. Seule, elle peine Ă trouver de l'aideâŠ
* Prix spécial du jury au festival de Sundance 2023 *
Présentation
La rĂ©alisatrice Sofia Alaoui dĂ©crit son film comme un « drame fantastique sur la fin dâun monde », cherchant à « questionner nos certitudes et nos croyances, qui nous bloquent dans une pensĂ©e unique ». Dans ses diverses interviews, elle assume plus ouvertement lâappartenance au domaine SF, mĂȘme si lâĂ©tiquette « fantastique » reste collĂ©e par le distributeur, de crainte de faire fuir le public ou les critiques TĂ©lĂ©rama.
Pourtant, elle se rĂ©clame du 2001 de Kubrick et de Tarkovski, un versant mĂ©taphysique de la science-fiction. Il ne faut donc pas sâattendre Ă une version marocaine de Independance Day. Sâil y a bien une invasion extraterrestre en cours, elle se passe dans les esprits, Ă la maniĂšre du Ressac de lâespace. Les visiteurs ne nous veulent aucun mal, bien au contraire, ils ne cessent de rĂ©pĂ©ter par la voix de ceux dont ils prennent possession : « tout ira bien ». Cela donne une Ă©trangetĂ© qui peut rappeler M. Night Shyamalan dans Signes, la cinĂ©aste suggĂšre beaucoup en montrant trĂšs peu.
Les ĂȘtres invisibles du film disent « le monde physique repose sur un monde plus complexe ». La rĂ©vĂ©lation tombe en plein Atlas, sur une population berbĂšre dĂ©jĂ vacillante sur ses croyances. Ceux qui nâont plus la foi depuis longtemps assistent aux Ă©vĂ©nements sans rĂ©elle rĂ©action, tandis que les plus fervents sont Ă©branlĂ©s. Câest un moment fort du film oĂč lâon voit ceux qui sâen remettaient Ă Dieu commencer Ă douter, pleurer de se sentir abandonnĂ©s, refuser lâĂ©volution de lâhumanitĂ©. On pense aux XipĂ©huz de Rosny aĂźnĂ©, accentuĂ© par la solitude soudaine de lâindividu. Lâunivers nâest pas transformĂ©, on ne voit pas de mutants ou des antennes qui poussent dans des endroits improbables, câest bien lâinquiĂ©tante Ă©trangetĂ© du vertige au cĆur du connu.
Chacun se retrouve Ă devoir composer en soi-mĂȘme avec cette nouvelle donne. Nous ne sommes plus seuls, mais ce qui faisait sociĂ©tĂ© Ă©clate. La cohĂ©sion religieuse pousse les fidĂšles vers la mosquĂ©e, la foi devrait ĂȘtre le dernier refuge face Ă cet Ă©branlement du monde. La communion est un miracle humain, un moment dâunisson. Mais tout est balayĂ© par une force bien supĂ©rieure, quelque chose de GaĂŻa qui fond tous les esprits en un seul.
Câest pourquoi le surgissement de cette structure de pensĂ©e unique dans un monde pieux est assez intĂ©ressant, et peut rappeler les pensĂ©es qui tiraillent les personnages de Curval dans Le Ressac de lâespace, ou la fin du cycle de Fondation : le libre arbitre qui nous permet de choisir de croire ou pas, de suivre telle ou telle doctrine, de combattre les autres, de sâauto-dĂ©truire ou de sâassocier librement pour construire un monde meilleur, pourrait-on abandonner tout ça pour un se fondre dans un superorganisme qui garantit la paix perpĂ©tuelle, voire la vie Ă©ternelle, au prix de lâintime et dâindividualitĂ© ?
Le film est trĂšs beau, il prĂ©sente la sociĂ©tĂ© berbĂšre dâaujourdâhui, traversĂ©e par ses propres luttes entre tradition et modernitĂ©. Lâemploi de la langue amazigh a dâailleurs Ă©tĂ© saluĂ©e comme une volontĂ© de faire entendre dâautres voix dans le cinĂ©ma marocain.
Je finis par un point nĂ©gatif : le film est trop court. En 1h30, la rĂ©alisatrice met en place une sociĂ©tĂ©, des personnages, un Ă©vĂ©nement, et nous laisse au moment oĂč lâon voudrait savoir comment ils vont sâen sortir. Câest dommage car le genre et lâapproche ne se prĂȘtent pas Ă une suite. Sâil venait Ă lâidĂ©e de Sofia Alaoui dâen faire une sĂ©rie, on aurait quelque chose dâintĂ©ressant Ă voir.
Pourtant, elle se rĂ©clame du 2001 de Kubrick et de Tarkovski, un versant mĂ©taphysique de la science-fiction. Il ne faut donc pas sâattendre Ă une version marocaine de Independance Day. Sâil y a bien une invasion extraterrestre en cours, elle se passe dans les esprits, Ă la maniĂšre du Ressac de lâespace. Les visiteurs ne nous veulent aucun mal, bien au contraire, ils ne cessent de rĂ©pĂ©ter par la voix de ceux dont ils prennent possession : « tout ira bien ». Cela donne une Ă©trangetĂ© qui peut rappeler M. Night Shyamalan dans Signes, la cinĂ©aste suggĂšre beaucoup en montrant trĂšs peu.
Les ĂȘtres invisibles du film disent « le monde physique repose sur un monde plus complexe ». La rĂ©vĂ©lation tombe en plein Atlas, sur une population berbĂšre dĂ©jĂ vacillante sur ses croyances. Ceux qui nâont plus la foi depuis longtemps assistent aux Ă©vĂ©nements sans rĂ©elle rĂ©action, tandis que les plus fervents sont Ă©branlĂ©s. Câest un moment fort du film oĂč lâon voit ceux qui sâen remettaient Ă Dieu commencer Ă douter, pleurer de se sentir abandonnĂ©s, refuser lâĂ©volution de lâhumanitĂ©. On pense aux XipĂ©huz de Rosny aĂźnĂ©, accentuĂ© par la solitude soudaine de lâindividu. Lâunivers nâest pas transformĂ©, on ne voit pas de mutants ou des antennes qui poussent dans des endroits improbables, câest bien lâinquiĂ©tante Ă©trangetĂ© du vertige au cĆur du connu.
Chacun se retrouve Ă devoir composer en soi-mĂȘme avec cette nouvelle donne. Nous ne sommes plus seuls, mais ce qui faisait sociĂ©tĂ© Ă©clate. La cohĂ©sion religieuse pousse les fidĂšles vers la mosquĂ©e, la foi devrait ĂȘtre le dernier refuge face Ă cet Ă©branlement du monde. La communion est un miracle humain, un moment dâunisson. Mais tout est balayĂ© par une force bien supĂ©rieure, quelque chose de GaĂŻa qui fond tous les esprits en un seul.
Câest pourquoi le surgissement de cette structure de pensĂ©e unique dans un monde pieux est assez intĂ©ressant, et peut rappeler les pensĂ©es qui tiraillent les personnages de Curval dans Le Ressac de lâespace, ou la fin du cycle de Fondation : le libre arbitre qui nous permet de choisir de croire ou pas, de suivre telle ou telle doctrine, de combattre les autres, de sâauto-dĂ©truire ou de sâassocier librement pour construire un monde meilleur, pourrait-on abandonner tout ça pour un se fondre dans un superorganisme qui garantit la paix perpĂ©tuelle, voire la vie Ă©ternelle, au prix de lâintime et dâindividualitĂ© ?
Le film est trĂšs beau, il prĂ©sente la sociĂ©tĂ© berbĂšre dâaujourdâhui, traversĂ©e par ses propres luttes entre tradition et modernitĂ©. Lâemploi de la langue amazigh a dâailleurs Ă©tĂ© saluĂ©e comme une volontĂ© de faire entendre dâautres voix dans le cinĂ©ma marocain.
Je finis par un point nĂ©gatif : le film est trop court. En 1h30, la rĂ©alisatrice met en place une sociĂ©tĂ©, des personnages, un Ă©vĂ©nement, et nous laisse au moment oĂč lâon voudrait savoir comment ils vont sâen sortir. Câest dommage car le genre et lâapproche ne se prĂȘtent pas Ă une suite. Sâil venait Ă lâidĂ©e de Sofia Alaoui dâen faire une sĂ©rie, on aurait quelque chose dâintĂ©ressant Ă voir.
ANIMALIA - Visuel 6 @ AD VITAM | https://www.advitamdistribution.com/films/animalia/#downloads
ANIMALIA - Visuel 4 @ AD VITAM | https://www.advitamdistribution.com/films/animalia/#downloads


