QuatriĂšme de couverture
« Et la mort tout doucement saisit le prince. Son poids sâĂ©tait Ă©chappé⊠et il ne se dĂ©fendait plus. Un beau rĂȘve lâemporta, le rĂȘve quâil faisait quand il Ă©tait petit, dans son berceau de fourrures. Dans la chambre des hĂ©ritiers, prĂšs de sa nourrice la Morave en haut, tout en haut du beffroi, dans le chĂąteau du Roi Krogold. »
RĂ©unis dans leurs seules versions connues Ă ce jour, La LĂ©gende du Roi RenĂ© et La VolontĂ© du Roi Krogold constituent la mythologie gaĂ©lique « mi-rime mi-prose » Ă laquelle CĂ©line tenait tant. Dans un « Moyen Ăge dâopĂ©ra », entre la Bretagne et la Scandinavie, on dĂ©couvre le rĂ©cit de la guerre menĂ©e par le Roi Krogold contre le prince fĂ©lon Gwendor, le meurtre du procureur Morvan par le trouvĂšre Thibaut et la passion de Joad pour la belle Wanda.
Genres : contes, légendes
RĂ©unis dans leurs seules versions connues Ă ce jour, La LĂ©gende du Roi RenĂ© et La VolontĂ© du Roi Krogold constituent la mythologie gaĂ©lique « mi-rime mi-prose » Ă laquelle CĂ©line tenait tant. Dans un « Moyen Ăge dâopĂ©ra », entre la Bretagne et la Scandinavie, on dĂ©couvre le rĂ©cit de la guerre menĂ©e par le Roi Krogold contre le prince fĂ©lon Gwendor, le meurtre du procureur Morvan par le trouvĂšre Thibaut et la passion de Joad pour la belle Wanda.
Genres : contes, légendes
Fiche de lecture
Navadavouille ! Que vient faire Louis-Ferdinand CĂ©line sur le Galion !? « Le » Louis-Ferdinand CĂ©line, auteur de « Voyage au bout de la nuit », cĂ©lĂšbre pour son style trĂšs oral et son rĂŽle des plus interlopes dans lâHistoire de France.
Il a toute sa place, justement, et ce diptyque « Krogold/René » le démontre.
Ă partir de manuscrits laissĂ©s par un CĂ©line fuyant la France en 1944 face Ă lâavancĂ©e alliĂ©e (ils seront partiellement retrouvĂ©s en 2021), se fait jour le grand projet de fresque nĂ©o-mĂ©diĂ©vale de CĂ©line. RefusĂ© par son Ă©diteur, le projet a Ă©tĂ© recyclĂ© sous forme de fragments dans le reste de son Ćuvre, dont le « Voyage » et « Mort Ă crĂ©dit », dans la bouche et lâesprit parfois torturĂ©s de Ferdinand Bardamu.
Câest donc une Ćuvre Ă©parpillĂ©e, incomplĂšte mais fascinante qui sâoffre au lecteur. Elle sâorganise en trois axes : la croisade du roi Krogold contre son fĂ©lon vassal Gwendor, le meurtre du procureur du Parlement de Bretagne, Morvan, par Thibaut, lâami de son fils Joad, lui-mĂȘme amoureux de Wanda.
Bien que peu connaisseur de lâĆuvre de CĂ©line, jâai apprĂ©ciĂ© son style gouailleur mĂȘlĂ© aux codes de la chanson de geste : nous sommes plongĂ©s dans un Moyen Ăge de fiction, oĂč la Bretagne voisine la Scandinavie avec des touches dâargot, forcĂ©ment cher Ă lâauteur.
Entre les marais puants et hallucinĂ©s oĂč Krogold prĂ©pare sa vengeance, le dialogue mĂ©morable entre un Gwendor agonisant, suppliant la Camarde (ou plutĂŽt « la Connarde » comme la nomme CĂ©line) de lui laisser encore un peu de temps, en passant par la quĂȘte mortifĂšre de Thibaut rudoyĂ© par un nautonier grande gueule ou jouant les soudards dans une maison de tolĂ©rance, le style peut ĂȘtre un peu lourd mais fait vivre les personnages.
Et surtout, lâincomplĂ©tude du texte, ses trous, ses lacunes dues tant Ă lâhistoire du manuscrit quâĂ celle dâun auteur en fuite, apportent une perspective trĂšs intĂ©ressante : Ă lâheure oĂč nombre dâunivers de fiction veulent tout expliquer par des prologues et des suites, le diptyque « Krogold/RenĂ© » laisse la place Ă lâincertitude, Ă la perte et Ă lâincomprĂ©hension. Jâavais dĂ©jĂ fort aimĂ© cela dans Les OubliĂ©s de lâAmas et sa chronologie en gruyĂšre. On ne sait pas tout, on ne comprend pas tout⊠Mais quâest-ce que câest jouissif !
Bien sĂ»r, le texte est accompagnĂ© dâun appareil critique (annexes, notes de bas de page) de savants esprits voulant combler les trous.
On peut cependant « zapper » cet appareil critique pour profiter dâun texte unique qui, Ă lâinstar de La Gloire de lâEmpire et de Civilizations, dont jâai dĂ©jĂ pu traiter dans les cales du Galion, montre que le champ de la « grande » littĂ©rature et celui des mondes de lâimaginaire ne sont pas si Ă©loignĂ©s !
Il a toute sa place, justement, et ce diptyque « Krogold/René » le démontre.
Ă partir de manuscrits laissĂ©s par un CĂ©line fuyant la France en 1944 face Ă lâavancĂ©e alliĂ©e (ils seront partiellement retrouvĂ©s en 2021), se fait jour le grand projet de fresque nĂ©o-mĂ©diĂ©vale de CĂ©line. RefusĂ© par son Ă©diteur, le projet a Ă©tĂ© recyclĂ© sous forme de fragments dans le reste de son Ćuvre, dont le « Voyage » et « Mort Ă crĂ©dit », dans la bouche et lâesprit parfois torturĂ©s de Ferdinand Bardamu.
Câest donc une Ćuvre Ă©parpillĂ©e, incomplĂšte mais fascinante qui sâoffre au lecteur. Elle sâorganise en trois axes : la croisade du roi Krogold contre son fĂ©lon vassal Gwendor, le meurtre du procureur du Parlement de Bretagne, Morvan, par Thibaut, lâami de son fils Joad, lui-mĂȘme amoureux de Wanda.
Bien que peu connaisseur de lâĆuvre de CĂ©line, jâai apprĂ©ciĂ© son style gouailleur mĂȘlĂ© aux codes de la chanson de geste : nous sommes plongĂ©s dans un Moyen Ăge de fiction, oĂč la Bretagne voisine la Scandinavie avec des touches dâargot, forcĂ©ment cher Ă lâauteur.
Entre les marais puants et hallucinĂ©s oĂč Krogold prĂ©pare sa vengeance, le dialogue mĂ©morable entre un Gwendor agonisant, suppliant la Camarde (ou plutĂŽt « la Connarde » comme la nomme CĂ©line) de lui laisser encore un peu de temps, en passant par la quĂȘte mortifĂšre de Thibaut rudoyĂ© par un nautonier grande gueule ou jouant les soudards dans une maison de tolĂ©rance, le style peut ĂȘtre un peu lourd mais fait vivre les personnages.
Et surtout, lâincomplĂ©tude du texte, ses trous, ses lacunes dues tant Ă lâhistoire du manuscrit quâĂ celle dâun auteur en fuite, apportent une perspective trĂšs intĂ©ressante : Ă lâheure oĂč nombre dâunivers de fiction veulent tout expliquer par des prologues et des suites, le diptyque « Krogold/RenĂ© » laisse la place Ă lâincertitude, Ă la perte et Ă lâincomprĂ©hension. Jâavais dĂ©jĂ fort aimĂ© cela dans Les OubliĂ©s de lâAmas et sa chronologie en gruyĂšre. On ne sait pas tout, on ne comprend pas tout⊠Mais quâest-ce que câest jouissif !
Bien sĂ»r, le texte est accompagnĂ© dâun appareil critique (annexes, notes de bas de page) de savants esprits voulant combler les trous.
On peut cependant « zapper » cet appareil critique pour profiter dâun texte unique qui, Ă lâinstar de La Gloire de lâEmpire et de Civilizations, dont jâai dĂ©jĂ pu traiter dans les cales du Galion, montre que le champ de la « grande » littĂ©rature et celui des mondes de lâimaginaire ne sont pas si Ă©loignĂ©s !




