Cela fait des mois qu’il n’a pas plu sur Mount Royal, pas plus que sur le reste du monde. Les nuages ont déserté le ciel et l’exode vers les côtes a commencé. Ransom hésite encore à quitter sa péniche qui va bientôt s’échouer sur le lac presque asséché. Les tensions qui règnent entre les rares personnes encore présentes laissent présager le pire mais que trouvera-t-il au bord de la mer? Reste-t-il encore un peu d’espoir pour l’humanité?
Troisième roman de l’auteur, troisième des quatre apocalypses, après Le vent de nulle part qu’il ne souhaitait pas voir rééditer et Le monde englouti, Sécheresse impose J. G. Ballard comme l’un des romanciers les plus importants des XXe et XXIe siècles.
Troisième roman de l’auteur, troisième des quatre apocalypses, après Le vent de nulle part qu’il ne souhaitait pas voir rééditer et Le monde englouti, Sécheresse impose J. G. Ballard comme l’un des romanciers les plus importants des XXe et XXIe siècles.
Fiche de lecture
« Sécheresse » s’inscrit dans la lignée très britannique des ouvrages traitant de fins du monde. John Wyndham, Keith Roberts, John Russel Fearn ont donné leurs lettres de noblesse à ce sous-genre, et on peut dire véritablement que presque toute l’œuvre de Ballard tourne autour de ce thème. Ce goût, ou cette obsession, sont-ils à rechercher dans la jeunesse de l’auteur ? Il l’a livrée sous forme romancée avec « L’Empire du soleil », livre dans lequel il raconte ses années de guerre, enfant, à Shanghai, sous l’occupation japonaise. Que cet épisode de sa vie l’ait marqué à jamais est clairement établi et qu’il en ait tiré un désenchantement maladif me semble évident.
Si vous êtes déprimé ou suicidaire, « Sécheresse » n’est donc pas pour vous. Ballard y distille une telle désespérance que la fin, malgré la lueur d’espoir qu’elle annonce, n’en est que plus sinistre. Avec Ballard, les lendemains ne risquent pas d’être joyeux.
Conséquence de l’activité humaine : une pellicule de matière recouvre les océans et empêche l’évaporation de l’eau. Toute pluie cesse et une sécheresse implacable s’installe. Dans ce contexte, Ballard va mettre en scène une galerie de personnages dont les comportements vont évoluer à mesure que l’aridité transforme d’anciennes campagnes riantes en déserts. Les pêcheurs, privés de poissons, vont piéger dans leurs filets de nouvelles proies humaines ; un excentrique va donner toute la mesure de sa folie ; un simple d’esprit ira au bout de son délire ; un pasteur se révèlera en autocrate et le héros de ce roman, Ransom, lancé dans sa propre quête, poursuivra ses démons.
Ce qui est essentiel dans ce beau livre, ce n’est pas tant la catastrophe ambiante qui précipite l’humanité vers l’abîme, que les voyages intérieurs des personnages et leur aboutissement dans un contexte de cauchemar. La malfaisance devient la règle, comme si l’homme, libéré des contraintes qu'impose la société, ses lois, ses conventions, ne pouvait pas emprunter d'autre voie. Pour Ballard, la bonté et l’amour sont des valeurs superficielles vite balayées par les noirs desseins recélés au plus profond d’elles-mêmes par ses créatures. On aura compris que cet auteur pose sur ses semblables un regard particulièrement pessimiste. Des livres comme « Crash » ou « La forêt de cristal » confirment ce sentiment. Évidemment, l’eau devient l’élément le plus précieux pour la survie des quelques groupes rescapés de la catastrophe et toutes les ambitions, tous les désirs s’aiguisent autour de sa possession. On la vole, on la détourne, on s’en sert comme monnaie d’échange. D’étranges rites s’installent, illustrant l’attirance naturelle de l'esprit humain pour la perversité.
C’est ce que Ballard a cherché à démontrer, à travers la descente aux enfers que vivent les personnages de ce roman. On adhère ou pas à sa vision du monde, mais on ne peut qu'admirer l’immense talent de cet écrivain pour jeter un éclairage brutal sur l’âme humaine et ses tourments.
Si vous êtes déprimé ou suicidaire, « Sécheresse » n’est donc pas pour vous. Ballard y distille une telle désespérance que la fin, malgré la lueur d’espoir qu’elle annonce, n’en est que plus sinistre. Avec Ballard, les lendemains ne risquent pas d’être joyeux.
Conséquence de l’activité humaine : une pellicule de matière recouvre les océans et empêche l’évaporation de l’eau. Toute pluie cesse et une sécheresse implacable s’installe. Dans ce contexte, Ballard va mettre en scène une galerie de personnages dont les comportements vont évoluer à mesure que l’aridité transforme d’anciennes campagnes riantes en déserts. Les pêcheurs, privés de poissons, vont piéger dans leurs filets de nouvelles proies humaines ; un excentrique va donner toute la mesure de sa folie ; un simple d’esprit ira au bout de son délire ; un pasteur se révèlera en autocrate et le héros de ce roman, Ransom, lancé dans sa propre quête, poursuivra ses démons.
Ce qui est essentiel dans ce beau livre, ce n’est pas tant la catastrophe ambiante qui précipite l’humanité vers l’abîme, que les voyages intérieurs des personnages et leur aboutissement dans un contexte de cauchemar. La malfaisance devient la règle, comme si l’homme, libéré des contraintes qu'impose la société, ses lois, ses conventions, ne pouvait pas emprunter d'autre voie. Pour Ballard, la bonté et l’amour sont des valeurs superficielles vite balayées par les noirs desseins recélés au plus profond d’elles-mêmes par ses créatures. On aura compris que cet auteur pose sur ses semblables un regard particulièrement pessimiste. Des livres comme « Crash » ou « La forêt de cristal » confirment ce sentiment. Évidemment, l’eau devient l’élément le plus précieux pour la survie des quelques groupes rescapés de la catastrophe et toutes les ambitions, tous les désirs s’aiguisent autour de sa possession. On la vole, on la détourne, on s’en sert comme monnaie d’échange. D’étranges rites s’installent, illustrant l’attirance naturelle de l'esprit humain pour la perversité.
C’est ce que Ballard a cherché à démontrer, à travers la descente aux enfers que vivent les personnages de ce roman. On adhère ou pas à sa vision du monde, mais on ne peut qu'admirer l’immense talent de cet écrivain pour jeter un éclairage brutal sur l’âme humaine et ses tourments.