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Robert Clauzel, croisière au long du Fleuve | Thématique 3 : Échec aux apprentis sorciers | 1973-1982


Une fiche ajoutée dans nos cales par | 02/08/2021 | Lu 564 fois






Présentation individuelle des romans par familles thématiques

Cet article est une annexe au long article du magazine Galaxies SF (no 69 et 70). Comme nous l’avons évoqué dans cette base, les ouvrages de Robert Clauzel se classent en cinq familles thématiques :

1. La quête universelle des Gremchkiens
2. Menaces contre la Terre
3. Échec aux apprentis sorciers
4. Accidents de parcours
5. Autres mondes et autres temps

Échec aux apprentis sorciers (7 romans)

  • 6 romans Anticipation
  • 1 roman Espionnage

Photo @ J.-M. Archaimbault | Scan collection privée
Photo @ J.-M. Archaimbault | Scan collection privée

1. La terrible expérience de Peter Home (1973)

La terrible expérience de Peter Home consiste à accélérer l’évolution en soumettant des êtres vivants à des quantités colossales de stimuli externes. Ainsi devrait-on aboutir, grâce à la courbure-qui-arrange, à l’ultra-humain puis au Point Oméga de la noosphère cher à Teilhard de Chardin, mais au prix de quelles tortures et de quels sacrifices… Michel Clarence et son acolyte Ritchie Mirko mènent une enquête complexe et riche en surprises angoissantes pour découvrir ce qui se trame dans l’immense demeure de Home, dont les environs sont aussi le théâtre de phénomènes inexplicables parfois mortels. Au final, le savant sera éliminé par des émissaires du Fronar, un très lointain futur néanmoins contigu à notre époque sur la spirale qu’est le Temps, des descendants de l’Homme dont l’existence même est menacée par ses expérimentations. Et le châtiment de Peter Home reproduira celui de son anagramme mythologique, Prométhée, histoire de bien marquer les esprits.

Évoquant par moments le Docteur Lerne de Maurice Renard, jouant avec plusieurs concepts originaux et des ambiances oppressantes sur un rythme très soutenu, l’ouvrage est lui aussi l’une des œuvres marquantes de Clauzel.

Résumé détaillé

Retiré dans sa propriété d’Enogate Hall, Sussex, Sir Peter Home, brillant jeune savant anglais, se livre à d’énigmatiques recherches qui mobilisent l’attention et la surveillance des autorités militaires, scientifiques ainsi que des services secrets du monde entier. En vain : rien se ne révèle, même au satellite-espion géostationnaire en orbite au-dessus de l’endroit. Mais dans le voisinage se produisent des faits étranges et horribles, inexpliqués.

Veuve depuis peu, Joyce Christian, amie d’enfance de Peter, est contactée par Scotland Yard et accepte de renouer avec le savant. Une fois entrée à Enogate Hall, elle devra tenter de percer le mystère et de fournir l’information à ses commanditaires. À Rainbridge, non loin du domaine, Joyce s’installe à l’hôtel où l’attendent déjà deux hommes de la C.I.A., Michel Clarence et son auxiliaire Ritchie Mirko. Leur attitude et leurs propos sont certes troublants, mais bien moins que les phénomènes qui affectent Gilchrist, un village des environs dévasté quelque temps plus tôt par une terrible catastrophe.

Ceux qui ont vu les lieux juste avant sont séquestrés par les militaires, les cadavres des victimes ont été dissimulés et sont gardés au secret, une habile mise en scène a fait croire à un banal glissement de terrain... Personne ne sait ce qui s’est passé, ni ne comprend les images horribles fixées sur la rétine des morts. Mais on fait le lien avec les activités de Peter Home, et l’inquiétude est immense.

Dotée d’une montre-émettrice qui permet de la localiser, Joyce se rend à Enogate Hall où règnent des phénomènes électromagnétiques et électroniques inexplicables. L’accueil de Home, reflet fidèle de leur ancienne amitié, est chaleureux et le savant invite sa visiteuse-surprise à séjourner au manoir. De toute évidence, il ne se doute pas du rôle de la jeune femme. Insoupçonnée, celle-ci va donc pouvoir commencer son enquête.

Dès la première nuit, Joyce prend conscience de manifestations hallucinantes et angoissantes. Objets qui se déplacent tout seuls, coupures d’électricité, présences invisibles qui rôdent dans les corridors, sensations anormales... Il y a aussi ce chat, rencontré par hasard, à la tête démesurée et au regard aussi intelligent que désespéré. Apeurée, Joyce recontacte Michel Clarence et n’accepte de poursuivre sa mission qu’en ayant la certitude rassurante d’avoir de l’assistance en cas de danger.

La nuit suivante, sur les traces de Peter Home et de son collaborateur, Terence Gray, la jeune femme s’introduit dans d’immenses laboratoires secrets qui occupent les caves et sous-sols du manoir. Des installations fantastiques, un homme au crâne énorme, des salles de biologie où des cerveaux d’animaux conservés hors de leurs corps d’origine pensent et souffrent, un chien aussi anormalement développé que le chat, voici ce que découvre Joyce, effrayée par la crainte qu’expriment tous ces « esprits » vis-à-vis d’une porte interdite et de ce qu’elle dissimule.

Le lendemain, par ruse, l’espionne improvisée subtilise à Peter la clef de la fameuse porte. Le soir, sans avoir été démasquée, elle refait une visite au sous-sol où elle va enfin savoir quelle chose incompréhensible, insupportable est enfermée dans le local interdit. Surprise presque en état de choc par Terence Grey, Joyce est ensuite confrontée au maître des lieux. Home lui annonce connaître le rôle exact qu’elle joue et, avant de lui assigner un sort plus qu’inquiétant, consent à lui révéler son secret.

Basant ses travaux sur les théories chardinistes de l’Évolution, Peter a mis au point un prodigieux moyen de contrôle du développement accéléré des êtres vivants, grâce à une surabondance de stimuli extérieurs à la fréquence et à l’intensité multipliées. De la sorte, il leur fait franchir tous les degrés de l’Évolution vers ce qu’ils pourront être dans le futur. Ainsi, l’être à grosse tête, Miss Shane Hawks, représente l’Humain de l’an 4 000 aux facultés psi suractivées. C’est elle qui renseigne Home sur tout ce qui se passe autour de lui, sur la surveillance dont il est l’objet de la part de ses contemporains, et sur les interventions d’autre chose encore...

Les essais visant un avenir plus lointain ont quant à eux conduit à des phénomènes déconcertants : par exemple, les « mutants » correspondant à ce que sera l’Homme au 30 000siècle ont généré une interférence spatiotemporelle avec le futur et, par le biais de la courbure-qui-arrange, se sont intégrés à cette très lointaine époque. Et les êtres de cet avenir, les Horlocks, bizarrement inquiétés par les expériences de Peter, ont commencé à se manifester au XXe siècle. D’ailleurs, ce sont eux les responsables des horribles événements de Gilchrist où ils ont brutalement surgi du néant avec leur nef-laboratoire transparente. Et parce qu’il les sent hostiles, résolus à lui faire obstacle, le savant en retient trois captifs dans la salle interdite.

Fermement résolu à continuer ses travaux, il a décidé d’utiliser Joyce pour contre-attaquer ces créatures. Tel est le destin de la jeune femme : subissant en quarante-huit heures l’évolution stimulée qui fera d’elle un Horlock, immunisée contre les armes psi de ses futurs semblables, Joyce devra investir leur nef-laboratoire et les mettre hors d’état de nuire. Folle de terreur, incapable d’échapper à son sort, elle va donc subir la fantastique expérience. Pour elle, tout est perdu même si elle a réussi à lancer un dernier appel codé à Clarence.

Celui-ci, avec Mirko et des militaires, intervient en force mais rien ne pourra arrêter le processus. Catastrophe : en visitant les sous-sols, ils ont libéré les trois Horlocks et ces êtres invincibles s’en prennent directement à Peter Home qu’ils supplicient en le crucifiant sur un immense pylône électrique.

Dans Enogate Hall, investi par les troupes armées, Miss Shane Hawks explique le cours des événements ainsi que la disparition prématurée de Joyce et révèle qui sont les Horlocks. Mais elle met aussi les hommes en garde contre l’autre chose attirée sur le domaine par les expériences du savant : l’Énergie Oméga, stade ultime de l’évolution spirituelle cosmique, une puissance incommensurable aux manifestations étranges et terribles... Peu après, Enogate Hall est entièrement dévasté par le déchaînement de cette Énergie, et seul Terence Grey survit.

En fait, de façon indirecte, les Horlocks ont triomphé : Joyce ou plus exactement Nuum, l’un d’entre « eux » envoyé en mission au XXe siècle, a servi à Peter Home en lieu et place de Terence Grey qu’il aurait, sinon, utilisé dans le même objectif. Or, Grey a été identifié comme étant à l’origine d’une lignée qui aboutira aux tout premiers Horlocks – raison majeure pour l’empêcher de subir le processus d’accélération et pour ne pas laisser le présent menacer le futur, même infiniment lointain.

Ainsi se termine la terrible expérience de Peter Home. Tout s’est ligué contre lui, sûrement parce que l’Homme n’a pas le droit de toucher aux mécanismes de l’évolution, et aussi parce que ses contemporains n’auraient certainement pas manqué d’appliquer ses découvertes à des finalités monstrueuses.

L’image finale, pour ceux qui ont vécu les dernières péripéties de l’affaire et s’éloignent d’Enogate Hall, est d’ailleurs une allusion patente à l’éternel retour des choses et des symboles. Au-dessus du domaine dévasté de Peter Home, ce Prométhée des temps modernes, plane l’étrange silhouette d’un aigle géant...

Photo @ J.-M. Archaimbault | Scan collection privée
Photo @ J.-M. Archaimbault | Scan collection privée

2. Le nuage qui vient de la mer (1974)

Le nuage qui vient de la mer donne naissance à un orage qui s’abat sur Londres et ses environs avec une violence sans précédent, amenant avec ses éclairs des phénomènes et manifestations effrayants. La relation s’établit peu à peu avec les recherches du professeur Griffin sur l’élaboration, à partir de l’hémoglobine, de la Substance Bleue capable de rendre le métal vivant. Mais les protagonistes de l’histoire ne comprendront jamais pourquoi, fuyant jusqu’à la côte, ils découvrent que la mer a disparu et contemplent un horizon inconcevable… Ainsi l’ont voulu les Cubes métalloïdes qui habitent Jupiter et ont créé, en orbite autour de leur planète, la réplique à l’identique du fragment de la Terre où a œuvré Griffin. Car il s’agissait pour eux d’exécuter une simulation préparatoire de l’opération destinée à étouffer dans l’œuf la menace d’une forme de vie potentiellement concurrente à la leur.

-> Lire aussi : Le nuage qui vient de la mer, anecdote par Koyolite Tseila

Photo @ J.-M. Archaimbault | Scan collection privée
Photo @ J.-M. Archaimbault | Scan collection privée

3. Rendez-vous à Bogazkale (1975)

Rendez-vous à Bogazkale, qui se déroule en Turquie, met en scène Michel Clarence et Ritchie Mirko dans l’opération de démantèlement d’une organisation d’espionnage scientifique qui, aux quatre coins du monde, enlève des savants dont les recherches concernent des domaines avancés. En l’occurrence, l’Anglais Sir Thomas Lander, qu’ils iront sauver dans les profondeurs du sanctuaire rupestre souterrain d’Hattusa, près de Bogazkale et du site historique d’Alaca-Höyök, a réussi à simplifier le processus de génération des ondes Graser (contraction de Gamma Ray Laser, laser à rayons gamma), mettant ainsi la bombe à neutrons quasiment à la portée de tous – et notamment de Cramer, chef de l’organisation, ancien nazi collaborateur de Werner von Braun.

Photo @ J.-M. Archaimbault | Scan collection privée
Photo @ J.-M. Archaimbault | Scan collection privée

4. Et la nuit garda son secret (1975)

Et la nuit garda son secret confronte plusieurs personnes à d’épais mystères dans le manoir de Bretagne où les a convoqués en urgence un ami commun, scientifique de génie dont les travaux portent sur le substrat primordial de l’Univers auquel il tente d’accéder en utilisant un laser à rayons gamma ou Graser (*). Mais il a ouvert des « portes » sur d’autres espaces-temps et est devenu l’instrument et la victime de créatures indéfinies, les Canopéens, qui visent à conquérir la Terre par tous les moyens possibles de subversion des masses. Ceux qu’il a réunis se rappellent au dernier moment être des Cassiopéens, de ces Grands Expérimentateurs Galactiques qui ont jadis fait naître la vie sur Terre et qui, pour la protéger, mettront en échec le plan des êtres de Canope

(*) Même invention que celle dont il est question dans Rendez-vous à Bogazkale, écrit à la même époque et mentionnant au passage un Igor Cavendish « simple » espion scientifique.

Photo @ J.-M. Archaimbault | Scan collection privée
Photo @ J.-M. Archaimbault | Scan collection privée

5. La Terre, échec et mat... (1976)

La Terre, échec et mat s’ouvre dans une tonalité fantastique très marquée avec quelques scènes d’ambiance qui culminent sur la côte bretonne, en pleine tempête autour d’un phare abandonné. Des témoins parlent de manifestations effrayantes, de cercles de feu sur la mer, de rumeurs et de cris à glacer le sang. Mais quel est le rapport avec la disparition du docteur Griffon, la destruction cataclysmique de sa maison, et le massacre d’une expédition en Antarctique ? Bradford, agent de Pugwash et Candice, petite-nièce du savant, se lancent par hasard et coïncidences dans l’enquête. La vérité se dévoile dans une gigantesque base sous-marine, au large de la Bretagne, où militaires, scientifiques et agents secrets tentent de contrer une menace sans précédent qui pèse sur la Terre.

Car Griffon, sans le vouloir, a créé des anneaux dans l’espace-temps par lesquels des êtres-neurones géants, à l’intelligence et aux facultés psychiques supérieures, se sont infiltrés dans notre continuum pour proliférer sous forme de spores puis se développer dans le corps des Humains parasités, les faisant périr dans une indicible extase. Ces voleurs de gènes ont pour seul but de se nourrir de l’Humanité, et sont capables de remonter le temps pour neutraliser toute résistance avant même le début de leur invasion. La partie est donc perdue d’avance, à l’image de cette ultime vision que Bradford emportera dans la mort : un échiquier sur lequel un fou, un cheval et une tour ont coincé un minuscule globe terrestre remplaçant le roi… Le roman peut lui aussi se classer parmi les meilleurs de l’auteur.

Photo @ J.-M. Archaimbault | Scan collection privée
Photo @ J.-M. Archaimbault | Scan collection privée

6. Le ciel sous la Terre (1977)

Le ciel sous la Terre, c’est une galaxie en miniature que Roy Erwin, médecin et biologiste, a créée dans une immense bulle géodésique sous les Montagnes Rocheuses, en expérimentant sur un plasma corpusculaire l’effet de la loi de complexité-conscience et de la courbure-qui-arrange. En quelques semaines, ce micro-univers vieillit de quarante milliards d’années, voit éclore et évoluer la vie intelligente. Mais la forme prédominante développe des capacités qui lui permettent de surgir dans notre espace-temps et d’envahir la Terre pour se nourrir des cerveaux des Humains tout en déclenchant une Apocalypse planétaire. Erwin trouve in extremis le moyen de contrer les monstrueux Axtls et de leur faire amorcer une régression temporelle qui ramène la Terre à une date antérieure à l’expérience que le savant, cette fois, n’effectuera pas.

La vision fascinante de la microgalaxie au sein d’une très vaste caverne ainsi que la visite éclair à l’un de ses mondes quasi édéniques, mais à l’atmosphère inquiétante, sont les deux points forts du roman, l’un des moins convaincants et originaux de Clauzel.

Photo @ J.-M. Archaimbault | Scan collection privée
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7. L’horrible découverte du Dr. Coffin (1982)

L’horrible découverte du Dr. Coffin concerne la vraie nature de l’être électromagnétique a priori indissociable de l’organisme biologique vivant. Dans un laboratoire secret de l’Utah, appelé Aahinoleeb, Coffin et son équipe scientifique ont déroulé des expériences visant à insensibiliser l’Humain à la force énergétique structurante, l’Orgone (tel que mis en évidence par le Russe Kirlian), avec des résultats épouvantables et monstrueux. Non seulement les sujets sont devenus des choses amorphes endurant d’indicibles souffrances, mais leurs Orgones libérés et privés de leur substrat ont en quelque sorte alerté leurs semblables qui vivent au cœur de la Voie Lactée – de la même façon qu’au centre de toute galaxie – dans la fontaine blanche Sagittarius A West et sont l’essence de l’intelligence cosmique. « L’Univers est un seul être, il a une conscience, son étoffe est mentale et le cosmos n’est qu’une immense pensée. Les Orgones procèdent de la cinquième dimension. Ils vont créer la vie sur les planètes habitables et, après s’en être enrichis, après avoir évolué, après de nombreux passages sur de nombreux mondes, ils retournent finalement tous vers ce point oméga qu’est le Centre de la Galaxie, qui devient de plus en plus intelligent. »

Or, par ses expériences, le Dr. Coffin a touché à l’Arbre de Vie et court-circuité l’évolution. Les Orgones ne peuvent tolérer une telle atteinte et ils vont donc assaillir la Terre de diverses manifestations au départ inexplicables, ainsi que déclencher une vague de morts par dépolarisation électrique. L’épicentre de ces phénomènes est une région isolée du sud de l’Angleterre, les moors, où services secrets, militaires et scientifiques américains vont aménager un complexe expérimental lui aussi baptisé Aahinoleeb, recevront des Orgones informations et instructions via un supermicroprocesseur sidéral sphérique affichant ses messages en sanscrit, et devront tout mettre en œuvre pour que Coffin et ses assistants réitèrent à l’envers l’expérience fatale.

Le principal problème est de retrouver Coffin, disparu juste après les catastrophiques événements initiaux. La jeune Jennifer Brown, biologiste et généticienne, sera téléguidée à travers des péripéties angoissantes et irrationnelles jusqu’à découvrir qu’elle est Laetitia Coffin. L’expérience à rebours sera un succès : les Orgones dissociés des Humains obtiendront un nouveau substrat, tous leurs semblables quitteront la Terre. Laetitia Coffin, elle, sera suppliciée et assassinée par l’un de ses confrères, en punition de son impardonnable transgression.

Le retour de Robert Clauzel en Anticipation après trois ans de silence est un texte marqué en partie par le fantastique, à travers des scènes et des ambiances oppressantes, mais surtout porteur de considérations métaphysiques en relation avec la gnose de Princeton, l’intelligence de l’Univers, la dualité biologique-énergétique du vivant et le processus de création du Cosmos. Cet arrière-plan assez fascinant, en comparaison duquel l’action liée au contre-espionnage et aux services secrets semble bien anecdotique, ouvre des perspectives prometteuses et cache peut-être la clef de toute l’œuvre de l’auteur – y compris de la quête universelle des Gremchkiens. La résurgence du nom Aahinoleeb interpelle, l’absence d’explications plus avancées déçoit. Tout comme le développement à l’évidence insuffisant, imposé par les contraintes de format de la collection, laisse d’amers regrets sur ce qu’aurait pu donner le livre, s’il avait été plus étoffé et plus abouti.

A parte : l’énigme Aahinoleeb

Ce nom étrange apparaît dans les épisodes La galaxie engloutie et Les cathédrales d’espace-temps de la quête des Gremchkiens. Il désigne une planète polytemporelle située par-delà un trou noir, visitée à deux reprises par Claude Éridan et ses compagnons, dont les habitants sont devenus énergie pensante pure après avoir évolué vers l’état de cristaux de conscience, vivent selon des structures sociales électromagnétiques, se nourrissent d’ondes et de champs. Aahinoleeb se retrouve plus tard dans L’horrible découverte du Dr. Coffin comme nom d’un laboratoire secret de l’Utah et d’une base scientifico-militaire dans le sud de l’Angleterre. Au passage, un curieux dérivé, Aahinocraas, aura été repéré dans Le prince de métal.

À l’heure actuelle, en dehors des occurrences « clauzeliennes », une seule source Internet mentionne Aahinoleeb. C’est le site United Universe Andiana « dédié à l’optimisation de l’ascension collective de l’Humanité dans les densités supérieures de conscience », et notamment sa page spécifique consacrée à la première cité de l’âge d’or à venir, Aahinoleeb. Mais l’administrateur de ces pages a déclaré ne jamais avoir lu de roman de Clauzel et expliqué que ce nom avait été inspiré en décembre 2016 à l’un de ses chercheurs-opérateurs lors d’un « dialogue intérieur »…

Quoi qu’il en soit, la bibliographie indiquée par ce site recense le livre L’Île des Veilleurs (À la découverte du Temple du Saint Graal et du trésor des Templiers) d’Alfred Weysen, paru en 1972 (l’année de La galaxie engloutie), un ouvrage ésotérique dont l’une des révélations surprenantes est le fait que le Graal aurait été caché en Provence. Or, c’est précisément l’une des idées que développe Clauzel dans Comme il était au commencement…, lui aussi publié en 1972, et dont plusieurs des personnages sont des descendants de Templiers.

Alors, Clauzel connaissait-il Weysen ou, du moins, certaines de ses idées, et Aahinoleeb lui est-il venu de cet ésotériste ? Ou l’aurait-il tenu d’une autre source encore non identifiée, à moins qu’il ne l’ait purement et simplement inventé ?

Pour l’heure, le mystère reste entier…

Jean-Michel Archaimbault
Copyright @ Jean-Michel Archaimbault pour Le Galion des Etoiles. Tous droits réservés. En savoir plus sur cet auteur


💬Commentaires

1.Posté par Erwelyn CULTURE MARTIENNE le 13/08/2021 09:56 | Alerter
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erwelyn
Merci pour cette suite de la présentation de l’œuvre de Clauzel. Je regrette de ne pas y avoir été initiée plus tôt, quand j'en possédais quelques uns avant de m'en séparer sans les avoir lus. Shame on me.

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