Menu

Notez

  

📚 L'Immortelle de Maison-Ville | Jean-Marc De Vos | 2021

10/10/2022
Lu 631 fois





L'immortelle de Maison-Ville @ 2021 Jean-Marc De Vos
L'immortelle de Maison-Ville @ 2021 Jean-Marc De Vos

QuatriĂšme de couverture

Dans le Nouveau Monde, Ă©rigĂ© sur les ruines de l’ancien dĂ©truit lors des Conflits du XXIe siĂšcle, l’enfer a un nom : Maison-Ville, le monstrueux immeuble qui abrite huit millions d’ñmes sur ses soixante niveaux. Repaire d’exclus et de criminels, la citĂ©-libre symbolise non seulement le mal absolu, mais aussi l’échec des implacables lois Éthiques et Écologiques qui rĂ©gissent la planĂšte.

En 2180, un mystĂ©rieux phĂ©nomĂšne s’abat sur la citĂ©. Du jour au lendemain, plus personne ne meurt, les malades guĂ©rissent, les gens arrĂȘtent de vieillir. AbhorrĂ©e la veille, Maison-Ville devient l’objet de toutes les convoitises. Mais comment un bidonville, aussi peuplĂ© soit-il, peut-il rĂ©sister face aux pressions des institutions politiques, financiĂšres, militaires et religieuses du monde entier ?

Sans oublier les millions d’ĂȘtres prĂȘts Ă  tout pour y entrer.

Dans une lutte à mort pour contrîler la Jouvence, s’affronteront au fil des ñges des personnages hauts en couleur, tels la chanceliùre Alex Khan, le commandant Willy Baumsteiger, le milliardaire Elton Soors, le procurateur Casimir Marcinkus et tant d’autres


Fiche de lecture

Si on m’a dĂ©jĂ  fait remarquer que j’étais quelque peu barrĂ© ou barjot avec Mes Gueules des Vers, j’ai trouvĂ© un maĂźtre avec J.-M. De Vos. Et j’en suis fort content : je ne suis plus seul.

Alors, faisons simple Ă  partir du complexe futur qu’il nous offre. Imaginez que dans quelques dĂ©cennies, tout « pĂšte Â» et qu’avec les Conflits, il a fallu repenser et rebĂątir le monde. Non pas tel que nous le connaissons, mais en le « statufiant Â» loin de tout progrĂšs, de toute Ă©volution technologique. Plus d’atome, de centrale nuclĂ©aire, de moteur Ă  explosion, de voitures (juste un peu), d’avions (enfin pas trop), plus de recherche, de nouveaux mĂ©dicaments (la radiothĂ©rapie et la chimio, c’est fini par exemple), mais surtout plus de villes tentaculaires. La norme est au double kilomĂštre pour celles-ci et sous le joug de l’Éthique ; le monde lui est surveillĂ©, guidĂ©, contrĂŽle, Ă©piĂ©, par trois grandes entitĂ©s dont la Guilde et son PrĂ©sident, l’Organisation Mondiale avec sa Gouverneure et enfin la PrĂ©vĂŽtĂ© menĂ©e par la poigne de son Procurateur – un quasi-inquisiteur.

Seul problĂšme, maintenant que les normes ont changĂ©, que les villes se sont rĂ©organisĂ©es et recentrĂ©es, tous ceux qui se trouvaient rejetĂ©s dans les bidonvilles et les banlieues sont Ă  la ramasse. Ou presque. Parce qu’une ville, une seule rĂ©siste encore et toujours Ă  l’envahisseur, euh, pardon, Ă  la Puissante Éthique : Bruxelles – cherchez pas, c’est un petit bled que l’auteur connaĂźt et dont il a voulu faire sa pierre angulaire.

Deux kilomĂštres de cĂŽtĂ©, quelques centaines de mĂštres de hauteur, des clapiers tout riquiqui (de quelques mĂštres carrĂ©s et encore) dans lesquels se retrouvent entassĂ©es huit millions de personnes, de tous horizons ou presque. Je n’ose mĂȘme pas imaginer le problĂšme si un des Ă©gouts se bouche, tiens


DirigĂ©e initialement par Darius Khan et son clan, spĂ©cialiste des trafics en tous genres – surtout ceux interdits par l’Éthique, genre alcool, tabac, etc. – elle est passĂ©e sous la coupe de son « Ă©pouse Â» ou plutĂŽt de sa veuve Alex Khan, ancienne prostituĂ©e qu’il avait mise justement sous sa propre coupe Ă  lui.

Ladite Alex, grande, dĂ©gingandĂ©e, belle Ă  damner le diable lui-mĂȘme – et ses milliers de dĂ©mons par la mĂȘme occase d’ailleurs – vĂȘtue d’un parĂ©o et d’un haut minimaliste, ainsi que de tongs, la belle et « mystĂ©rieuse Â» jeune femme essaie de se faire un nom, de ne plus ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la Veuve de Daris ou la Veuve Khan – pour la veuve Clicquot, c’était ratĂ©, vu que c’était dĂ©jĂ  pris. ÉpaulĂ©e par les anciens bras droit et gauche de Darius, Ă  savoir le psychopathe Willy et l’avocate-femme-Ă -tout-savoir Lady, Alex va se retrouver face Ă  un problĂšme Ă©tonnant : du soir au lendemain, on ne meurt plus dans la Maison-Ville (Bruxelles si vous avez suivi). Enfin, si on meurt, mais plus de causes naturelles, ni de maladie, ni de vieillesse.

Tout cela Ă  cause d’un petit bout de bonne femme, nommĂ©e Natalia qui, outre une gentillesse dĂ©sarmante et une capacitĂ© Ă  confectionner des gĂąteaux Ă  cĂŽtĂ© desquels Mr Preskovic ne faisait que de la roupie de sansonnet, irradie « on ne sait quoi ni comment Â» en faisant disparaĂźtre vieillesse et maladie. Sans doute, par le fait qu’elle est l’incarnation d’une dĂ©esse


Bref, voilĂ  notre belle et renversante Alex – ben oui renversante quoi, elle culbute facile quand y’a besoin – face Ă  un problĂšme de taille puisque les trois entitĂ©s dirigeant le « nouveau monde Â» vont s’inquiĂ©ter et s’intĂ©resser Ă  elle et sa citĂ©.

À partir de lĂ , rien ne va plus – faites vos jeux pour savoir qui va gagner tiens entre rouge-manque-impair et noir-passe-pair ou l’inverse si ça vous chante. Et nous allons ĂȘtre engloutis, emportĂ©s, secouĂ©s, si fortement qu’à cĂŽtĂ© de cela mĂȘme Yukon Stricker vous semblera de la rigolade pour minot arachnĂ©en, euh
 acnĂ©eux ou acnéïque, boutonneux quoi.

Ajoutons Ă  cela que les religions ont dĂ» se rĂ©organiser elles aussi. ForcĂ©ment, quasiment tous les mecs de la clique catho ont Ă©tĂ© zigouillĂ©s, y compris le pape. Du coup, l’église et le Vaticano (le nouveau, l’ancien a Ă©tĂ© rasĂ©, Ă©crasĂ©, compactĂ©, tout ça) sont dirigĂ©s par une papesse et des Ă©vĂ©cheresses (ou un truc dans ce genre). L’islam est passĂ© sous la coupe d’un Vizir et les bouddhistes
 alors lĂ , pour eux, aucune idĂ©e, l’auteur ne devait peut-ĂȘtre rien avoir Ă  rĂ©gler avec ces derniers. Bref, de toute façon, tous ces gugusses et nanas sont restĂ©s de parfaits intĂ©gristes. Tiens, ça me rappelle « Votre SaintetĂ© Â», tout ça ! Du coup, j’ai bien aimĂ© forcĂ©ment.

Qu’ajouter de plus ? Des milliers de choses. Genre le psychopathe Willy – qui a un grand cƓur dans le fond, mĂȘme s’il aime bien trucider dĂšs qu’il en a l’occase – a un humour potache et noir Ă  la fois, un sens de la tactique et de la stratĂ©gie Ă  faire passer NapolĂ©on pour un marmot en couche culotte. Et mĂȘme s’il ne comprend pas tout ce qu’il se passe ou de ce qu’on lui dit, il tient sacrĂ©ment bien son rĂŽle, d’autant qu’il est vĂȘtu d’un seul short et de ses tatouages, qu’il a une descente facile et un poignard hache de pointu.

Genre le barreau de chaise de Lady – qui donne l’impression parfois d’avoir un balai lĂ  oĂč il ne faut pas – a un Ɠil acĂ©rĂ©, d’autant qu’elle est aussi douĂ©e avec les chiffres ou les nombres qu’avec les textes de loi et toutes les calembredaines de l’administration de ce futur improbable.

Genre Le Retour du Roi  avec ses 836 morts Ă  l’écran peut aller se rhabiller ; ici, on joue dans la cour des grands et, quand un bout de la Maison-Ville s’écroule, vous avez intĂ©rĂȘt Ă  avoir senti les frĂ©missements de la structure et Ă  vous barrer de votre appartement, sauf si vous avez envie de jouer aux blinis pour concurrencer les gĂąteaux de Natalia. Parce que ça dĂ©zingue quand mĂȘme Ă  tout va et on travaille avec cinq chiffres, on fait pas dans la mesquinerie avec seulement des dizaines ou des centaines de cadavres ; c’est pas parce que c’est bourrĂ© d’humour – noir souvent – que tout est rose, loin de lĂ . On est dans une dystopie, que diable ! C’est mĂȘme Ă©crit sur la couverture.

Genre aussi, cette histoire est bourrĂ©e de rebondissements, de twists, d’improbabilitĂ©s, d’impossibilitĂ©s, et j’en passe et des meilleurs. On oscille entre deux extrĂȘmes rĂ©guliĂšrement et on se laisse faire, parce que c’est tout simplement jouissif et tellement rĂ©aliste dans l’excĂšs, dans les personnages ciselĂ©s avec soin et bourrĂ©s de dĂ©fauts autant que de qualitĂ©s, qu’on en redemande. C’est le genre de roman dont le style et le phrasĂ© offrent des images de chaque scĂšne, au point qu’on aimerait que cela devienne une BD ou un film – Peter Jackson, une tite trilogie ? ça te dit pas ? Le scĂ©nario est quasi bouclĂ©, les SFX et les dĂ©cors seraient d’enfer en plus.

Au final, j’avoue – sans honte – que j’ai pris plus que du plaisir – on a le droit de dire qu’on a pris son pied, ou ça se fait pas ? – Ă  dĂ©vorer ce texte. En un mot comme en cent, c’est gĂ©nial, un mĂ©lange d’inhumanitĂ© et d’humanitĂ©, d’horreurs, de malheurs, de petites joies, de grandes claques, de folie, de dĂ©mence, de dĂ©mesure et d’intimitĂ©, de


Euh
 c’est pas vrai ? Vous l’avez pas encore lu ? Mais qu’est-ce que vous attendez, bon sang de bois ? La froidure va arriver, on va baisser le chauffage, enfiler les mitaines, les grosses chausses montantes, les pulls Ă  col roulĂ©, se glisser sous la couette. L’occasion rĂȘvĂ©e pour se saisir de l’Immortelle – ne riez pas trop fort quand mĂȘme si vous avez des voisins, ils risquent de se demander si vous n’ĂȘtes pas aussi barjot que l’auteur.

Le pire, c’est la suite
 parce que, forcĂ©ment, je sens que mes pals vont encore grandir Ă  y rajouter les autres mĂ©faits du susnommĂ© Jean-Marc De Vos.

JC Gapdy
Copyright @ J.C. Gapdy pour Le Galion des Etoiles. Tous droits réservés. En savoir plus sur cet auteur


💬Commentaires

1.Posté par Patricia NAYHOUSTON le 19/12/2021 15:46 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Patricia
Imaginez un avenir oĂč le sectarisme et l’épuisement des ressources ont imposĂ© un nouveau mode de vie. Si la population Ă©tait triĂ©e en fonction des croyances, des ethnies et rĂ©partie dans des Ăźlots de 2 kilomĂštres sur 2 . Dans cette sociĂ©tĂ© trĂšs rĂ©glementĂ©e, surveillĂ©e, que deviendraient les libertaires, les trafiquants, les marginaux ? Dans ce monde aseptisĂ©, il existe un refuge pour eux : l’entitĂ© de Maison-Ville.
A sa tĂȘte, la ChanceliĂšre Alex Kahn, et ses deux lieutenants. MalgrĂ© la promiscuitĂ©, la quasi inexistence d’espace personnel, cette moderne tour de Babel se maintient. Non seulement elle se maintient mais elle devient une destination fort prisĂ©e depuis que ses habitants ne tombent plus malades, que les malades y guĂ©rissent et semblent devoir vivre Ă©ternellement.
Un tel prodige ne tarde pas Ă  ĂȘtre connu, Ă  piquer la curiositĂ©, Ă  dĂ©ranger.
Quel avenir pour Maison-Ville et ses habitants ? Quel destin sera celui de l’Immortelle ?
J'ai beaucoup aimé ce roman que j'ai lu d'une traite et déjà relu. Les personnages sont typés, attachants; l'intrigue prenante, trÚs efficace et l'humour jamais trÚs loin

2.Posté par Le Galion DES ETOILES le 10/10/2022 07:03 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

LeGalion
Note : La fiche de ce livre (résumé + illustration) a été créée en décembre 2021. La fiche de lecture a été ajoutée en octobre 2022. C'est pourquoi le commentaire ci-dessus est antérieur à la date de la fiche.

3.Posté par Jean-Marc DE VOS le 10/10/2022 15:59 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

JMDV
Trop content!

Nouveau commentaire :
PENSEZ A SAUVEGARDER VOTRE COMMENTAIRE SUR VOTRE PC AVANT DE L’ENVOYER ! En effet, le Galion est facĂ©tieux et parfois, l’envoi peut ne pas aboutir dans le poste de pilotage. Le transfert est rĂ©ussi lorsqu’aprĂšs avoir cliquĂ© sur « ajouter », vous voyez en encadrĂ© et en rouge le texte « Votre commentaire a Ă©tĂ© postĂ© ». SVP soignez votre orthographe, oubliez le langage SMS et ne mettez pas de liens externes ou de commentaires ne vous appartenant pas. Veuillez prendre connaissance du RĂšglement avant de poster votre commentaire. Le filtrage des commentaires est de rigueur sur ce site. Le Webmaster se rĂ©serve le droit de supprimer les commentaires contraires au rĂšglement.