Kirinyaga @ 2000 Folio SF
Illustration et quatrième de couverture
Kirinyaga est le nom que portait le mont Kenya à l'époque où y siégeait encore Ngai, le dieu des Kikuyu. C'est aussi, en ce début de XXIIème siècle, l'une des colonies utopiques qui se sont créées sur des planétoïdes terraformés dépendant de l'Administration.
Pour Koriba, son fondateur - un intellectuel d'origine Kikuyu qui ne se reconnait plus dans un Kenya profondément occidentalisé -, il s'agit d'y faire revivre les traditions ancestrales de son peuple, en refusant coûte que coûte tout ce qui pourrait menacer la permanence de cette utopie africaine.
Mais l'existence de Kirinyaga, fondée sur des valeurs du passé, est-elle viable, dans ce monde de progrès en constante évolution ?
Pour Koriba, son fondateur - un intellectuel d'origine Kikuyu qui ne se reconnait plus dans un Kenya profondément occidentalisé -, il s'agit d'y faire revivre les traditions ancestrales de son peuple, en refusant coûte que coûte tout ce qui pourrait menacer la permanence de cette utopie africaine.
Mais l'existence de Kirinyaga, fondée sur des valeurs du passé, est-elle viable, dans ce monde de progrès en constante évolution ?
Note
Les nouvelles composant Kirinyaga ont été récompensées à dix reprises par les prix les plus prestigieux du genre (prix Hugo 89 et 91).
Mike Resnick
Né en 1942, Mike Resnick écrit des récits de science-fiction depuis une trentaine d'années, parallèlement à sa profession d’éleveur de chiens. Sa découverte émerveillée de l'Afrique et de ses mythes a donné, ces dernières années, une coloration inimitable à son oeuvre. Mike Resnick est décédé le 9 janvier 2020.
Fiche de lecture
Je dois avouer avoir commencé la lecture il y a fort longtemps, mais l'arrivée de nouveautés m'avait fait poser le livre dans un coin et l'oublier plus ou moins. C'est le décès récent de l'auteur (le 9 janvier 2020) qui m'a rappelé que je n'avais jamais fini cette lecture et qu'il était temps d'y remédier.
Ce livre n'est pas vraiment un roman, mais il est plus qu'un recueil de nouvelles. Chaque histoire peut se lire indépendamment, elles ont d'ailleurs toutes été publiées sur plusieurs années avant d'être regroupées, mais elles forment une grande histoire mises bout à bout. On retrouve le même schéma que dans Demain Les Chiens de Clifford D. Simak, les interludes en moins, c’est-à-dire des histoires présentées dans un ordre chronologique qui forment un tout, ici depuis le départ de Koriba vers Kirinyaga jusqu'à son retour sur Terre suite à son "échec" d'avoir pu créer l'utopie dont il rêvait. Peut-être l'entreprise était-elle vouée à l'échec du départ, du fait de l'idée même d'utopie (définition : conception ou projet qui semble irréalisable) ?
En effet, Koriba souhaite retrouver le mode de vie de ses ancêtres Kikuyu, avec toutes leurs traditions, et pour aider ceux qui vont le suivre, il va endosser le rôle du Sage, du Sorcier, le Mundumugu. Son rôle sera de guider les adultes sur la bonne voie, de soigner ou de lever des malédictions et d'enseigner aux enfants à devenir de bons kikuyus. Mais là apparaît l'hypocrisie du procédé : pour faire pleuvoir ou invoquer la sècheresse par sa colère, il ne sera nullement question de magie, mais plutôt d'interactions avec l'Administration, qui gère le planétoïde, via un ordinateur dont il est le seul à avoir accès. Très tôt il va rencontrer des problèmes, avec cette petite fille à l'intelligence supérieure qui va apprendre en secret à lire et utiliser l'ordinateur par exemple, alors qu'il est interdit aux femmes d'être instruites. Femmes d'ailleurs dont la condition de vie est impensable pour nous lecteurs du XXIème siècle, rabaissées aux tâches ménagères, obligées de subir l'excision pour devenir une femme (sic…), d'être plusieurs épouses pour un même homme, etc… Des pratiques qui vont le mettre en conflit avec l'Administration, puis avec son peuple lorsque ce dernier aura des interactions bien involontaires avec les gens de l'extérieur. Conflits qui vont le faire redescendre sur Terre (au propre comme au figuré) en l'obligeant à abandonner son utopie, et l'obligeront à accepter l'inéluctabilité de la modernisation au mépris des racines, pour sa plus grande tristesse.
Un recueil excellent, où l'on ressent l'amour que l'auteur porte aux peuples d'Afrique, et une grande lucidité par rapport à la perte de ce qui faisait la richesse de tous ces peuples, de leurs traditions et de leurs mythes…
Ce livre n'est pas vraiment un roman, mais il est plus qu'un recueil de nouvelles. Chaque histoire peut se lire indépendamment, elles ont d'ailleurs toutes été publiées sur plusieurs années avant d'être regroupées, mais elles forment une grande histoire mises bout à bout. On retrouve le même schéma que dans Demain Les Chiens de Clifford D. Simak, les interludes en moins, c’est-à-dire des histoires présentées dans un ordre chronologique qui forment un tout, ici depuis le départ de Koriba vers Kirinyaga jusqu'à son retour sur Terre suite à son "échec" d'avoir pu créer l'utopie dont il rêvait. Peut-être l'entreprise était-elle vouée à l'échec du départ, du fait de l'idée même d'utopie (définition : conception ou projet qui semble irréalisable) ?
En effet, Koriba souhaite retrouver le mode de vie de ses ancêtres Kikuyu, avec toutes leurs traditions, et pour aider ceux qui vont le suivre, il va endosser le rôle du Sage, du Sorcier, le Mundumugu. Son rôle sera de guider les adultes sur la bonne voie, de soigner ou de lever des malédictions et d'enseigner aux enfants à devenir de bons kikuyus. Mais là apparaît l'hypocrisie du procédé : pour faire pleuvoir ou invoquer la sècheresse par sa colère, il ne sera nullement question de magie, mais plutôt d'interactions avec l'Administration, qui gère le planétoïde, via un ordinateur dont il est le seul à avoir accès. Très tôt il va rencontrer des problèmes, avec cette petite fille à l'intelligence supérieure qui va apprendre en secret à lire et utiliser l'ordinateur par exemple, alors qu'il est interdit aux femmes d'être instruites. Femmes d'ailleurs dont la condition de vie est impensable pour nous lecteurs du XXIème siècle, rabaissées aux tâches ménagères, obligées de subir l'excision pour devenir une femme (sic…), d'être plusieurs épouses pour un même homme, etc… Des pratiques qui vont le mettre en conflit avec l'Administration, puis avec son peuple lorsque ce dernier aura des interactions bien involontaires avec les gens de l'extérieur. Conflits qui vont le faire redescendre sur Terre (au propre comme au figuré) en l'obligeant à abandonner son utopie, et l'obligeront à accepter l'inéluctabilité de la modernisation au mépris des racines, pour sa plus grande tristesse.
Un recueil excellent, où l'on ressent l'amour que l'auteur porte aux peuples d'Afrique, et une grande lucidité par rapport à la perte de ce qui faisait la richesse de tous ces peuples, de leurs traditions et de leurs mythes…