
En 2050, les rĂ©sidents dâune maison possĂšdent tous des robots dâintĂ©rieur. Mais une rĂ©volte d'androĂŻdes Ă©clate Ă lâextĂ©rieur. Les robots d'intĂ©rieur dĂ©cident d'enfermer les humains pour les protĂ©ger...
Présentation
Une comédie SF de Jeunet. Big Bug : un big hug ?
Oui et non. SuccĂšs mitigĂ© sur IMDB (5,2 / 10). Il est vrai que les adeptes du schĂ©ma narratif anglo-saxon peinent Ă sây retrouver. Un commentateur reproche au film « bien français » de nâĂȘtre quâune longue conversation comique sur un futur dystopique. En fait, ce qui le dĂ©range, câest que la premiĂšre partie dĂ©crit, Ă travers sept personnages confinĂ©s, le quotidien de 2050, Ă travers un regard Ă la Tati. AprĂšs cela se compliqueâŠ
Attention spoilers
Câest que lâunivers de demain vu par Jeunet sâannonce bipolaire : dâun cĂŽtĂ©, la mĂ©gapole grisĂątre, de lâautre, la villa dâAlice, qui baigne dans les couleurs chaudes. Dans la vaste citĂ©, la derniĂšre gĂ©nĂ©ration dâandroĂŻdes surboostĂ©s dâIA : les Yonyx. Ils sont gris fer, dotĂ©s dâune sale gueule et sâingĂ©nient Ă traiter les humains comme des bĂȘtes de cirque. Dans la demeure de lâhĂ©roĂŻne, des robots de tous gabarits, haut en couleurs, au service de leur maĂźtresse.
Le monde dâAlice donne Ă sâĂ©merveiller. Elle habite un quartier de type banlieue aisĂ©e, oĂč tout est propre en ordre, le gazon tondu sous la loupe, les fenĂȘtres sont gĂ©nĂ©reuses, les lotissements idĂ©aux, un peu comme lâhabitat parfait dans La vieille Dame et le Robot de la sĂ©rie Love, Death + Robots.
Le dĂ©cor intĂ©rieur de la rĂ©sidence aux courbes et aux couleurs tendance sixties (qui Ă©voquent AmĂ©lie Poulain) sâaccorde avec la nostalgie dâAlice, fiĂšre de sa bibliothĂšque (rarissime Ă lâĂ©poque) et de son carnet intime (objet non moins extraordinaire en ce temps-lĂ ).
Le pitch de cette comĂ©die SF est simple. Tous les vĂ©hicules autoguidĂ©s en dĂ©placement paraissent sâĂȘtre donnĂ© le mot pour renforcer le bouchon du siĂšcle. La domotique dâAlice capte un degrĂ© dâinsĂ©curitĂ© extĂ©rieure si Ă©levĂ© quâelle verrouille jusquâĂ nouvel ordre la maison oĂč se retrouvent piĂ©gĂ©s avec la propriĂ©taire six personnages croustillants : Max, un dragueur looser venu pour faire miroiter la cĂ©lĂ©britĂ© Ă celle qui Ă©crit ; LĂ©o, son fils ado geek ; Françoise, une voisine coupĂ©e de son chien et de son androĂŻde ; Victor, lâex-mari dâAlice, de passage avec sa fiancĂ©e juste pour dĂ©poser Nina, fille rebelle ado (nostalgique des vieux ordi). Le nouveau couple devait convoler jusquâĂ lâĂźle du paradis, une sorte dâatoll pour amateurs de croisiĂšre immobile.
Le huis clos humoristique nous familiarise avec lâenvironnement dâAlice et ses crĂ©atures domestiques : Monique, la gynoĂŻde un peu raide, mais bonne Ă tout faire ; Einstein, engin protĂ©iforme, spĂ©cialiste des problĂšmes, Decker, nettoyeur et bricoleur, Tom, le vieux robot jouet de Nina (un peu son doudou), sans oublier la voix de Nestor, grand manitou de la domotique. Plus tard, ils seront rejoints (miraculeusement) par Greg, lâandroĂŻde amant de la voisine, un bellĂątre qui cajole sa maĂźtresse de tout son saoul.
Les humains bloquĂ©s harcĂšlent les automates pour quâils les libĂšrent. En vain. Rien nâest plus obstinĂ© quâun robot. Toutefois, ces fidĂšles domestiques se concertent. Ă lâĂ©vidence, les humains ne sont pas contents dâeux. Et en cette canicule, la clim bloquĂ©e nâarrange pas les choses. Comment se faire aimer ? Le jeune LĂ©o les conseille, avec son langage dâado branchĂ©. Verdict : il leur manque dâĂȘtre humain. Or, pour ĂȘtre humain, il faut avoir le sens de lâhumour, il faut savoir raconter des blagues (la vache demande Ă lâĂąne : comment tu tâappelles ? Bob, dit lâĂąne).
Pour ĂȘtre humain, il suffirait aussi de se tromper, car lâerreur est humaine, mais cette perspective ne sera pas exploitĂ©e, sauf Ă la fin, avec le Big Bug (mais chutâŠ).
Les robots de la maison se mettent Ă lire la bibliothĂšque dâAlice, poursuivant leur recherche de lâessence humaine. Pendant ce temps, les humains cloĂźtrĂ©s nâen dĂ©mordent pas. Combien de tentatives pour forcer la sortie ! Lâune des plus spectaculaires, câest la DS volante que Victor rĂ©quisitionne par tĂ©lĂ©commande. Ăchec Ă chaque assaut contre la paroi vitrĂ©e : restĂ© coincĂ© dehors, le chien de la voisine interrompt Ă chaque fois lâimminent coup de butoir en sautillant. La voiture respecte la vie canine.
La derniĂšre partie du film oppose les occupants de la maison avec un exemplaire de ces odieux Yonyx. DĂšs que lâespĂšce de policier procureur cruel sâinvite chez Alice, câest le cauchemar. Le mĂ©chant automate de service surarmĂ© nâest pas sĂ»r que les humains soient indispensables. Peu Ă peu, Ă coups de laser, il va casser la baraque, dĂ©truire les livres, toujours au nom de sa loi algorithmique.
Plus remuante, cette phase devrait davantage plaire aux adeptes de la narration anglo-saxonne, avec sa part belle Ă un adversaire qui ne se laisse pas faire.
Personnellement, jâai moins adhĂ©rĂ©. Ce robot exterminateur mâa paru grossiĂšrement caricatural et en porte-Ă -faux avec le monde Ă©dulcorĂ©, féérique dâAlice et ses automates candides qui nâaspirent quâĂ combler les humains comme eux-mĂȘmes.
Heureusement, Jeunet a choisi le bon campâŠ
Fin des spoilers
Ma rĂ©serve mise Ă part, voici un film amusant, digne dâintĂ©rĂȘt, parsemĂ© de rĂ©fĂ©rences cinĂ©matographiques (mĂȘme Les enfants du Paradis en font partie). Un film, qui, dans son style particulier, avec humour, donne plus Ă rĂȘver quâĂ cauchemarder. Fin romantique garantie.
Oui et non. SuccĂšs mitigĂ© sur IMDB (5,2 / 10). Il est vrai que les adeptes du schĂ©ma narratif anglo-saxon peinent Ă sây retrouver. Un commentateur reproche au film « bien français » de nâĂȘtre quâune longue conversation comique sur un futur dystopique. En fait, ce qui le dĂ©range, câest que la premiĂšre partie dĂ©crit, Ă travers sept personnages confinĂ©s, le quotidien de 2050, Ă travers un regard Ă la Tati. AprĂšs cela se compliqueâŠ
Attention spoilers
Câest que lâunivers de demain vu par Jeunet sâannonce bipolaire : dâun cĂŽtĂ©, la mĂ©gapole grisĂątre, de lâautre, la villa dâAlice, qui baigne dans les couleurs chaudes. Dans la vaste citĂ©, la derniĂšre gĂ©nĂ©ration dâandroĂŻdes surboostĂ©s dâIA : les Yonyx. Ils sont gris fer, dotĂ©s dâune sale gueule et sâingĂ©nient Ă traiter les humains comme des bĂȘtes de cirque. Dans la demeure de lâhĂ©roĂŻne, des robots de tous gabarits, haut en couleurs, au service de leur maĂźtresse.
Le monde dâAlice donne Ă sâĂ©merveiller. Elle habite un quartier de type banlieue aisĂ©e, oĂč tout est propre en ordre, le gazon tondu sous la loupe, les fenĂȘtres sont gĂ©nĂ©reuses, les lotissements idĂ©aux, un peu comme lâhabitat parfait dans La vieille Dame et le Robot de la sĂ©rie Love, Death + Robots.
Le dĂ©cor intĂ©rieur de la rĂ©sidence aux courbes et aux couleurs tendance sixties (qui Ă©voquent AmĂ©lie Poulain) sâaccorde avec la nostalgie dâAlice, fiĂšre de sa bibliothĂšque (rarissime Ă lâĂ©poque) et de son carnet intime (objet non moins extraordinaire en ce temps-lĂ ).
Le pitch de cette comĂ©die SF est simple. Tous les vĂ©hicules autoguidĂ©s en dĂ©placement paraissent sâĂȘtre donnĂ© le mot pour renforcer le bouchon du siĂšcle. La domotique dâAlice capte un degrĂ© dâinsĂ©curitĂ© extĂ©rieure si Ă©levĂ© quâelle verrouille jusquâĂ nouvel ordre la maison oĂč se retrouvent piĂ©gĂ©s avec la propriĂ©taire six personnages croustillants : Max, un dragueur looser venu pour faire miroiter la cĂ©lĂ©britĂ© Ă celle qui Ă©crit ; LĂ©o, son fils ado geek ; Françoise, une voisine coupĂ©e de son chien et de son androĂŻde ; Victor, lâex-mari dâAlice, de passage avec sa fiancĂ©e juste pour dĂ©poser Nina, fille rebelle ado (nostalgique des vieux ordi). Le nouveau couple devait convoler jusquâĂ lâĂźle du paradis, une sorte dâatoll pour amateurs de croisiĂšre immobile.
Le huis clos humoristique nous familiarise avec lâenvironnement dâAlice et ses crĂ©atures domestiques : Monique, la gynoĂŻde un peu raide, mais bonne Ă tout faire ; Einstein, engin protĂ©iforme, spĂ©cialiste des problĂšmes, Decker, nettoyeur et bricoleur, Tom, le vieux robot jouet de Nina (un peu son doudou), sans oublier la voix de Nestor, grand manitou de la domotique. Plus tard, ils seront rejoints (miraculeusement) par Greg, lâandroĂŻde amant de la voisine, un bellĂątre qui cajole sa maĂźtresse de tout son saoul.
Les humains bloquĂ©s harcĂšlent les automates pour quâils les libĂšrent. En vain. Rien nâest plus obstinĂ© quâun robot. Toutefois, ces fidĂšles domestiques se concertent. Ă lâĂ©vidence, les humains ne sont pas contents dâeux. Et en cette canicule, la clim bloquĂ©e nâarrange pas les choses. Comment se faire aimer ? Le jeune LĂ©o les conseille, avec son langage dâado branchĂ©. Verdict : il leur manque dâĂȘtre humain. Or, pour ĂȘtre humain, il faut avoir le sens de lâhumour, il faut savoir raconter des blagues (la vache demande Ă lâĂąne : comment tu tâappelles ? Bob, dit lâĂąne).
Pour ĂȘtre humain, il suffirait aussi de se tromper, car lâerreur est humaine, mais cette perspective ne sera pas exploitĂ©e, sauf Ă la fin, avec le Big Bug (mais chutâŠ).
Les robots de la maison se mettent Ă lire la bibliothĂšque dâAlice, poursuivant leur recherche de lâessence humaine. Pendant ce temps, les humains cloĂźtrĂ©s nâen dĂ©mordent pas. Combien de tentatives pour forcer la sortie ! Lâune des plus spectaculaires, câest la DS volante que Victor rĂ©quisitionne par tĂ©lĂ©commande. Ăchec Ă chaque assaut contre la paroi vitrĂ©e : restĂ© coincĂ© dehors, le chien de la voisine interrompt Ă chaque fois lâimminent coup de butoir en sautillant. La voiture respecte la vie canine.
La derniĂšre partie du film oppose les occupants de la maison avec un exemplaire de ces odieux Yonyx. DĂšs que lâespĂšce de policier procureur cruel sâinvite chez Alice, câest le cauchemar. Le mĂ©chant automate de service surarmĂ© nâest pas sĂ»r que les humains soient indispensables. Peu Ă peu, Ă coups de laser, il va casser la baraque, dĂ©truire les livres, toujours au nom de sa loi algorithmique.
Plus remuante, cette phase devrait davantage plaire aux adeptes de la narration anglo-saxonne, avec sa part belle Ă un adversaire qui ne se laisse pas faire.
Personnellement, jâai moins adhĂ©rĂ©. Ce robot exterminateur mâa paru grossiĂšrement caricatural et en porte-Ă -faux avec le monde Ă©dulcorĂ©, féérique dâAlice et ses automates candides qui nâaspirent quâĂ combler les humains comme eux-mĂȘmes.
Heureusement, Jeunet a choisi le bon campâŠ
Fin des spoilers
Ma rĂ©serve mise Ă part, voici un film amusant, digne dâintĂ©rĂȘt, parsemĂ© de rĂ©fĂ©rences cinĂ©matographiques (mĂȘme Les enfants du Paradis en font partie). Un film, qui, dans son style particulier, avec humour, donne plus Ă rĂȘver quâĂ cauchemarder. Fin romantique garantie.