Menu

Notez
Films

        

Big Bug | 2022


Une fiche ajoutée dans nos cales par | 16/02/2022 | Lu 282 fois






Big Bug | 2022

Affiche et synopsis

En 2050,  les résidents d’une maison possèdent tous des robots d’intérieur. Mais une révolte d'androïdes éclate à l’extérieur. Les robots d'intérieur décident d'enfermer les humains pour les protéger...

Présentation

Une comédie SF de Jeunet. Big Bug : un big hug ?
 
Oui et non. Succès mitigé sur IMDB (5,2 / 10). Il est vrai que les adeptes du schéma narratif anglo-saxon peinent à s’y retrouver. Un commentateur reproche au film « bien français » de n’être qu’une longue conversation comique sur un futur dystopique. En fait, ce qui le dérange, c’est que la première partie décrit, à travers sept personnages confinés, le quotidien de 2050, à travers un regard à la Tati. Après cela se complique…

Attention spoilers
 
C’est que l’univers de demain vu par Jeunet s’annonce bipolaire : d’un côté, la mégapole grisâtre, de l’autre, la villa d’Alice, qui baigne dans les couleurs chaudes. Dans la vaste cité, la dernière génération d’androïdes surboostés d’IA : les Yonyx. Ils sont gris fer, dotés d’une sale gueule et s’ingénient à traiter les humains comme des bêtes de cirque. Dans la demeure de l’héroïne, des robots de tous gabarits, haut en couleurs, au service de leur maîtresse.

Le monde d’Alice donne à s’émerveiller. Elle habite un quartier de type banlieue aisée, où tout est propre en ordre, le gazon tondu sous la loupe, les fenêtres sont généreuses, les lotissements idéaux, un peu comme l’habitat parfait dans La vieille Dame et le Robot de la série Love, Death + Robots.

Le décor intérieur de la résidence aux courbes et aux couleurs tendance sixties (qui évoquent Amélie Poulain) s’accorde avec la nostalgie d’Alice, fière de sa bibliothèque (rarissime à l’époque) et de son carnet intime (objet non moins extraordinaire en ce temps-là).

Le pitch de cette comédie SF est simple. Tous les véhicules autoguidés en déplacement paraissent s’être donné le mot pour renforcer le bouchon du siècle. La domotique d’Alice capte un degré d’insécurité extérieure si élevé qu’elle verrouille jusqu’à nouvel ordre la maison où se retrouvent piégés avec la propriétaire six personnages croustillants : Max, un dragueur looser venu pour faire miroiter la célébrité à celle qui écrit ; Léo, son fils ado geek ; Françoise, une voisine coupée de son chien et de son androïde ; Victor, l’ex-mari d’Alice, de passage avec sa fiancée juste pour déposer Nina, fille rebelle ado (nostalgique des vieux ordi). Le nouveau couple devait convoler jusqu’à l’île du paradis, une sorte d’atoll pour amateurs de croisière immobile.

Le huis clos humoristique nous familiarise avec l’environnement d’Alice et ses créatures domestiques : Monique, la gynoïde un peu raide, mais bonne à tout faire ; Einstein, engin protéiforme, spécialiste des problèmes, Decker, nettoyeur et bricoleur, Tom, le vieux robot jouet de Nina (un peu son doudou), sans oublier la voix de Nestor, grand manitou de la domotique. Plus tard, ils seront rejoints (miraculeusement) par Greg, l’androïde amant de la voisine, un bellâtre qui cajole sa maîtresse de tout son saoul.

Les humains bloqués harcèlent les automates pour qu’ils les libèrent. En vain. Rien n’est plus obstiné qu’un robot. Toutefois, ces fidèles domestiques se concertent. À l’évidence, les humains ne sont pas contents d’eux. Et en cette canicule, la clim bloquée n’arrange pas les choses. Comment se faire aimer ? Le jeune Léo les conseille, avec son langage d’ado branché. Verdict : il leur manque d’être humain. Or, pour être humain, il faut avoir le sens de l’humour, il faut savoir raconter des blagues (la vache demande à l’âne : comment tu t’appelles ? Bob, dit l’âne).

Pour être humain, il suffirait aussi de se tromper, car l’erreur est humaine, mais cette perspective ne sera pas exploitée, sauf à la fin, avec le Big Bug (mais chut…).

Les robots de la maison se mettent à lire la bibliothèque d’Alice, poursuivant leur recherche de l’essence humaine. Pendant ce temps, les humains cloîtrés n’en démordent pas. Combien de tentatives pour forcer la sortie ! L’une des plus spectaculaires, c’est la DS volante que Victor réquisitionne par télécommande. Échec à chaque assaut contre la paroi vitrée : resté coincé dehors, le chien de la voisine interrompt à chaque fois l’imminent coup de butoir en sautillant. La voiture respecte la vie canine.

La dernière partie du film oppose les occupants de la maison avec un exemplaire de ces odieux Yonyx. Dès que l’espèce de policier procureur cruel s’invite chez Alice, c’est le cauchemar. Le méchant automate de service surarmé n’est pas sûr que les humains soient indispensables. Peu à peu, à coups de laser, il va casser la baraque, détruire les livres, toujours au nom de sa loi algorithmique.

Plus remuante, cette phase devrait davantage plaire aux adeptes de la narration anglo-saxonne, avec sa part belle à un adversaire qui ne se laisse pas faire.

Personnellement, j’ai moins adhéré. Ce robot exterminateur m’a paru grossièrement caricatural et en porte-à-faux avec le monde édulcoré, féérique d’Alice et ses automates candides qui n’aspirent qu’à combler les humains comme eux-mêmes.

Heureusement, Jeunet a choisi le bon camp…

Fin des spoilers

Ma réserve mise à part, voici un film amusant, digne d’intérêt, parsemé de références cinématographiques (même Les enfants du Paradis en font partie). Un film, qui, dans son style particulier, avec humour, donne plus à rêver qu’à cauchemarder. Fin romantique garantie.

Robert Yessouroun
Copyright @ Robert Yessouroun pour Le Galion des Etoiles. Tous droits réservés. En savoir plus sur cet auteur


Nouveau commentaire :
PENSEZ A SAUVEGARDER VOTRE COMMENTAIRE SUR VOTRE PC AVANT DE L’ENVOYER ! En effet, le Galion est facétieux et parfois, l’envoi peut ne pas aboutir dans le poste de pilotage. Le transfert est réussi lorsqu’après avoir cliqué sur « ajouter », vous voyez en encadré et en rouge le texte « Votre commentaire a été posté ». SVP soignez votre orthographe, oubliez le langage SMS et ne mettez pas de liens externes ou de commentaires ne vous appartenant pas. Veuillez prendre connaissance du Règlement avant de poster votre commentaire. Le filtrage des commentaires est de rigueur sur ce site. Le Webmaster se réserve le droit de supprimer les commentaires contraires au règlement.

Le Galion des Etoiles est un site sans publicité. Vous aimez nos articles, matelots ? Vous pouvez faire un don et ainsi soutenir Le Galion des Etoiles. Merci !