🔤 Paradoxe de Fermi

Bonjour chers amis galionautes,

Je propose ma vision des choses sur cet épineux problème du paradoxe de Fermi. Attention, c'est possiblement un peu long.

Tout d'abord, le paradoxe de Fermi a été formulé en 1950, à une époque où personne n'avait jamais observé de planète extrasolaire et où la culture chrétienne en Europe était encore extrêmement présente (elle l'est toujours) pour ne pas dire tellement marquante qu'un affranchissement totale de celle-ci dans les valeurs morales ou les croyances n'était pas du tout à l'ordre du jour.
Or, la religion a pour fondement l'unicité de l'homme dans l'Univers.
Il y a gros à parier que Fermi énonce son paradoxe avec la conviction issue de cette histoire religieuse que la seule réponse possible est que nous sommes bien seuls dans l'Univers.
Ce n'est que bien plus tard, avec la découverte de tas d'indices sur Encelade, sur Europe, sur Mars et dans des milliers de systèmes solaires que son paradoxe est perçu dans une optique bien différente, à savoir que réellement il y a de fortes probabilités d'existence de vie partout dans l'Univers mais qu'on ne la voit toujours pas.

Dans l'énorme quantité de théories plus ou moins sérieuses qui tentent de donner une explication cohérente à cette question (ce paradoxe), il y a selon moi deux choses qu'il faut bien distinguer:
La question de Fermi est : pourquoi ne les voit-on pas? Pas : pourquoi ne les avons-nous jamais rencontrés ici sur Terre. C'est un distinguo qui donne toute son ampleur à cette question de Fermi et qui lui a permis, à mon avis, de perdurer dans le temps. Et c'est surtout un distinguo que les gens oublient très très vite.
Or, il est fondamental car ce que dit Fermi, à savoir que à l'échelle cosmique une civilisation qui perdure un million d'années devrait pouvoir, a minima, par saut de puces, coloniser une partie suffisamment importante autour de son étoile pour être visible depuis chez nous. Il ne dit pas : toute civilisation qui perdure un million d'années peut aller visiter physiquement toutes les planètes qu'elle veut comme dans Star Wars.
Sa théorie est tout à fait cohérente, concevable et compatible avec ce que l'on sait de la physique (même dans les années 50 avec un peu d'imagination) alors que la théorie des voyages à travers le vide intersidéral comme si on allait au supermarché est encore aujourd'hui totalement délirant. Même si le délire est une très bonne chose, salvatrice à bien des endroits, ce n'est pas l'objet de ce qu'a énoncé Fermi.

On pourrait trait...

Bonjour chers amis galionautes,

Je propose ma vision des choses sur cet épineux problème du paradoxe de Fermi. Attention, c'est possiblement un peu long.

Tout d'abord, le paradoxe de Fermi a été formulé en 1950, à une époque où personne n'avait jamais observé de planète extrasolaire et où la culture chrétienne en Europe était encore extrêmement présente (elle l'est toujours) pour ne pas dire tellement marquante qu'un affranchissement totale de celle-ci dans les valeurs morales ou les croyances n'était pas du tout à l'ordre du jour.
Or, la religion a pour fondement l'unicité de l'homme dans l'Univers.
Il y a gros à parier que Fermi énonce son paradoxe avec la conviction issue de cette histoire religieuse que la seule réponse possible est que nous sommes bien seuls dans l'Univers.
Ce n'est que bien plus tard, avec la découverte de tas d'indices sur Encelade, sur Europe, sur Mars et dans des milliers de systèmes solaires que son paradoxe est perçu dans une optique bien différente, à savoir que réellement il y a de fortes probabilités d'existence de vie partout dans l'Univers mais qu'on ne la voit toujours pas.

Dans l'énorme quantité de théories plus ou moins sérieuses qui tentent de donner une explication cohérente à cette question (ce paradoxe), il y a selon moi deux choses qu'il faut bien distinguer:
La question de Fermi est : pourquoi ne les voit-on pas? Pas : pourquoi ne les avons-nous jamais rencontrés ici sur Terre. C'est un distinguo qui donne toute son ampleur à cette question de Fermi et qui lui a permis, à mon avis, de perdurer dans le temps. Et c'est surtout un distinguo que les gens oublient très très vite.
Or, il est fondamental car ce que dit Fermi, à savoir que à l'échelle cosmique une civilisation qui perdure un million d'années devrait pouvoir, a minima, par saut de puces, coloniser une partie suffisamment importante autour de son étoile pour être visible depuis chez nous. Il ne dit pas : toute civilisation qui perdure un million d'années peut aller visiter physiquement toutes les planètes qu'elle veut comme dans Star Wars.
Sa théorie est tout à fait cohérente, concevable et compatible avec ce que l'on sait de la physique (même dans les années 50 avec un peu d'imagination) alors que la théorie des voyages à travers le vide intersidéral comme si on allait au supermarché est encore aujourd'hui totalement délirant. Même si le délire est une très bonne chose, salvatrice à bien des endroits, ce n'est pas l'objet de ce qu'a énoncé Fermi.

On pourrait traiter de ce deuxième points : pourquoi des ET ne sont jamais venus nous voir. On pourrait trouver aussi des tas d'explications plus ou moins valides, mais ce n'est pas l'objet.

Concentrons-nous donc sur le paradoxe de Fermi, en considérant que oui la vie existe partout dans l'Univers et que non, on ne l'a encore jamais vue.
J’attire l’attention malgré tout sur le fait qu’il soit possible cette deuxième proposition (on ne l’a jamais vue) peut être soumise à caution. Il y eut le signal WOW en 1977 mais passons.
On parle de vie extraterrestre. J’en distingue 3 phases : la phase protozoaire, la phase complexe et la phase +. Celle dont on a de bonnes raisons de penser qu’elle est présente partout (la seule), c’est la première. Or celle-ci, elle ne risque pas de coloniser un quartier significatif de la galaxie ni d’être visible avant qu’on ait des instruments très élaborés.
Nous savons, par notre propre expérience terrienne, qu’il est très compliqué de passer de la phase 1 à la 2. Peut-être que l’accession à la phase complexe, qui amènerait à une civilisation en gros comparable à la nôtre est possible. Rien ne dit qu’elle soit facile ni courante. Entre les risques astronomiques (type astéroïdes ou comètes ou rayons gammas), les instabilités planétaires, les risques volcaniques, si on considère qu’il faut plusieurs centaines de millions d’années (au bas mot) pour en arriver à nous, il est hautement probable que ce type 2 de vie ne soit pas si commune que ça. Par exemple n’existe que (statistiquement) toute les 100 AL de distance. Or, si une civilisation similaire à la nôtre existait à une distance de plus de 100 AL, nous ne la verrions pas encore (en raison du temps nécessaire à la transmission des signaux). Combien y a-t-il de bulles de 200AL de diamètre dans la voie lactée ? environ 125 000 000. Autrement dit, il pourrait y avoir environ 100 000 000 de civilisation comparables à la nôtre sans qu’aucune ne soit jamais rentré en contact avec une autre dans notre galaxie. Ceci se cumule évidemment avec les aspects de temps car là on parle d’un état à un instant donné mais si sur nos « voisins » de 100AL, ils en sont encore au temps du moyen-âge, c’est mort. La probabilité pour que nos voisins en soient au même stade que nous à peu près au même moment est encore plus faible.
On voit bien, d’ailleurs, à travers cet exemple, que même si la vie grouille partout, il n’est pas aberrant du tout de se dire que pour rencontrer une civilisation à un stade où elle est capable d’envoyer des signaux à travers l’espace en même temps que nous (ça fait 100 ans pour nous à peine), on risque, malgré l’immensité de l’Univers, de taquiner des probabilités relativement faibles voire presque nulles.
Se pose alors la question : et pour la phase 3, à savoir une ou des espèces beaucoup plus développées que nous qui auraient conquis des astres autour d’elles pour se développer et qu’il serait impossible de rater. C’est le sens qu’en donnait Fermi.
On voit bien que depuis 100 ans, la science a littéralement explosée. Il y a 100 ans, on commençait juste avec les voitures et l’aviation, la radio et les vaccins. Aujourd’hui, on en est à envoyer des gens sur Mars ou presque et à se mettre des puces interconnectés dans le corps. Pas sûr que les connaissances fondamentales aient suivi une telle progression géométrique mais pour ce qui est de la technologie, le doute n’est pas permis.
On imagine donc en extrapolant cette évolution, que dans 2000 ans (ce qui n’est rien à l’échelle cosmique), notre technologie serait tout à fait capable de coloniser au moins tout le système solaire voire plus. La série the expanse est tout à fait crédible à ce sujet. Si on parle de centaines de millions de cas potentiellement similaires rien que dans notre galaxie, comment se fait-il que ceci n’est jamais été observé.
Je pense qu’il faut regarder les choses d’un point de vue global et pas seulement technologique. La technologie c’est une chose, les ressources énergétiques, les modifications environnementales anthropologiques et les risques intrinsèques en sont une autre.
Car oui, cette question rejoint aussi la crise environnementale que nous connaissons mais la considère d’un point de vue systémique et non conjoncturel.
Que ce soit d’une approche darwinienne de la situation, par comparaison avec toutes les espèces ayant existé sur terre, que ce soit en analysant les simulations qui sont faites quant aux futurs possibles du climat, que ce soit en calculant qu’une croissance exponentielle, même à taux faible, finit très rapidement par venir à bout de toute ressource finie, le constat est le même : il apparaît très difficile (je n’ose dire impossible mais je le pense) de franchir l’étape « sortir de sa planète » avant l’extinction des ressources et donc des civilisations correspondantes.
Ce n’est pas très gaie, mais cette explication est en totale compatibilité avec le paradoxe de Fermi : aucune civilisation ne peut perdurer des dizaines de milliers d’années sans avoir exploité toutes ses ressources et détruit tout son environnement. Je suis à peu près sûr que c’est démontrable par des simulations.
Néanmoins, en cherchant bien une sortie optimiste de la situation, il pourrait bien exister ce qu’on appelle l’exception qui confirme la règle ou une conjonction d’événements tellement particuliers qu’ils n’arrivent qu’une fois tous les 100 000 000 000 pour qu’une civilisation arrive à inverser ce processus. Je ne parle pas de la nôtre, pour nous, c’est mort de chez mort. On voit bien que dans ce cas, on arrive à des probabilités qui appellent une autre approche du paradoxe de Fermi.
Je résume : la vie protozoaire existe partout. C’est normal qu’on ne la voie pas
La vie « comme nous » existe encore beaucoup. Mais comme elle est très rare et est incapable d’émettre des signaux forts, c’est normal qu’on ne la voit pas
La vie réellement capable de coloniser une galaxie complète ? D’abord, elle finira par s’effondrer de toute façon. Si cet événement a eu lieu dans notre univers observable une poignée de fois, rien ne dit que ce ne soit pas à 10 Milliards d’AL. Donc impossible à voir. Rien ne dit que en ce moment (je parle des moments observables pour nous, c’est-à-dire par exemple il y a 10 millions d’années pour un tel évènement à 10 millions d’AL) ce soit le cas. Donc pas d’observation. Et rien ne nous dit que l’on n’est pas également dans des probabilités tellement faibles que ce n’est pas un paradoxe. Car pour passer de 1->2, si on imagine un facteur 10^6, idem pour passer de 2->3, et qu’on ajoute encore un facteur 1000 pour l’aspect temporel, on arrive à quelque chose de l’ordre du impossible même devant des milliards de milliards de planètes.
Reste un épineux problème : celui de l’Univers et pas seulement observable.
Je sais que rien ne prouve que l’Univers soit plus grand que l’Univers observable. Jean-Pierre Luminet a même une approche tendant à penser que l’Univers ne serait pas si grand que ça. Si tel est le cas, le raisonnement ci-dessus s’applique à peu de choses près.
Mais s’il était réellement infini ? Toutes les approches ci-dessus tombent. On se trouve alors devant un ratio très très petit à appliquer à l’infini. En maths, on sait ce que ça donne : une infinité de possibilités. Sauf que cette fois, la barrière de la visibilité est évidente : ils sont trop loin pour que la lumière puisse arriver jusqu’à nous. C’est l’Univers qui limite. Un peu comme toujours. C’est l’Univers qui permet et c’est lui qui limite. Dire qu’on s’est senti obligé d’inventer des Dieux !
La question pourrait alors, et dans ce cas-là précis, s’orienter vers le déplacement physique de ces ET qui auraient réussi à atteindre une technologie des millions d’années d’avance sur nous.
La question de l’immensité à laquelle ils seraient confrontés me semble assez secondaire. Il y a, dans notre univers observable un nombre d’étoiles estimé à 10^23. Est-ce vraiment insurmontable à gérer pour une civilisation en avance d’un million d’années sur nous à un rythme exponentiel ? Pas sûr.
Ce genre d’expérience de pensées peut donner libre cours à toute la puissance de l’imagination.
Seraient-ils capables de franchir le mur de la lumière, seule condition à venir nous voir s’ils se situent au-delà de notre Univers observable ? On en arrive à cette question : ce mur est-il franchissable tout simplement ? Le fait que nous n’ayons pas été contactés par de telles entités ne prouve-t-il pas quelque part que cette incompatibilité existe bel et bien ? Peut-être y a-t-il des limitations qui, sans interdire les voyages supra-luminiques, ne les rendent possible que dans certaines conditions ?
Ou alors, s’ils le peuvent, pourquoi nous contacteraient-ils? Cartographier la vie, voir à quoi elles ressemblent ? A part ça…

Mais là, nous sommes en pleine Science-fiction. Et c’est par ailleurs extraordinairement jouissif.