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🎬 See You Yesterday | 2019

13/08/2019
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🎬 See You Yesterday | 2019

Affiche et synopsis

C.J. et Sebastian, deux lycéens passionnés de sciences, passent tout leur temps libre à travailler sur leur derniÚre invention : des sacs à dos permettant de voyager dans le temps. Quand le frÚre aßné de C.J. est tué par la police, les deux meilleurs amis décident de mettre leur technologie expérimentale à l'épreuve dans l'espoir fou de sauver Calvin...

Présentation

Netflix s'est spĂ©cialisĂ©e dans les films oĂč le temps se mesure, manipule, remonte les pendules. Tous ces longs-mĂ©trages oĂč le comique de situation prime sur les aspects scientifiques aux dĂ©triments d'explications plus poussĂ©es, fines, comprĂ©hensibles.

Je remarque des longs-mĂ©trages calibrĂ©s comme ; « Il Ă©tait Temps » de Richard Curtis, « Isn’t it Romantic » de Todd Strauss-Schulson, « When we first met » d’Ari Sandel, « Naked » de Michael Tiddes, tous se servent du thĂšme du voyage dans le temps Ă  des pĂ©rĂ©grinations oĂč le voyage temporel devient complexe dĂšs lors qu’il reste cloisonnĂ© dans une boucle ; le romantisme et la comĂ©die parasitent puis dominent le concept.

La reprĂ©sentation du genre se repose essentiellement sur ces schĂ©mas formatĂ©s, tout en Ă©tant efficace et distrayante, un peu trop distrayante autour de mĂȘmes Ă©vĂšnements se superposant sur une frise historique devenue interchangeable. Les codes sont (re)servis sans fin, en mouvement perpĂ©tuel, utilisant la mĂȘme ossature fatidique ; le dessein d’une plateforme populaire oĂč l’on pond des scĂ©narios identiques, garants de la pĂąte du succĂšs. Une pĂąte pĂ©trie et dĂ©posĂ©e dans un four oĂč elle ne sera malheureusement pas assez cuite cette fois-ci.
Le goĂ»t fade attĂ©nuera celui pĂ©tillant des quelques premiĂšres secondes rĂ©vĂ©lĂ©es Ă  l’écran.

Pourtant, j’ai cru que cette fois la Science-fiction allait reprendre ses droits et qu'une version modernisĂ©e du rĂ©cit d’H.G. Wells (La Machine Ă  explorer le Temps) se mettait en place.
 
Le parti pris communautaire ne me gĂȘne guĂšre et au contraire, en distinguant le nom de Spike Lee au gĂ©nĂ©rique comme producteur du film, j’ai vu l'opportunitĂ© d'une conception « rebelle » ; une Science-fiction socialisĂ©e se constituant devant l’urgence Ă  critiquer un retour actuel des sĂ©grĂ©gationnistes aux Etats-Unis. Un manifeste en alerte qui Ă©corcherait une position politique puissante et tournĂ©e sur elle-mĂȘme.

En faveur d’une culture afro-amĂ©ricaine martyrisĂ©e, ce film aurait pu devenir « Le Chant des Esclaves » se relevant de l’oppression, ne demandant qu’à exprimer leurs revendications, leur droit de vivre devant une politique ramenĂ©e du passĂ©, nausĂ©abonde et choquante, sans que ça ne choque l’opinion publique.

Les premiĂšres scĂšnes soulĂšvent des clins d’Ɠil rĂ©fĂ©rentiels ciblĂ©s. Le besoin de souligner des indices attachants, comme ce personnage d’un professeur (Michael j Fox, le hĂ©ros de Retour vers le Futur) lisant le livre « Liens de sang Â» (Kindred) d’Octavia E. Butler pendant que les Ă©lĂšves travaillent. Ce n’est pas un hasard que cette romanciĂšre et son livre puissent ĂȘtre affichĂ©s, celui-ci est le matĂ©riau de base pour l’écriture de ce « See you Yesterday Â».
 
La belle opportunitĂ© de rĂ©vĂ©ler un support si important m’a irrĂ©mĂ©diablement enthousiasmĂ©. Je souhaitais alors que le film de Stefon Bristol rende grĂące Ă  ce peuple si gĂ©nĂ©reux. Dommage que cela n’a pas Ă©tĂ© le cas.

Une auteure afro-amĂ©ricaine particuliĂšrement attachĂ©e Ă  son peuple Ă©tait le mot clef pour la rĂ©ussite de cette Ɠuvre. L’écrivaine Ă©tait si impliquĂ©e par son approche humaniste sur des questions difficiles autour d’une cause vouĂ©e Ă  se confronter indubitablement Ă  l’arbitrage des blancs et d’un Ă©tat policier raciste. Les enjeux d’écritures s’acheminaient vers une uchronie positive s’attachant Ă  une nouvelle branche de la Science-fiction sociale et engagĂ©e.

Ce film ne rend pas hommage Ă  l’auteure. Le scĂ©nario ne retient que l’impuissance des protagonistes Ă  savoir maĂźtriser leur outil. Leur va et vient n’ont aucune consistance intĂ©ressante du fait de l’inutilitĂ© de leurs agissements. L’inventeur de la machine Ă  explorer le temps n’envisage jamais de dĂ©fendre une cause collective et son caractĂšre irascible ne nous permet jamais d’ĂȘtre en accord avec elle (c’est une adolescente). La mission Ă©goĂŻste que la jeune fille impose Ă  son collaborateur co-crĂ©ateur de la machine sans jamais lui adresser du cƓur n’a de cesse d’énerver.

Je ne conseillerais pas ce film Ă  cause de la pauvretĂ© du traitement d’un sujet qui se devait ĂȘtre pertinent, et surtout respectueux d’une romanciĂšre aussi forte qu’Octavia E. Butler dans sa dĂ©marche historique de dĂ©noncer le racisme.

Ce film se confond donc dans la masse de produits de divertissement « sans vie ».

Philippe André
Copyright @ Philippe André pour Le Galion des Etoiles. Tous droits réservés. En savoir plus sur cet auteur


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