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See You Yesterday | 2019


Une fiche ajoutée dans nos cales par | 13/08/2019 | Lu 622 fois






See You Yesterday | 2019

Affiche et synopsis

C.J. et Sebastian, deux lycéens passionnés de sciences, passent tout leur temps libre à travailler sur leur dernière invention : des sacs à dos permettant de voyager dans le temps. Quand le frère aîné de C.J. est tué par la police, les deux meilleurs amis décident de mettre leur technologie expérimentale à l'épreuve dans l'espoir fou de sauver Calvin...

Présentation

Netflix s'est spécialisée dans les films où le temps se mesure, manipule, remonte les pendules. Tous ces longs-métrages où le comique de situation prime sur les aspects scientifiques aux détriments d'explications plus poussées, fines, compréhensibles.

Je remarque des longs-métrages calibrés comme ; « Il était Temps » de Richard Curtis, « Isn’t it Romantic » de Todd Strauss-Schulson, « When we first met » d’Ari Sandel, « Naked » de Michael Tiddes, tous se servent du thème du voyage dans le temps à des pérégrinations où le voyage temporel devient complexe dès lors qu’il reste cloisonné dans une boucle ; le romantisme et la comédie parasitent puis dominent le concept.

La représentation du genre se repose essentiellement sur ces schémas formatés, tout en étant efficace et distrayante, un peu trop distrayante autour de mêmes évènements se superposant sur une frise historique devenue interchangeable. Les codes sont (re)servis sans fin, en mouvement perpétuel, utilisant la même ossature fatidique ; le dessein d’une plateforme populaire où l’on pond des scénarios identiques, garants de la pâte du succès. Une pâte pétrie et déposée dans un four où elle ne sera malheureusement pas assez cuite cette fois-ci.
Le goût fade atténuera celui pétillant des quelques premières secondes révélées à l’écran.

Pourtant, j’ai cru que cette fois la Science-fiction allait reprendre ses droits et qu'une version modernisée du récit d’H.G. Wells (La Machine à explorer le Temps) se mettait en place.
 
Le parti pris communautaire ne me gêne guère et au contraire, en distinguant le nom de Spike Lee au générique comme producteur du film, j’ai vu l'opportunité d'une conception « rebelle » ; une Science-fiction socialisée se constituant devant l’urgence à critiquer un retour actuel des ségrégationnistes aux Etats-Unis. Un manifeste en alerte qui écorcherait une position politique puissante et tournée sur elle-même.

En faveur d’une culture afro-américaine martyrisée, ce film aurait pu devenir « Le Chant des Esclaves » se relevant de l’oppression, ne demandant qu’à exprimer leurs revendications, leur droit de vivre devant une politique ramenée du passé, nauséabonde et choquante, sans que ça ne choque l’opinion publique.

Les premières scènes soulèvent des clins d’œil référentiels ciblés. Le besoin de souligner des indices attachants, comme ce personnage d’un professeur (Michael j Fox, le héros de Retour vers le Futur) lisant le livre « Liens de sang » (Kindred) d’Octavia E. Butler pendant que les élèves travaillent. Ce n’est pas un hasard que cette romancière et son livre puissent être affichés, celui-ci est le matériau de base pour l’écriture de ce « See you Yesterday ».
 
La belle opportunité de révéler un support si important m’a irrémédiablement enthousiasmé. Je souhaitais alors que le film de Stefon Bristol rende grâce à ce peuple si généreux. Dommage que cela n’a pas été le cas.

Une auteure afro-américaine particulièrement attachée à son peuple était le mot clef pour la réussite de cette œuvre. L’écrivaine était si impliquée par son approche humaniste sur des questions difficiles autour d’une cause vouée à se confronter indubitablement à l’arbitrage des blancs et d’un état policier raciste. Les enjeux d’écritures s’acheminaient vers une uchronie positive s’attachant à une nouvelle branche de la Science-fiction sociale et engagée.

Ce film ne rend pas hommage à l’auteure. Le scénario ne retient que l’impuissance des protagonistes à savoir maîtriser leur outil. Leur va et vient n’ont aucune consistance intéressante du fait de l’inutilité de leurs agissements. L’inventeur de la machine à explorer le temps n’envisage jamais de défendre une cause collective et son caractère irascible ne nous permet jamais d’être en accord avec elle (c’est une adolescente). La mission égoïste que la jeune fille impose à son collaborateur co-créateur de la machine sans jamais lui adresser du cœur n’a de cesse d’énerver.

Je ne conseillerais pas ce film à cause de la pauvreté du traitement d’un sujet qui se devait être pertinent, et surtout respectueux d’une romancière aussi forte qu’Octavia E. Butler dans sa démarche historique de dénoncer le racisme.

Ce film se confond donc dans la masse de produits de divertissement « sans vie ».

Philippe André
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