Présentation individuelle des romans par familles thématiques
Cet article est une annexe au long article du magazine Galaxies SF (no 69 et 70). Comme nous l’avons évoqué dans cette base, les ouvrages de Robert Clauzel se classent en cinq familles thématiques :
1. La quête universelle des Gremchkiens
2. Menaces contre la Terre
3. Échec aux apprentis sorciers
4. Accidents de parcours
5. Autres mondes et autres temps
1. La quête universelle des Gremchkiens
2. Menaces contre la Terre
3. Échec aux apprentis sorciers
4. Accidents de parcours
5. Autres mondes et autres temps
Menaces contre la Terre (8 romans)
- 7 romans en Anticipation
- 1 roman chez Roger Garry
1. L'Horreur tombée du Ciel (1971)
L’horreur tombée du ciel est un Cosmozoaire, un organisme extraterrestre déposé sur notre planète à un stade embryonnaire, dont le développement et l’évolution amorcent un processus qui conduira à l’extinction de toute vie sur la Terre en conséquence d’un refroidissement général. Les deux premiers tiers du roman relèvent davantage du fantastique d’atmosphère de facture classique que de la science-fiction, jusqu’à l’intervention décisive des Gremchkiens qui ont déjà vu un tel phénomène frapper ailleurs. Le mystère restera entier quant à la nature de l’entité « exilée » sur notre monde, a priori un Révolté, un anti-être apparenté au Mal ou aux anges déchus qui, une fois anéanti, laissera derrière lui comme une odeur de soufre. Et son lieu d’implantation, dans la région de Chartres, posera la question d’un éventuel lien avec le Graal.
2. A l'Aube du dernier Jour (1973)
A l’aube du dernier jour…, lui aussi marqué dans ses deux premiers tiers par une atmosphère fantastique inquiétante, relate l’invasion de notre monde par un organisme complexe décidé à absorber l’Humanité en son sein au terme d’un processus reposant sur le conditionnement de masse et la soumission aux idées subversives que véhiculent les médias. L’Apocalypse s’accomplira étrangement dans une douceur sensuelle malsaine et troublante.
3. La Planète suppliciée (1976)
La planète suppliciée, c’est la Terre que des êtres très évolués venus de l’amas globulaire M 13 ont décidé d’occuper et de piller de toutes ses ressources. Mais il faut d’abord éliminer la totalité de ses habitants, et un biologiste généticien fournit à son insu le moyen radical : bloqué à un stade intermédiaire, son processus de création d’ultravirus devant constituer l’arme absolue de demain engendre des virus neurotropes aussitôt disséminés de par le monde. L’Humanité tout entière bascule dans la dépression totale et n’aspire plus qu’à mourir, ayant perdu émotions, sensations, plaisir, besoins élémentaires, envie de vivre… Ainsi se conclut en treize pages une histoire fantastique oppressante aux personnages manipulés, téléguidés et confrontés à un irrationnel croissant, dans une grande maison de la côte hollandaise dont les extraterrestres ont fait leur tête de pont. Tout ce qui précède le climax apocalyptique est une progression lente et implacable du mystère, de l’angoisse et de la peur. Plongeant enfin dans une indifférence absolue au drame planétaire qui précipite l’Humanité « au rendez-vous de la mort joyeuse » (*), les quatre héros malgré eux seront sauvés en tant que spécimens de Terriens destinés au « zoo » des maîtres de M 13.
(*) Petit emprunt à Juan Buñuel et Pierre J. Maintigneux
(*) Petit emprunt à Juan Buñuel et Pierre J. Maintigneux
4. Les Naufragés de l'Invisible (1977)
Dans Les naufragés de l’invisible, une grande demeure familiale de la banlieue londonienne est le siège de morts, phénomènes et aberrations rappelant les manifestations fantastiques de La maison des damnés (*). Michel Clarence et Ritchie Mirko enquêtent sur place, avec des experts pluridisciplinaires, à la demande de la jeune héritière qui, entre-temps, disparaît dans la demeure sans laisser de traces. L’endroit est l’un des seuils de contact avec une autre dimension qui dissimule un gigantesque satellite spatial semi-organique. Ses constructeurs et maîtres sont des êtres électromagnétiques arrivés à un stade très avancé de l’évolution, les Orloors. Depuis la destruction de leur planète-mère, ils parcourent l’Univers, choisissent des mondes à population humanoïde et y enlèvent des femmes. Mais leur offensive contre la Terre frappe aussi les centrales, les usines de retraitement et les sites de recherches nucléaires, comme s’ils voulaient freiner ou arrêter les activités liées à l’atome. Rematérialisée dans le satellite invisible, la jeune disparue découvre un environnement fascinant, symbiotique et dangereux mais ne perce pas le mystère du Secret des Secrets, dans le Temple central de la prodigieuse cité des Orloors, car Clarence la rejoint et l’arrache à un destin sûrement horrible. La menace sera contrée par l’explosion de déchets nucléaires transférés dans le satellite mais celui-ci est vaste, et les Orloors puissants. Un jour ou l’autre, ils reviendront s’en prendre à la Terre – dont ils sont originaires…
(*) Richard Matheson, J’ai Lu S.-F. n°612, 1975
(*) Richard Matheson, J’ai Lu S.-F. n°612, 1975
5. Le Secret des Secrets (1978)
Le secret des secrets se cache quelque temps plus tard dans le Pacifique Sud, sur l’Île Sardonique où les Américains ont installé une base militaire et scientifique pour y assembler la première bombe à antimatière. Michel Clarence et tous les experts du vivant « conviés » en urgence à se rendre là-bas sont confrontés au vrai problème, l’altération cyclique et aberrante de la biosphère de l’île dont le sol même présente une activité psychique, avec des conséquences mortelles qui rayonnent sur toute la Terre. Le foyer des phénomènes se situe au centre de l’île, une montagne abritant un gigantesque organisme protoplasmique capable d’affecter même l’espace-temps. Clarence apprend de Claude Éridan en personne que Sardonique est un fragment de planète étrangère amené là par les Orloors dans le but probable de garantir leur propre existence à 40 000 ans dans le futur. Mais la menace qu’ils font peser sur la Terre et l’Univers est telle que l’île devra être anéantie à l’aide d’une boîte noire gremchkienne au tout début de l’offensive des Orloors. Clarence et la seule survivante du corps scientifique entre-temps massacré sont donc ramenés huit mois dans le passé, avant même l’implantation de la base américaine, et récupérés par un porte-hélicoptères de l’U.S. Navy. L’Île Sardonique est détruite par l’arme gremchkienne alors qu’elle s’élève au-dessus de la mer pour aller rejoindre la dimension des Orloors.
La description impressionnante des altérations biologiques et spatiotemporelles préfigure par moments ce que l’on lira et verra quarante ans plus tard dans Annihilation (*). L’atmosphère a quelques accents lovecraftiens et les passages inspirés ne manquent pas, telle l’errance dans une forêt devenant soudain de cristal et de verre, mais l’histoire se ressent hélas du « défaut » devenu chronique chez Clauzel, la promesse maintes fois répétée de formidables révélations qui n’arrivent jamais.
(*) Roman de Jeff VanderMeer (2014) et film d’Alex Garland (1978)
La description impressionnante des altérations biologiques et spatiotemporelles préfigure par moments ce que l’on lira et verra quarante ans plus tard dans Annihilation (*). L’atmosphère a quelques accents lovecraftiens et les passages inspirés ne manquent pas, telle l’errance dans une forêt devenant soudain de cristal et de verre, mais l’histoire se ressent hélas du « défaut » devenu chronique chez Clauzel, la promesse maintes fois répétée de formidables révélations qui n’arrivent jamais.
(*) Roman de Jeff VanderMeer (2014) et film d’Alex Garland (1978)
6. Comme un Orgue d'Enfer... (1979)
Comme un orgue d’enfer…, s’ouvre sur une série d’apparitions inexplicables, en pleine nature entre Aix et Digne, dont le témoin « disparaît » en laissant photographies et films : ballet de panneaux volants transparents comme du cristal, flammes noires, rangées d’yeux rouges lumineux, plan vertical de ce qui ressemble à une ville morte… Diana, l’épouse de l’observateur, se retrouve vite à Hanovre aux côtés de Michel Clarence et Ritchie Mirko dans un gigantesque centre souterrain de recherches biogénétiques et énergétiques où l’on tente de comprendre le phénomène ainsi que de combattre l’invasion de vers métalliques parasites survenue peu après et comptant déjà une foule de victimes. Quelques mois plus tard, l’attaque des « cosmozoaires » s’intensifie, frappe la ville de Hanovre et toute sa population puis s’étend aux environs. Diana, qui a fui jusqu’aux abords de Hameln, assiste à l’apparition d’une immense « aurore boréale » qui se mue en un orgue céleste géant, prodigieux de couleurs et de sons fascinants, dont l’attirance est irrésistible pour tous les spectateurs hypnotisés. Clarence ne pourra sauver ni la jeune femme, ni les habitants de la ville qui, sous emprise, embarquent à bord des immenses disques volants formés par les « cosmozoaires » agglomérés. Les motivations des créatures métalliques et le destin de leurs victimes demeureront un mystère total.
L’horreur « organique » fait plusieurs apparitions somme toute convenues dans ce roman dont, à nouveau, la dominante est l’atmosphère fantastique. Des scènes d’une absolue étrangeté et quelques visions véritablement inspirées émaillent ce qui s’avère au final une variation inattendue sur la vieille légende du joueur de flûte de Hamelin, selon la loi de l’« éternel retour des choses d’ici-bas » déjà illustré notamment dans la conclusion de La terrible expérience de Peter Home.
L’horreur « organique » fait plusieurs apparitions somme toute convenues dans ce roman dont, à nouveau, la dominante est l’atmosphère fantastique. Des scènes d’une absolue étrangeté et quelques visions véritablement inspirées émaillent ce qui s’avère au final une variation inattendue sur la vieille légende du joueur de flûte de Hamelin, selon la loi de l’« éternel retour des choses d’ici-bas » déjà illustré notamment dans la conclusion de La terrible expérience de Peter Home.
7. Si claire était la Nuit (1979)
Si claire était la nuit que Néria (diminutif de Naerida) s’est réveillée, surprise et fascinée par l’étrange lumière baignant de féérie le paysage d’hiver autour de son cottage du Sussex, près du village d’Eldridge. Sortie pour observer l’inexplicable phénomène, elle a rencontré Sheete, son plus proche voisin, lui aussi témoin de cette étonnante ambiance nocturne. Néria plonge ensuite peu à peu dans l’angoisse et le mystère. Sheete disparaît plusieurs jours, puis réapparaît en disant qu’il a été enlevé, qu’on lui a effacé des souvenirs, qu’il a eu certaines révélations mais qu’on les a scellées dans son inconscient. Les habitants d’Eldridge ont été remplacés par des inconnus, une activité bizarre règne dans le village, les communications avec le monde extérieur sont coupées, la région est isolée et on ne peut en sortir…
Néria apprend que son cottage est l’épicentre du problème et qu’elle ne doit en aucun cas s’approcher du Mont Perdu, le point culminant du secteur. Bravant tout de même l’interdit, elle découvre une immense caverne où des êtres humains, a priori les habitants du village, subissent une terrifiante mutation. Sheete s’y rend à son tour en pressentant qu’il doit y accomplir une mission précise et entrevoit la vérité sur ce qui se passe. Sous le Mont Perdu, des créatures venues il y a fort longtemps d’Alcyon des Pléiades ont aménagé un cimetière où gisent leurs morts en attendant de revivre grâce à l’énergie électromagnétique des Humains. Très évolués, les Alcyoniens sont des prédateurs cosmiques qui dépeuplent ainsi une à une les planètes pour eux favorables. Ils sont cependant menacés par les microspores de néant issues d’un trou noir, qui ont pris possession de Céléno, un autre monde des Pléiades qu’elles visent à conquérir dans leur ensemble avec les Hyades. Aussi présents sur Terre, les Céléniens ont surgi dans la cave même du cottage de Néria durant cette nuit aussi claire que le jour, un phénomène résultant de leur arrivée via une courbure de l’espace-temps. Déterminés à anéantir les Alcyoniens, ils ont pris sous leur influence Néria et Sheete, donnant à celui-ci le moyen nécessaire qui permettra aussi de sauver toutes les victimes humaines. Quant aux inconnus muets substitués aux habitants d’Eldridge, ce sont des natifs d’Aldébaran qui, venus là en simples observateurs, ont installé une base secrète passée totalement inaperçue et isolé la région dans leur seul intérêt.
Tout semblera rentrer dans l’ordre jusqu’à ce que le jeune couple découvre qu’ils ne sont plus sur Terre mais en orbite autour d’elle, sur un fragment de sa surface arraché par les envahisseurs… Des engins spatiaux de toutes les puissances mondiales viendront chercher le maximum possible d’exilés involontaires juste avant que le « satellite » se volatilise en un éclair.
Une belle ambiance fantastique, des scènes vraiment inspirées et parfois magiques, telles ces processions de petites sphères lumineuses – des Céléniens – se rendant au Mont Perdu pour tenter de détruire les Alcyoniens, deux personnages manipulés et plongés dans l’angoisse d’une fantasmagorie irrationnelle, procurent à ce Clauzel déguisé un attrait non négligeable même si les clefs de l’affaire sont quelque peu embrouillées, et la fin vite expédiée. Mythes et symboles sont toujours au rendez-vous avec Sheete et Naerida, anagrammes de Thésée et d’Ariadne, face à un Minotaure venu de la constellation… du Taureau.
Néria apprend que son cottage est l’épicentre du problème et qu’elle ne doit en aucun cas s’approcher du Mont Perdu, le point culminant du secteur. Bravant tout de même l’interdit, elle découvre une immense caverne où des êtres humains, a priori les habitants du village, subissent une terrifiante mutation. Sheete s’y rend à son tour en pressentant qu’il doit y accomplir une mission précise et entrevoit la vérité sur ce qui se passe. Sous le Mont Perdu, des créatures venues il y a fort longtemps d’Alcyon des Pléiades ont aménagé un cimetière où gisent leurs morts en attendant de revivre grâce à l’énergie électromagnétique des Humains. Très évolués, les Alcyoniens sont des prédateurs cosmiques qui dépeuplent ainsi une à une les planètes pour eux favorables. Ils sont cependant menacés par les microspores de néant issues d’un trou noir, qui ont pris possession de Céléno, un autre monde des Pléiades qu’elles visent à conquérir dans leur ensemble avec les Hyades. Aussi présents sur Terre, les Céléniens ont surgi dans la cave même du cottage de Néria durant cette nuit aussi claire que le jour, un phénomène résultant de leur arrivée via une courbure de l’espace-temps. Déterminés à anéantir les Alcyoniens, ils ont pris sous leur influence Néria et Sheete, donnant à celui-ci le moyen nécessaire qui permettra aussi de sauver toutes les victimes humaines. Quant aux inconnus muets substitués aux habitants d’Eldridge, ce sont des natifs d’Aldébaran qui, venus là en simples observateurs, ont installé une base secrète passée totalement inaperçue et isolé la région dans leur seul intérêt.
Tout semblera rentrer dans l’ordre jusqu’à ce que le jeune couple découvre qu’ils ne sont plus sur Terre mais en orbite autour d’elle, sur un fragment de sa surface arraché par les envahisseurs… Des engins spatiaux de toutes les puissances mondiales viendront chercher le maximum possible d’exilés involontaires juste avant que le « satellite » se volatilise en un éclair.
Une belle ambiance fantastique, des scènes vraiment inspirées et parfois magiques, telles ces processions de petites sphères lumineuses – des Céléniens – se rendant au Mont Perdu pour tenter de détruire les Alcyoniens, deux personnages manipulés et plongés dans l’angoisse d’une fantasmagorie irrationnelle, procurent à ce Clauzel déguisé un attrait non négligeable même si les clefs de l’affaire sont quelque peu embrouillées, et la fin vite expédiée. Mythes et symboles sont toujours au rendez-vous avec Sheete et Naerida, anagrammes de Thésée et d’Ariadne, face à un Minotaure venu de la constellation… du Taureau.
8. Les Cendres de la Nuit... (1983)
Les cendres de la nuit… sont tout ce qu’il va rester de l’Humanité après une Apocalypse d’horreur et de cauchemar déclenchée par des superintelligences prédatrices issues d’une galaxie errante qui a traversé sans heurts la Voie Lactée. Ces zones de conscience, de tissu psychique, de pensée à l’état pur, installées en divers points du globe, ont d’abord contaminé l’esprit des Contactés et des Vectoriels nécessaires à leur plan d’anéantissement. Les Contactés sont devenus porteurs de facultés destructrices au déclenchement cyclique, les Vectoriels ont perverti l’intellect de millions de leurs semblables par l’intermédiaire de livres laissant l’empreinte d’un conditionnement négatif. La première mission des Contactés a été de neutraliser les seules armes qui auraient pu vaincre les prédateurs : les bombes M, ou bombes à gluons, génératrices de radiations « propres » effaçant l’intelligence.
Frédéric Hoffmann, Contacté par hasard dans la forêt de Murdoch, en Bretagne, a commencé par rayer de la carte le paisible village d’Ebenezer. Il peut désintégrer personnes et objets dans l’explosion d’une flamme bleue, momifier en accéléré n’importe quel être vivant. Pour cela, des forces militaires le traquent et l’isolent du monde environnant. Il ne réalise qu’a posteriori pourquoi tout s’est arrêté et désertifié autour de lui à plusieurs reprises, mais il refuse de devenir sujet d’expérience et prend la fuite avec sa fiancée, elle aussi emprisonnée au seul motif de l’avoir connu. Dans une hallucinante course à l’abîme, le couple voit tout s’écrouler autour de lui, les gens se décomposer, se réduire à l’état d’écorchés vifs puis de squelettes à cause des virus disséquants libérés par d’autres Contactés. De par le monde, la population périt de morts aussi effroyables ou de maladies et d’empoisonnements également provoqués sous l’emprise des maléfiques zones d’intelligence venues de la galaxie de Satan, une « galaxie de retour ayant atteint les limites mêmes de l’Univers et dépassé tous les stades de l’évolution, une galaxie récurrente amorçant la recondensation de toute la Création. » Il n’y aura ni issue, ni futur…
Cet étrange roman s’ouvre dans un climat fantastique halluciné, se bâtit sur très peu d’éléments S.-F. (dont une variante du primum movens vu dans À l’aube du dernier jour…), propose plusieurs scènes gore à glacer le sang et, au milieu de tout cela, offre quelques pages d’une indéniable poésie teintée de romantisme. Le schéma du « Contacté qui ne le sait pas mais va le découvrir dans des circonstances terribles » n’a certes rien de novateur. Néanmoins, grâce à des ambiances et des atmosphères évoquées avec intensité, Clauzel « emballe » le lecteur jusqu’au terme de ce voyage au bout de la nuit – et de l’enfer.
Frédéric Hoffmann, Contacté par hasard dans la forêt de Murdoch, en Bretagne, a commencé par rayer de la carte le paisible village d’Ebenezer. Il peut désintégrer personnes et objets dans l’explosion d’une flamme bleue, momifier en accéléré n’importe quel être vivant. Pour cela, des forces militaires le traquent et l’isolent du monde environnant. Il ne réalise qu’a posteriori pourquoi tout s’est arrêté et désertifié autour de lui à plusieurs reprises, mais il refuse de devenir sujet d’expérience et prend la fuite avec sa fiancée, elle aussi emprisonnée au seul motif de l’avoir connu. Dans une hallucinante course à l’abîme, le couple voit tout s’écrouler autour de lui, les gens se décomposer, se réduire à l’état d’écorchés vifs puis de squelettes à cause des virus disséquants libérés par d’autres Contactés. De par le monde, la population périt de morts aussi effroyables ou de maladies et d’empoisonnements également provoqués sous l’emprise des maléfiques zones d’intelligence venues de la galaxie de Satan, une « galaxie de retour ayant atteint les limites mêmes de l’Univers et dépassé tous les stades de l’évolution, une galaxie récurrente amorçant la recondensation de toute la Création. » Il n’y aura ni issue, ni futur…
Cet étrange roman s’ouvre dans un climat fantastique halluciné, se bâtit sur très peu d’éléments S.-F. (dont une variante du primum movens vu dans À l’aube du dernier jour…), propose plusieurs scènes gore à glacer le sang et, au milieu de tout cela, offre quelques pages d’une indéniable poésie teintée de romantisme. Le schéma du « Contacté qui ne le sait pas mais va le découvrir dans des circonstances terribles » n’a certes rien de novateur. Néanmoins, grâce à des ambiances et des atmosphères évoquées avec intensité, Clauzel « emballe » le lecteur jusqu’au terme de ce voyage au bout de la nuit – et de l’enfer.