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Odyssée sous contrôle, réédition @ 1979 Fleuve Noir | Illustration de couverture @ doc. Vloo Young Artists | Photo @ Bruno Blanzat, édition privée
Illustration et quatrième de couverture
Ce fut d'abord une longue patte pointue, pleine de poils clairsemés, comme une patte de langouste géante, qui tâtonna parmi les débris de la cloison.
La terreur d'Inès restait assez lucide pour qu'elle pût détailler cette patte. L'extrémité n'en était pas exactement pointue, mais faite de plusieurs griffes luisantes...
Fiche de lecture
À bord d’un vaisseau en approche de Pink-Moon, le jeune Michel Maistre fait la connaissance d’Inès, lauréate du premier prix de poésie aux Jeux nobles de Chrysale. Mais leur idylle tourne court. Michel est l’agent 27, espion sous couverture, chargé d’une mission secrète : mettre à jour un complot impliquant les cépodes, des sortes de poulpes intégrés à la société humaine, qui pourraient mettre en péril toute une planète, voire tout un système...
***
C’est une aventure haute en couleur dans laquelle se lance Stefan Wul. C’est du Space Bond enlevé, avec de la romance et des bases secrètes qui pètent, de fausses identités et des cocktails au bar, des pains dans la gueule et des méchants très méchants.
Michel Maistre, le héros, a la panoplie du surmâle, costaud et débrouillard, sans peur et sans reproche. Parfois, quand il appelle la belle Inès « mon petit », on a quand même envie de lui en foutre une, même s’il n’atteint pas la pédanterie de François dans Ravage [1] de Barjavel.
La tendre Inès n’arrange rien, elle lui tresse des louanges excessives :
« Cavalier de rayon, cavalier d’arc-en-ciel,
Le dieu viendra peut-être à mon séjour de peine... »
La scène la plus marquante est sans nul doute celle du labo, façon Docteur Moreau, où Michel n’est plus qu’un cerveau dans un bocal. Une vraie bonne tranche d’horreur dont on est heureux qu’il se sorte indemne. C’est le tour de force de ce genre d’histoire : à la moitié du récit, le héros est dans une mouscaille pas possible, tellement pas possible qu’on ne voit pas comment il peut s’en sortir. « Il ne pouvait même pas étouffer de rage, n’ayant ni cœur ni poumons. Toutes les réactions viscérales qui accompagnent les émotions et en constituent peut-être une bonne partie, tout cela ne voulait plus rien dire pour lui. »
Quel mental et quelle paire de boules de pétanques il a ce Michel ! Plus fort que les cépodes et les nains gris, il reprend la main, récupère sa promise, et s’échappe dans l’enfer vert de la planète Emeraude ! Et bien je l'avoue, je m'identifie à Michel, je suis Michel quand j'enquille sur la voie de bus pour traverser Paname de Maillot à Bercy un vendredi à 16h en moins de vingt minutes, quand je tiens une porte avec les dents pendant que je finis de fixer un gond qui s'est barré, quand j'arrive à enchaîner une journée de boulot, les courses pour la semaine et une soirée ciné. Je suis Michel !
Bon, mais il y a un twist final qui douche pas mal les élans épiques. On est finalement dans un Total Recall avant l’heure, mais ce n’est pas grave. On aura appris l’existence de l’adjectif pers, couleur où le bleu domine, et on aura connu le vertige des « lentes, si lentes chutes qui donnent la sensation d’une ascension inverse dans un ciel de néant ».
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C’est une aventure haute en couleur dans laquelle se lance Stefan Wul. C’est du Space Bond enlevé, avec de la romance et des bases secrètes qui pètent, de fausses identités et des cocktails au bar, des pains dans la gueule et des méchants très méchants.
Michel Maistre, le héros, a la panoplie du surmâle, costaud et débrouillard, sans peur et sans reproche. Parfois, quand il appelle la belle Inès « mon petit », on a quand même envie de lui en foutre une, même s’il n’atteint pas la pédanterie de François dans Ravage [1] de Barjavel.
La tendre Inès n’arrange rien, elle lui tresse des louanges excessives :
« Cavalier de rayon, cavalier d’arc-en-ciel,
Le dieu viendra peut-être à mon séjour de peine... »
La scène la plus marquante est sans nul doute celle du labo, façon Docteur Moreau, où Michel n’est plus qu’un cerveau dans un bocal. Une vraie bonne tranche d’horreur dont on est heureux qu’il se sorte indemne. C’est le tour de force de ce genre d’histoire : à la moitié du récit, le héros est dans une mouscaille pas possible, tellement pas possible qu’on ne voit pas comment il peut s’en sortir. « Il ne pouvait même pas étouffer de rage, n’ayant ni cœur ni poumons. Toutes les réactions viscérales qui accompagnent les émotions et en constituent peut-être une bonne partie, tout cela ne voulait plus rien dire pour lui. »
Quel mental et quelle paire de boules de pétanques il a ce Michel ! Plus fort que les cépodes et les nains gris, il reprend la main, récupère sa promise, et s’échappe dans l’enfer vert de la planète Emeraude ! Et bien je l'avoue, je m'identifie à Michel, je suis Michel quand j'enquille sur la voie de bus pour traverser Paname de Maillot à Bercy un vendredi à 16h en moins de vingt minutes, quand je tiens une porte avec les dents pendant que je finis de fixer un gond qui s'est barré, quand j'arrive à enchaîner une journée de boulot, les courses pour la semaine et une soirée ciné. Je suis Michel !
Bon, mais il y a un twist final qui douche pas mal les élans épiques. On est finalement dans un Total Recall avant l’heure, mais ce n’est pas grave. On aura appris l’existence de l’adjectif pers, couleur où le bleu domine, et on aura connu le vertige des « lentes, si lentes chutes qui donnent la sensation d’une ascension inverse dans un ciel de néant ».
Note :
[1] À noter que les personnages ont les mêmes âges : 22 ans pour le gars, et 17 ans pour la fille. Le couple cliché qu’on trouve également dans Le Ressac de l’espace de Curval, et d’autres histoires de cette époque.
[1] À noter que les personnages ont les mêmes âges : 22 ans pour le gars, et 17 ans pour la fille. Le couple cliché qu’on trouve également dans Le Ressac de l’espace de Curval, et d’autres histoires de cette époque.