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Les Enfants de Paradis | Arnauld Pontier | 2022

25/11/2022
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Illustration et quatrième de couverture

Au fond du cratère, assis, adossé à un monticule(*), se tenaient les restes d’un être humanoïde de grande taille, enveloppé dans ce qui semblait être une combinaison spatiale. Une armure qui, dans sa partie supérieure, ressemblait à une broigne médiévale. Mais, sous ce qui restait du plastron d’écailles, aucun corps ne subsistait. Ce qui était inhabituel, outre la taille de cet être – près de trois mètres –, était la forme triangulaire de ce qui avait dû être un casque…

Cette extraordinaire découverte, près d’une base lunaire russe, va conduire à l’exploration d’une lointaine planète, aussitôt baptisée Paradis, qui, si elle s’avère parfaitement adaptée à la vie humaine, révélera bien des surprises…

Sommes-nous seuls dans l’univers ? Existe-t-il d’autres civilisations compatibles avec la nôtre ? Où se situe la véritable liberté ? Ce sont quelques-unes des questions que pose ce Planet Opera riche en rebondissements. Ce sera au commandant de l’Anterus, Mac Bain, à son équipe de scientifiques et à son étrange partenaire, la belle Irina Kheraskov, d’y répondre.
 
(*) Et non Ă  la colline…

Fiche de lecture

« C'est une histoire Ă©trange,
Peut-ĂŞtre mĂŞme que c'est qu'un rĂŞve Â»
comme le chante certain rappeur(1).

Car oui, voilĂ  une histoire « Ă©trange Â», je dirais mĂŞme « agrĂ©ablement Ă©trange Â».

Et le pire est que je serais bien incapable de dire où réside exactement son étrangeté tant elle possède de facettes étonnantes, véritable melting-pot de références et de clins d’œil, certains clairement affichés, d’autres plus discrets, ou encore ceux que le texte peut évoquer ou éveiller selon les envies et connaissances de chacun.

Personnellement, j’ai repensĂ© Ă  « Les terres creuses Â» de Moorcock, le cycle « Le monde de la terre creuse Â» d’Alain Paris, « Pellucidar Â» d’Edgar Rice Burroughs, les BD « Les terres creuses Â» des Schuiten, « Les Terres creuses : bibliographie commentĂ©e des mondes souterrains imaginaires Â» du regrettĂ© Joseph Altairac et de Guy Costes, etc., mais aussi Ă  La faune de l’espace d’A.E. Van Vogt, Chanur de Carolyn J. Cherryh, 2001, l’odyssĂ©e de l’espace d’Arthur C. Clarke, les sĂ©ries Babylon 5 ou Farscape, et tant d’autres encore que je ne puis citer, sauf Ă  vous jeter dans un inventaire Ă  la PrĂ©vert ce qui n’est pas le propos.

Or donc, ici, et bien que nous soyons sur la Lune, point de monolithe noir, mais un scaphandre gigantesque portant d’étranges inscriptions et surtout les coordonnĂ©es spatiales d’une planète paumĂ©e au fin fond de la galaxie (si ! si !). DĂ©tail, un navire a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© envoyĂ© lĂ -bas qui ne rĂ©pond plus, ne donne plus le moindre signe de vie. Aussi, toutes les nations membres de la FĂ©dĂ©ration (150 Ă©tats terrestres, une paille) et installĂ©es sur la Lune (i.e. capables de concevoir ou de participer Ă  la conception de vaisseaux spatiaux) se rĂ©unissent et fabriquent un Ă©norme engin, baptisĂ© l’AntĂ©rus. S’y retrouvent AmĂ©ricains (avec la NASA, toujours vivace, tiens), Russes, Chinois, Japonais, et bien d’autres encore.

Ă€ leur tĂŞte, un certain Mac Bain(2) ahuri d’y ĂŞtre nommĂ© Commandant sans rien avoir su de tout cela, mais propulsĂ© lĂ  sans avoir le choix, par un patron qui ne dĂ©livre les informations qu’au compte-gouttes (ne pas dĂ©passer la dose prescrite, s’il vous plaĂ®t), mais lance piques, remarques assassines et fumĂ©e de son vapocigare Ă  tire-larigot (mais sans apprĂ©cier d’être moquĂ©, lui). DĂ©tail important, une personne qui fascine et attire Mac Bain sera du voyage : la très douĂ©e et très particulière Irina(3) Kheraskov(4), dont l’humour et l’empathie sont aussi exubĂ©rants que les rires d’un bloc de marbre spĂ©cialement taillĂ© pour recouvrir la tombe d’un ex-membre cacochyme du Politburo.

L’auteur prend le temps de poser dĂ©cors et personnages autant que situations politiques et technologiques, avant de nous lancer dans l’espace et dans un long, très long voyage qui se rĂ©sumera, heureusement pour nous, Ă  quelques descriptions des pĂ©riodes d’éveil dudit commandant. Voyage rapide aussi pour le reste des troupes qui dort profondĂ©ment grâce Ă  une technologie de mise en suspens. Et soudain voici la planète, baptisĂ©e « Paradis Â» sur l’idĂ©e d’Irina. Un paradis au goĂ»t d’abord amer, car il referme ses serres et son piège sur le navire et l’équipage, telle que le ferait une gĂ©ante nepenthes vogelii (je vous autorise Ă  utiliser WikipĂ©dia, si et uniquement si vous ne connaissez pas cette gentille petite plante).

Ă€ partir de lĂ , nous basculons dans un autre univers, improbable, fantasque et particulièrement mystĂ©rieux. Et, autant les trois premiers chapitres de l’aventure se veulent classiques et posĂ©s, autant cette seconde partie se rĂ©vèle intrigante et par lĂ  mĂŞme attirante ; ce qui fait qu’une fois abordĂ©e, je n’ai pu refermer le livre avant d’en atteindre le mot fin – psst : c’est une blague, le mot fin n’est pas Ă©crit, mais comme il n’y a plus rien après la page 184, je me suis dit que c’était la fin.

Bien Ă©videmment, impossible de vous rĂ©vĂ©ler quoi que ce soit de cette aventure sans vous gâcher le plaisir. Pour ma part, le mien fut intense et « subjectivement Â» amplifiĂ© par quelques dĂ©tails ; en effet, maĂ®tre Arnauld Pontier a, comme moi, l’habitude de glisser des rĂ©fĂ©rences et clins d’œil dans ses histoires, d’user d’expressions et de termes idiomatiques, d’ethnonymes et d’anthroponymes bien choisis. En clair, mille petites « choses Â» qui ajoutent du piment Ă  ses phrases, autant qu’elles obligent Ă  quelque gymnastique intellectuelle, nous Ă©vitant ainsi tout risque de dysmnĂ©sie durant la lecture.

J’avoue – même pas honte – qu’Irina – qui a suffisamment titillé ma curiosité pour que je devine sa situation avant qu’elle ne soit révélée – reste mon personnage préféré, que la faune m’a enchanté de par son tigre-sanglier – qui m’a fait songer à mes animaux mutants au cœur des Ajusteurs – et… je vous laisse profiter du reste.

Si vous en avez l’occasion, n’hĂ©sitez pas et, si vous ne l’avez pas, provoquez-la, vous vous en rĂ©jouirez, car « Les enfants de Paradis Â» (rien Ă  voir Ă©videmment avec le film de Marcel CarmĂ©) est un petit plaisir SF, presque trop rapide tant il se lit facilement et vite.
 
Notes
(1)
 Laylow.
(2) Pas pu m’empĂŞcher de penser Ă  Ed McBain et au 87e district.
(3) DĂ©rivĂ© d’Irène ou EirĂŞnĂŞ, une des Heures incarnant la « Paix Â».
(4) Si vous ne connaissez pas, recherchez donc MikhaĂŻl MatveĂŻevitch Kheraskov.

JC Gapdy
Copyright @ J.C. Gapdy pour Le Galion des Etoiles. Tous droits réservés. En savoir plus sur cet auteur


đź’¬Commentaires

1.Posté par Koyolite TSEILA le 12/01/2023 12:50 | Alerter
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KoyoliteTseila
Sur Terre il y a plus d’un siècle, sur Mars il y a cinq ans de cela, et à présent sur la Lune, les vestiges de trois êtres humanoïdes de grande taille ont été découverts. Les motifs du plastron de leur armure indiquent des coordonnées spatiales. Celles d’une exoplanète située dans le système stellaire d’Alpha du Centaure. Trois scaphandriers assis en trois points du système solaire, telles des balises de détresse. Trois preuves qu’il existe, à quelque part dans l’univers, une intelligence extraterrestre...

Mac Bain de la NASA se voit confier le commandement de l’Antérus, un imposant navire de guerre composé d’un équipage de 75 personnes (militaires et scientifiques de nationalités multiples). A leur réveil après un voyage stellaire de vingt années, les Terriens sont arrivés à destination. La planète des coordonnées est plus grande que le berceau de l’humanité, et au moins toute aussi belle. Ils s’empressent de la baptiser Paradis. Mais tandis que l’Antérusest sur le point d’aparadir (*), un gouffre s’ouvre soudain sous lui et l’attire irrémédiablement dans les profondeurs de la planète.

Lorsque le vaisseau est enfin posé au fond du cratère, il totalement est hors-service, vidé de son énergie, tout comme l’ensemble des équipements. Sans source d’alimentation, impossible de repartir de là. Résolu, l’équipage se hasarde à l’extérieur et découvre alors que Paradis abrite tout un monde sous la surface et qu’il est vivable. N’ayant pas d’autre choix que celui d’explorer cet endroit, c’est une incroyable aventure qui commence pour ces Terriens équipés de moyens rudimentaires et qui vont aller de surprises en surprises !

***

Avec sa flore et sa faune, ses formidables espèces extraterrestres qui la peuplent et ce monde sous la surface fragmenté en plusieurs régions séparées par des passages, Paradis est un univers foisonnant, fort bien élaboré par Arnauld Pontier, qui a même poussé le détail jusqu’à construire – à l’instar de l’espéranto - un langage commun à toutes les espèces : le wolof.

Le concept d’une planète qui capture tout ce qui s’en approche et qui attire ses « proies » dans ses entrailles pour se nourrir, non pas d’elles, mais de l’énergie issue de leurs technologies et qui, en échange, offre à ses « hôtes » tout le confort nécessaire pour s’y loger et y vivre, m’a séduite. C’est intrigant : on se demande dans quel but la planète fait cela.

Le scénario est captivant. L’on ne cesse de s’interroger sur la nature des signaux qui ont attirés les Terriens su...

2.Posté par ARNAULD PONTIER le 13/01/2023 12:17 | Alerter
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Arnauld57
Je suis très touché de ces critiques ! Merci JCG et Capt'aine Koyolite !
Le Galion et ses galionautes me gâtent.
Si après ça, ce roman ne navigue pas très loin, je n'y comprends plus rien ;)

PS : Et si un dessinateur de BD est partant pour faire de ces "Enfants de Paradis" un album, je suis partant !
J'attends vos candidatures :)

3.Posté par Djackdah RIKER le 15/01/2023 18:32 | Alerter
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Djackdah
Mes camarades ont déjà dit tout le bien qu'ils pensaient de ce livre, et je n'ai pas grand chose à rajouter.

J'avoue avoir eu un peu de mal au début à me sentir concerné par l'histoire, mais très vite (a partir du début de l'exploration) ce sentiment a disparu et j'ai pris plaisir à lire.

Comme dit plus haut de nombreuses références sont plus ou moins caché, et une notamment m'a beaucoup plus: pendant un long moment je trouvais des similitudes avec Rama d'Arthur C. Clarke, jusqu'à ce qu'un personnage le cite directement...

Une belle fable sur le vivre ensemble, l'exploration, le retour aux source Ă  travers le filtre de la SF.

4.Posté par Patrick ROTHLISBERGER le 12/05/2023 20:17 | Alerter
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Patrick
Après la découverte d'une combinaison spatiale d'un être de grande taille sur une base spatiale et des inscriptions de coordonnées d'une planète inconnue , le vaisseau Antérus part en direction de celle - ci .
Dès l'approche de la planète , le vaisseau est mystérieusement attiré .
Après avoir réussi à se sortir de ce mauvais pas , l'équipage va rencontrer et se familiariser avec d'autres races, elles aussi prises au piège ....

***************

Un plutôt bon roman comme on en lisait au FNA , avec une multitudes d'extra terrestres de toutes sortes dont l'auteur nous décrit le physique et les personnalités .
Un bon roman d'aventure , la mayonnaise prend bien et nous captive rapidement, plaisant à lire avec ses joies et ses moments de drames saupoudré d'une histoire d'amour .
Avec ce petit côté Mike Resnick , rien que par le nom donné à la planète ."Paradis" .

5.Posté par éric MARIE le 25/11/2023 18:02 | Alerter
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ATRAVERSLESPACE
J'ai lu il y a quelques mois ''les enfants de Paradis" et j'avoue m'être régalé. C'est un vrai Planète Opéra dans le bon sens du terme. On découvre une planète, les détails sont minutieux, on croirait faire partie des explorateurs. Le sujet: Après la découverte d'artéfacts extraterrestres près d'une base lunaire Russe, un vaisseau part en exploration vers une planète lointaine baptisée Paradis. Si vous avez comme moi, adoré "Rendez-vous avec Rama" de Mr Clarke vous trouverez quelques similitudes qui rendent ce roman passionnant. Arnauld Pontier dépeint parfaitement les personnages, tant physiquement que psychologiquement. L'auteur a créé tout un monde de diverses civilisations dont on suit l'évolution, les interactions. Les aspects sociologiques, anthropologiques scientifiques et économiques sont très bien traités. La lecture de ce court roman (à peine 200p) est fluide, l'humour est omniprésent et les sujets de réflexion ne manquent pas. Bref, une belle découverte qui nécessiterait un second opus tout aussi dépaysant.

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