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Le mystère des Sups | B.R. Bruss | 1967


Une fiche ajoutée dans nos cales par | 19/07/2023 | Lu 204 fois






Le mystère des Sups @ 1967 Fleuve Noir | Illustration de couverture @ Gaston de Sainte-Croix | Photo @ J.-M. Archaimbault, scan collection privée
Le mystère des Sups @ 1967 Fleuve Noir | Illustration de couverture @ Gaston de Sainte-Croix | Photo @ J.-M. Archaimbault, scan collection privée

Illustration et quatrième de couverture

D'où viennent les Sups, ces êtres mystérieux que personne n'a jamais vus, mais qui se sont installés — peu après la terrible guerre atomique qui ravagea notre planète — en trois points du globe terrestre devenus des « zones inviolables » ? Pourquoi aident-ils les hommes sur le plan technique tout en exigeant d'eux des « tributs » ? Nul ne le sait.

Ceux qui rêvent de les chasser y parviendront-ils ?

Ils auront en tout cas des surprises...

Chronologie de la période 2010-2412

En 2010, la Terre est peuplée de sept milliards trente ou trente-cinq mille habitants. Une guerre atomique mondiale éclate.

Vers 2110, après une lente renaissance de la civilisation survivante, les Sups interviennent pour la première fois dans le but de mettre fin à une nouvelle guerre conventionnelle ; ils mèneront ultérieurement plusieurs actions de même type.

En 2151, des Humains découvrent par hasard le « mur invisible » qui entoure l’un des lieux d’implantation des Sups et en interdit l’accès. Les Sups exigent la livraison du premier tribut.

En 2200, l’Organisation secrète de lutte contre les Sups est créée.

En 2230, les Sups procèdent à un « grand nettoyage » durant lequel ils collectent tous les ouvrages et données scientifiques de la seconde moitié du XIXe et du XXe siècle jusqu’à l’époque actuelle, démantèlent les industries nucléaires renaissantes et mettent un terme aux débuts de la reprise des industries et recherches astronautiques. Ils instaurent la régulation stricte du progrès. La Terre est partagée en deux cents districts.

En 2412, année durant laquelle se déroule le récit, la Terre compte près de huit cents millions d’habitants répartis dans les deux cents districts. Les Sups sont environ cent quarante mille, toujours établis dans les trois villes de Roem, Blany et Surlo, inaccessibles aux Humains ordinaires. Ceux-ci ignorent toujours qui sont les nouveaux maîtres du monde et imaginent les hypothèses les plus inquiétantes.

Fiche de lecture

Les héros principaux du roman sont des jeunes, tout juste sortis de l'adolescence, qui décident d'entreprendre la quête de la vérité et, si possible, de trouver s'il peut exister des moyens de briser une dictature certes non violente mais, pour eux, de plus en plus pesante et intolérable. Tout au long de leur parcours, ils seront tout autant surveillés que guidés à leur insu vers la découverte de la vérité. Car les Sups et leurs agents sont partout, peuvent se cacher sous l'identité de parents proches ou d'amis insoupçonnables, et sont à l'origine de l'Organisation secrète dont la finalité est de les combattre. Au terme de péripéties parfois très angoissantes, nos héros seront sidérés d'apprendre les tenants et aboutissants de ce complot planétaire sans précédent, entièrement tourné vers la paix et la survie des Humains.
 
Telles sont les révélations qui leur seront exposées en détail par un Sup (pages 228 à 232 du livre) :
« — […] Et croyez bien que nous ne vous sommes pas supérieurs, ni physiologiquement ni mentalement, car nous sommes faits du même sang et de la même chair que vous. Nous sommes des hommes et des femmes, comme vous. Et si l’Humanité, il y a quatre siècles, n’avait pas commis la folie de se lancer dans une guerre atomique effroyable, si elle avait renoncé aux guerres, elle serait dans son ensemble au même point de progrès que nous.
— Mais comment se fait-il que…
— Que nous ayons fait ce que nous avons fait ? Que nous soyons devenus pour vous les Sups ? Je vais vous le dire. Cela a commencé avant même la guerre atomique. Dès la fin du XXe siècle, de nombreux savants de tous les pays s’inquiétèrent des menaces effroyables qui pesaient sur le monde. Ceux qui s’inquiétaient étaient précisément ceux qui s’occupaient de ces armements monstrueux. Certains d’entre eux désertèrent. Dans chaque camp, on crut qu’ils étaient passés au camp adverse. Ce n’était pas le cas.
« Ces hommes, qui se voyaient dans des congrès scientifiques, qui se connaissaient et s’estimaient, avaient déjà fondé une sorte d’Organisation. Ils se fixèrent ici même, en cet endroit que nous appelons nous aussi Roem. Ils s’y installèrent secrètement avec leurs familles. Ils furent d’abord dix, puis vingt, puis cinquante. Ils s’organisèrent, ils s’outillèrent, au prix de mille difficultés. Il est vrai qu’ils avaient des appuis un peu partout de par le monde. Des hommes qui pensaient comme eux, et qui étaient en position de les aider, et qui savaient se taire, et qui plus tard les rejoignirent, leur firent passer à peu près tout ce dont ils avaient besoin pour continuer leurs travaux scientifiques.
« Le seul dessein de ce groupe était alors de tout mettre en œuvre pour empêcher une guerre atomique. Mais ils ne purent pas y parvenir. Ils ne détenaient pas le pouvoir politique. Et c’est avec une rage impuissante, avec désespoir, qu’ils virent le fléau se déchaîner sur le monde.
« Ils étaient alors plus d’un millier, réunis ici même avec leurs familles. Des savants de toutes les disciplines, des techniciens, et aussi des artistes, des philosophes. En tout, près de cinq mille personnes qui étaient en train d’aménager, dans la montagne voisine, une ville souterraine assez semblable à celle où nous vivons, vous et moi, dans les Montagnes Rocheuses.
[…]
— Après la guerre atomique, les nôtres n’eurent qu’une pensée : sauver la civilisation et empêcher l’espèce humaine de retomber dans des folies meurtrières. Nos aïeux ont travaillé dur. Pendant un siècle, ils ont agrandi leur domaine souterrain, leurs laboratoires, leurs ateliers. Pour mieux se comprendre entre eux, ils ont créé une langue synthétique commode. Ils ont fait très vite des découvertes prodigieuses. Quand ils furent en mesure de s’isoler du reste du monde par un écran magnétique, d’abord plus restreint que celui d’aujourd’hui, ils sont sortis au grand jour et ont commencé à construire la ville que vous avez vue. Plus tard, quand ils furent très nombreux et disposèrent d’engins spatiaux, ils se sont installés aussi en d’autres points du globe, à Blany et Sirlo…
— Mais pourquoi n’avez-vous pas repris contact avec le reste de l’espèce humaine ?
— Oh si, nous avons repris contact ! Mais nous l’avons fait sans dire qui nous étions, car nous ne voulions pas courir le risque de voir nos efforts anéantis. Croyez-vous que l’espèce humaine se serait relevée aussi vite si des hommes venus de Roem n’étaient pas allés un peu partout, lorsqu’un semblant d’organisation reparut, et que nous eûmes nous-mêmes les moyens de nous déplacer rapidement, apporter leur aide et leurs connaissances ? C’est avec joie que nous avons vu renaître des villes, des industries. Mais quand les nations qui s’étaient formées se livrèrent à des guerres, nous y avons mis le holà de la façon que vous savez. Nous avons fait de même quand nous avons vu apparaître des installations atomiques.
— Mais pourquoi avez-vous interdit les constructions astronautiques ? Et pourquoi avez-vous prélevé des tributs ?
— L’apparition de vaisseaux de l’espace, et à un moment où l’espèce humaine n’était pas encore orientée nettement vers la paix, constituait pour nous un danger.
« N’oubliez pas qu’il y a huit cents millions d’habitants à la surface du globe, et que nous ne sommes actuellement, dans nos trois villes, que cent quarante mille en tout. Nous travaillons au bien de l’espèce humaine, mais nous voulons le faire en toute sécurité.
« Si les savants, animés par les mêmes pensées que nous, s’étaient groupés comme nous avant que ne fût fabriquée la première bombe, et étaient parvenus à empêcher les guerres et à faire régner la justice, c’eût été bien préférable, et ils n’auraient pas tardé à exercer leur action bienfaisante au grand jour. Est-ce notre faute s’il en a été autrement ?
« Quant aux tributs dont vous parlez, et qui n’ont pas empêché le sort des populations de s’améliorer, en grande partie grâce à nous, et dans un climat plus libre, je vous dirai un peu plus tard pourquoi nous y avons recours, et à quoi ils nous servent. Alors, vous comprendrez tout.
— Ce que je ne comprends pas encore, c’est pourquoi vous avez créé notre Organisation…
— Pour constituer une élite de gens qui finissent par nous ressembler, par avoir les mêmes aspirations que nous, le même désir d’aider l’espèce humaine à devenir meilleure, à vivre mieux, à accomplir de grandes choses, et qui puissent un jour travailler avec nous. Votre révolte contre les Sups nous enchantait. Votre ardeur au travail nous réchauffait. »
 
Un peu plus loin, les héros de l’histoire vont découvrir que les Sups ont développé des aliments synthétiques et maîtrisent l’antigravitation tout autant que les champs de force. Grâce aux tributs essentiellement constitués de matières premières, de métaux et d’alliages qu’ils ont prélevés depuis bientôt trois siècles auprès des Humains ordinaires, ils ont construit plusieurs vaisseaux spatiaux et installé une importante colonie sur Mars.

B. R. Bruss nous livre donc, à travers ce roman de science-fiction populaire de bonne facture, la vision certes idéaliste mais néanmoins pertinente d’une « extrapolation » prospective de la mission qu’un gouvernement mondial occulte pourrait se donner afin de sauver les Humains de leurs erreurs et de leur propre déraison.

Il est d'autant plus surprenant que ce livre, aujourd'hui bien oublié, n'ait jamais fait l'objet d'une quelconque réédition. D'aucuns lui reprocheront son idéologie élitiste et la forme d'asservissement en relative douceur qu'il dépeint. Quoi qu'il en soit, son message principal, pacifiste et optimiste, est de ceux dont la lecture réconforte et, dans une certaine mesure, peut redonner foi positive en ce qu'il y a de meilleur chez les Humains.

Jean-Michel Archaimbault
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💬Commentaires

1.Posté par Fantasio ARDENNES le 19/07/2023 09:59 | Alerter
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Fantasio
Ça donne envie de le lire. Je vais voir si je l'ai dans mes étagères et si oui, le tirer de la poussière 😛

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