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Galaxies Science-Fiction no 79 | Andrevon, enfin ! | 2022


Une fiche ajoutée dans nos cales par | 10/10/2022 | Lu 386 fois






Galaxies Science-Fiction no 79 | Andrevon, enfin ! | 2022
Les lecteurs de Galaxies connaissent bien Jean-Pierre Andrevon, et ils ne sont pas les seuls. D’aussi longtemps que je me souvienne, Andrevon était là, comme un de ces personnages monumentaux dont on se dit qu’on ne pourra même jamais rêver de les approcher. Et puis un jour, je l’ai rencontré, à Nyons, en même temps que Michel Jeury. Andrevon, avec sa crinière de lion, semblait toujours aussi impressionnant, mais nous nous sommes peu à peu apprivoisés et quand avec Jean-Pierre Fontana il est venu me proposer d’intégrer dans Galaxies le dossier « Gudule » préparé pour Lunatique – revue à laquelle nous collaborions tous les trois sous la houlette de Jean-Luc Blary – et resté en attente, j’ai accepté, un peu émerveillé que de tels personnages vinssent me proposer de cheminer ensemble.

Et ainsi une fois par an, Andrevon allait devenir rédacteur en chef d’un numéro de Galaxies. Mais cela ne se limitait pas à cela: Jean-Pierre tenait et tient toujours régulièrement la chronique cinématographique de la revue, il m’a proposé aussi des textes de nouveaux auteurs, dont certains, comme Bruno Pochesci, sont depuis devenus des amis, et surtout des textes de lui ! En plus de cela, des dossiers mémorables sur les apocalypses, sur les dinosaures, sur Barjavel pour ne citer que ceux-là. Alors, quand Jean-Guillaume Lanuque m’a proposé à son tour un dossier Andrevon, et bien que l’auteur en question ait déjà fait l’objet d’un dossier dans un Galaxie(s) de la troisième série, j’ai accepté sans hésiter et je me réjouis aujourd’hui de pouvoir introduire ce numéro pour lequel tant de témoignages sont venus s’accumuler.

Pierre Gévart
Source : 
Galaxies SF | revue française consacrée à la science-fiction

Petits retours de lectures sur quelques nouvelles de cette revue

Sherlock Holmes : une Odyssée martienne (Jean-Pierre Andrevon, 2022)

Avec cette nouvelle inédite, Jean-Pierre Andrevon nous invite à assister aux retrouvailles de Sherlock et de Watson qui ne se sont plus revus depuis quelques années, des événements graves faisant que chacun a été très occupé de son côté. Donc une trentaine d’années après leur toute première enquête Une étude en rouge (1887), nous retrouvons les deux amis - qui ont pris un petit coup de vieux - réunis auprès de l’âtre au 221B Baker Street. Confortablement assis dans le canapé face à un Sherlock bien calé dans son fauteuil, un verre de vin rouge en main, nous l’écoutons narrer l’incroyable mission qu’il a effectuée pour le compte de son frère Mycroft durant la Première Guerre mondiale. Il s’agissait pour Sherlock de se faire prisonnier, afin de pouvoir traverser les lignes de front pour gagner le cœur de l’Allemagne et découvrir ce qu’il s’y mijotait, tout particulièrement au sein d’un aérodrome, base de départ pour des engins volants fabriqués par les Teutons dans un endroit beaucoup plus éloigné et inatteignable, à savoir… sur Mars !

Moi qui viens de lire Simulacres martiens d’Eric Brown, je pourrais penser que la tendance est à envoyer Sherlock sur Mars 😉. A l’occasion, j’avais également fait part de mes réserves quant au fait de s’approprier des personnages créés par autrui pour les réutiliser à sa sauce et de manière pas toujours réussie, il faut le dire.

Eh bien, en l’occurrence, j’ai été agréablement surprise. Cette histoire, très bien écrite et intrigante, m’a embarquée d’entrée. J’ai également retrouvé avec plaisir les traits de caractère, ainsi que leur façon de s’exprimer, propres à chacun des protagonistes (Sherlock, Watson, Mme Hudson, Mycroft) et antagoniste (Moriarty). Le clin d’œil à H.G. Wells m’a fait sourire, il est placé au bon moment dans le texte.
« Mars ? Vous voulez dire la planète Mars ? Celle de monsieur Wells ? » (Watson à Sherlock)

Je me suis également amusée à la lecture de certains mots « allemands » qui en fait ne le sont pas du tout, parce qu’ils sont traduits littéralement et ne veulent rien dire, du genre « Eisenarbeitrer ». Cela ne m’étonne pas que Sherlock se soit fait rapidement pincer en s’adressant ainsi aux Prussiens ! 😂

En tant qu’amatrice des enquêtes du célèbre détective du 221B Baker Street et sachant que le machiavélique Moriarty – revenu d’entre les morts – est dans le coup, j’ai vu arriver la chute, que j’ai trouvé bienvenue et subtilement amenée. D’autres lecteurs, à l’instar de ce cher Watson, se feront très certainement piéger. J’en ris d’avance.

De par son style, sa forme, la manière dont les faits sont exposés et sa chute, cette nouvelle aurait pu être écrite par Sir Arthur Conan Doyle lui-même. Imitation doylesque réussie donc, dont la lecture m’a fait plaisir, moi qui aurais tant voulu avoir davantage d’enquêtes de Sherlock Holmes à me mettre sous la dent.

Très chouette nouvelle.

Mille Marées (Irène Rodha, prix Alain le Bussy, 2022)

« Aucune intelligence ne peut faire un choix arbitraire à cent pour cent. Il y a toujours une logique sous-jacente, souvent totalement inconsciente. Il y a toujours quelque chose qui fait pencher pour une décision. »

Quelque part dans l’univers, sur une planète inconnue…

Une androïde gît au bord d’une mer, adossée à une plante gigantesque. Son torse est lacéré, ses membres sont tous cabossés ; elle ne peut plus marcher. Dans cette inconfortable situation, elle tente de régénérer ses circuits, mais les ressources lui manquent et la météo se montre de plus en plus impitoyable, déchaînant les éléments et faisant monter la marée.

Elle attend, là, seule, la panne ultime, tout en réfléchissant à ce qui a bien pu se passer pour qu’elle se retrouve ici. Hormis quelques bribes de souvenirs, elle ne se souvient plus de rien.

Son regard se perd alors vers le ciel. Où est son capitaine ? Reviendra-t-il la chercher ?

Bon sang, quelle nouvelle ! J’en ai les larmes aux yeux. Sous couvert de la science-fiction, Irène Rodha aborde des thèmes lourds, tels que l’abandon, la solitude, la dégénérescence, l’attente de la mort, la délivrance…

Sous sa plume poétique, naissent des mots, des couleurs, des paysages, un univers à la faune exotique. Et des surprises aussi. La narration sous la forme d’un journal de bord truffé de pensées – si je puis dire – intimes rend d’emblée sensible au sort de cette androïde mal au point.

Je ressors de cette lecture à la fois bouleversée et émerveillée, avec des images plein les yeux. Mille marées, et tout autant d’émotions et de réflexions.

En un mot : magnifique !

Une nouvelle pour laquelle j'ai eu un coup de 🖤.

Une véritable Artiste (Real Artists, Ken Liu, 2011)

Sophia est aux anges lorsqu’elle décroche un rendez-vous pour une offre d’emploi chez Sémaphore, elle qui est passionnée de cinéma – tout particulièrement des productions de cette entreprise ! - et qui a toujours rêvé de faire ses propres films. La jeune femme est douée pour les scripts. C’est à n’en pas douter une véritable artiste qui ne demande qu’à mettre son talent au service des studios Sémaphore. Cependant, elle va vite déchanter lorsque l’envers du décor lui sera présenté par le big boss de la société et qu’elle découvrira que tout est géré et réalisé par Big Semi, une intelligence artificielle, qui s’améliore chaque année. Dès lors, aussi bon soit-on, comment rivaliser avec une machine ? Quel est l’avenir de sa profession de réalisatrice ? Sera-t-elle en mesure d’accepter le poste qui lui est proposé, loin de toutes ses attentes ?
« Une véritable artiste fait tout ce qu’il faut pour qu’une grande vision devienne réalité. Même si elle doit pour cela rester assise immobile dans une pièce obscure. »

Un texte très bien écrit, avec une histoire intelligente, mais effrayante aussi, qui – à l’inverse du cinéma - ne fait pas rêver du tout. Le concept de réalisations de films qu’imagine Ken Liu a cela de particulier qu’il me semble bien près de la réalité. Il suffit de voir comment cela fonctionne actuellement avec les réseaux sociaux : toutes nos actions et réactions (ce que l’on visionne, ce que l’on écrit, ce que l’on like, etc.) sont analysées en vue de nous proposer du contenu ciblé. Finalement, pourquoi en serait-il autrement dans le septième art ? Pourquoi ne se mettrait-on pas à filmer, mesurer et analyser nos réactions/émotions, afin de nous proposer des films « sur mesure » ? On n’en est pas loin, me semble-t-il. Et personnellement, je trouve cela assez terrifiant. Une nouvelle très intéressante, qui pousse à la réflexion sur ce que l’on est prêts à accepter (ou pas) pour avoir un maximum de divertissement.

Koyolite Tseila
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