Androïdes Blues 4 : Cailloux dans le Cosmos | Michel Maillot | 2024

Michel est un pirate, il est en train de nous faire passer un roman en contrebande, gare à vous !
On sent que nous sommes dans un entre-deux, les péripéties sont moins intenses que précédemment, il y a comme une pause dans la narration avant d'aller plus loin. Il y est question d'équilibre, de solidarité, de vivre ensemble, une sorte de bilan sur les aspirations de chacun.
Nous faisons un bon de 5 ans en avant, et la petite famille que nous suivons depuis le début se trouve éparpillée entre la Ceinture et Mars. Ici nous restons avec la jeune Éliane, l'indigène Cotzoal qui la suit comme son (h)ombre, et le fameux duo de flibustiers gouailleurs, Carter et McCrane. Ces deux derniers s'empâtent un peu, McCrane a pris du galon, son sérieux nous fait regretter le panache d'antan, tandis que le solide Carter, androïde insolent, se ramollit au contact d'Éliane. Avec Cotz, ils forment un trio qui ressemble à celui d'Hamilton et son Capitaine Futur, flanqué de Grag et Otho.
J'en viens même à douter du caractère synthétique de Carter : "tu sais, se mouvoir en apesanteur, comme si on était un oiseau du cosmos, se faufiler entre les roches endormies, baigner dans un océan d'étoiles songeuses, c'est un instant où l'émotion te saisit". Ce robot est trop poète et sensible pour ne pas être le masque derrière lequel se cache l'auteur ;-) Tiens ! je le démasque encore quand il décrit deux individus contemplant l'univers derrière une baie : "les spectateurs de l'infini".
Heureusement, malgré la tendresse et l'embourgeoisement de nos corsaires de charme, l'humour subsiste ("un Ceinturien à bretelles", joli), et le mystère. Un monolithe, un lien psi, des travaux publics d'ampleur astronomique, et aucune idée de ce qui va sortir de tout ça.
Attention, l'auteur semble dévoiler son jeu en s'attardant sur sa conception de l'histoire (et ça vaut pour toutes les histoires) : "elle se termine rarement. Au pire, elle recommence, au mieux elle se renouvelle et elle progresse plutôt que boucler ou faire du surplace".
L'aventure continue.