📚 Coeur d'Encre | Tintenherz | Cornelia Funke | 2003-2007

Meggie, douze ans, vit seule avec son père, Mo. Comme lui, elle a une passion pour les livres. Mais pourquoi Mo ne lit-il plus d'histoires à voix haute ? Ses livres auraient-ils un secret ? Les mots auraient-ils un pouvoir ? Un soir, un étrange personnage frappe à leur porte. Alors commence pour Meggie et Mo une extraordinaire aventure, encore plus folle que celles que racontent les livres. Et leur vie va changer pour toujours...

Le doux bruit des pages d'un livre que l'on tourne est parfois comme une promesse. Ce premier murmure est différent pour chaque livre, selon qu'on en connaisse l'histoire ou non... Cornelia Funke est une auteure qui aime les livres et les mots, et qui nous fait comprendre toute l'importance de ces derniers. Tout au long de son récit, elle n'a de cesse de nous le démontrer, pour notre plus grand plaisir. Parmi tous les romans que j'ai lus, jamais encore je n'ai eu affaire à un comme celui-ci, qui donne une telle personnalité à un livre, au point de le rendre vivant. Un livre, ce n'est pas que des feuilles de papier reliées. Un livre, c'est bien plus que cela... La richesse et la beauté du vocabulaire pour décrire ce sentiment m'a totalement enivrée.

Imaginez un livre dont l'histoire vous captive. Vous tournez fébrilement chaque page, en vous demandant ce qu'il va se passer. Vous ne pouvez plus vous arrêter de lire, car vous voulez absolument connaître la suite. Les mots roulent sous votre langue, les phrases coulent dans votre gorge. Plongés au cœur du récit, le monde autour de vous semble s'estomper. Mais comment réagiriez-vous si, soudain, un des personnages du livre débarquait dans votre salon ? Vous vous frotteriez les yeux en pensant rêver, et poursuivriez votre lecture... Quand brusquement, un second personnage ferait irruption ! Alors là, vous vous diriez qu'il y a comme un problème... Mais le pire dans tout ça, c'est que vous ne sauriez pas comment faire pour renvoyer ces personnages dans leur univers, car même en cessant votre lecture et en refermant le livre, ceux-ci ne disparaîtraient pas. L'air hagard, ils vous supplieraient de les renvoyer de là d'où ils viennent, car ces malheureux ont été projetés dans un monde qui n'est pas le leur !

Imaginez maintenant que vous êtes un écrivain. Un jour quelqu'un sonne à votre porte et vous annonce que l'un des personnages de vos histoires s'est matérialisé, et qu'il est assis sur un banc à quelques pas de là. Comment réagiriez-vous? Une fois le moment d'incrédulité passé, la curiosité l'emporterait sur tout et vous vous rueriez dehors pour le voir, le rencontrer, lui parler, le toucher. Et quelle fierté, lorsque vous vous rendriez compte que votre bébé, votre enfant, votre création sortie tout droit de votre imagination, est telle que vous l'aviez décrite ! Cependant, que se passerait-il si brusquement vous vous retrouveriez confronté au méchant de votre histoire ? Dans un premier temps, vous ne le prendriez pas au sérieux, car vous prétendriez tout savoir de lui, et penseriez de ce fait, qu'il n'a rien pour vous effrayer... Mais si cet être se mettait à vous menacer mortellement, vous et vos proches ? Vous déchanteriez rapidement, en vous rendant compte qu'il est aussi affreux et cruel que vous le disiez. Une fois l'euphorie retombée, vous réaliseriez alors que vous êtes le créateur d'un monstre et que la vie d'autrui est en danger par votre faute !

Cœur d'Encre, c'est l'histoire de Mo et de Meggie, un père "soigneur de livres" qui a transmis l'amour des livres à sa fille. Bien malgré lui, Mo va voir sa fille impliquée au cœur d'une sombre machination commandée par Capricorne, un être au cœur aussi noir que de l'encre, auquel il avait été confronté une dizaine d'années plus tôt et qui refait soudain surface pour exiger... l'impossible !

Ce premier tome est superbe, fascinant, dangereux...

Il a été adapté en 2008 en film sous le titre : Coeur d'Encre (Inkheart).

Meggie et ses parents savourent leurs retrouvailles lorsque Farid apporte une nouvelle bouleversante: prêt à tout pour revoir les fées et sa famille, Doigt de Poussière a regagné le Monde d'encre, ignorant qu'un grand danger l'attend. Farid et Meggie décident de partir à sa recherche. C'est le début d'un voyage incroyable... et terrifiant.

Dans Sang d’Encre, il est surtout question de Meggie et de Farid, et de Doigt de Poussière, qui les accompagne tout au long de leurs aventures. Les autres héros que nous connaissons sont un peu mis de côté. Fenoglio, l’auteur d’Encre, était un vieil homme drôle et un peu fou sur les bords, vigoureux et enjoué. A présent, le voici devenu un écrivain grognon en manque d’inspiration, un vieux déprimé, casanier. Ce changement de caractère ne me plaît pas trop. Quant à Elinor, la pauvre en est réduite à être enfermée durant tout le récit au fond de sa cave, dans sa maison, tandis qu’un homme du nom d’Orphée, qui a un don pour la lecture, a pris possession de sa bibliothèque et malmène ses livres qu’elle chérit tant. Mo, lui, dès le départ, il est gravement blessé par Mortola. C’est pourquoi il restera longtemps sans bouger, dans une grotte, sur une couche de paille. En revanche, on en apprend plus sur Doigt de Poussière, sur son passé et ses sentiments, ce qui n’est pas pour me déplaire.

Et puis, nous voyons l’arrivée de nouveaux personnages forts intéressants, tels que le Prince Noir, Cosimo, Roxane et Tête de Vipère. Ce dernier est le méchant de l’univers d’Encre. Je regrette qu’on ait affaire à lui seulement à la fin du roman (avant, son nom est évoqué, mais on ne le rencontre pas), car il a une personnalité complexe. C’est un homme angoissé, terrorisé par la peur de mourir, une phobie qui dicte au quotidien ses actes, tous plus cruels les uns que les autres.

En conclusion, dans ce second tome, l’histoire est nettement plus sombre que dans le premier. Elle est truffée de rebondissements, malgré certains passages un peu longs. Cependant, il manque toute l’ambiance si extraordinaire que l’on pouvait trouver dans Cœur d’Encre, une ambiance conférée par l’amour des livres et l’usage des mots. Ici, il faudra atteindre le dernier tiers du roman pour enfin retrouver cette atmosphère si particulière que sait si bien décrire l’auteur, Cornelia Funke. Une dernière partie très palpitante d’ailleurs, et un final remarquable ! Ce n’est vraiment que lorsque Mo et Meggie sont réunis, et que Doigt de Poussière parle au feu, que le lecteur se retrouve emporté dans les flots de la magnifique trilogie qu’est celle d’Encre…