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📚 Le Syndrome Magneto | Benjamin Patinaud | 2023

Et si les méchants avaient raison ?

09/03/2024
Lu 676 fois





Le Syndrome Magneto @ 2023 Au Diable Vauvert | Illustration de couverture @ Olivier Fontvieille | Photo @ Bruno Blanzat
Le Syndrome Magneto @ 2023 Au Diable Vauvert | Illustration de couverture @ Olivier Fontvieille | Photo @ Bruno Blanzat

Illustration et quatriĂšme de couverture

« Tout le monde aime les mĂ©chants. La culture populaire en a produit de toutes formes et toutes couleurs. Mais tous ne commettent pas leurs atrocitĂ©s pour de viles raisons. Certains ne veulent pas dĂ©truire le monde : ils veulent le changer. Utopistes malencontreusement dystopiques, extrĂ©mistes plus ou moins bien intentionnĂ©s, libĂ©rateurs aux penchants totalitaires, terroristes se vivant comme rĂ©sistants : ce livre leur est consacrĂ©. »

De Thanos à Poison Ivy, de Killmonger à Daenerys, en passant par les sorciÚres et autres freaks, il fallait donner un nom à ce troublant phénomÚne, un nom en hommage à son leader incontesté : le syndrome Magneto.

Auteur et vidĂ©aste web spĂ©cialiste de la culture populaire, Benjamin Patinaud anime la chaine BolchegeekLe Syndrome Magneto est son premier livre.

Fiche de lecture

Sous la barbe de Bolchegeek agit Benjamin Patinaud, auteur et vidĂ©aste. Il anime une chaĂźne Youtube et produit des contenus pour le journal L’HumanitĂ©. Il s’intĂ©resse particuliĂšrement aux objets de la pop culture, non pas sous un angle geek, mais selon une lecture sociale, anthropologique, historique. Les fondements marxistes-lĂ©ninistes sont Ă©vidents, on sait l’auteur originaire des terres de Georges Guingouin et formĂ© Ă  la LCR (Ligue Communiste RĂ©volutionnaire), mais il tient un Ă©quilibre rasoirofilien entre la mise au jour des mĂ©canismes dĂ©lĂ©tĂšres de la consommation de masse qu’engendre le capitalisme et le partage d’Ɠuvres culturelles installĂ©es. C’est une maniĂšre de reprendre la distinction que faisait Pier Paolo Pasolini entre sport populaire et sport de masse quand il traitait du football, cette fois-ci Ă©tendue Ă  tous types de supports (comics, films, sĂ©ries, jeux vidĂ©o).

Bolchegeek dĂ©gage un phĂ©nomĂšne rĂ©current dans ces histoires : le traitement du mĂ©chant est plus rĂ©vĂ©lateur des partis pris artistiques et/ou politiques de l’époque, que l’image assez convenue du gentil qui Ɠuvre pour le bien. Ainsi s’explique le sous-titre : et si les mĂ©chants avaient raison ?

L’ouvrage ressemble davantage Ă  une maniĂšre d’expliciter une idĂ©e, structurĂ© sur un patient zĂ©ro, une sĂ©rie de 14 symptĂŽmes et 41 patients cĂ©lĂšbres. Le style ressemble parfois Ă  un script de vidĂ©o, on retrouve les tics de langage de l’auteur (anglicismes de djeuns, « embrassez-vous Folleville Â», « craspec Â», « et autres bandes de zinzins Â»), des idĂ©es reviennent dans certains chapitres alors qu’elles avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es[1], certaines notes de bas de pages rappellent les digressions sans rapport avec le sujet dont il est coutumier dans ses vidĂ©os et qui rendent celles-ci plus proches de nous. La construction mĂȘme en courtes parties chapeautĂ©es de doubles exergues[2] rappellent les montages illustratifs du format Youtube.

Tout cela a peut-ĂȘtre jouĂ© dans l’accueil assez froid de la sphĂšre SF. Je pense notamment Ă  une critique assez dure, voire fallacieuse[3], parue dans Bifrost, ou Ă  des commentaires sur les rĂ©seaux sociaux. Les auteurs de ces lignes acides acclament pourtant la prose de chroniqueur de Nicolas Martin, atteint du mĂȘme syndrome que Bolchegeek, mais Ă  un stade beaucoup plus avancĂ©, voire terminal : Ă  force d’écrire ce qu’il dit, il finit par Ă©crire comme il parle. Dans le cas du prĂ©sent ouvrage, la forme est adaptĂ©e Ă  l’aspect populaire du sujet, avec des passages efficaces et pertinents : « laideur et salissures morales autant que matĂ©rielles composent la face d’une mĂȘme piĂšce. Du sale on fait des sales types, des salauds, des salopards. Éventuellement des salopes, quand la sexualitĂ© fĂ©minine se retrouve associĂ©e Ă  la saletĂ© et Ă  des comportements mĂ©prisables. Â»

Il faut donc reconnaĂźtre Ă  Benjamin Patinaud un travail consĂ©quent, documentĂ©, rĂ©flĂ©chi, sur l’idĂ©e que le traitement du mĂ©chant dans l’histoire peut amener Ă  regarder de l’autre cĂŽtĂ© du miroir du divertissement. On dĂ©couvre, ainsi, que la maxime du bien de Spider-Man Ă©tait dĂ©jĂ  exprimĂ©e en 1793 dans le Plan de travail, de surveillance et de correspondance du ComitĂ© de Salut Public de la RĂ©volution Française : « une grande responsabilitĂ© est la suite insĂ©parable d’un grand pouvoir. Â»

Son patient zĂ©ro et Ă©ponyme est Magneto, alias Erik Lehnsherr, l’antagoniste attitrĂ© des X-Men[4]. On a vite Ă©tabli que la relation entre Magneto et le professeur Xavier, fondateur des X-Men, relevait de la mĂȘme dynamique qu’entre Malcom X et Martin Luther King Jr. Tous deux combattent pour la mĂȘme cause : la reconnaissance et l’épanouissement des mutants. Mais ils s’opposent irrĂ©ductiblement sur la maniĂšre d’arriver Ă  leur fin. Xavier prĂŽne l’humanisme, l’exemplaritĂ©, la nĂ©gociation, la non-violence, tandis que Magneto est convaincu que tous les recours sont Ă©puisĂ©s. Un seul moyen : le passage en force, quelles qu’en soient les consĂ©quences.

Cette dualitĂ© agite profondĂ©ment l’activisme d’aujourd’hui. De mĂȘme qu’à l’époque des droits civiques aux États-Unis ou lors des conquĂȘtes sociales en France, se pose la question de l’agir. Dans le cadre des enjeux climatiques, ceux qu’on qualifie d’écoterroristes ou de radicaux dĂ©fendent cette idĂ©e que le temps du dĂ©bat est rĂ©volu. L’heure n’est plus Ă  la rĂ©flexion, aux discussions, Ă  la consultation publique. Face Ă  l’urgence, que faire ? Certains agissent.

L’auteur le montre assez bien dans le paragraphe « PriĂšre de restituer le monde dans l’état oĂč vous l’avez trouvĂ© Â» : « en prenant une initiative, on prend en mĂȘme temps le risque de devenir le mĂ©chant car, en agissant, on prĂȘte le flanc Ă  la critique Â». Le mĂ©chant se distingue par l’action, par une position franche et un parti pris. Il dĂ©cide de changer les choses.  En face, le hĂ©ros se contente de rĂ©agir et de ramener la situation Ă  son Ă©tat initial, en l’occurrence un statu quo. Le meilleur des mondes possibles, Ă  dĂ©faut de tout autre, vaut mieux pour le garant du bien, malgrĂ© les laissĂ©s-pour-compte, que la possibilitĂ© d’un monde meilleur et valable pour tous. Ainsi a-t-on vu fleurir des vilains pourtant bien intentionnĂ©s : l’Ozymandias des Watchmen, le Killmonger de Black Panther, et mĂȘme Magneto quand il cherche Ă  sauver les mutants.

Mais, comme le rappelle Bolchegeek, l’histoire est Ă©crite par les vainqueurs. Aussi pĂ©tri de bonnes intentions que soit le mĂ©chant, ses crĂ©ateurs finiront par le faire glisser sur une pente, forcĂ©ment mauvaise. La pente fatale ou la pente du totalitarisme. Le public peut ĂȘtre sĂ©duit par ses arguments, il peut le suivre jusqu’à un certain point dans son mode d’action, mais il y a presque toujours l’action de trop, une limite au-delĂ  de laquelle il se rĂ©vĂšle incontrĂŽlable et trop dangereux. Il devient l’homme, ou la femme, Ă  abattre[5].

L’exemple de Bane, dans le dernier Batman de Nolan, est assez rĂ©vĂ©lateur : l’ambition du mĂ©chant est de renverser l’ordre Ă©tabli, tenu par une caste de riches, reproductive, qu’incarne Ă  lui seul Bruce Wayne. Le mode d’action de Bane est assez rĂ©prĂ©hensible pour qu’il soit arrĂȘtĂ©, mais une fois que cela est fait, plus personne ne se prĂ©occupe de revenir sur les questions lĂ©gitimes qu’il a soulevĂ©es.

Cette approche permet de remettre en question son vis-Ă -vis : le hĂ©ros. Peut-on se contenter de rĂ©duire notre engagement Ă  : « plus on est bon, plus on gagne Ă  la fin Â» ? Il y a effectivement une tendance Ă  ramener « l’éthique Ă  une question individuelle Â». Le monde tourne autour des choix du hĂ©ros « et de son accomplissement personnel Â». Dans le monde rĂ©el, on appelle cela le « syndrome du personnage principal[6] ».

NĂ©anmoins, l’engagement public du hĂ©ros contre un mĂ©chant trĂšs-trĂšs mĂ©chant peut aider Ă  faire accepter une « position clivante endossĂ©e par le hĂ©ros Â» : les X-Men seront d’autant mieux acceptĂ©s dans leurs diffĂ©rences qu’ils auront affrontĂ© un adversaire aux positions extrĂ©mistes. C’est le fameux dĂ©placement de la fenĂȘtre d’Overton.

C’est justement dans le symptĂŽme n°5, « Le mĂ©chant d’Overton Â», que Benjamin Patinaud dĂ©veloppe une analyse intĂ©ressante sur la dynamique entre le hĂ©ros et deux espĂšces d’antagonistes : le mĂ©chant stylĂ© et le mĂ©chant piñata, celui dĂ©fendant une cause, au charisme au moins Ă©gal Ă  celui du hĂ©ros, et l’autre au sommet de l’antipathie, cruel et mauvais, « servant de dĂ©fouloir au public Â»[7].

Autre analyse assez juste, celle d’une criminalisation sur mesure : « la dĂ©linquance reste associĂ©e aux classes populaires, considĂ©rĂ©es comme dangereuses Â», l’idĂ©ologie mĂšne au terrorisme, les maladies mentales feront des tueurs en sĂ©ries, une sexualitĂ© hors norme colle souvent au mĂ©chant, et reflĂšte une dĂ©fiance vivace Ă  l’égard de ceux qui sont diffĂ©rents.

Le symptĂŽme n°10, « CodĂ©s queer Â», expose d’ailleurs un paradoxe : « le mĂ©chant fait associer tout Ă©cart vis-Ă -vis de la norme Ă  la malfaisance, ce qui appelle une punition. Ce faisant, il devient pourtant le seul espace de reprĂ©sentation pour les personnes s’écartant de la norme. Cette contradiction toujours vive traverse le rapport aux Ɠuvres tout comme l’industrie qui les produit Â».

Certains antagonistes peuvent parfois bĂ©nĂ©ficier d’une rĂ©habilitation, venant illustrer une fois de plus l’idĂ©e que l’Histoire est Ă©crite par les vainqueurs : ainsi les indiens sauvages et sanguinaires des premiers westerns gagnent en humanitĂ©, jusqu’à ĂȘtre reprĂ©sentĂ©s comme les rĂ©elles victimes de la barbarie de l’homme pĂąle. Mais ce que l’essai met au jour, c’est que la plupart des mĂ©chants sont pris dans le paradigme du hĂ©ros, de la lutte du bien et du mal, et de l’illĂ©galitĂ© selon le prisme du lĂ©gal (la loi est la loi) : un systĂšme qui ne se justifie que par lui-mĂȘme. C’est comme ça parce que c’est comme ça. Toujours les tenants du statu quo. Alors se repose la question de la publicitĂ© pour l’Orangina Rouge :  pourquoi est-il aussi mĂ©chant ? Parce que.

Que reste-t-il au porteur de l’alternative ? Du contre-modĂšle ? Une maniĂšre de contester l’ordre par une autre forme d’ordre. Sans que le mot soit lĂąchĂ©, c’est bien l’anarchie qui point derriĂšre l’idĂ©e de propagande par le fait : « [ils] dĂ©laissent la bataille de l’opinion publique au profit d’autres, plus concrĂštes, dommages collatĂ©raux compris. San conseillers en communication Ă  leurs cĂŽtĂ©s, leur action se fait directe et leur propagande est actĂ©e par le fait. Â» Le chapitre consacrĂ© aux Ă©pouvantails montre bien que « la menace ne rĂ©side mĂȘme pas dans le fait que Magneto ait raison, mais que Magneto pourrait avoir raison Â».

DĂšs lors, ce contre-modĂšle est toujours retournĂ© contre lui-mĂȘme pour servir d’argument au maintien des choses en l’état[8]. DĂ©signer l’ennemi, le bouc-Ă©missaire est toujours trĂšs commode pour cacher l’intolĂ©rable, faire adhĂ©rer au modĂšle dominant. Ça peut passer par la diabolisation de l’autre, un argument souvent utilisĂ© par le parti d’extrĂȘme droite en France pour se poser en victime et le rĂ©utiliser Ă  son profit (Bolchegeek utilise le terme de « retournement du stigmate Â»), mais aussi par le fait de tourner en ridicule certains mouvements. Ainsi la partie intitulĂ©e « Trop de chefs, pas assez d’indiens Â», rappelle une autre expression, « l’armĂ©e mexicaine Â», qui a permis de dĂ©nigrer un mouvement de juste reconquĂȘte. Des populations spoliĂ©es, opprimĂ©es, engagĂ©es dans un combat de reconnaissance de leurs droits, rĂ©duits Ă  l’image d’idiots, d’abrutis, dĂ©sorganisĂ©s, qui mĂ©ritent leur sort. Au final, des vaincus.

L’essai opĂšre un va-et-vient rĂ©gulier entre les formes d’antagonismes reprĂ©sentĂ©es et les choix narratifs de l’industrie culturelle. On comprend ainsi que la cause dĂ©fendue n’importe pas tant que la maniĂšre de la porter. La partie consacrĂ©e aux « Ă©coterroristes Â» est la plus Ă©clairante, avec Poison Ivy, Aquaman et Namor en figures tutĂ©laires. Ils ont beau dĂ©fendre la planĂšte contre les prĂ©dations de toutes sortes, la pollution, les atteintes au vivant, le rĂ©cit s’ingĂ©niera Ă  les peindre en fous et folles dangereuses pour dĂ©valider leur cause, Ă  amalgamer atteinte aux biens et violence. Toute ressemblance avec la guerre menĂ©e Ă  l’activisme environnemental actuel est tout Ă  fait normale.

Rappelons qu’en 2022, 177 dĂ©fenseurs de l’environnement ont Ă©tĂ© assassinĂ©s dans le monde, quasiment 2 000 au cours des dix derniĂšres annĂ©es, et en majoritĂ© en AmĂ©rique Latine (pauvres indiens). Mais le storytelling dominant enfouit ces justes sous les haillons du sauvage.

Ce dernier point me permet de terminer avec l’allusion faite par Bolchegeek au monde du cirque, et qu’il ne faudrait pas rĂ©sumer Ă  un simple freak show. On peut convoquer L’Homme aux semelles de vent de Michel Lebris, « reconnaĂźtre sa part de nuit et encore rĂȘver Â», et s’étonner qu’on ne reprenne jamais la dĂ©monstration du grotesque et du sublime par Victor Hugo, qui n’est pas que l’illustration de la littĂ©rature moderne depuis Shakespeare et CervantĂšs, mais structure encore toute la dialectique du gentil et du mĂ©chant dans les Ɠuvres du XXe et du XXIe siĂšcle. Une position justement anti-systĂšme, contre la Raison d’État, le muthos et l’argot contre le Logos et l’Ordre.

Caliban, sous le joug de Prospero, n’avait-il pas raison de vouloir briser ses chaĂźnes ?

Notes :
[1] Le chapitre sur « Le retournement du stigmate Â» est dĂ©jĂ  traitĂ© dans d’autres parties, notamment quand l’auteur expose le mĂ©canisme du personnage qui devient l’image de ce qu’il combattait.
[2] Des citations plus ou moins acadĂ©miques d’universitaires, de philosophes ou de personnalitĂ©s, se trouvent doublĂ©es, voire dĂ©samorcĂ©es, d’une rĂ©fĂ©rence presque toujours franco-française, telles que des paroles de chanson de Pierre Perret, Michel Sardou, Eddy Mitchell, ou Starmania. Le procĂ©dĂ© surprend mais donne un ancrage populaire au propos et interdit tout procĂšs en donneur de leçons.
[3] Non, StĂ©phanie Chaptal, Poison Ivy n’est pas la seule femme citĂ©e ; et oui, les mangas, sĂ©ries TV et jeux vidĂ©os sont traitĂ©s ; et non, le sujet n’est pas centrĂ© sur la SF donc n’aborde pas exclusivement ce genre.
[4] Les connaisseurs appellent ces méchants récurrents la némésis du héros.
[5] « Et ce sont des facilitĂ©s regrettables tant la cohĂ©rence morale des mĂ©chants peut offrir de l’épaisseur Ă  un rĂ©cit : qu’on adhĂšre ou non Ă  leur vision, on peut entendre leurs arguments. Ces vilains doivent ĂȘtre dĂ©faits sur le plan moral autant que physique. Le rĂ©cit exige de son hĂ©ros qu’il dĂ©montre que son antagoniste a tort, sous peine de lui concĂ©der l’adhĂ©sion du public. Mieux : une des plus grandes victoires qu’il peut remporter sera de rallier le mal Ă  sa cause. Â»
[6] « Pour se moquer des gens Ă©gocentriques agissant selon ce qui va les faire passer pour de bonnes personnes Â».
[7] « Il s’agit souvent de dictateurs ringards, de politiciens corrompus, de mafieux, interchangeables ou de capitalistes pollueurs et manipulateurs uniquement motivĂ©s par le profit. Â» Il arrive alors que le mĂ©chant stylĂ© se rallie au hĂ©ros pour mettre le mĂ©chant piñata : « le stylĂ© gagne en capital sympathie ce qu’il perd en supĂ©rioritĂ© morale, lui seul peut se salir les mains et ĂȘtre mĂ©chant avec le mĂ©chant. (
) Le temps d’une histoire, ils sont nos mauvaises frĂ©quentations Â».
[8] « Dans la culture de masse, l’allergie au parti pris dĂ©coule aussi d’un impĂ©ratif industriel : produire un filet d’eau tiĂšde en continu pour assurer les ventes de pop-corn. Mais il ne faut pas s’étonner que nombre de spectateurs, habitĂ©s par ces enjeux, finissent par plĂ©bisciter le mĂ©chant Â».

La vidéo de Bochegeek


Bruno Blanzat
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💬Commentaires

1.Posté par Southeast JONES le 09/03/2024 11:57 | Alerter
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southeast
Quelle analyse, ça donne envie !

2.Posté par Michel MAILLOT le 09/03/2024 17:55 | Alerter
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mmaillot
Cette analyse Blanzatesque se résume en un mot : Brillante.

Ce qu’elle met en avant l’est aussi et comme dĂ©crit ici dĂ©passe largement le monde de la littĂ©rature ou de la BD. Faut-il comme chez les Papous parler de papa Papous et donc parler de mĂ©chant vraiment mĂ©chant Ă  l’inverse de mĂ©chant gentil ou ne fait-on que basculer derriĂšre cette subjectivitĂ© qu’on s’impose ou qu’on nous impose ? Le discours dominant Ă©tant ainsi, le bien frĂ©quentable, est situĂ© de ce cĂŽtĂ©-ci des frontiĂšres de l’exposĂ©. De part et d’autre, c’est pareil, que du vilain pas beau. Et si l’on n’est pas d’accord, c’est au mieux qu’on n’a rien compris et au pire qu’on est de l’autre bord. Oui mĂȘme la forme, les moyens, suffisent Ă  vous disqualifier, peu importe ce qu’on dĂ©fend ou la justesse de son combat, on est discrĂ©ditĂ©. On prĂ©fĂ©rera le statu quo qui pourtant a prouvĂ© son inefficacitĂ©, voire mĂȘme son cĂŽtĂ© nĂ©faste. On suivra ce qu’on pense ĂȘtre le moindre mal alors qu’il ne rĂ©sout jamais rien et qu’il est le principal responsable de celui qui ne cesse de grandir. Suivez mon regard, dans le monde politique d’aujourd’hui, oĂč l’épouvantail qui est brandi ne doit pourtant en premier lieu son existence qu’à l’inefficacitĂ© de ceux qui crient au pĂ©ril Ă  venir.

Ce cĂŽtĂ© manichĂ©en, notamment des comics, mais aussi de la littĂ©rature a ses exceptions et peuvent aboutir Ă  de vĂ©ritables rĂ©ussites. MagnĂ©to avec les X-Men n’a pas toujours Ă©tĂ© dĂ©crit comme un personnage totalement retors. À l’inverse, les hĂ©ros ne sont pas toujours aussi « blancs » ils peuvent dĂ©raper plus ou moins sĂ©rieusement ou ĂȘtre mis face Ă  leurs contradictions. Chez DC Green Lantern avec Denis O’Neill s’est pris quelques rĂ©flexions dĂ©but des annĂ©es 70 sur sa maniĂšre de dĂ©fendre les extraterrestres, mais pas trop les noirs sur sa propre planĂšte ! Batman parfois limite psychopathe dans son comportement de « vigilante ». A tel point qu’on peut se demander s’ils ne sont pas finalement les deux faces d’une mĂȘme piĂšce. Mais il est vrai que comme dans la vie on a la fĂącheuse tendance de prĂ©senter les gens et les choses d’une façon un peu trop binaire qui vise Ă  disqualifier celui qui dĂ©range. L’écologie par exemple, brocardĂ©e dans les annĂ©es 60 et 70, est encore aujourd’hui tournĂ©e en ridicule ou dĂ©crite comme excessive alors que

Mais oui, toutes ces reprĂ©sentations imaginaires ou mĂ©diatiques ont leurs limites et il arrive un moment ou malgrĂ© la « ripolinade » on finit par se lasser et voir les grosses ficelles qu’on tente de nous acc...

3.Posté par B BLANZAT le 10/03/2024 09:27 | Alerter
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Blanzat
Merci Michel. Effectivement la stratĂ©gie de l'Ă©pouvantail est bien dĂ©crite dans le bouquin. Les diffĂ©rents aspects de la question continuent de me travailler dans mon rapport Ă  l'actualitĂ©. Il y a vraiment une tension action/rĂ©action/inaction, on pourrait mĂȘme cataloguer la sociĂ©tĂ© mondiale selon cette partition, et on se rendrait compte qu'on trouverait autant de bons que de mĂ©chants dans les deux premiĂšres catĂ©gories, mais aucun dans la derniĂšre...

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