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Livres de Jules Verne

        

Un Capitaine de quinze Ans | Jules Verne | 1878


Une fiche ajoutée dans nos cales par | 19/05/2013 | Lu 9004 fois


🚀 : 1878, Jules Verne


Une illustration de Dick Sand peinte par Henri Meyer | Par Henri Meyer — http://jv.gilead.org.il/rpaul/Un%20capitaine%20de%2015%20ans/, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11092525
Une illustration de Dick Sand peinte par Henri Meyer | Par Henri Meyer — http://jv.gilead.org.il/rpaul/Un%20capitaine%20de%2015%20ans/, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11092525

Résumé

Le Pilgrim vogue vers l'Amérique. Dick Sand, jeune homme de quinze ans, y côtoie quelques passagers pittoresques : Mrs. Weldon, le cousin Bénédict, et quelques Noirs américains. Par un concours de circonstances des plus mystérieux, l'équipage disparaît. Dick se retrouve aux commandes. Alors qu'il croit mener l'embarcation à bon port, le "capitaine de quinze ans" et ses compagnons se retrouvent tout à fait ailleurs...

Fiche de lecture

Première partie
« Cependant, par cela même que la mer est déserte, il ne faut pas renoncer à l’observer jusqu’aux dernières limites de l’horizon. Si monotone qu’elle puisse paraître aux esprits inattentifs, elle n’en est pas moins infiniment variée pour qui sait la comprendre. Ses plus insaisissables changements charment les imaginations qui ont le sens des poésies de l’Océan. Une herbe marine qui flotte en ondulant, une branche de sargasses dont le léger sillage zèbre la surface des flots, un bout de planche dont on voudrait deviner l’histoire, il n’en faut pas davantage. Devant cet infini, l’esprit n’est plus arrêté par rien. L’imagination se donne libre carrière. » (Jules Verne, Un Capitaine de quinze ans, extrait chapitre 6, 1878)

1873. Cette histoire débute en Nouvelle-Zélande. Le brick-goélette Pilgrim est amarré dans le port d’Auckland. Ce bâtiment de pêche de 400 tonneaux appartient à James-W. Weldon, riche armateur californien, qui en a confié depuis plusieurs années le commandement au capitaine Hull. Si le Pilgrim est l’un des plus petits bateaux de la flottille de l’armateur, il n’en est pas moins le meilleur de tous, car son gréement, très maniable, permet à son capitaine de s’aventurer un peu partout, avec peu d’hommes d’équipage.

Cette année-là, cependant, la pêche à la baleine est mauvaise. En bref, la saison n’a pas été très heureuse pour le Pilgrim, dont l’équipage a quitté le navire à Auckland pour se faire embaucher ailleurs. Le capitaine Hull essaye de recruter un nouvel équipage de pêche, mais en vain. Tous les marins disponibles se sont embarqués sur d’autres baleiniers.

Le capitaine Hull doit donc renoncer à l’espoir de compléter le chargement du Pilgrim et se dispose à quitter Auckland, quand une demande de passage lui est faite, une requête qu’il ne peut refuser ! En effet, la passagère n’est autre que Mrs. Weldon, la femme de son patron, accompagnée de son jeune fils Jack, âgé de 5 ans, et de l’un de ses parents, le cousin Bénédict.

Pour la petite histoire, le riche armateur, que ses opérations de commerce obligent quelques fois à visiter la Nouvelle-Zélande, les y avait amenés tous les trois, et comptait bien les reconduire à San-Francisco. Mais au moment du départ, le petit Jack était tombé gravement malade. Son père, réclamé par ses affaires, avait été obligé de quitter Auckland, en y laissant sa famille.

Le Capitaine Hull se voit donc contraint de prendre les trois membres de la famille de son patron à bord du Pilgrim pour les reconduire en Amérique. Mais ne voilà-t-il pas que 3 semaines après le départ du brick-goélette, le capitaine Hull et tout son équipage disparaissent en chassant la baleine ! Ce jour-là, il ne reste donc plus que deux marins à bord : Dick Sand, un jeune novice de 15 ans, et Negoro le cuisinier, un sombre individu…

Dans cette première partie, Jules Verne nous conte une aventure sur les mers, truffée d’épisodes inattendus et de rencontres improbables : rencontre avec une épave abritant des Noirs et un chien, poursuite de baleine, disparition du capitaine, tempêtes, etc.

Mais il nous décrit aussi le courage et la détermination de Dick Sand, jeune capitaine de 15 ans, qui se retrouve aux commandes bien malgré lui et qui est bien décidé à conduire Mrs Weldon et ses amis à bon port, dut-il donner sa propre vie pour les sauver.

Si au départ le ton est plutôt trivial, plus on avance dans le récit, plus la « croisière » se dégrade. On sent qu’un désastre se prépare... Et la présence de Negoro à bord y est pour beaucoup. Ce sale type n’hésite pas à saboter le brick-goélette, à casser les instruments de navigation et à fausser la boussole. Que mijote-t-il ? Quel sort réserve-t-il à Dick Sand et à ses compagnons ? Pourquoi Dingo le chien éprouve-t-il une haine viscérale à son égard ?

La tension monte au fil de cette longue traversée et le plus grand danger ne vient peut-être pas forcément des éléments naturels qui se déchaînent contre le Pilgrim… Et en fin de compte, lorsque la terre sera enfin en vue, elle ne sera peut-être pas tout à fait celle espérée…

Deuxième partie

Echoués sur un continent qu’ils croient être la côte ouest de l’Amérique du Sud, plus précisément une province inhabitée du Pérou, les naufragés du Pilgrim, Dick Sand, Mrs. Weldon, le petit Jack, le cousin Bénédict, Nan la nourrice, le vieux Tom, Hercule, Bat, Actéon, Austin et Dingo le chien, trouvent un refuge provisoire dans une grotte en attendant de faire le point sur leur situation. Le sinistre Negoro, lui, leur a faussé compagnie après le naufrage et a disparu dans la nature…

Un matin, sur la plage, Dick Sand et sa troupe font une rencontre. Un homme se tient là sur la berge ! Il approche vers eux et se présente cordialement. Il s’appelle Harris, il est américain et entreprend un voyage. Mrs. Weldon lui explique alors qu’ils ont fait naufrage et qu’ils ont besoin d’aide. En effet, il leur faut regagner au plus vite la civilisation, afin de contacter son mari pour lui dire qu’ils sont sains et saufs. Harris propose alors de les emmener à l’hacienda San-Felice, qui appartient à l’un de ses frères. Là ils seront bien reçus, puis des moyens de transport seront mis à leur disposition pour gagner la ville la plus proche. L’hacienda se trouve à deux cents milles d’ici et Harris, qui connaît bien la région, offre de leur montrer le chemin au travers des plaines et des forêts. Commence alors un très long voyage à pieds dans des contrées sauvages…

Si au départ les rescapés éprouvent de la gratitude envers Harris, leur confiance en lui commence à s’effriter au fil des jours de marche, suite à une succession d’incidents, qui leur font fortement douter de la véracité de ses dires et même plus grave encore, du pays dans lequel ils se trouvent réellement… C’est seulement lorsqu’ils entendent le rugissement d’un lion et qu’ils découvrent au pied d’un arbre des fourches, des chaînes brisées et des mains mutilées, que la vérité leur saute aux yeux : ce n’est pas l’Amérique du Sud, c’est l’Afrique ! L’Afrique équatoriale ! L’Afrique des traitants et des esclaves !

Et c’est sur ces mots terribles que débute la seconde partie de ce roman, tandis qu’Harris, leur fausse compagnie pour rejoindre Negoro.
« Quant à moi, pendant les premiers jours de marche, je suis bien parvenu à lui faire prendre cette province pour le désert d'Atacama que j'ai visité autrefois ; mais le moutard qui réclamait ses caoutchoucs et ses oiseaux-mouches, mais la mère qui demandait ses quinquinas, mais le cousin qui s'entêtait à trouver des cocuyos ! Ma foi, j'étais à bout d'imagination, et, après leur avoir fait avaler à grand-peine des autruches pour des girafes... Une trouvaille, cela, Negoro ! – je ne savais plus qu'inventer ! D'ailleurs je voyais bien que mon jeune ami n'acceptait plus mes explications ! Puis, nous sommes tombés sur des traces d'éléphants ! Puis, les hippopotames se sont mis de la partie ! Et tu sais, Negoro, des hippopotames et des éléphants en Amérique, c'est comme des honnêtes gens aux pénitentiaires de Benguela ! Enfin, pour m'achever, voilà le vieux noir qui s'avise de dénicher au pied d'un arbre des fourches et des chaînes dont quelques esclaves s'étaient débarrassés pour fuir ! Au même moment rugit le lion, brochant sur le tout, et il est malaisé de faire prendre son rugissement pour le miaulement d'un chat inoffensif ! Je n'ai donc eu que le temps de sauter sur mon cheval et de filer jusqu'ici ! » (Jules Verne, Un Capitaine de quinze ans, extrait chapitre 2, 1878)

Nos amis sont donc perdus en plein cœur du terrible Angola, pays que sillonnent les caravanes d’esclaves sous le fouet des tyrans esclavagistes. Et malheureusement, le petit groupe, à l’exception d’Hercule qui parvient à fuir, va tomber entre leurs mains. Ils vont vivre des moments difficiles et assister à des événements tellement épouvantables, que nul mot ne serait être assez fort pour qualifier ces horreurs.

Ils ne devront leur salut qu’au courageux Hercule, qui les tirera de ce mauvais pas. Une fois libres, Dick Sand et son groupe embarquent sur un radeau de fortune pour redescendre un fleuve, qui, espèrent-ils, rejoindra la mer où ils pourront trouver des habitations et du secours. Sur ce long fleuve, de nouveaux périples les attendent : cannibales, animaux sauvages, cascades, etc. Arrivés prêts du but, ils recroiseront le sinistre Negoro. Toutes les questions que l’on se posait à son sujet seront résolues.

Cette histoire se terminera tout de même sur une note positive, malgré le fait que tous ne reviendront pas vivants de l’Afrique…

La partie de l’histoire pendant laquelle les héros sont prisonniers est assez longue, et je pense qu’elle a pour but que le lecteur sache ce que sont actuellement (en 1878, donc) encore ces chasses à l’homme, où et comment s’exécutent ces razzias barbares, ce qu’elles coûtent de sang, ce qu’elles provoquent d’incendies et de pillages, et au profit de qui elles se font.

Si la première partie de cette aventure se voulait plutôt triviale, je me dois d’avertir le lecteur que cette seconde partie n’a rien de divertissant ou d’amusant. Jules Verne nous parle de la traite des noirs et dénonce ses abominations. « La traite ! Personne n’ignore la signification de ce mot, qui n’aurait jamais dû trouver place dans le langage humain », rappelle-t-il. Il explique : « On pourrait croire que la traite ne se fait plus […]. Il n’en est rien, et c’est là ce qu’il faut que le lecteur sache, s’il veut s’intéresser intimement à la seconde partie de cette histoire. » Et dans ce tout premier chapitre, Jules Verne nous donne une leçon d’histoire, à mon avis essentielle, pour expliquer et rappeler à nos mémoires ce qu'était la traite, et d'où elle tenait ses origines.

Conclusion

« Un Capitaine de quinze Ans » est un long roman sur lequel il y a beaucoup à dire, car il présente plusieurs thèmes.

En premier lieu, avec ce livre, Jules Verne nous offre une véritable dénonciation de l’esclavagisme. Il le condamne purement et simplement (ce sujet est également présent dans 2 autres de ses romans). Il nous présente aussi la culture anthropophage des peuples d’Afrique.

Au travers de son personnage principal, le jeune Dick Sand, il nous fait part de ce qu’est un douloureux apprentissage de la vie d’adulte. Pour ce capitaine de 15 ans, il s’agit également d’un voyage initiatique, une initiation à la vie, où courage et détermination sont salvateurs.

Ensuite, avec le cousin Bénédict est imposée la découverte de l’entomologie. De par son excentricité et son désintérêt total pour le monde qui l’entoure, ses congénères ou encore les choses matérielles, ce savant apporte une petite note de légèreté à ces aventures.

Et puis, il ne faut pas oublier le chien Dingo, qui tient un rôle important dans cette histoire. Avec lui est amené le thème de la vengeance, dans le sens « un juste retour aux choses ». Ceci s’applique d’ailleurs aussi à Dick Sand lorsqu’il tue Harris.

Au final, qu’ai-je pensé de ce livre ? J’ai lu plusieurs ouvrages de Jules Verne, surtout les plus connus, et je dois dire que celui-ci est un peu différent, dans le sens qu’il n’a pas vraiment trait à l’Imaginaire. Bien au contraire, il nous plonge au cœur d’une cruelle réalité. On est loin du « Voyage au Centre de la Terre » ou encore du « Rayon vert » ou de « L’ìle mystérieuse ».

Personnellement, je ne dirais pas que j’ai eu plaisir à lire cette histoire, car elle est triste et trop « réelle » à mon goût. Par contre, j’ai trouvé le livre très intéressant, fort bien écrit, et j’ai apprécié y découvrir un Jules Verne très terre-à-terre qui crie haut et fort ce qu’il pense de l’esclavagisme. C’est une lecture enrichissante, avec des personnages attachants.

Si je devais vous recommander un livre de Jules Verne, partant du principe que vous ne connaissiez pas l’auteur, ce n’est pas celui-ci qui je choisirais. Cependant, si vous appréciez les œuvres de Jules Verne, et que les thèmes abordés ici vous intéressent, alors je vous encourage chaleureusement à vous plonger dans cette lecture.


Koyolite Tseila
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