Un Cantique pour Leibowitz, réédition @ 2002 Folio SF | Illustration de couverture @ Eric Scala
À la fin du xxe siècle, les rescapés du feu nucléaire décident de détruire tous les livres, désormais conçus comme les instruments abjects d'une science qui a détruit l'humanité. Isaac Leibowitz, un ancien ingénieur, fonde alors un ordre monastique destiné à sauver les derniers ouvrages qui ont échappé à la vindicte populaire. Quelques siècles plus tard, frère Francis, membre de l'ordre albertien de Leibowitz, découvre dans un vieil abri anti-atomique de vieilles reliques qui laissent entrevoir la fin d'une période d'obscurantisme et le renouveau de la science.
Fiche de lecture
Un roman intéressant, mais…
Ce roman est la réunion de trois grosses nouvelles se déroulant autour de l'Abbaye de l'Ordre Albertien de Leibowitz (OAL).
La première nouvelle, intitulée Fiat homo, suit les aventures du jeune novice de l'ordre Francis de l'Utah, qui découvre par hasard, dans les débris d'un abri antiatomique, des écrits attribués à Saint Isaac. Dans une ambiance rappelant Le Nom de la Rose, c'est véritablement le coeur de l'ouvrage, et sa partie la mieux réussie. Relations complexe entre les moines, ambiance de scriptorium, cette nouvelle nous fournit un regard original sur notre époque... du moins sur l'époque de parution du roman (les années 1960). Et c'est là qu'on voit que le temps fait son oeuvre : la description, en filigrane, de l'abri antiatomique (construction iconique de la Guerre froide), serait (déjà !) peu familière aux plus jeunes lecteurs (j'ai passé cinq minutes à réfléchir pour comprendre où l'auteur voulait m'amener... alors j'ose imaginer ce qui doit en être pour le personnage de Frère Francis !). On suit le jeune novice dans la controverse visant à faire authentifier les écrits, dans le cadre du processus de canonisation d'Isaac Leibowitz...
La seconde nouvelle Fiat lux commence déjà à être plus brouillonne : multiplication de personnages, d'acteurs géopolitiques, sur fond de renaissance technologique avec la recréation d'une dynamo dans les murs de l'abbaye.
Et la troisième Fiat voluntas tua est encore plus désordonnée : entre un conflit nucléaire de masse, un plan d'évacuation planétaire de l'Ordre Albertien de Leibowitz, et des considérations philosophico-religieuses éthérées... Cela part dans tous les sens… et on est totalement perdus.
W. M. Miller Jr. est un homme marqué par son époque : ancien militaire ayant été traumatisé tant par la bataille de Monte Cassino (et la prise de l'abbaye éponyme) que par les bombardements atomiques de 1945.
Si cette double menace existe toujours aujourd'hui, on constate qu'elle n'est plus aussi prégnante que pendant son contexte de publication... et cela se ressent à la lecture. L'ouvrage a vieilli, indéniablement mais il se lit, du moins dans sa première partie, toujours très bien.
En somme, l'idée de base est très intéressante (suivre un ordre monastique dans sa quête de connaissance), mais mal exploitée car complètement engluée par la peur et l'angoisse de son auteur : dépressif, celui-ci se suicide en 1996. La suite qu'il avait prévue au Cantique (intitulée L'Héritage de saint Leibowitz) est achevée après sa mort par l'auteur Terry Bisson.
Cet ouvrage m'a rappelé le mouvement dit « d'archéo-fiction », articulé autour de la mode des capsules temporelles. Sa lecture me semble donc requise pour tout fan de « post apo » qui se respecte.
Ce roman est la réunion de trois grosses nouvelles se déroulant autour de l'Abbaye de l'Ordre Albertien de Leibowitz (OAL).
La première nouvelle, intitulée Fiat homo, suit les aventures du jeune novice de l'ordre Francis de l'Utah, qui découvre par hasard, dans les débris d'un abri antiatomique, des écrits attribués à Saint Isaac. Dans une ambiance rappelant Le Nom de la Rose, c'est véritablement le coeur de l'ouvrage, et sa partie la mieux réussie. Relations complexe entre les moines, ambiance de scriptorium, cette nouvelle nous fournit un regard original sur notre époque... du moins sur l'époque de parution du roman (les années 1960). Et c'est là qu'on voit que le temps fait son oeuvre : la description, en filigrane, de l'abri antiatomique (construction iconique de la Guerre froide), serait (déjà !) peu familière aux plus jeunes lecteurs (j'ai passé cinq minutes à réfléchir pour comprendre où l'auteur voulait m'amener... alors j'ose imaginer ce qui doit en être pour le personnage de Frère Francis !). On suit le jeune novice dans la controverse visant à faire authentifier les écrits, dans le cadre du processus de canonisation d'Isaac Leibowitz...
La seconde nouvelle Fiat lux commence déjà à être plus brouillonne : multiplication de personnages, d'acteurs géopolitiques, sur fond de renaissance technologique avec la recréation d'une dynamo dans les murs de l'abbaye.
Et la troisième Fiat voluntas tua est encore plus désordonnée : entre un conflit nucléaire de masse, un plan d'évacuation planétaire de l'Ordre Albertien de Leibowitz, et des considérations philosophico-religieuses éthérées... Cela part dans tous les sens… et on est totalement perdus.
W. M. Miller Jr. est un homme marqué par son époque : ancien militaire ayant été traumatisé tant par la bataille de Monte Cassino (et la prise de l'abbaye éponyme) que par les bombardements atomiques de 1945.
Si cette double menace existe toujours aujourd'hui, on constate qu'elle n'est plus aussi prégnante que pendant son contexte de publication... et cela se ressent à la lecture. L'ouvrage a vieilli, indéniablement mais il se lit, du moins dans sa première partie, toujours très bien.
En somme, l'idée de base est très intéressante (suivre un ordre monastique dans sa quête de connaissance), mais mal exploitée car complètement engluée par la peur et l'angoisse de son auteur : dépressif, celui-ci se suicide en 1996. La suite qu'il avait prévue au Cantique (intitulée L'Héritage de saint Leibowitz) est achevée après sa mort par l'auteur Terry Bisson.
Cet ouvrage m'a rappelé le mouvement dit « d'archéo-fiction », articulé autour de la mode des capsules temporelles. Sa lecture me semble donc requise pour tout fan de « post apo » qui se respecte.