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Récits maritimes

        

USS Indianapolis - Un combat insoupçonné pour des marins en guerre…


Une fiche ajoutée dans nos cales par | 07/12/2021 | Lu 1962 fois




L'USS Indianapolis à Pearl Harbor en 1937 | Par Auteur inconnu — U.S. Navy photo NH 53230, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=695024
L'USS Indianapolis à Pearl Harbor en 1937 | Par Auteur inconnu — U.S. Navy photo NH 53230, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=695024
L’USS INDIANAPOLIS est un bâtiment de guerre construit de 1930 à 1931 et mis en service l’année suivante. Il appartient à la catégorie des croiseurs : des navires moins grands et plus rapides que la classe des cuirassés, les forteresses flottantes. Avec ses 185m de long et 20m de largeur (maître-bau), son équipage peut varier entre 900 et 1200 hommes en fonction des situations.

USS Indianapolis, 1939 | Par Auteur inconnu — U.S. Navy photo 80-G-425615, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15824221
USS Indianapolis, 1939 | Par Auteur inconnu — U.S. Navy photo 80-G-425615, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15824221

Deuxième Guerre mondiale (Océan Pacifique)

Malgré sa taille modeste, l’INDIANAPOLIS devient une pièce maîtresse dans le Pacifique. Après la gifle de Pearl Harbor, il participe à énormément de missions et se fait bombarder à plusieurs reprises par les aviateurs japonais. Les réparations se succèdent et à chaque fois, le bateau repart toujours au combat. Il traverse d’ailleurs les quatre ans et demi de bataille navale du Pacifique. Ses marins deviennent de plus en plus chevronnés, les meilleurs de la Navy.

À la mi-45, l’INDIANAPOLIS est désigné pour une mission ultra-secrète : transporter une cargaison d’une base de San-Francisco jusqu’à l’île de Tinian dans le Pacifique. La mission est non-officielle, aucun plan n’est officiel, aucun ordre de navigation n’est donné officiellement : le navire doit donc partir sans escorte.

Bien que la marine japonaise se retrouve à genoux en 1945, il reste toujours la menace de ses redoutables sous-marins. Malgré cela, l’INDIANAPOLIS bat tous les records et effectue son trajet en 10 jours : parti le 16 juillet, il arrive à Tinian le 26 avec une escale à Pearl Harbor (= 9260km à une moyenne de près de 40km/h).

Sa livraison secrète réussie, le navire doit retourner à Leyte, à l’abri provisoirement du côté des Philippines. Charles McVay, capitaine du vaisseau de guerre, demande une escorte afin de protéger ENFIN son bâtiment durant le trajet.
 
Sa demande est refusée : le navire n’étant pas officiellement là, impossible donc d’officialiser une escorte (vive l’armée…). Valeureusement, le navire de guerre repart donc seul afin de se mettre à l’abri quelques temps, le repos sera bien mérité pour l’équipage.

La technique de navigation en temps de guerre est de voguer en « zig-zag » afin d’éviter les éventuels tirs de torpilles ennemies, mais à l’appréhension de McVay, il n’en est pas question ! Il faut avancer le plus vite possible, le calvaire devient trop long sans les escortes.

La nuit du 29 au 30 juillet 1945, un sous-marin japonais équipé de torpilles kamikazes (guidées) et magnétiques aussi, repère le valeureux navire. Le capitaine Machitsura ordonne le tir : deux impacts blessent mortellement l’INDIANAPOLIS sur son flanc droit. Le bateau coule en 12 minutes. Malgré leur expérience, sur les 1200 marins, 300 perdent la vie, 900 hommes se retrouvent à l’eau. Les canots de sauvetage sont heureusement sortis mais ce sont des genres de bouées carrées avec un filet central, une embarcation très éphémère mais avec une réserve de vivres minimale tout de même.

Sans le savoir, le véritable combat va seulement commencer pour ces militaires chevronnés…
 
900 hommes flottent et tentent la survie tant bien que mal avec rien que de l’océan pour horizon. Les blessés sont là, le sang coule… Il n’en faut pas plus pour attirer le pire des prédateurs, le pire des ennemis, celui contre lequel personne n’a eu l’entrainement pour le combattre : le requin !

Le calvaire dure 5 jours entre la famine, la déshydratation et les multiples attaques de requins. Les morts par déshydratation servent de nourriture aux prédateurs en attendant un éventuel secours qui viendra par un hydravion en surveillance et alertera enfin l'US Navy.

Sur les 900 naufragés, seulement 317 marins sont sauvés des attaques de requins…

Survivants de l'Indianapolis à Guam, août 1945 | Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1183421
Survivants de l'Indianapolis à Guam, août 1945 | Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1183421

Après le naufrage

Par la suite, le capitaine McVay est traduit en cour martiale pour être accusé responsable du sort de son navire, car il n’a pas pratiqué cette navigation en « zig-zag ».

Le capitaine japonais Machitsura du sous-marin I-58 appelé à témoigner prouve à la cour de justice militaire que l’INDIANAPOLIS n’avait de toute façon aucune chance face aux types de torpilles utilisées par l’armée japonaise. McVay ne pouvait donc rien y faire…

La fameuse cargaison secrète était en fait les éléments des bombes « Little Boy » et « Fat Man » larguées sur Hiroshima et Nagasaki quelques jours après leur livraison.
 
Le naufrage de l’USS INDIANAPOLIS reste une tragédie pour l'US Navy. Un mémorial lui est dédié dans la ville du même nom. Un film « USS INDIANAPOLIS - Men of courage » avec Nicolas Cage lui a été consacré en 2016.

Mémorial de l'USS Indianapolis à Indianapolis | Par Mingusboodle — Travail personnel, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15043271
Mémorial de l'USS Indianapolis à Indianapolis | Par Mingusboodle — Travail personnel, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=15043271

Quand un navire martyr est évoqué dans un film

Ayant revu l’excellent film Les Dents de la Mer (Jaws, 1975), je suis très étonné par ce passage qui rejoint mon article sur le USS INDIANAPOLIS.
 
Bien décidés à capturer le grand requin meurtrier, le chef Brody (Roy Scheider), le chasseur de requins Bart Quint (Robert Shaw) et l’océanographe Matt Hooper (Richard Dreyfuss) sont dans la cale du trop petit bateau (il leur aurait fallu un plus grand bateau) occupés à se prendre une bonne cuite.
 
Bart Quint explique qu’il faisait partie de l’équipage de l’INDIANAPOLIS lorsqu’il s’est pris deux torpilles par le travers avant. Le puissant bateau a coulé en 12 minutes et le calvaire a commencé pour les marins…
 
Bart évoque également la bataille de Waterloo lors de laquelle les soldats français avaient formé un dernier « carré » face aux Anglais. Je fais mention de ce carré, car petit détail que l’on peut remarquer, la forme des bouées de l’INDIANAPOLIS est carrée elle-aussi.

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Christobal Columbus
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💬Commentaires

1.Posté par Koyolite TSEILA le 26/06/2021 11:55 | Alerter
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KoyoliteTseila
Oh la la... mais quelle histoire ! Les pauvres marins... Merci pour cet article instructif et passionnant.

2.Posté par Philippe LEMAIRE le 26/06/2021 13:46 | Alerter
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Philippe-Lemaire
Très bel article bien instructif, mon bon Maître. J'ignorais tout ça et, puisque j'ai ce bateau sur World of Warship, ben je vais attaquer tous les navires japonais que je croise maintenant, na ! ^^

3.Posté par Erwelyn CULTURE MARTIENNE le 07/07/2021 09:25 | Alerter
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erwelyn
Sacrée histoire ! La photo du canot avec le requin a été prise par les secours ? c'est impressionnant. Je ne connais pas le film. Est-il bien ?

4.Posté par Tanguy PRZYBYLSKI le 08/12/2021 01:30 | Alerter
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Silverwolf
Je ne me rappelais plus de la mission mais je me souviens avoir vu un documentaire sur ce naufrage dans les années 90. C'est quand même incroyable que le capitaine ait été inculpé alors qu'il s'agissait clairement de l'incompétence de l'armée elle-même à protéger ses hommes (la mission n'étant plus secrète au retour). Chose peu connue, les torpilles kamikazes étaient l'équivalent des avions kamikazes. C'était des enfants qu'on envoyait à la mort dans des torpilles...

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