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Odregan | Les Jardins du Feu et du Vide | Nicolas Le Breton | 2018-2019


Une fiche ajoutée dans nos cales par | 08/04/2022 | Lu 235 fois






Ordegan : 1 novella + 2 nouvelles
Ordegan : 1 novella + 2 nouvelles
Vodenn tapota machinalement son crâne, comme s’il cherchait une calotte-miroir qui n’y était pas. Il eut un regard vide, considérant l’incalculable :

– Odregan ne serait pas une légende ? Odregan serait une réalité ? Je veux dire, on a souvent pensé que ces documents étaient des faux habiles, des manipulations extrêmement bien faites… mais ça ?
Il médita longuement. Un léger soupir lui échappa :

– L’Ico et Odregan. Les deux plus grands mystères de notre civilisation, réunis.

Un frisson parcourut les épaules de Vodenn.

Droit devant, la forme immobile d’Odregan semblait attendre un combat avec l’Univers lui-même.

Fiche de lecture

Ressentis

Même si je puis en citer de nombreux, les derniers romans de Hard-SF qui m’avaient totalement transporté restent Le Cycle des Inhibiteurs d’Alastair Reynolds. J’ai eu l’impression de replonger dans une « folie douce » identique et à presque faire des sauts de cabri tant j’étais excité par ce que je lisais.

Le récit est – outre heureusement fou comme je viens de l’écrire – dantesque par tout ce qu’il présente d’un univers où il faut tout apprendre depuis son vocabulaire, et histoire des diasporas humaines jusqu’aux mystères que cette même humanité a découverts sans jamais les comprendre encore moins les résoudre.

Avec cela, Nicolas Le Breton ne fait pas dans la demi-mesure ; il nous offre tout avec brutalité et précision, ce qui a fait que je n’ai pu lâcher ces trois opuscules avant de les avoir totalement dévorés.

Les Jardins du Feu et du Vide - L'Opéra d'Odregan (novella, 2019)

Ouverture (extrait) :

« Avant que l’humanité ne s’échappe du Berceau-Terre, on s’était imaginé que de vestes empires s’étendraient sur la Galaxie. C’était compter sans l’immensité de l’espace et la profondeur des golfes du temps… »

Tout commence avec Jod, jeune homme encore adolescent, qui vient réclamer quelque explication et un peu d'argent à son géniteur, celui dont sa mère lui a appris la paternité vers ses treize ans. Alors que ledit père bafouille et esquive tout, le drame surgit : les mécagels, serviteurs humains créés par ces derniers, tuent leurs inventeurs avant de se suicider. Un massacre de tous leurs concepteurs, de toute l’humanité donc… Jod ne doit sa survie qu’au fait d’avoir eu des réflexes et de ne pas avoir quitté sa tenue de sortie spatiale lorsqu’il est projeté dans le vide entourant la Station Dahlia où il est. Après avoir erré quelques semaines sur les lieux, le jeune garçon se retrouve face à un vaisseau et ses occupants, des Déchiffreurs, qui en débarquent : deux hommes DeQkus et Vodenn, et une femme aussi jeune que Jod, archiviste et nommée Thelli. À bord du Renifleur d’Apothéoses, le quatuor va fuir jusqu’à l’Ico, un incroyable icosaèdre grand comme plusieurs planètes et voguant hors de notre galaxie.

Sans que l’on comprenne, dans un premier temps, les raisons de leur venue en ce monde artificiel, nous allons suivre le groupe dans ses recherches, ses dissensions et lever peu à peu certains voiles de mystères qui les entourent, alors qu’ils découvrent une première statue géante d’Odregan qu’ils détruisent, puis une seconde protégée par d’étonnants replis temporels…

Incisif, sombre et sans temps mort. Le plus extraordinaire n’est pas seulement d’être happé par le récit, par les personnages que l’on se surprend à aimer ou détester, mais surtout d’être littéralement fauché par les twists qui surviennent un à un, bâtissant un univers gigantesque dans notre propre Univers. Si les pans de mystères se lèvent un à un pour certains, les fins m’ont laissé bouche bée, en me disant que je n’étais pas le seul à avoir les idées folles que j’ai placées dans Les Gueules des Vers.

Avec cela, l’histoire est ornée de 19 calligrammes, qui ajoutent au trouble que l’on ressent et aux arcanes existants. Si vous aimez la hard-SF, la magie, les ténèbres, les énigmes, la démesure des grands opéras cosmiques, il faut plonger sans hésiter une seconde. Si vous appréciez les Watchmen (que ce soit les comics ou le film dérivé Les Gardiens), vous aurez l’impression de retrouver quelque peu Dr Manhattan (ce qui m’est apparu avec la même évidence dans les deux opus associés).

Parce que cet opéra en sept mouvements possède tout ce qui vous ravira.

Si vous ne connaissez pas, c’est une occasion en or pour être secoué au plus profond de l’Univers avec Odregan.

Pour ma part, j’attends/espère avec impatience une suite, un développement encore plus grand et plus fou de cet univers-là.
Un calligramme intérieur
Un calligramme intérieur

Ordegan 1 - S'ils me connaissaient (nouvelle, 2018)

Nous suivons ici la fuite d’Odregan que poursuivent dans le temps et l’espace trois individus tout de noir vêtus. Le fuyard essaie, apparemment, de retrouver la trace de celle qu’il a entraperçue et qu'il est pourtant certain d’avoir laissée mourir ou peut-être même tuée. Une très courte histoire dans les mêmes esprits et univers qui se lit aussi vite que cette course haletante. C’est tout aussi sombre et dramatique que le roman ; quant à la fin, on se fait avoir, nous présentant une nouvelle facette de ce qu’est possiblement Odregan dans ces tourbillons spatio-temporels.

Un petit praliné de plaisir.
 

Ordegan 2 - Quantique des Souffrances (nouvelle, 2019)

Changement de décor et d’idée. Cette fois-ci, Odregan se révèle être une planète où vivent les Odreganistes. Et le personnage principal (ni héros ni anti-héros) vient solliciter, sur la station Lagrange et auprès du Gardien, le droit de passage pour lui et le vaisseau sur lequel ses cent trente compagnons attendent, craintifs, leur possible survie. Nul ne débarque ici de gaîté de cœur, c’est un dernier recours, un ultime espoir tant sont immenses les risques de disparaître en franchissant les portes et en essayant d’atteindre la planète… si ce n’est que ni ce recoin d’univers avec Odregan, ni le Gardien ne sont ce que croyait l’arrivant et de découverte en découverte, celui qui a souffert en perdant les siens va voir son destin basculer.

Après le petit praliné, voici le chocolat liquoreux qui vient clore ce trio de textes.

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JC Gapdy
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