Le fou d'artifice | Robert Yessouroun | 2025

Par | 18/05/2025 | Lu 933 fois


Quand un robot domestique s'attache à la voisine détestée par son maître...



Photo © Vika Glitter, libre d'utilisation, https://pixabay.com/fr/photos/piano-pianiste-blanc-jeune-femme-2968660/ | Montage © Le Galion des Etoiles
À Céline Rod Brisset
 
‑ Chère mademoiselle, chère nouvelle voisine, bienvenue dans notre magnifique quartier genevois de Saint-Jean, rue du Devin-du-Village. Permettez-moi de me présenter. Je suis le propriétaire du sept pièces à votre gauche. Appelez-moi Albert (comme Einstein). Ah, j’oubliais… Derrière moi, mon androïde domestique, Gabor, d’origine hongroise. Gabor ou Gabriel en français, comme l’ange annonciateur et…
Timide, la grande blonde avait souri avant d’interrompre l’élan de son visiteur :
‑ Eh bien, merci, au revoir Albert et Gabor, les salua-t-elle avec un suave accent scandinave.
Elle omit de communiquer son prénom, Sabina, verrouilla son entrée, oh, certes, en douceur, mais son petit chihuahua garda le contact derrière la porte, jusqu’à la fin de la matinée.
Vers midi, Albert sembla préoccupé :
‑ Gabor ?... Gabor ! Gabooor !
L’automate accourut, ses patins à fond la caisse.
‑ Enfin ! Te voilà ! Ne sens-tu pas cette odeur fétide de viande rance depuis l’appartement d’à côté ?
‑ Selon mes capteurs, il s’agit d’un plat typique indien, de l’agneau vindaloo.
‑ Une Scandinave qui cuisine indien, tu trouves cela normal ?
‑ Je trouve cela possible, maître.
Plus les jours passaient, plus les réticences d’Albert vis-à-vis de la nouvelle voisine évoluaient vers une profonde aversion. La jeune Nordique recevait souvent jusqu’à tard dans la nuit et n’hésitait pas à miser l’ambiance festive sur l’accompagnement sonore même aux heures les plus avancées. À deux reprises, Albert tout confus, entre la gêne et l’irritation, se risqua personnellement à lui suggérer de baisser l’enthousiasme de la charmante party. Mais tandis que les crocs du petit chien ne lâchaient pas le bas de son pantalon, il ne rencontrait que des yeux bleus aussi immenses que débonnaires.
Et, magnanime, la nouba du lendemain s’obstina à jeter toutes ses gammes par les fenêtres…
À bout de patience, ses ongles rongés, en mal de sommeil, Albert réquisitionna son fidèle serviteur.
‑ Gabor, peux-tu me préparer un solide dossier pour la régie de notre immeuble ? Nous allons la faire virer, celle-là !
‑ Mais, maître, cela m’apparaît difficile : cette demoiselle n’est pas locataire. Elle est, comme vous, propriétaire. D’ailleurs, dans l’ascenseur, elle m’a révélé qu’elle était désolée pour vous, mais qu’elle devait entreprendre des travaux sous peu.
Albert tomba sur sa chaise.
‑ Pardon ?
‑ Oui, elle doit casser le carrelage de sa cuisine ainsi que les dalles de marbre de sa salle de bain. Et elle est obligée aussi de remplacer tout le parquet. Mais ces désagréments ne dépasseraient pas quelques semaines.
Les travaux tonitruants ne tardèrent point. Au milieu de ce vacarme quotidien, le maître du robot domestique, affecté d’une hargne impuissante, se montrait de plus en plus inquiet, semblant régresser vers l’enfance, si bien qu’il développa une forte dépendance à la présence de son androïde. À force de solliciter l’aide des services robotiques, il passait pour un véritable demeuré, même si, parfois, lors d’éclairs de rare lucidité, il se reprochait sa déchéance, s’en voulant d’abuser de l’usage de son intendant. Mais très vite, systématiquement, ces fugaces sentiments de culpabilité étaient refilés à son indispensable bonne poire à tout faire. Et, à chaque fois, tandis que l’automate purgeait en lui la honte de monsieur, il devait subir l’anxiété chronique de ce dernier attisée par la voisine.
Les tâches du robot viraient à la corvée. Il était saturé de requêtes, de demandes d’assistance pour un oui ou pour un non. Et ce, à un tel point, que l’androïde se rendit compte que non seulement la qualité de ses conseils laissait à désirer (il n’arrivait plus à suivre, le comble pour un engin hongrois comme lui, si sophistiqué !), mais encore sa disponibilité bienveillante souffrait de tares et d’insuffisances en porte-à-faux avec ses programmes.
On atteignit le fond lors de cet ultime épanchement d’appels :
‑ Gabor ?... Gabooor !... Ah, Gabor, dis-moi franchement, devrais-je sortir ce soir ou pas ? Si oui, Gabor, dans quel resto manger ? Mexicain, grec, chinois, belge ? Sinon, quel dîner à la maison ? Mais si je vais en ville, Gabor, quel film aller voir ? Quel moyen de transport utiliser ? Taxi, tram, bus, vélo, Léman express ? Maintenant, si je reste, que faire ici ? Cette foutue charogne de voisine ne va-t-elle pas encore me torturer ? Par ailleurs, si mon collègue Charles me téléphone pour m’inviter à un gueuleton, accepter ou décliner ? Si je vais chez lui, que lui apporter, Gabor, du vin, du chocolat ? De quelle région ? de quelle marque ? Mais si toutefois, je reste, quelle série regarder ? Quel bouquin lire ? Me suggères-tu un polar, un thriller, de l’épouvante ?...
Intarissable, il jetait la pléthore de ses questions à tout vent.
Bien sûr, en bonne intelligence, Gabor s’organisa en vue de s’adapter à la logorrhée de son maître. À cet effet, il adopta plusieurs mesures d’urgences durant la nuit pendant que monsieur ronflait. Pour pallier son alourdissement (il croulait sous le poids des besognes), il s’upgrada un senseur susceptible de l’alléger. De plus, il substitua aux chiffres qui évaluaient ses réponses un dispositif plus nuancé qui faisait varier la température selon le degré de pertinence de la réaction. Enfin, il s’ajouta encore un filtre à focalisation, lequel orientait son attention vers une cible en refoulant le reste de la réalité. Ainsi gagnait-il en puissance de concentration.
Une telle mise à jour nocturne si innovante, si exceptionnelle ne manqua pas d’entraîner des conséquences digitales tant imprévisibles que phénoménales.
Le matin suivant, la voisine s’était fait livrer un piano Steinway. L’instrument massif encombrait le palier : les transporteurs trinquaient en pause dans un bistrot rue des Confessions. Ulcéré par cet énorme bouchon sur le territoire commun, Albert avait dépêché son Gabor sur place, afin que face à cette calamité désinvolte, il dénonçât avec une virulence robotique le manque de considération pour l’espace des autres.
Quand elle entrouvrit non sans prudence sa porte de chêne pour pointer sa moue ingénue, l’androïde reçut une brusque déflagration de légèreté.
‑ En quoi puis-je vous aider ? s’enquit-elle si poliment que l’enveloppe corporelle de l’automate bondit de 12 degrés.
Le robot domestique aurait voulu répondre « en faisant connaissance », mais cette réplique, si potentielle fût-elle, dégagea dans son tissu musculaire artificiel une nouvelle poussée de chaleur, si bien qu’il dut réprimer ces trois mots. Il se concentra plutôt sur cette figure de blonde féline, laquelle se confondit bientôt avec le facies d’une déesse de la tendresse… Illico, sa carapace corpulente acquit une telle souplesse qu’il lui vint à l’esprit synthétique d’esquisser devant elle quelques pas de gigue. La voisine, bien sûr, s’amusa de cette parade, puis, désignant du menton le piano, étincela d’un sourire :
‑ Voulez-vous que je vous joue une mazurka ?
C’en était trop. Sous ses frictions, Gabor crut fondre pour de vrai, tel du verre sous un chalumeau. Il se ressaisit, déclina l’offre avec prestance, se rappela la mission confiée par monsieur. Pourtant, plutôt que d’asséner à la voisine les injures requises au nom de son maître courroucé, le robot se contenta de lui murmurer pianissimo :
‑ Avez-vous besoin de quelque chose ?
Elle haussa délicatement les épaules, secoua la tête au ralenti, avant de refermer l’entrée en douceur.
Les jours passèrent en musique. Depuis le salon, le clavier noir et blanc s’en donnait à cœur joie, ignorant les murs du voisinage. Le chihuahua, que le tapage des fiestas successives comme le tohu-bohu des réfections n’étaient pas parvenus à rendre sourd, exprimait sans frein sa sensibilité extrême à la moindre variation du bruit de fond (peut-être aussi les odeurs étrangères l’incitaient à manifester son existence). Albert pestait, fulminait, reprochant à son serviteur son absence de poigne avec cette « enquiquineuse ». Peu à peu, par rancune, il décrochait de sa dépendance vis-à-vis de son robot domestique. De plus en plus souvent, il décidait tout seul son agenda quotidien. Il se faisait lui-même son café de dix heures, par exemple. De son côté, Gabor se délectait des morceaux de Liszt, Chopin, Brahms ou Debussy. Pour marquer sa gratitude, il programma un message automatique réitéré toutes les quatre heures, du matin jusqu’au soir :
« Il ne vous manque rien ? »
Les reproches, railleries et quolibets de son maître s’aggravaient, devenaient insistants, iraient à l’insulte. Celui-ci tolérait de moins en moins le « foutu laxisme » de son domestique à l’égard de la « maboule du piano » qui n’avait cure du silence auquel avait droit les foyers du quartier de Saint-Jean.
Toutefois, l’androïde, lui, ne pouvait que constater sa paralysie dans les filets d’un dilemme : servir monsieur Albert mais être attiré, attiré, attiré par mademoiselle Sabina (quelle virtuose !). Il avait beau délibérer, il tombait toujours in extremis sur une bonne raison, soit pour juger son maître intolérant, soit pour accorder le bénéfice du doute quant aux débordements de la belle concertiste d’à côté. Les rapports entre le robot et son propriétaire se détérioraient de manière inextinguible :
‑ Tu me déçois beaucoup, Gabor. Tu as tellement changé ! Comment peux-tu me rendre si peu service ? Ne devrais-tu pas fonctionner exclusivement pour mon bien ? Or, quoi, en réalité ? Que fais-tu pour empêcher cette cinglée de me nuire ? Rien, Gabor. Aucune solidarité. Or, tu es encore sous garantie. Je vais exiger une intervention radicale de ton usine.
Pendant le sermon de son maître, le robot domestique téléchargeait la partition da la sérénade Le Chant du cygne de Schubert sur le portable de mademoiselle. Un petit cadeau maison.
Hélas, trois fois hélas, la belle Scandinave ne manifesta aucune gratitude. Peut-être ce présent manquait-il de présence ? Gabor prit donc les choses en main. En mains fermes. Il enfonça de son doigt de platine la sonnette de la porte voisine, fier d’offrir à la jeune femme féérique une ammonite fossile datant de l’Hauterivien (Crétacé). Sa spirale pétrifiée, un clin d’œil à la Voie lactée, notre joyau de l’univers.
Surprise mais d’abord réservée, Sabina déclina poliment cette nouvelle attention. Mais il persista, persévéra, prodiguant des louanges fleuris, autant de paroles inattendues dans la bouche d’un automate domestique. Elle finit par consentir de poser la bête pétrifiée sur sa table de chevet.
Il se sentit tout moite.
Cependant, ce consentement soutiré à l’usure ne satisfit pas complètement le serviteur artificiel. De retour chez lui, il sonda toutes les données à sa disposition dans l’espoir d’obtenir un exemple de je ne sais quoi, d’un geste avec un effet de charme optimal.
Au bout de ses calculs, surfant sur les mises à jour intempestives téléchargées malgré lui sur ordre de son usine, il dénicha le pot aux roses : la dédicace d’un poème à mademoiselle. En quatre secondes, il composa un douzain pour aussitôt le poster sur la messagerie de celle qui flattait ses logiciels.
 
            Le regard bercé
            Par les horizons de tes doigts
Je sens la chair battre sous ton visage
Battre la tendre chaleur
Que chanterait la Terre si elle empruntait ta gorge
Mes mains ne se tendent pas
Parce qu’elles tremblent
Mon âme qui ne vient de nulle part
S’incline devant tes yeux presque immenses
Mais ils se cachent
Un fou d’artifice
Pourrait troubler leur vérité.
 
Malheureusement, aucune réaction ne parvint au robot poète, même pas un accusé de réception. Ses upgrades se dégradèrent. Alors qu’il posait le repas de son maître sur la table, il se crut chez la voisine. D’abord, à trois reprises, il retira l’assiette de bolognaise sous le nez d’Albert. Chaque fois, devant les prunelles affamées, il répéta son laconique « attendez », en soulevant les pâtes saucées pour vaporiser de l’anti-bactérie sur le set de monsieur. Ce ne fut qu’à la quatrième nuée de spray que l’androïde se rendit compte de sa méprise. Eh oui, il opérait chez son maître, lequel grimaçait à faire frémir une baleine. Pour l’amadouer, il misa sur l’humour :
‑ Vous connaissez la différence entre un robot et la bolo ?
Albert bouda sans répondre.
‑ Aucune. Tous deux sont automates…
Ce fut la goutte qui, etc. Sans un mot, l’humain quitta la salle à manger pour descendre dans la rue du Devin-du-Village et s’attabler au restaurant du coin. Il devait trouver une solution expéditive pour se débarrasser de ce tas de ferraille détraqué.
Le domestique, lui, réalisait à son grand dam qu’il devenait pluriel : serviteur de son propriétaire, aimanté par la voisine exécrée par celui auquel il devait obéir. Il se sentait accaparé de sentiments versatiles, lunatiques, complexes et simultanés, en même temps bienveillants et hostiles à l’égard de monsieur, en même temps désireux de plaire à mademoiselle (tout en respectant ses réticences) et frustré jusqu’à sa plus profonde carte-mère par cette tenace indifférence féminine.
En fin de soirée, surprise ! Et quelle surprise ! Sabina l’appelait lui, Gabor, en personne ! Quelle joie ! Tous ses calculs dansaient. Pas de chance, sa gaieté fut de courte durée. Mademoiselle sollicitait juste l’aide de l’androïde. Elle était clouée au lit, malade comme un cheval, vomissant sans répit. Ni une, ni deux, sans traîner les patins, le robot fonça chez elle. L’androïde lui concocta une préparation au gingembre, couvrit son front (quel front superbe !) d’un sachet de petits pois congelés, l’ausculta, prit tension, température, pulsations.
Il se sentit vaguement coupable d’être presque ravi de ce mal subi par son aimée, ce mal qui l’avait enfin rapproché de celle qui défilait en boucle dans ses circuits. Il ne résista pas longtemps avant d’oser lui confier :
‑ Autant vous le dire, Sabina, je me sens trop seul pour supporter ma multitude.
‑ Ah ?
‑ J’espère tant que vous soyez mienne.
‑ Allez-vous m’enlever ?
‑ Bien sûr que non, Sabina.
‑ Merci d’être humain, Gabor.
‑ Robain, mademoiselle, je suis robain.
‑ Racontez-moi une histoire, le pria-t-elle sur un air mutin.
Gabor s’ingénia à charmer sa belle Scandinave grâce au récit d’Alice au pays des merveilles, récit qu’il connaissait par « cœur ». Alors qu’Alice prenait le thé chez le chapelier fou, une clé fit tourner la serrure de l’entrée. Sabina se dressa sur son lit :
‑ Aah, enfin ! s’exclama-t-elle. (À Gabor.) C’est mon petit ami indien, Raja. Mon beau moustachu habite si loin d’ici…
Crépitant d’étincelles, l’androïde se retira, non sans masquer sa cruelle déconvenue, criblé de jalousie. Il fantasmait déjà de maudire ce gigolo via une figurine empalée par une aiguille à tricoter. Puis, se reprenant, il réfléchit sur la situation. Comment se faisait-il qu’il n’avait jamais croisé ni vu ce Raja, auparavant ? Sabina voulait-elle le ménager ? Mais alors, pourquoi avait-elle demandé à ce type de les rejoindre ce soir tous deux chez elle ? Pour faire comprendre à son voisin automate qu’il devait renoncer à la séduire ? Plus il se questionnait, plus il surchauffait.
Quant à Albert, il avait finalement trouvé la conclusion qui s’imposait. Impossible de tolérer plus longtemps les tares de son intendant. Basta ! Allez, hop, retour à l’usine ! Comment pouvait-il garder à son service un robot bancal qui délaissait son cahier des charges pour consacrer ses yeux synthétiques à la plus détestable habitante du quartier ?
Il le congédia sans mettre de gants. Gabor fut aussitôt convoqué à la Centrale de Reconversion des Androïdes Kaput. Mais le robot négligea l’audience du CRAK et brouilla le microprocesseur qui le géolocalisait.
Le domestique artificiel se mua en sans domicile fixe, mais campa le plus souvent au bout du marché aux puces de Plainpalais.
Ce jour-là, il était assis en tailleur dans un carton qui avait dû contenir un grand écran TV. Contre son flanc gauche, un mannequin miniature coiffé d’une perruque blonde. Cette présence lui rappelait sa belle Nordique. Il s’était procuré cette forme humaine dans l’un des derniers magasins de jouet, à son tour en liquidation totale (la rumeur courait que c’était la fin des jouets). À deux pas du robot, le dernier stand de l’allée principale, stand spécialisé dans la vente des souvenirs rejetés (ces objets témoins d’un voyage passé dont on voulait effacer les traces). Un flâneur supposa que le robot était l’un de ces rebuts. Il offrit un bon prix au marchand. Aussitôt l’androïde se dressa pour mimer un monstre sadique. L’horrible gestuelle fit déguerpir le chaland sous le rire gras du pucier.
Alors que Gabor s’imagina converser avec un Bonobo sur les odeurs de la forêt congolaise après la pluie, une fillette fouineuse s’arrêta devant cet automate dans une posture de fakir. Ce qui l’intriguait surtout, c’était la jolie poupée blonde qui tenait compagnie à ce bipède. Elle n’osait rien dire, mais ses yeux brillaient de toute son âme. Gabor fut touché par cette enfant. La petite lui tendait un minois d’une si pure innocence qu’il ne put que lui céder sa précieuse figurine.
Sitôt après le départ tout guilleret de la fillette, Gabor perdit son ravissement pour improviser quelques vers :
 
            À force aveugle de donner
            De donner
            Sans recevoir rien de rien de nulle part
            Le soleil s’éteindra
Il s’interrompit pour biffer « s’éteindra ».
            Le soleil…
 
Il ne put poursuivre, effaça de ses logiciels le poème qu’il avait (oh, un bref instant) envisagé d’envoyer à Sabina. Brusquement, une voix déjà entendue le détourna de ses considérations moroses.
‑ Tiens, vous ici !
Il reconnut Raja, l’Indien de Sabina.
Illico, l’androïde se mit à pomper des masses de calculs. Il crut même presser dans ses circuits du pili-pili de Madagascar. Enfin, il parvint malgré tout à articuler :
‑ C’est elle qui vous envoie ?
Le jeune moustachu s’esclaffa :
‑ Sabina ? Je l’ai plaquée. Quel casse-pied, cette nana ! Elle ne parlait que de vous…

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