Affiche et synopsis
Durant la guerre civile américaine, des soldats de l'Union s'enfuient à bord d'un ballon d'un fort où ils étaient prisonniers. Par un concours de circonstances, un soldat sudiste se retrouve avec eux dans la nacelle. Ne sachant comment piloter l'engin, ils partent à la dérive, portés par les vents violents d'une gigantesque tempête. Ils finissent par s'échouer sur une île qui semble déserte. Bientôt, deux autres naufragés les rejoignent et, alors que la vie commence à s'organiser, ils font connaissance avec les créatures qui peuplent l'île : un crabe, des guêpes, des oiseaux... mais tous d'une taille démesurée !
Présentation
« Mysterious Island » est un film américano britannique de Cy Endfield, sorti en 1961, avec dans les rôles principaux Michael Craig, Michael Callan, Gary Merrill, Percy Herbert, Dan Jackson, Herbert Lom, Joan Greenwood, Beth Rogan.
C'est une adaptation très libre, et même largement fantaisiste, du roman de Jules Verne, L'Île mystérieuse.
1862. La guerre de Sécession fait rage et Richmond est assiégée. Un groupe de soldats de l'Union est prisonnier des sudistes. Il est commandé par le capitaine de génie Harding (Michael Craig). Il y a avec lui Herbert (Michael Callan) et Neb (Dan Jackson).
Dehors, un ballon aérostat est maintenu au sol par des lests, mais une épouvantable tempête le secoue en tous sens. Harding et ses compagnons voudraient l'utiliser pour s'enfuir. Ils ont un plan en tête.
On amène un nouveau prisonnier dans la cellule. Il s'agit de Gedeon Spilett (Gary Merrill), correspondant de guerre. A ce moment, tous passent à l'action et neutralisent leurs gardiens. Puis ils réussissent à embarquer à bord du ballon.
Par hasard, un sudiste se retrouve passager. Il s'agit du sergent Pencroft (Percy Herbert), personnage au caractère assez ombrageux. Rapidement, on lui fait comprendre que s'il n'aide pas à manœuvrer l'aérostat, on le jettera par-dessus bord.
Le voyage dans les airs dure plusieurs jours. L'enveloppe du ballon est percée, elle se dégonfle. Harding et ses amis jettent tout ce qu'ils peuvent. Cela ne suffit pas. Ils détachent la nacelle et se cramponnent aux cordages.
Ils arrivent en vue d'une île. Harding, lui, est tombé, ou s'est jeté à l'eau.
Enfin, ils sont déposés sur cet endroit inconnu. Neb est désespéré d'avoir perdu son… maître ? Il agit, en tous cas, comme le « bon serviteur noir » des clichés (mais nous sommes en 1961, il ne faut guère s'étonner). Tout au long de ce film, on le cantonnera à un personnage de « gentil noir » un peu fruste et naïf, profondément dévoué à Harding. Ce sont les choix du réalisateur, et de l'époque.
Harding, qu'on retrouve sain et sauf, grâce à un feu - mais qu'il était bien incapable d'allumer. Qui donc, alors ?
Les naufragés s'organisent. Ils trouvent une grotte, qu'ils aménagent. Elle est située aux deux tiers de la hauteur d'une falaise assez imposante, véritable forteresse naturelle. Ils capturent des chèvres. Ainsi de suite. Ils commencent même à construire une embarcation pour rejoindre la civilisation.
Jusque-là, nous sommes globalement conformes au roman de Jules Verne. A ceci près que Herbert, dans le récit, était un adolescent. Là, c'est un jeune homme, entre 25 et 30 ans. Quant à Harding, son nom, dans le roman, était Smith. Allez comprendre.
A partir de là, on entre dans les fantaisies des scénaristes :
Tout d'abord, les hommes sont confrontés à d'étranges créatures. Un crabe géant les attaque. Ils réussissent à le faire basculer dans un geyser et, du coup, le mangent. Quand on sait le prix des boîtes de crabe, la belle affaire ! Plus loin, ils seront en présence d'une sorte de volatile assez hostile (qui ressemble à un poulet, en gros), et là encore, ils lui feront un sort, à la broche, après qu'il eût été abattu par… une balle ? L'engin en question mesure bien 2,50m de haut, précisons. C'est du gros poulet - avec, ou sans hormones ?
Des personnages manquent : le bandit repenti de Jules Verne, Ayrton, est retrouvé certes, mais à l'état de squelette. Mais il a laissé une grosse calebasse remplie de rhum, avec laquelle Pencroft s'énivre. « Yoohoooo, et une bouteille de rhum » !
Il y a également des personnages non prévus, qui parviennent sur les lieux en canot. Un bateau aurait été victime d'une tempête, quelque part au large. Ce sont trois personnes : un marin, qui n'a pas survécu, et deux femmes. Lady Fairchild (Joan Greenwood) dame de la cinquantaine, grande bourgeoisie, très distinguée, qui va devoir s'adapter à la vie rustique. Et sa nièce, Elena (Beth Rogan), qui va rapidement tomber dans les bras de Herbert (ce qui pourrait expliquer pourquoi on a changé l'âge du moussaillon).
En plusieurs occasions, le mystère se manifeste. D'abord, le feu qui a sauvé Harding. Puis, la balle qu'on a retrouvée dans la carcasse du volatile. Ensuite, cette caisse qui dérive tout près du rivage, et qui contient fusils, instruments de mesure, etc.
Et voilà que les pirates sont de passage sur l'île, apparemment pour refaire provision d'eau. Pas de chance, Mrs Fairchild fait tomber un fusil, ce qui attire leur attention. On se bat. Les deux ou trois pirates venus à terre sont abattus, mais d'autres vont débarquer, et le navire commence à bombarder la paroi où est située la grotte. Mais tout à coup, le vaisseau explose, inexplicablement.
Dans l'intervalle, Herbert et sa tendre amie, s'étant isolés pour se faire des bisous au soleil, trouvent du miel, puis des abeilles énormes, chacune mesurant bien deux mètres de long. Et puis, ils finissent par tomber sur une grotte à demi immergée, et sur… le Nautilus.
Depuis un bon moment déjà, Harding était arrivé à la conclusion que c'était le capitaine Nemo qui intervenait, leur sauvait la vie, leur faisait parvenir fusils, outils, instruments. Harding tenait Nemo pour un monstre, et Spilett le voyait plutôt comme un génie.
Nemo (Herbert Lom) choisit ce moment pour apparaître. C'est bien lui qui a fait sauter le bateau pirate. Il annonce que le volcan au centre de l'île est réveillé, que l'île n'en a plus pour longtemps. Il propose d'utiliser les pompes à bord du Nautilus pour renflouer le bateau pirate et ainsi, sauver tout le monde…
C'est un film sympathique, plaisant par de nombreux aspects, pas si mal pour l'époque, mais en plus d'une occasion, faisant toc, à mon avis.
J'ai donné les noms des acteurs, mais en réalité, il n'y a que deux vedettes dans cette réalisation : RAY HARRYHAUSEN et BERNARD HERRMANN.
Ray Harryhausen est ce génie qui a initié la technique de l'animation image par image. Pas d'ordinateurs, à l'époque. Il fallait tout faire à la main. Qu'on songe un peu que Harryhausen devait placer ses figurines, déclencher la caméra. Puis, déplacer légèrement, et hop, encore une image. Quel travail de fourmi ! Quelle patience ! Surtout s'il y avait plusieurs personnages qui bougeaient en même temps. Et le tout en tenant compte du fait que les mouvements suivent des courbes de vitesse : commençant à un rythme, puis accélérant, pour décélérer vers la fin. Quand on voit le résultat, ce n'est pas trop saccadé, relativement fluide et harmonieux. C'est Harryhausen qui a fait bouger le crabe, puis l'espèce d'oiseau. Les abeilles. Et aussi, un monstre marin vers la fin du film, qui s'en prend à Nemo et ses compagnons, équipés pour plonger.
(A ce propos, l'équipe des effets spéciaux a imaginé Nemo, puis les autres, avec des sortes de coquilles, servant de masques et d'équipements pour respirer, et ça, alors, c'est vraiment ridicule. En plus, on voit très bien qu'il y a du vrai matériel dessous. Enfin, je ne sais pas pourquoi, mais ça a été leur choix).
Ray Harryhausen a fait un travail incroyable sur ce film, et à mon avis, il est la première vedette du film, loin devant les acteurs, qui ne m'ont pas particulièrement épaté.
Pour mémoire, c'est lui qui a fait les animations également sur Jason et les Argonautes, un film réalisé en 1963 par Don Chaffey, avec là encore Bernard Herrmann à la musique. Un film dont je parlerai volontiers, si j'arrive à le revoir.
La seconde vedette du film, c'est indéniablement le génial compositeur Bernard Herrmann, celui qui tant travaillé avec Alfred Hitchcock, entre autres. On peut dire que la musique sur ce film est saisissante, grandiose, et renforce considérablement les climats, l'action. C'est une musique que j'écoute souvent, car elle me fait rêver, elle est pleine de tension, suspense, aventure…
Pour l'essentiel, voilà. Si le crabe reste crédible, le volatile fait plus rire qu'autre chose. J'y reviendrai.
Un mot sur le Nautilus :
De l'extérieur, il est bien plus conventionnel que celui imaginé par Harper Goff pour le 20000 Lieues sous les Mers de Richard Fleischer (1954). Mais il reprend l'idée d'une courbe en haut, à l'avant, hérissée de pointes, comme une sorte de couteau avec des crans. De dehors, il peut passer, bien que je n'aime pas sa couleur argentée et son aspect fruste. Et même les dimensions, me paraissent un peu justes. Sans doute la production n'avait-elle pas les moyens de rivaliser avec les studios Disney.
A l'intérieur, par contre, là ça frise la catastrophe et le ridicule. Encore, la pièce principale, l'orgue, bon. Mais alors, quand on voit les pompes censées renflouer le bateau pirate, alors là, il est difficile de ne pas être pris de fou rire !
Concernant la curieuse ménagerie sur cette île, on apprendra que c'est le capitaine Nemo qui a modifié le métabolisme des animaux, les rendant énormes, « pour résoudre les problèmes de faim dans le monde ». Je veux, dit-il, « après avoir combattu les moyens de la guerre, en éliminer les causes ».
On saura également que s'il est seul à bord du Nautilus, c'est parce que ses compagnons sont tous morts, rongés d'un mal étrange, qu'il attribue à la source d'énergie secrète du Nautilus. Bref, déjà à l'époque, le nucléaire commençait à faire des ravages. Enfin, on peut le penser.
Si on dresse le bilan, c'est quand même mitigé. D'abord, l'oiseau qui s'en prend aux hommes fait plutôt sourire qu'autre chose. A un moment, il saute en l'air, je ne sais de combien de haut, mais quoi, il n'a que deux ailes atrophiées, il pourrait tout juste éventer la lady avec ! Et puis, pourquoi diable ce volatile, qui doit manger des graines, des insectes, s'attaquerait-il à des humains ? Absurde !
Ensuite, Herbert Lom avec son coquillage sur le dos… Heureusement que le ridicule ne tue pas. Puis, ce Nautilus et surtout, ses pompes… Par contre, l'éruption volcanique, les roches qui s'effondrent, ça, ça passe. La seule chose qui cloche, c'est quand il y a de la lave : difficile à rendre, avec une bouillasse de je ne sais quoi et de la peinture rouge. Normalement, la lave émet chaleur et surtout, lumière.
En fin de compte, ce film est distrayant, il renvoie plus ou moins à l'univers de Jules Verne, mais il ne faut pas être trop regardant. Par exemple, Elena se fait coudre par sa tante un vêtement en peaux de chèvres (bonjour l'odeur). Et elle la pousse à lui faire… une mini-jupe ! Bon, là, il est clair qu'on a l'influence des années 60, mais 1960, pas 1860, où le récit est censé se dérouler ! Jamais en 1860 et quelques une femme n'aurait porté une robe qui aurait montré ne serait-ce que ses mollets !
Ce qu'il en reste, c'est le superbe travail de Harryhausen (même si on lui a refilé à animer un volatile qui ne ressemble à rien), et la somptueuse musique de Bernard Herrmann.
Ce sont les deux points essentiels que je retiens. C'est un film que j'aime bien, vers lequel je reviens de temps en temps, mais on ne peut pas le considérer comme un film majeur. On en est même assez loin. Bon, moi il se trouve que j'adore Jules Verne et cette histoire en particulier, alors j'ai un faible pour tout ça. Mais objectivement, c'est très très loin d'arriver au niveau du 20000 Lieues sous les Mers de Richard Fleischer.
C'est une adaptation très libre, et même largement fantaisiste, du roman de Jules Verne, L'Île mystérieuse.
1862. La guerre de Sécession fait rage et Richmond est assiégée. Un groupe de soldats de l'Union est prisonnier des sudistes. Il est commandé par le capitaine de génie Harding (Michael Craig). Il y a avec lui Herbert (Michael Callan) et Neb (Dan Jackson).
Dehors, un ballon aérostat est maintenu au sol par des lests, mais une épouvantable tempête le secoue en tous sens. Harding et ses compagnons voudraient l'utiliser pour s'enfuir. Ils ont un plan en tête.
On amène un nouveau prisonnier dans la cellule. Il s'agit de Gedeon Spilett (Gary Merrill), correspondant de guerre. A ce moment, tous passent à l'action et neutralisent leurs gardiens. Puis ils réussissent à embarquer à bord du ballon.
Par hasard, un sudiste se retrouve passager. Il s'agit du sergent Pencroft (Percy Herbert), personnage au caractère assez ombrageux. Rapidement, on lui fait comprendre que s'il n'aide pas à manœuvrer l'aérostat, on le jettera par-dessus bord.
Le voyage dans les airs dure plusieurs jours. L'enveloppe du ballon est percée, elle se dégonfle. Harding et ses amis jettent tout ce qu'ils peuvent. Cela ne suffit pas. Ils détachent la nacelle et se cramponnent aux cordages.
Ils arrivent en vue d'une île. Harding, lui, est tombé, ou s'est jeté à l'eau.
Enfin, ils sont déposés sur cet endroit inconnu. Neb est désespéré d'avoir perdu son… maître ? Il agit, en tous cas, comme le « bon serviteur noir » des clichés (mais nous sommes en 1961, il ne faut guère s'étonner). Tout au long de ce film, on le cantonnera à un personnage de « gentil noir » un peu fruste et naïf, profondément dévoué à Harding. Ce sont les choix du réalisateur, et de l'époque.
Harding, qu'on retrouve sain et sauf, grâce à un feu - mais qu'il était bien incapable d'allumer. Qui donc, alors ?
Les naufragés s'organisent. Ils trouvent une grotte, qu'ils aménagent. Elle est située aux deux tiers de la hauteur d'une falaise assez imposante, véritable forteresse naturelle. Ils capturent des chèvres. Ainsi de suite. Ils commencent même à construire une embarcation pour rejoindre la civilisation.
Jusque-là, nous sommes globalement conformes au roman de Jules Verne. A ceci près que Herbert, dans le récit, était un adolescent. Là, c'est un jeune homme, entre 25 et 30 ans. Quant à Harding, son nom, dans le roman, était Smith. Allez comprendre.
A partir de là, on entre dans les fantaisies des scénaristes :
Tout d'abord, les hommes sont confrontés à d'étranges créatures. Un crabe géant les attaque. Ils réussissent à le faire basculer dans un geyser et, du coup, le mangent. Quand on sait le prix des boîtes de crabe, la belle affaire ! Plus loin, ils seront en présence d'une sorte de volatile assez hostile (qui ressemble à un poulet, en gros), et là encore, ils lui feront un sort, à la broche, après qu'il eût été abattu par… une balle ? L'engin en question mesure bien 2,50m de haut, précisons. C'est du gros poulet - avec, ou sans hormones ?
Des personnages manquent : le bandit repenti de Jules Verne, Ayrton, est retrouvé certes, mais à l'état de squelette. Mais il a laissé une grosse calebasse remplie de rhum, avec laquelle Pencroft s'énivre. « Yoohoooo, et une bouteille de rhum » !
Il y a également des personnages non prévus, qui parviennent sur les lieux en canot. Un bateau aurait été victime d'une tempête, quelque part au large. Ce sont trois personnes : un marin, qui n'a pas survécu, et deux femmes. Lady Fairchild (Joan Greenwood) dame de la cinquantaine, grande bourgeoisie, très distinguée, qui va devoir s'adapter à la vie rustique. Et sa nièce, Elena (Beth Rogan), qui va rapidement tomber dans les bras de Herbert (ce qui pourrait expliquer pourquoi on a changé l'âge du moussaillon).
En plusieurs occasions, le mystère se manifeste. D'abord, le feu qui a sauvé Harding. Puis, la balle qu'on a retrouvée dans la carcasse du volatile. Ensuite, cette caisse qui dérive tout près du rivage, et qui contient fusils, instruments de mesure, etc.
Et voilà que les pirates sont de passage sur l'île, apparemment pour refaire provision d'eau. Pas de chance, Mrs Fairchild fait tomber un fusil, ce qui attire leur attention. On se bat. Les deux ou trois pirates venus à terre sont abattus, mais d'autres vont débarquer, et le navire commence à bombarder la paroi où est située la grotte. Mais tout à coup, le vaisseau explose, inexplicablement.
Dans l'intervalle, Herbert et sa tendre amie, s'étant isolés pour se faire des bisous au soleil, trouvent du miel, puis des abeilles énormes, chacune mesurant bien deux mètres de long. Et puis, ils finissent par tomber sur une grotte à demi immergée, et sur… le Nautilus.
Depuis un bon moment déjà, Harding était arrivé à la conclusion que c'était le capitaine Nemo qui intervenait, leur sauvait la vie, leur faisait parvenir fusils, outils, instruments. Harding tenait Nemo pour un monstre, et Spilett le voyait plutôt comme un génie.
Nemo (Herbert Lom) choisit ce moment pour apparaître. C'est bien lui qui a fait sauter le bateau pirate. Il annonce que le volcan au centre de l'île est réveillé, que l'île n'en a plus pour longtemps. Il propose d'utiliser les pompes à bord du Nautilus pour renflouer le bateau pirate et ainsi, sauver tout le monde…
C'est un film sympathique, plaisant par de nombreux aspects, pas si mal pour l'époque, mais en plus d'une occasion, faisant toc, à mon avis.
J'ai donné les noms des acteurs, mais en réalité, il n'y a que deux vedettes dans cette réalisation : RAY HARRYHAUSEN et BERNARD HERRMANN.
Ray Harryhausen est ce génie qui a initié la technique de l'animation image par image. Pas d'ordinateurs, à l'époque. Il fallait tout faire à la main. Qu'on songe un peu que Harryhausen devait placer ses figurines, déclencher la caméra. Puis, déplacer légèrement, et hop, encore une image. Quel travail de fourmi ! Quelle patience ! Surtout s'il y avait plusieurs personnages qui bougeaient en même temps. Et le tout en tenant compte du fait que les mouvements suivent des courbes de vitesse : commençant à un rythme, puis accélérant, pour décélérer vers la fin. Quand on voit le résultat, ce n'est pas trop saccadé, relativement fluide et harmonieux. C'est Harryhausen qui a fait bouger le crabe, puis l'espèce d'oiseau. Les abeilles. Et aussi, un monstre marin vers la fin du film, qui s'en prend à Nemo et ses compagnons, équipés pour plonger.
(A ce propos, l'équipe des effets spéciaux a imaginé Nemo, puis les autres, avec des sortes de coquilles, servant de masques et d'équipements pour respirer, et ça, alors, c'est vraiment ridicule. En plus, on voit très bien qu'il y a du vrai matériel dessous. Enfin, je ne sais pas pourquoi, mais ça a été leur choix).
Ray Harryhausen a fait un travail incroyable sur ce film, et à mon avis, il est la première vedette du film, loin devant les acteurs, qui ne m'ont pas particulièrement épaté.
Pour mémoire, c'est lui qui a fait les animations également sur Jason et les Argonautes, un film réalisé en 1963 par Don Chaffey, avec là encore Bernard Herrmann à la musique. Un film dont je parlerai volontiers, si j'arrive à le revoir.
La seconde vedette du film, c'est indéniablement le génial compositeur Bernard Herrmann, celui qui tant travaillé avec Alfred Hitchcock, entre autres. On peut dire que la musique sur ce film est saisissante, grandiose, et renforce considérablement les climats, l'action. C'est une musique que j'écoute souvent, car elle me fait rêver, elle est pleine de tension, suspense, aventure…
Pour l'essentiel, voilà. Si le crabe reste crédible, le volatile fait plus rire qu'autre chose. J'y reviendrai.
Un mot sur le Nautilus :
De l'extérieur, il est bien plus conventionnel que celui imaginé par Harper Goff pour le 20000 Lieues sous les Mers de Richard Fleischer (1954). Mais il reprend l'idée d'une courbe en haut, à l'avant, hérissée de pointes, comme une sorte de couteau avec des crans. De dehors, il peut passer, bien que je n'aime pas sa couleur argentée et son aspect fruste. Et même les dimensions, me paraissent un peu justes. Sans doute la production n'avait-elle pas les moyens de rivaliser avec les studios Disney.
A l'intérieur, par contre, là ça frise la catastrophe et le ridicule. Encore, la pièce principale, l'orgue, bon. Mais alors, quand on voit les pompes censées renflouer le bateau pirate, alors là, il est difficile de ne pas être pris de fou rire !
Concernant la curieuse ménagerie sur cette île, on apprendra que c'est le capitaine Nemo qui a modifié le métabolisme des animaux, les rendant énormes, « pour résoudre les problèmes de faim dans le monde ». Je veux, dit-il, « après avoir combattu les moyens de la guerre, en éliminer les causes ».
On saura également que s'il est seul à bord du Nautilus, c'est parce que ses compagnons sont tous morts, rongés d'un mal étrange, qu'il attribue à la source d'énergie secrète du Nautilus. Bref, déjà à l'époque, le nucléaire commençait à faire des ravages. Enfin, on peut le penser.
Si on dresse le bilan, c'est quand même mitigé. D'abord, l'oiseau qui s'en prend aux hommes fait plutôt sourire qu'autre chose. A un moment, il saute en l'air, je ne sais de combien de haut, mais quoi, il n'a que deux ailes atrophiées, il pourrait tout juste éventer la lady avec ! Et puis, pourquoi diable ce volatile, qui doit manger des graines, des insectes, s'attaquerait-il à des humains ? Absurde !
Ensuite, Herbert Lom avec son coquillage sur le dos… Heureusement que le ridicule ne tue pas. Puis, ce Nautilus et surtout, ses pompes… Par contre, l'éruption volcanique, les roches qui s'effondrent, ça, ça passe. La seule chose qui cloche, c'est quand il y a de la lave : difficile à rendre, avec une bouillasse de je ne sais quoi et de la peinture rouge. Normalement, la lave émet chaleur et surtout, lumière.
En fin de compte, ce film est distrayant, il renvoie plus ou moins à l'univers de Jules Verne, mais il ne faut pas être trop regardant. Par exemple, Elena se fait coudre par sa tante un vêtement en peaux de chèvres (bonjour l'odeur). Et elle la pousse à lui faire… une mini-jupe ! Bon, là, il est clair qu'on a l'influence des années 60, mais 1960, pas 1860, où le récit est censé se dérouler ! Jamais en 1860 et quelques une femme n'aurait porté une robe qui aurait montré ne serait-ce que ses mollets !
Ce qu'il en reste, c'est le superbe travail de Harryhausen (même si on lui a refilé à animer un volatile qui ne ressemble à rien), et la somptueuse musique de Bernard Herrmann.
Ce sont les deux points essentiels que je retiens. C'est un film que j'aime bien, vers lequel je reviens de temps en temps, mais on ne peut pas le considérer comme un film majeur. On en est même assez loin. Bon, moi il se trouve que j'adore Jules Verne et cette histoire en particulier, alors j'ai un faible pour tout ça. Mais objectivement, c'est très très loin d'arriver au niveau du 20000 Lieues sous les Mers de Richard Fleischer.