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Comme un Cadavre | Pierre Stolze | 2012


Une fiche ajoutée dans nos cales par | 10/02/2013 | Lu 481 fois






Comme un Cadavre | Pierre Stolze | 2012
L’archéologue Arthur Evans débarque discrètement sur la planète interdite Echo. Il veut éclaircir un mystère, celui de la forteresse d’Antinea, dans laquelle des architectes ont reproduit tous les types d’édifices religieux de Terra. Pour cela, Arthur devra entreprendre un périlleux voyage, se frotter à des sectes redoutables, déjouer des machinations tout en résistant aux attraits de la belle et énigmatique Circé.

Et si, dès le départ, Arthur était déjà mort ? Car pourquoi, à intervalles réguliers, défilent devant lui tous les dieux et les démons du Bardo-Thödol, le livre tibétain des morts ?

Fiche de lecture

Le premier mystère réside dans le titre pour le moins étonnant, qui m’aura immanquablement guidée dans mon choix. Le résumé de l’éditeur Armada appuie volontiers sur la corde énigmatique du livre, inculquant au lecteur l’envie d’en savoir plus à propos de la « mort » du héros.

L’on constate d’un simple coup d’œil que « Comme un cadavre » ne coupe pas aux mots typiques mis en avant par les éditeurs pour vendre un livre : « éclaircir un mystère », « entreprendre un périlleux voyage », « sectes redoutables », « déjouer des machinations », « résistant », « énigmatique ».

Faudra-t-il s’attendre à une histoire saturée de poncifs ou au contraire à une œuvre innovante ?

Dès les premières lignes, une première certitude m’a assaillie. Peu importe si le récit se révèle être banal ou très ennuyeux, je savais que je le lirai jusqu’au bout, rien que pour combler mes yeux de la gracieuse plume de Pierre Stolze. Cet auteur est indéniablement un amoureux des lettres et des mots malicieusement maniés. Une écriture riche et fluide s’écoule au fil des pages. Le lecteur ressent le même plaisir que l’auteur a dû avoir en rédigeant chaque phrase. Et quel bonheur que de tomber sur des mots totalement oubliés mais pourtant bien existants !

Le livre débute dans l’un des nombreux « rêves-hallucinations-prémonitions-souvenirs » du héros Arthur Evans. Tout est flou, l’on ne comprend pas encore de quoi il en retourne. Le jeune homme est-il mort ? Est-ce un rêve ? Un souvenir ? Une hallucination ? Pourquoi des dieux et Bouddhas — ô combien étranges ! — jugent-ils ses actes d’une vie que l’on ne connaît ni d’Adam ni d’Ève ?

Sur cette scène intrigante, l’on arpente enfin un environnement plus ordinaire. Ordinaire, si vous me permettez le mot… En effet, Arthur Evans, jeune architecte archéologue passionné par son métier, a quitté Terra pour se rendre sur Echo, une planète isolée et coupée de toute technologie. L’extramondain mène des recherches sur les édifices religieux construits par les colons sur la planète Echo. Il est certain que ces structures détiennent un secret à haute conséquence.

Il n’est cependant pas le premier architecte à mettre les pieds sur Echo en quête d’informations. Son prédécesseur avait lui aussi collecté des connaissances liées aux architectures de la planète. Mais n’est-il pas étrange que ses documents fussent détruits, et que lui-même fût emporté dans les bras de la mort, dû à la malencontreuse explosion de son vaisseau ?

Les premiers temps du roman sont plutôt confus pour le lecteur. L’on ne comprend pas ce qui se passe, ce que vient faire cet Arthur Evans sur une autre planète, ni quels sont les étourdissantes visions qui tenaillent son esprit. Les explications ne se donnent pas allègrement, bien que quelques pistes soient glissées pour nous guider et nous donner l’envie de poursuivre la lecture.

Je n’ai personnellement pas apprécié les scènes des dieux aux comportements concupiscents. Non pas que je ne supporte pas que l’on touche aux religions, mais j’ai souvent eu le sentiment que, plutôt que de vivre des expériences paranormales ou fantastiques, le héros croulait dans un lourd état psychédélique où la drogue aurait été de mise. Le livre aurait aisément pu se passer de ces scènes impudiques, discréditant quelque peu la grandeur des chemins arpentés par Arthur Evans. Mais peut-être était-ce justement le souhait de l’auteur, auquel cas il aurait bien joué son rôle.

Le récit souffre de quelques longueurs sans qu’il ne se passe grand chose à se mettre sous la dent. De nouveaux personnages peu attrayants sont introduits pour s’en aller aussitôt. De longues descriptions techniques employant des termes architecturaux emplissent le roman ; notez que je n’émets aucun avis spécifique à ce sujet : certains comme moi pourront apprécier l’occasion d’apprendre de nouveaux termes, d’autres au contraire pourront finir par se lasser de la lourdeur des mots enfoncés dans le texte.

Si j’avoue m’être ennuyée à plusieurs reprises, le rythme connaît un nouvel essor dans sa dernière ligne droite. Arthur Evans, jusqu’alors au caractère trivial et peu exploité, commence enfin à devenir intéressant, ce que j’attendais depuis le début. Les mystères se résolvent, bien que certains soient davantage des évidences plutôt que des énigmes. Quelques surprises nous attendent, peu hautes en couleurs, mais malgré tout appréciables dans un livre où l’intrigue est censée être maître-mot.

Pour conclure, « Comme un cadavre » est un livre qui se lit facilement, à condition de ne pas être rétif aux mots sortis du chapeau d’un magicien tel que Pierre Stolze. Si un brouillard de confusion nappera aux premiers abords l’esprit du lecteur, avec un peu de persévérance, des rayons de lumière perceront rapidement l’imbroglio nébuleux.

Je déplore que les psychologies des personnages demeurent très sommaires. Aucun caractère ne m’a marquée et ne me suivra dans les prochains jours, comme je l’aime tant en finissant un livre.

Le scénario n’est pas extraordinaire, même si l’idée demeure excellente. Le livre aurait gagné à exploiter davantage certaines ficelles de l’intrigue.

J’ai repéré d’infimes coquilles, rien de catastrophique en somme.

Je finis ma critique sur un avis positif. Bien que « Comme un cadavre » ne soit pas transcendant, la lecture en reste évidemment plaisante, même s’il manque le petit plus, le déclic, qui fera qu’un livre nous emporte haut dans les étoiles.

Hélène Iannetta
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