Récits maritimes

Léopoldville - Un ordre inutile, des vies sacrifiées, la tragédie d’un valeureux navire belge…


Une fiche ajoutée dans nos cales par | 02/01/2021 | Lu 1155 fois





Le Léopoldville 5 en 1929 | Illustration @ Congoposte http://www.congoposte.be/leopoldville_5.htm
Nous sommes en 1928, sur les rives de l’Escaut, dans le district Hoboken à Anvers. Le chantier naval John Cockerill se prépare à lancer l’un de ses nombreux paquebots destinés à la Compagnie belge maritime du Congo.
 
Son nom : le LÉOPOLDVILLE 5 (il a 4 autres sister-ships).

Il fait 153m de long sur 19m de large. Malgré son tirant d’eau important de 11 mètres (partie immergée de la coque), sa propulsion vapeur à deux cheminées pousse sa vitesse jusqu’à 16 nœuds (environ 30-32 km/h).

Avec des installations luxueuses et ses 237 membres d’équipage, il peut accueillir 360 passagers. Destiné aux voyages vers la colonie belge du Congo, il fait aussi de nombreuses croisières du nord (Suède-Norvège-Islande) jusqu’en Mer Méditerranée.

1936, le LÉOPOLDVILLE est rénové. Ses chaudières à vapeur sont modernisées et il perd une cheminée.

La Deuxième Guerre mondiale éclate et comme bon nombre de navires, le paquebot belge est réquisitionné par l’armée britannique. Ses aménagements sont de nouveau modifiés afin de pouvoir transporter 2000 soldats jusqu’en Méditerranée, là où la bataille fait rage au nord de l’Afrique.

Le valeureux LÉOPOLDVILLE assurera son devoir durant le débarquement de Normandie dans l'opération Neptune et alimentera la France en troupes jusqu’en décembre 1944.

Suite à l’offensive allemande dans les Ardennes, les Alliés sont en difficulté. Il faut encore des renforts dans les plus brefs délais, les Allemands ne doivent pas reprendre le port d’Anvers ! Le navire belge est à nouveau sollicité, afin d’amener les 2235 G.I de la 66e division d’infanterie américaine.

Le 24 décembre 1944 au matin, il est escorté par deux destroyers anglais, un destroyer US et une frégate française, direction Cherbourg. Sept barges de matériels accompagnent le convoi.

Localisé en fin de journée par le U-boat U-486, il est 18h quand deux torpilles sont lancées sur le convoi. L’une d’elles transperce la coque du LÉOPOLDVILLE et fait 300 victimes. Le navire est gravement touché mais pas pour couler immédiatement.
Le Léopoldville 5 après sa reconstruction en 1936 | Illustration @ Congoposte http://www.congoposte.be/leopoldville_5.htm

Le commandant belge Charles Limbor demande de l’aide à ses escortes, mais malheureusement le commandant du convoi John Pringel ordonne à ses navires de pourchasser le sous-marin allemand !

Dès lors, Limbor veut mettre pleine puissance et avancer vers Cherbourg afin de permettre le sauvetage des passagers, mais Pringel lui demande de jeter l’ancre et de renvoyer un signal de détresse au port de Cherbourg…

Suite à cela, c’est la panique générale à bord du LÉOPOLDVILLE. Aucun soldat n’avait reçu les instructions à suivre en cas d’urgence, que ce soit pour les gilets de sauvetage ou mettre les canots d'urgence à la mer. Dans la cohue générale, seulement deux canots sont sortis.

Les premiers navires de secours à peine arrivés, le LÉOPOLDVILLE sombre à 20h30 emportant avec lui 763 G.I américains, 17 membres d’équipage et son capitaine Charles Limbor…

Le sous-marin U-486 a été retrouvé en 2013. Il avait été coulé avec ses 48 membres d’équipage, le 12 avril 1945 par le sous-marin anglais HMS Tapir. L’ordre de poursuite de John Pringel avait donc été inutile le 24 décembre…

Le LÉOPOLDVILLE 5 repose sur son flanc gauche à 50m de fond au large de Cherbourg. Très prisée par les plongeurs, sa visite reste assez dangereuse.
 
Un mémorial rend hommage à la tragédie du paquebot belge aux Etats-Unis, à la base militaire de Fort Benning en Géorgie…

Un ordre inutile, des vies sacrifiées, la tragédie d’un valeureux navire belge… La guerre et ses stupides gâchis.

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