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Jeu de piste sur les titres des romans SF de Maurice Limat | Veilleur de l'Infini | Jean-Michel Archaimbault | 2002


Une fiche ajoutée dans nos cales par | 28/09/2022 | Lu 207 fois





Montage @ Le Galion des Etoiles
Je vous propose un petit jeu de piste sur les titres des romans SF de Maurice Limat  parus au Fleuve Noir Anticipation… Dans ce texte que j'ai écrit en 2002, il y en a 108 à identifier. Il intègre également ses ouvrages publiés au Grand Damier et aux éditions Métal. Mais attention aux pièges ! 

Les deux montages ci-dessous ne présentent pas la totalité des couvertures de tous ses livres, mais seulement une sélection centrée sur l'univers du Martervénux.

Bonne lecture !

Veilleur de l'Infini

Plus loin qu’Orion, par-delà le Septième Nuage de Khéoba-la-Maudite, scintille l’œil écarlate d’un soleil de glace. Baignés de sa lumière d’ombre, deux astres enchaînés roulent au bord extrême de l’abîme entre les galaxies : la Planète aux Chimères et son minuscule satellite, le Planétoïde 13. Ici finit le monde connu, le prodigieux Mécanicosmos qu’est la Voie Lactée – ici commence l’insondable nuit solaire en de mortels horizons qui engendrent un vertige cosmique.

Toujours, en ce lieu, il est minuit à l’Univers. Le flambeau du monde y est une pâle lumière qui tremble en lointain souvenir fugace de la Galaxie humaine, perçant à peine les oppressantes ténèbres de cette nuit des géants où finissent les étoiles.

Parmi les ruines de la Cité du Vent Damné, sur le sol tourmenté du planétoïde, se dresse la Tour des Nuages : seul reste de l’époque où les Idoles du Lynx bâtirent là leur ville-capitale. Moi, un robot créé par ces presque dieux, je demeure seul dans cette jungle de fer et de pierre, Robinson du néant, empereur de métal d’un peuple d’incréés. Sans trêve, tel un sphinx des nuages, je dois capter le message des Vibrants, cristalliser les images de toutes les pensées du cosmos : car il faut recueillir les moissons du futur, pour le jour où se rouvriront les portes de l’aurore.

Le crépuscule des Humains a depuis longtemps sonné. C’est pour en rassembler les ultimes étincelles que j’écoute l’Univers, gardant tel un voleur de rêves leurs derniers souvenirs pour plus tard en nourrir les enfants du chaos qui sont encore à naître.

Chaque soir, sur les glaces éternelles de la Planète aux Chimères, rouge est la chute du soleil... Alors chante une montagne altière, iceberg rouge du sang du soleil. Captée par les antennes de la tour, l’inaudible fréquence ZZ éveille les miroirs d’univers dans lesquels je vois les images. Telle est la magie de la glace, quand le ciel s’embrase sous une morsure de feu blême, aux rayons déclinants de l’astre qui se couche. Mais moi, le feu ne m’atteint pas ni ne réchauffe le sang vert qui coule en mes veines... Seules comptent les visions : par elles j’existe, je survis, et je rêve.

Je rêve des héros dont j’ai su les exploits. Dô, Coeur de Soleil, qui osa affronter le Maelstrom de Kjor pour anéantir l’hydre acéphale maîtresse de l’anti-monde... Ou cet autre qui déroba leur puissance aux créatures d’Hypnos, leur volant la croix de flamme ceinte d’un serpent de rubis... Mais comme ils sont loin dans le Temps et l’espace ! Alors j’invoque Monsieur Cosmos – que tant d’autres appelèrent Dieu – pour qu’un océan, mon esclave brutal et redoutable, fasse de ses flots cosmiques échec au soleil qui m’éclaire et balaie, d’ici, l’infini de ma solitude. Un océan qui m’emporterait jusqu’au zénith, et après m’abandonnerait aux foudroyants sortilèges d’Altaïr pour me libérer enfin du poids d’un univers à l’agonie.

Chimères, illusions ! Métalikus, puisque tel est mon nom, ne peut qu’écouter sans répit l’étoile du silence, rêver, et voir...

Voir l’étoile de Satan piéger dans ses rayons de particules zéro un astronef nommé Péril, un de la galaxie morte d’Atoxa-des-Abysses, à bord duquel les renégats d’Ixa fuyaient les damnés de Cassiopée...

Voir la détresse, entendre le « S.O.S. ! Ici, nulle part ! » des esclaves de Xicor abandonnés dans la tempête sur Goxxi et succombant aux assauts des diablesses de Qiwâm...

Voir Wân, l’iconoclaste, braver le terrible Principe Omicron issu du treizième signe du Zodiaque... Regarder Methoodias, primitif devenu une fantastique idole, entraîner ceux de la Montagne de Fer, son clan, à la chasse au Grand Oiseau des Galaxies...

Voir passer, comme un vol de chimères dans le ciel d’une planète sans soleil, les baroques nefs des sirènes de Fâo qui volent au combat contre les Vikings de Sirius... Et se perdre, dérisoire cortège lancé tel un métro pour l’inconnu, au coeur du collapsar des brumes du Sagittaire...

Parfois les images se font chaotiques, à peine discernables, j’enregistre à grand peine ce qu’il me faut saisir... Pourquoi voir les oiseaux de Véga hanter une planète de feu ? Voir les cosmatelots de Lupus tenter un coup dur sur Deneb ? Voir renaître les flammes sur Titan au glas lugubre de la cloche de brume ? Je ne sais pas... Et la pluie tombe sur Mars, et la comète passe, et une horde d’hérétiques abusés par la Vaine Science proclame aux quatre vents de l’éternité que la Terre n’est pas ronde... Soudain, tout s’arrête : les pêcheurs d’étoiles surgis des hypermondes capturent un à un les soleils de la Voie Lactée, les astres s’éteignent lentement, l’un après l’autre...

S.O.S. Galaxie !

Nuit, silence, mort, solitude... Les miroirs se font obscurs... Mais je me souviens de la légende future et, tel l’antique troubadour de minuit, je la chante aux ténèbres pour vaincre l’ennui des siècles. Je sais qu’un jour une lointaine étoile se rallumera, rien qu’une étoile dont, l’espace d’un éclair, le feu tuera tous les soleils noirs de la Galaxie morte et fera rejaillir les fontaines du ciel.

Alors le dieu couleur de nuit sera banni par l’homme de lumière, le carnaval du Cosmos vivant renaîtra dans toute sa splendeur.

Pour moi, le proscrit de Delta, il sera temps de remettre cap sur la Terre pour apporter aux survivants sub-terrestres, avec tout mon savoir, l’élixir pourpre de la résurrection. Redevenus fils de l’espace, avides de savoir s’il n’y a vraiment pas de planète pour les Terriens, à nouveau ils s’élanceront dans le vent du cosmos et s’en iront rouvrir les portes de l’aurore.

Qui, jamais plus, ne se refermeront...

Couvertures des romans

Montage @ Jean-Michel Archaimbault | Collection privée

Montage @ Jean-Michel Archaimbault | Collection privée

Montage avec une impression du projet de couverture initialement proposé par Brantonne @ Jean-Michel Archaimbault

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