Quatrième de couverture
Dix portraits de femmes en guerre © 2025 Editions Arkuiris | Illustration de couverture © Volodymyr Zakharov
Les guerres sont souvent présentées comme des affaires d'"hommes", dont les femmes ne seraient que des victimes à protéger. Victimes, elles le sont certainement, mais elles sont également actrices des conflits, à travers des formes d'engagements aussi bien morales que militaires.
Ce recueil dresse dix portraits de femmes confrontées à la guerre. Certaines sont anonymes, d'autres portent des noms célèbres : Hannah Arendt, Marie Curie, Marina Ovsiannikova.
Des tranchées de la guerre de 14-18 à l'Ukraine aujourd'hui, elles se battent sur la ligne de front, écrivent, protestent, résistent, et continuent de vivre et d'espérer, même quand cela paraît impossible. Autant de manières de faire face et de rester debout.
Ce recueil dresse dix portraits de femmes confrontées à la guerre. Certaines sont anonymes, d'autres portent des noms célèbres : Hannah Arendt, Marie Curie, Marina Ovsiannikova.
Des tranchées de la guerre de 14-18 à l'Ukraine aujourd'hui, elles se battent sur la ligne de front, écrivent, protestent, résistent, et continuent de vivre et d'espérer, même quand cela paraît impossible. Autant de manières de faire face et de rester debout.
Fiche de lecture
Quel rapport peut-il bien y avoir entre l’imaginaire, c’est-à-dire les courants de ce que l’on nomme parfois la SFFFH (Science-Fiction, Fantasy, Fantastique et Horreur) et un tel recueil, mêlant à la fois des parts de vérités vraies et justement d’imaginaire ?
Eh bien, tout, justement. Ce que l’auteur nous explique parfaitement dans sa préface. Ainsi, dit-il, dans ces récits, certaines parties, certains détails, certains points de vue ne sont pas « vrais ». Mais à l’intérieur du cadre, la peinture est « réelle ». Soyons modestes avec les termes employés, le mot « réel » est presque un gros mot en littérature, car rien n’est plus complexe que le lien entre une phrase et le monde qu’elle est censée refléter…
Au point que pour Stabat Mater, le huitième portrait, celui de Marie Curie, il lui a plu d’imaginer la savante décrite par sa propre découverte et de renverser ainsi la perspective. La science-fiction n’est pas loin… (sic)
Voici dix récits, dix histoires qui ont en commun d’une part de montrer la guerre, ou plutôt certaines facettes des guerres (trop innombrables et trop éternelles) que se livrent les humains pour un bout de territoire, un pouvoir et une mainmise sur les autres, en en montrant l’horreur, la tragédie, le désespoir et la détresse endurées, mais aussi la farouche opposition, le combat contre ce mal et tout ce qu’elles drainent avec elles, par des femmes, parfois devenues célèbres ou connues, parfois anonymes ou presque, mais toujours bien réelles.
Ces récits se lisent et forment une progression d’un trop proche passé (depuis la 1re Guerre mondiale) à une actualité terriblement brûlante (avec la si proche guerre en Ukraine) selon un fil « rouge », un voyage parfois réel, parfois virtuel, parfois imaginaire de l’auteur qui nous en livre le tracé sur la carte de l’Europe depuis Paris jusqu’à Lviv, à l’ouest de l’Ukraine.
Tous m’ont touché et je me sens maladroit d’en faire le moindre rendu pour en parler, tant il y a de force et de poigne en eux. Je vais le tenter avec quelques phrases pour chacun et l’on me pardonnera de ne pouvoir en restituer toute l’intensité.
Eh bien, tout, justement. Ce que l’auteur nous explique parfaitement dans sa préface. Ainsi, dit-il, dans ces récits, certaines parties, certains détails, certains points de vue ne sont pas « vrais ». Mais à l’intérieur du cadre, la peinture est « réelle ». Soyons modestes avec les termes employés, le mot « réel » est presque un gros mot en littérature, car rien n’est plus complexe que le lien entre une phrase et le monde qu’elle est censée refléter…
Au point que pour Stabat Mater, le huitième portrait, celui de Marie Curie, il lui a plu d’imaginer la savante décrite par sa propre découverte et de renverser ainsi la perspective. La science-fiction n’est pas loin… (sic)
Voici dix récits, dix histoires qui ont en commun d’une part de montrer la guerre, ou plutôt certaines facettes des guerres (trop innombrables et trop éternelles) que se livrent les humains pour un bout de territoire, un pouvoir et une mainmise sur les autres, en en montrant l’horreur, la tragédie, le désespoir et la détresse endurées, mais aussi la farouche opposition, le combat contre ce mal et tout ce qu’elles drainent avec elles, par des femmes, parfois devenues célèbres ou connues, parfois anonymes ou presque, mais toujours bien réelles.
Ces récits se lisent et forment une progression d’un trop proche passé (depuis la 1re Guerre mondiale) à une actualité terriblement brûlante (avec la si proche guerre en Ukraine) selon un fil « rouge », un voyage parfois réel, parfois virtuel, parfois imaginaire de l’auteur qui nous en livre le tracé sur la carte de l’Europe depuis Paris jusqu’à Lviv, à l’ouest de l’Ukraine.
Tous m’ont touché et je me sens maladroit d’en faire le moindre rendu pour en parler, tant il y a de force et de poigne en eux. Je vais le tenter avec quelques phrases pour chacun et l’on me pardonnera de ne pouvoir en restituer toute l’intensité.
1 – Quatre tocs à la porte : Charlotte L.
Souvenirs de famille dans une Alsace occupée et une femme prise entre ses racines allemandes et françaises, mais qui résistera aussi bien aux regards et à la surveillance des nazis qu’aux préjugés et critiques de certains voisinages. C’est l’histoire la plus personnelle de l’auteur et la plus marquante, où tout jusqu’à la fin, jusqu’au dernier mot posé, m’a emporté, tant j’ai retrouvé de liens avec des souvenirs de famille de cette période terrible ou d’autres plus récentes.
2 – Au-delà de la hutte : Hannah Arendt
Le portrait de la politologue qui fut à la fois admirée et vivement critiquée est brossé au fil d’une « promenade » où son humanité est remise en avant au-delà de toute controverse pour mieux l’appréhender et, peut-être, mieux la comprendre pour qui connait son œuvre. Une façon aussi de vous inciter à la découvrir, même partiellement, si ce n'est pas le cas.
3 – Antonietta sublime
Si vous avez vu le film d’Ettore Scola, « Une journée particulière », vous comprendrez que l’on veuille le revoir à la lecture de ces quelques pages, tant l’histoire – ce fragment d’Histoire – qu’elle transpose est sujet à mille questionnements face à l’incompréhensible carcan qui enserre la vie de cette femme. Ce texte m’a laissé empli de la même tristesse que l’avait fait le film.
4 – L’héritage, Jelena
Les quelques mots de préambule suffisent à rappeler une vérité que l’on oublie trop souvent et que cette histoire nous livre. Ils la résument parfaitement : On ne peut pas définir les gens. C’est une ambition vaine. On peut les dépeindre. Pour en faire ressortir quelque chose. C’est de cette façon qu’on accède à leur vérité. Aucun être humain ne tient dans une formule.
5 – Une tendresse sur le quai, Dilnaz
Quand une mère recherche vainement et désespérément son fils parti à la guerre et jamais revenu… c’est une immense peine et tristesse qui enveloppe cette histoire où l’on peut comprendre, mais l’on sait trop vite qu’on ne peut rien faire, ni aider, ni soutenir. Dramatiquement réel tant cela m’a fait repenser à une disparition ayant touché un ami d’enfance.
6 et 7 – Diptyque de Varsovie, Helena et Krystyna
Avant que le mur ne tombe, avant que Solidarność ne fasse basculer la Pologne… dans les années 70, mon père était parti deux fois à Varsovie pour plusieurs jours, envoyé là-bas par son entreprise. Ce qu’il nous en avait raconté à ses retours m’avait quelque peu marqué quant aux restrictions subies, à l’attitude des ouvriers qu’il avait côtoyés, aux lieux où il avait mangé et dormi, de ce qui se faisait en façade et en « sous-main » (y compris les dessous-de-table). Lire ce diptyque m’a fait repenser à cela et revoir les événements des années 80-90, jusqu’à la chute du mur et la mort de Ceaușescu.
8 – Stabat Mater, Marie Curie
Le texte le plus étrange et aussi le plus dérangeant pour moi de par sa remise en perspective de tout ce qu’ont entraîné les découvertes de Marie Curie, tant sur le plan médical par exemple que sur le plan guerrier et meurtrier de ce fait. Une présentation qui sait faire la part des choses et rappelle que la science n’est ni bonne ni mauvaise, mais que, comme dans tout ce que nous réalisations, ce qu’elle apporte ne dépend que des Hommes dans son utilisation.
9 – Ligne de mire, Oksana D.
10 – Six secondes de vérité, Marina Ovsiannikova
Cela peut paraître étrange, mais je vais réunir ces deux dernières histoires qui m’ont quelque peu secoué et « pris aux tripes » si l’on m’autorise l’expression. Nous touchons là à la guerre à nos portes et à notre époque puisqu’ici l’auteur nous présente deux femmes au cœur de la guerre en Ukraine. Et il nous le montre, comme dans son premier texte, du côté de l’humanité, du courage, de la vie, de la remise en cause, des doutes et de l’interrogation, avec deux femmes qui ont mis leur existence en jeu et en danger : une snipeuse et une contestataire dans les médias.
Je me permettrais de citer quelques extraits de ces textes, car ils collent parfaitement à tout ce que transporte ce recueil :
La désespérance est plus intense que le désespoir (page 100).
Plus profondément, je sens que la guerre, que l’objet littéraire « guerre » attaque, comme un acide, l’évidence des mots. Il ne s’agit pas ici, comme dans un roman de science-fiction, d’inventer un univers imaginaire, un monde qui n’a pas d’autre consistance que la langue qui le compose, mais d’exprimer des choses réelles qui, par bien des aspects, résistent au langage. Problème d’écrivain. Il y a des problèmes plus graves que celui-ci (page 107).
– Les femmes ne sont pas des demi-soldats. On veut se battre et on sait le faire. Mais on a besoin d’être reconnues et soutenues pour pouvoir agir le plus efficacement possible (page 108) … (réflexion personnelle, je trouve, hélas, que ce serait à plaquer aux quotidiens des femmes dans notre monde dont trop de points sont restés patriarcaux et archaïques, quant à leurs conditions d’humaines).
Moi, je fais la guerre pour qu’elle s’arrête (page 108).
J’ai reposé ce recueil avec une certaine émotion à cause de tout ce qu’il soulève et présente. Et si vous pouvez regarder en face ces guerres et réagir aux tragédies qu'elles engendrent dans notre monde, je ne peux que vous inviter à ouvrir ce « décalogue », en prenant le temps de plonger dans chaque récit et d’en percevoir toute la portée humaine. Pour ma part, j’ai lu un seul texte par soir, tant chacun est proche du témoignage et agite de problèmes et de questions.