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Simulacres martiens | The Martian Simulacra | Eric Brown | 2018


Une fiche ajoutée dans nos cales par | 28/03/2022 | Lu 595 fois





Illustration et quatrième de couverture

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Simulacres martiens @ 2021 Le Bélial' | Illustration de couverture @ Aurélien Police
Londres, 1907. Dix ans après la reddition terrienne.

Alors que l’humanité vit sous la férule de ses conquérants, Gruvlax-Xenxa-Schmee, vice-ambassadeur de Mars en Grande-Bretagne, vient frapper à la porte du 221b, Baker Street. Il faut dire que l’affaire est d’importance, et quand les maîtres de la Terre vous réclament, se dérober n’est pas une option.

Ainsi le docteur Watson et le plus célèbre des enquêteurs humains, Sherlock Holmes, se trouvent-ils propulsés au sein d’une enquête épineuse, dans les méandres désertiques de la Planète Rouge, avec pour compagnon nul autre que l’impétueux professeur Challenger.

Leur mission ? Résoudre une énigme improbable et assurer la paix entre les mondes. À moins qu’un terrifiant secret ne se dissimule derrière les intentions prétendument louables des nouveaux seigneurs de la Terre. Car après tout, sur Mars, les apparences peuvent s’avérer trompeuses…

Fiche de lecture

Simulacres martiens ou imitation doylesque ? Telle était la question que je me posais avant d’entamer cette lecture.

Pourquoi ? Parce que je déplore cette manie – cette mode, oserais-je dire – de reprendre des franchises et des personnages inventés par d’autres pour en livrer des histoires à sa propre sauce. Il est actuellement plus facile de reproduire que de créer, semblerait-il. Le monde serait-il déjà à court d’inspiration, les frontières de l’imagination ont-elles déjà été atteintes ? Ou alors peut-être bien que la paresse et la sécurité ont pris le dessus sur le goût du risque ou de la nouveauté…

Ces reprises sont – à mon goût - rarement réussies, souvent même très décevantes. Dans le cas du célèbre détective du 221B Baker Street, j’ai été agréablement surprise avec la série Sherlock que je trouve réussie. L’exception qui confirme la règle. Alors, qu’en sera-t-il ici ?

En tant qu’amatrice de science-fiction et des œuvres de Sir Arthur Conan Doyle, j’avoue que j’étais très curieuse de découvrir ce que donnerait cette transposition sur la planète Mars.

La recette est simple : dans un bol, on place les personnages mythiques de Doyle, à savoir Sherlock Holmes, le docteur Watson et le professeur Challenger. On y ajoute une prise de H.G. Wells sur fond de La Guerre des Mondes, une bonne dose de planète rouge, des Martiens sans modération et une note parfumée de steampunk. On mélange le tout, on secoue bien et on obtient cette novella d’Eric Brown.

En dépit de quelques répétitions et parfois de ficelles grosses comme des pattes de Tripodes, cette aventure martienne est agréable à lire et des plus distrayantes. Le récit est en deux tons : il y a les personnages qui s’expriment de manière vieillotte à la Doyle et la narration qui elle, est dans un style plus moderne. Etonnamment, c’est harmonieux, un peu comme un concert rock accompagné d’un orchestre de musique classique. Le texte est également ponctué de touches d’un humour fin et pince-sans-rire qui n’a pas manqué de me faire sourire.

Cette histoire de 120 pages environ est découpée en 12 petites chapitres et se conclut avec une coda qui appelle à une suite.

Je ne me suis pas ennuyée un seul instant durant cette lecture. C’est avec plaisir que je me suis laissé embarquée sur Mars en compagnie des héros. Le rythme est soutenu, c’est simple, efficace, l’auteur va droit au but.

Finalement, j’ai réalisé qu’avec ce texte, l’intention d’Eric Brown n’était pas de livrer une imitation doylesque au ton sérieux qu’on lui connaît. Ce qu’il propose, c’est plutôt du fan service et du dépaysement, avec une aventure triviale truffée de péripéties extraordinaires, et en ce sens, c’est réussi. On sent qu’il s’est lâché et qu’il s’est amusé à l’écriture de cette novella.

A noter que dans la revue Bifrost no 105, parue après-coup, se trouve une nouvelle du même auteur intitulée La Tragique Affaire de l’ambassadeur martien. Elle est en fait une préquelle à celle-ci. Pour ma part, je ne l’ai pas (encore) lue, mais ceci n’a pas d’influence sur la compréhension de Simulacres martiens, vu que le contexte est bien expliqué dans ce roman court.

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