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Opération Neptune | Jimmy Guieu | 1973


Une fiche ajoutée dans nos cales par | 24/10/2023 | Lu 543 fois





Illustration et quatrième de couverture

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Opération Neptune @ 1973 Fleuve Noir | Illustration de couverture @ René Brantonne | Source illustration : NooSFere (merci !)
Sur la plage privée de sa villa, Gilles Novak demeurait perplexe : ramené par un vieux pêcheur marseillais, son ami, le peintre Charles Floutard, venait de débarquer... nu comme un ver et pas content du tout ! Sa barque à moteur avait été détruite par un mystérieux submersible lumineux, un « sous-marin fantôme » qui, paradoxalement, ne laissait aucun sillage. Oubliant un instant la mésaventure de leur ami, Gilles vit s’approcher un hors-bord, piloté par une ravissante naïade brune. Reconnaissant leur invitée, Régine Véran, lui fit un signe amical de la main. C’est alors qu’une violente explosion sous-marine souleva un formidable geyser au-devant de l’embarcation.

Des vacances qui, somme toute, commençaient plutôt pas mal...

Fiche de lecture

J’ai trouvé cet exemplaire dans une boîte à livres, et j’étais assez content de pouvoir me faire une idée du style de Jimmy Guieu, découvert à travers l’affaire foireuse des Ovnis de Cergy (1979), et que je ne connaissais que par discours rapporté. J’ai lu pas mal de commentaires négatifs sur cet auteur, qui a pourtant publié au moins 80 récits au Fleuve, si j’en crois les premières pages. J’imaginais des nez pincés pour un écrivain populaire, et j’espérais retrouver l’esprit de la série TV Ovni(s) (2021-2022), un revival seventies, drôle et divertissant.

Finalement, je dois me ranger à l’avis général : affligeant.

Le mystère n’est même pas le propos du livre, c’est une succession de rebondissements convenus, avec des personnages clichés au possible. Je l’ai lu assez vite, avec l’envie d’en finir au plus tôt, surtout avec l’ambiance naturiste qui remplit tout le bouquin. Car les personnages sont à poil du début à la fin. Le couple d’enquêteurs vit nu dans sa villa, donc leur pote peintre se désape, donc la copine chroniqueuse aussi, donc le type du Centre Français de Recherches Ufologiques (CFRU) pareil, et la touriste asiatique qui s’incruste, bref ils sont à un moment trois ou quatre couples à déambuler les fesses à l’air dans les calanques. J’ai eu l’occasion de le dire dans un post FB : on dirait une histoire du Gendarme et les extraterrestres chez les nudistes, avec une ambiance d’enquêtes façon club des Cinq, mais un club des Cinq échangiste. Disons que c’est comme si on essayait de se concentrer en regardant une adaptation théâtrale en étant assis au premier rang avec les acteurs qui déambulent en vous agitant leurs parties sous votre nez.

Merci. Mais non merci.

Ajoutez à cela le nom du héros, Gilles Novak, qui m’a fait penser à L’Instit, et des Gisèle et des Régine et des Hippolyte, je m’imaginais Gérard Klein dans un film érotique des années 80-90 avec Véronique Jeannot. Ce n’était pas du tout ce que je cherchais ! Sans parler d’un relent quelque peu sexiste, les hommes sur la terrasse et les femmes à la cuisine, certaines scènes semblent écrites pour être interprétées pas Les Inconnus :
- Satyre ! Te voilà plein de pensées coupables, à évoquer je ne sais quelles horreurs ! Sache-le, je n’ai aucun goût pour les amours de groupe et je te préviens que...
- Que le déjeuner ne sera jamais prêt si tu continues à débiter des sottises, mon ange, fit-il en la chassant d’une tape sur la croupe.

Côté SF, le postulat de départ était intéressant, avec les « astronefs spatio-submersibles », mais Jimmy Guieu se contente de se citer lui-même, notamment sa revue l’Omnium Littéraire, ou prend des exemples de témoignages avec des notes de bas de page certifiantes :  « Authentiques ».

L’idée du CFRU est plutôt bonne aussi et préfigure le GEPAN (Groupe d'études des phénomènes aérospatiaux non identifiés), mais se trouve ridiculisé par son représentant.

Les allées et venues au fond de l’eau et sur les falaises n’apportent rien, les extraterrestres non plus, même la couverture est passable.

Bref, je ne me replongerai dans un Jimmy Guieu qu’à la condition que ses personnages soient habillés, et quand j’aurai oublié ce très mauvais souvenir de lecture.

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