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Les Voyageurs : L'Espace d'un An | Wayfarers : The Long Way to a Small, Angry Planet | Becky Chambers | 2015

Tome 1 de la série "Les Voyageurs"


Une fiche ajoutée dans nos cales par | 14/01/2017 | Lu 1361 fois





Illustration et quatrième de couverture

L'espace d'un an @ 2016 L'Atalante | Illustration de couverture @ Clémence Haller
Rosemary, jeune humaine inexpérimentée, fuit sa famille de richissimes escrocs. Elle est engagée comme greffière à bord du Voyageur, un vaisseau qui creuse des tunnels dans l'espace, où elle apprend à vivre et à travailler avec des représentants de différentes espèces de la galaxie : des reptiles, des amphibiens et, plus étranges encore, d'autres humains.

La pilote, couverte d'écailles et de plumes multicolores, a choisi de se couper de ses semblables. Le médecin et cuistot de bord occupe ses six mains à réconforter les gens pour oublier la tragédie qui a condamné son espèce à mort. Le capitaine humain, pacifiste, aime une alien engagée dans la guerre. L'IA du bord hésite à se transférer dans un corps de chair et de sang.

Les tribulations du Voyageur, parti pour un trajet d'un an vers une planète lointaine, composent la tapisserie chaleureuse d'une famille unie par des liens plus fondamentaux que le sang ou les lois : l'amour sous toutes ses formes.

Fiche de lecture

Rosemary est engagée à bord du Voyageur, un vaisseau de type tunnelier, qui creuse des tunnels ou – si vous préférez, des voies navigables – pour relier les mondes habités entre eux. En l’espace d’un an, on va suivre son intégration à bord du vaisseau et faire la connaissance de son équipage hétéroclite. Ce long voyage a pour but de conduire l’équipage du tunnelier vers une planète lointaine, où l’attend une mission d’envergure : forer un ouvrage dans une zone dangereuse. C’est risqué, mais bien payé.
 
Ce livre est pour le moins atypique, car il n’y a pas d’action, ni d’intrigue, et encore moins de suspens. L’auteure Becky Chambers met l’accent principalement sur ses personnages, qu’elle développe petit à petit au cours du voyage.
 
Dans ce futur lointain, la race humaine (les plus riches seulement) a quitté son berceau pour essaimer la galaxie. Et elle a rencontré d’autres races intelligentes, qui finalement ont accepté d’intégrer les Humains dans leur Union (les guerres entre espèces ayant fait rage auparavant, nous sommes maintenant dans une période de paix).
 
Dans ce contexte de post-conflits, le Voyageur symbolise un havre de paix au sein duquel des humains et des extraterrestres cohabitent dans le respect de leurs différences. Cela ne vous rappelle rien… ? (cf. Babylon5) On apprend donc à connaître les us et coutumes, de même que le caractère et les habitudes, de cette petite dizaine de membres d’équipage, qui sont tous issus de mondes étrangers. Ils forment un groupe très soudé, une petite famille chaleureuse unie par les liens de l’amour envers leur prochain.
 
Becky Chambers a mis beaucoup de cœur et a déployé des trésors d’imagination pour façonner ses personnages et les rendre attachants. Et à mon avis, c’est LE point fort de cet ouvrage. Par contre, à force de ne parler que d’eux, elle finit par tomber dans le sentimentalisme larmoyant, ce qui pour ma part, a malheureusement fini par m’ennuyer…
 
On a parfois des romans de SF où l’histoire prend trop d’ampleur, au détriment des personnages, et je le déplore. Pour ma part, j’adore les romans avec des personnages bien travaillés, mais à un moment donné, il faut aussi offrir au lecteur une bonne histoire, un fil conducteur, quelque chose qui lui donne envie de tourner les pages pour continuer. Un équilibre, quoi, entre les personnages et le scénario. Et c’est justement ce qui manque ici à mon goût : un équilibre.
 
Oh ! Il y a bien eu quelques tentatives de mettre un peu de piment dans le quotidien de cette « famille », mais je les trouve plutôt maladroites. A commencer par le truc classique : l’abordage du Voyageur par des affreux aliens qui blessent le capitaine et pillent les vivres dans les cales du vaisseau. Bilan : tout le monde est choqué de cette expérience. Ensuite, le truc déroutant : au beau milieu de l’espace, le Voyageur tombe – par hasard – sur un vaisseau en panne, et – ô surprise – c’est justement celui de l’amie du capitaine Ashby. Quelle merveilleuse coïncidence ! Bilan : tout le monde est content de cette rencontre. Et pour finir le truc sans surprise : à l’issue de ce voyage d’une année, la mission tant attendue par l’équipage, dont on se doute depuis le début qu’elle va foirer. Et elle foire. Bilan : tout le monde est blessé, moralement et physiquement.
 
Passons maintenant au style de l’auteure. Le livre se lit facilement, c’est bien écrit, mais le tout reste tout de même très lisse. Par exemple, j’aurais apprécié que - par leurs différences - les personnages ne s'expriment pas tous de la même manière (expressions ou vocabulaire utilisés dans les dialogues), et que la fin d’un chapitre se termine sur une petite touche de suspens qui donne envie de découvrir avidement la suite. En parlant de l’enchaînement des chapitres, il y a parfois de drôles de raccords, on saute du coq à l’âne on ne sait comment. Un peu comme si on avait appondu des textes qui n’ont rien à voir – de manière directe - les uns avec les autres. Cette bizarrerie m’amène à me demander si, à la base, ces écrits ont été publiés sous forme de nouvelles avant d’être regroupés en un roman ? Aucune idée.
 
Bref, dans tous les cas, cette lecture reste agréable (bien qu'un peu longue), malgré ces quelques reproches. Une suite est annoncée. Personnellement, je n'en vois pas l'intérêt, parce que les réponses aux questions encore ouvertes auraient pu - à mon avis - être apportées ici afin d'offrir un ouvrage complet.
 
En conclusion, une histoire pépère bourrée de bons sentiments, cependant – fait à relever - servie par des protagonistes flamboyants ! Un roman à conseiller aux lecteurs pour lesquels les personnages sont les éléments clé d’un livre, plus qu’aux amateurs d’aventures spatiales.

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