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Les Monades urbaines | The World Inside | Robert Silverberg | 1971


Une fiche ajoutée dans nos cales par | 10/11/2013 | Lu 516 fois





La planète Terre en l'an 2381 : la population humaine compte désormais plus de 75 milliards d'individus, entassés dans de gigantesques immeubles de plusieurs milliers d'étages.

Dans ces monades, véritables villes verticales entièrement autosuffisantes, tout est recyclé, rien ne manque. Seule la nourriture vient de l'extérieur.

Ainsi, l'humanité a trouvé le bonheur. Des bas étages surpeuplés et pauvres aux étages supérieurs réservés aux dirigeants, tous ne vivent que dans un but : croître et se multiplier. Plus de tabous, plus de vie privée, plus d'intimité. Chacun appartient à tout le monde. La jalousie et le manque n'existent plus.

Contentez-vous d'être heureux. La monade travaille pour vous et maîtrise tout. Quand à ceux qui n'acceptent pas le système, les anomos, ils seront eux aussi recyclés. Pour le bien-être du plus grand nombre...

Fiche de lecture

Je considérais déjà Silverberg comme un maître en termes de planet-opera et d'uchronie, voilà que je découvre qu'il est également doué pour les distopies futuristes. Car, dans ce roman, il ne nous emmène pas si loin dans le futur, à peine 4 siècles.

Sur une Terre surpeuplée, le gouvernement a pris une mesure radicale : la construction de gigantesques tours pouvant abriter près d'un million d'habitants chacune. Dans ces tours chacun vit, mange, dort, travaille, s'amuse... Et surtout chacun reste bien à sa place en veillant à respecter les coutumes. Il n'est rien de pire que de se révéler « anomo », un élément indésirable, grain de sable dans la belle mécanique, et d'être alors éliminé en « dévalant la chute ».

Ce qui frappe le plus avec ce roman, c'est la minutie extrême avec laquelle Silverberg a imaginé ce futur. Le moindre détail est pensé, pesé, étudié et finalement appliqué en parfaite cohérence avec le reste. Il n'élude rien : hiérarchie sociale stricte proche d'un système de castes, moeurs sociales et sexuelles étranges, urbanisme délirant... Et au milieu de cet univers, l'auteur nous raconte les destins croisés d'une demi-douzaine de personnages qui se meuvent au sein de cet univers totalitaire.

Finalement, c'est une fresque palpitante mais sans intrigue, une toile peinte avec minutie mais dont le schéma général a la même absurdité que le mode de vie qui est décrit. Par un procédé d'écriture génial, l'auteur nous invite à réfléchir à ce que pourrait être le futur de la Terre.

Ce livre est tellement bon que j'ai décidé de le mettre au programme de mon cours de géographie ! Je vous le recommande chaudement.

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