Textes personnels des Galionautes

Les Chroniques du Galion : Les Méandres de l'Espace-temps | Koyolite Tseila | 2015


Une fiche ajoutée dans nos cales par | 11/04/2015 | Lu 1336 fois





Atelier d'écriture

Copyright @ 2015 Le Galion des Etoiles | Les Chroniques du Galion : Les Méandres de l'Espace-temps par Koyolite Tseila
"Les Chroniques du Galion" sont des récits imaginaires écrits par les membres du Galion des Etoiles dans le cadre de notre atelier d'écriture. En partant d'un sujet défini, l'idée est de laisser notre imagination guider nos pas vers d'autres horizons pour divertir nos lecteurs le temps d'une histoire...

Sujet de l'atelier d'écriture

A bord du Galion des Etoiles, l'équipage trafique autour de l'exoplanète J1407b - dont les anneaux sont 200 fois plus grands que ceux de Saturne - lorsqu'il est soudain pourchassé par des Aliens vivant dans la géante... 

Personnages composant l'équipage du Galion : 
  un capitaine (Koyolite Tseila)  un docteur de bord (Thierry)  un naturaliste à bord (Maestro)  un maître voilier (South)  un gabier de vigie (Fred)  un premier officier (Siebella)  un explorateur patrouilleur (Bernard)  ... 

Les Méandres de l'Espace-temps

Journal de bord du capitaine du Galion, année terrienne 2015
 
Parmi toutes les missions que nous avons menées, celle dans le secteur de la planète J1407b fut l’échec le plus cuisant de notre carrière. Si depuis ces événements mon équipage évite soigneusement d’aborder le sujet, ce souvenir étant pénible, je me dois – en tant que commandant - de déposer en fond de cale mon orgueil blessé pour enfin consigner les faits dans le journal de bord, ceci afin que l’information parvienne à d’autres équipages, de sorte qu'ils ne tombent pas à leur tour dans le piège...

Jadis, les Galionautes étaient jeunes, motivés et - ma foi - encore quelque peu inexpérimentés. Lorsque Fred, notre gabier de vigie, nous annonça avoir repéré à quelques millions de kilomètres de notre position la présence d’une géante aux anneaux deux cent fois plus grands que ceux de Saturne, j’ordonnai au maître voilier South de mettre immédiatement le cap sur cet astre, catalogué par les marins de l’espace sous le nom de J1407b. Provoquée par la vue de la géante à l’apparence flamboyante, l’effervescence sur la passerelle était à son comble !

Maestro, notre naturaliste de bord d’ordinaire si calme et posé, peinait à dissimuler son enthousiasme à l’idée de ramener quelques calottes de pierres à analyser. Doc Thierry se réjouissait de procéder à des prélèvements biologiques. Quant à Siebella, mon premier officier, elle avait quitté son poste et, l’œil brillant, scrutait attentivement la carte 3D du relief de la planète, rêvant secrètement de découvrir une grotte qui abriterait un trésor oublié. Cet optimisme général était contagieux. Pour ma part, j’imaginais les richesses multiples que ce monde avait à nous offrir. Nos cales étaient chichement garnies, le navire était grand, je souhaitais ardemment les remplir de toutes sortes de merveilles.

Et tandis que le Galion était stationné depuis quelques heures en orbite autour de J1407b, Bernard, notre patrouilleur explorateur, revenait à bord au moyen de sa navette. Il confirma ce que nous espérions tous entendre : cette planète regorgeait de mille ressources ! Au sol, il y avait non seulement des pierres précieuses et des plantes exotiques, mais étonnamment aussi, partout et à perte de vue, des livres contenant des milliers de récits de science-fiction, des parchemins narrant contes et légendes oubliées, des DVD de films d’aventures spatiales aux images époustouflantes et aux scénarios renversants, des coffrets VHS entiers de séries TV ayant pour thème l’exploration de nouveaux mondes, des BD dont les dessins invitaient aux voyages imaginaires…

Autant dire qu’à bord du Galion régnait un climat de douce euphorie. Nous étions prêts et motivés pour cette fructueuse cueillette, qui d’ailleurs ne se fit pas attendre. Pierres précieuses et plantes exotiques exceptées, car ne présentant – à y réfléchir - que peu d’intérêt, nous nous rabattîmes sur tous les supports instructifs à disposition et amoncelâmes le tout dans nos multiples compartiments. Que de richesses littéraires et télévisuelles ! Tout un pan de culture de l’Imaginaire s’offrait à nos yeux émerveillés ! A présent, confortablement installés dans la bibliothèque du Galion, nous étions si enchantés, que nous décidâmes de tout découvrir, puis de chroniquer et soigneusement ranger le tout, avant de repartir vers d’autres contrées. Ainsi naquirent des milliers de pages recouvertes par les mots de nos impressions de lectures et de visionnages, des écrits qui vinrent fleurir nos cales.

Lorsque nous fûmes sur le point de lever l’ancre, heureux et rassasiés de connaissances additionnelles, des tirs frappèrent soudain la coque de notre navire. Des centaines de petits vaisseaux cylindriques gris foncé, à la pointe rappelant désagréablement le dard d’un frelon, menaient un bal incessant à couvert dans la ceinture d’astéroïdes de la planète, tout en nourrissant un feu concentré en direction du Galion. A vrai dire, ces êtres organiques étaient là depuis le début, tapis dans l’ombre, prêts à bondir, guettant l’instant opportun, et nous ne les avions pas détectés, tous obnubilés que nous l’étions à notre tâche !

Malheureusement, nos boucliers ne résistèrent pas longtemps à ce formidable assaut. Sous la violence des impacts répétitifs, ils perdirent rapidement de l’énergie. La coque fut percée par endroits. Des courts-circuits se produisirent un peu partout à bord, leurs étincelles déclenchant des débuts d’incendies dans les coursives.

Une fois les zones touchées isolées du reste du bâtiment grâce aux sas pare-feu, le maître voilier South ouvrit un point de saut sur l’hyperespace. Le Galion s’engouffra dans le vortex, puis disparut presque instantanément, tandis que celui-ci se refermait sur son passage. Lorsque notre vaisseau émergea de l’hyperespace pour entrer dans l’espace conventionnel, je m’enquis aussitôt de l’état des dégâts infligés par nos belliqueux attaquants. Tout en formulant ma demande, mon regard se posa au-delà de la baie vitrée du poste de pilotage. Ce que je vis alors me sidéra, au point que j’en perdis mon tricorne. Je retins mon souffle, interdite. Au lieu d’avoir la proue du Galion dans ma ligne de mire, je me trouvais face à sa poupe en forme de dunette ! Par tous les diables du cosmos, comment l’arrière du bâtiment pouvait-il être à l’avant et vice-versa ?

Mon premier officier entreprit de me lire à voix haute la liste des dégâts et je compris alors que nous avions été victimes d’armes redoutables, des armes capables de dé-fractionner et de refractionner l’espace et le temps à bord de notre navire, pour réassembler le tout de manière aléatoire, un peu comme un puzzle à motifs dont on aurait assemblé les pièces n’importe comment en les emboîtant de force. L’ensemble était là, mais n’avait plus aucune cohérence.

Ainsi, nous assistâmes à bord à des spectacles à la fois insolites et cocasses : Harry Potter se promenait dans la cale d’Abydos, l’équipe SG1 visitait Gottham City, Batman errait sur la passerelle de l’Enterprise, Star Fleet avait élu son QG à SmallVille, Clark Kent se prenait pour Peter Pan, le capitaine Crochet était perdu dans les sables de Dune, Léo Atréides arpentait les couloirs de la station Babylon5, John Sheridan traquait les Ombres à bord du Tardis, le Docteur était parti à la recherche des Cités d’Or, Esteban et Zia parlaient à l’ordinateur central de l’Arcadia, Albator prenait des cours de Quidditch, Dumbledore bricolait le moteur de la DeLorean, tandis que Marty cherchait à dérober les plans de l’Étoile Noire. Bon sang, c’était le bordel le plus complet à bord du Galion ! Quelle pagaille !

Mais ce n’était pas le pire. Malencontreusement, toutes nos chroniques avaient disparu, volatilisées et égarées à jamais dans les méandres de l’espace-temps. Une fois le choc passé, je ne vous explique pas l’état de détresse de l’équipage. Prenant notre courage à plusieurs mains, il nous fallut pas moins d’une année pour remettre de l’ordre dans ce chaos. Et un an supplémentaire pour réécrire - de mémoire - nos textes.

Furieux et épuisés, d’un commun accord les Galionautes bannirent des cartes de navigation du Galion l’accès au secteur J1407b, le rayant ainsi, par la même occasion, définitivement de leur souvenir.

Aparté

De 2009 à 2011, le site Le Galion des Etoiles était déposé chez un hébergeur qui tenait plus de l'apprenti sorcier que de l'informaticien/développeur. A la fin de l'année 2011, l'hébergeur en question a annoncé une mise à jour comprenant des nouveautés spectaculaires dans le backoffice, la partie gestion pour les webmasters ; pour ma part, le poste de pilotage du vaisseau. Et niveau spectacle, ce fut l’apothéose ! Le prestataire de pacotille a passé en nouvelle version tous les sites internet qui étaient hébergés chez lui. Sauf qu’il ne les a pas seulement mis à jour, il les a également fusionnés entre eux… Oh la bourde ! De ce fait, des blocs de sites inconnus se trouvaient sur le mien. De même, des bouts de nos chroniques se promenaient sur d'autres sites partout sur le Net. Mutinerie ! Par exemple, j'ai retrouvé un extrait de ma chronique de Harry Potter au milieu d'un buffet de légumes sur le site d'un traiteur ! Cela paraît amusant dit comme ça, mais ce n’était vraiment pas le cas. J'ai demandé à l'hébergeur de bien vouloir réparer le mal commis et remettre le site en l'état. Il m’a avoué en être incapable. Et plus consternant encore, il n’a pas daigné reconnaître son erreur et de ce fait, aucune excuse n’a été présentée. La planche ! Sans aide, il m'était impossible de savoir où étaient dispersées nos écrits sur la toile. Catastrophe ! Des années de boulot envolées. J'ai donc quitté ce bourricot d’eau douce, tout en l’arrosant copieusement de mes ressentiments bien corsés. En vue d’une longue et laborieuse reconstruction (réécriture des textes perdus) et d’importantes réparations (structure du site), le Galion a changé de port d’attache. J’avoue que sur le moment, j'étais hors de moi. Cependant, les années passant, je me dis aujourd’hui, que mieux vaut en rire qu'en pleurer, d'où l’idée de ce texte des méandres de l’espace-temps, métaphore fictionnelle de cette mésaventure que trop réelle…

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