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Citroën | Une belle aventure : les jouets Citroën


Une fiche ajoutée dans nos cales par | 23/02/2021 | Lu 688 fois





Torpédo | Photo @ 2021 Didier Reboussin, collection privée
Les croisières Citroën furent des odyssées techniques et humaines, mais aussi des campagnes de publicité efficaces, en avance sur leur temps, qui marquèrent durablement l'imaginaire du public.

André Citroën qui avait le sens des affaires, possédait une sorte de génie de la communication. À l'opposé de son grand rival Louis Renault, au caractère tourmenté, intransigeant et peu enclin à l'amélioration de la politique sociale à Billancourt, Citroën - tout en imposant les méthodes du taylorisme dans son usine du Quai de Javel – était animé par un certain humanisme ; ouvrant des restaurants d'entreprise à ses ouvriers ou organisant des événements comme la distribution de modèles réduits pour leurs enfants à Noël.

Ce sens de la communication, peut-être lié à son comportement de joueur, atteignit son paroxysme en 1925 avec l'utilisation de la tour Eiffel comme support géant pour sa marque.

Il existe cependant un autre domaine qu'André Citroën utilisa pour promouvoir ses automobiles : le jouet.

Historique

Citroën farine et plâtre | Photo @ 2021 Didier Reboussin, collection privée
Tout commença en 1878, longtemps avant la fondation des usines Citroën. En ce temps-là, un certain Albert Migault fabriquait des montres-jouets et des parures de poupées. Son atelier était situé rue de la Roquette à Paris. Dès 1900, il se lança dans la réalisation de jouets mécaniques, dans le sillage de ses concurrents (Charles Rossignol en France, ou Bing en Allemagne, plus spécialisés dans le train-jouet). En 1910, il proposa son « New Circus » qui évoquait avec beaucoup de charme l'atmosphère du cirque. La Guerre survint et les moyens de production furent naturellement orientés vers l'effort national, la fabrication de jouets étant interrompue. Après la guerre, Fernand, le fils d'Albert, reprit les rênes de l'entreprise. Passionné d'automobiles, il inscrivit naturellement à son catalogue de jouets des voitures. 

En 1922 il proposa à André Citroën de fabriquer des répliques de ses modèles. Celui-ci sauta sur l'occasion, pensant à juste titre promouvoir ses véhicules au travers de jouets. Un contrat d'exclusivité, débouchant sur un accord de fabrication, fut conclu entre Citroën et la SA Ets Migault. Pour honorer ce contrat, la famille Migault entreprit un tour de table avec les cousins Marcel et Georges Gourdet. Ceux-ci apportèrent dans la corbeille de mariée un atelier de chaudronnerie, des capitaux et, surtout, un savoir-faire technique.

En 1927 fut créée la CIJ (Compagnie industrielle du jouet). L'entreprise proposa l'année suivante la Citroën B14. Doté d'une carrosserie fermée par un toit fixe reproduisant une capote en place, ce modèle, à l'échelle 1/15, possédait des portes ouvrantes qui lui conféraient une belle finition. En cette fin des années 1920, les jouets Citroën adoptèrent la formule qui avait assuré le succès de Meccano. Les boîtes de construction contenaient toutes les pièces permettant d'assembler un modèle. Bien des versions furent proposées à la vente. Des camions et camionnettes complétèrent le catalogue des jouets Citroën. La CIJ était en mesure de proposer toute la gamme des vraies Citroën. La fabrication se faisait à Briare dans le Loiret. Chaque miniature accompagnait le véhicule Citroën réel, et ce jusqu'à la chute d'André Citroën en 1934.

En vertu des accords, CIJ fabriquait en exclusivité des jouets en tôle et en bois au 1/10e, dont la 5 CV Trèfle et la B14. Les miniatures étaient distribuées directement par les concessionnaires automobiles et il était interdit à CIJ de citer Citroën dans ses publicités. Les frères Michelin qui reprirent le constructeur automobile après la faillite de celui-ci en 1934 se désintéressèrent de cette dimension ludique. À partir de 1937, les jouets Citroën furent alors fabriqués par JRD, absorbée en 1952 par JEX.

En 1929, l'usine CIJ fut victime d'un incendie. En1939-1940, elle fabriqua des masques à gaz.

En 1964, une nouvelle usine fut inaugurée, toujours à Briare. Cependant la société CIJ disparut pratiquement en 1967. Elle fut reprise par une filiale d'ITT pour fabriquer des cadrans.

La vengeance étant un plat qui se mange froid, un accord plus souple fut passé avec Louis Renault et de nombreux modèles de véhicules miniatures Renault, en tôle lithographiée et en zamak (alliage d'aluminium, de cuivre, de zinc et de magnésium) à des échelles allant du 1/10e au 1/43e, furent fabriqués. Cependant, la CIJ dut désormais écouler elle-même sa production.

Les modèles

Le premier jouet qui sortit en 1922 fut la Citroën Type A taxi. Sa coque était en bois et ses ailes en tôle. Assemblages de bois et de tôle furent abandonnés un an plus tard au profit du tout tôle, avec l'apparition de la B2, le modèle phare de Citroën. Cette miniature enchanta ses acheteurs. D'abord vendue sans moteur, elle fut équipée ensuite d'un moteur à ressort qui anima cette magnifique réalisation aux portes ouvrantes. Ces jouets de 40 cm de long étaient très réalistes pour l'époque. Le succès fut immédiat. Le traitement de la tôle était centralisé dans les ateliers de la route d'Ousson à Briare, alors que le bois était fourni par l'usine de la Chapelle d'Angillon. C'est dans les ateliers de chaudronnerie que furent réalisées toutes les opérations d'emboutissage, de soudure, de peinture et de dorure.

Fort du succès des jouets Citroën et soucieux de se diversifier, Fernand Migault se lança dans la reproduction de diverses autres marques automobiles. En 1925, la sortie de l'Alfa Roméo P2 ouvrit la voie à de nombreux autres modèles. Cette Alfa Roméo, aux freins et à la direction fonctionnels, longue de 60 centimètres, témoignait de la qualité de production de CIJ.

La 5 CV Citroën, familièrement appelée Trèfle, fut le troisième modèle réduit de la marque. Au fur et à mesure de la sortie des nouveaux modèles Citroën, la liste des jouets proposés s'allongeait. Ces fidèles répliques de la voiture de papa étaient commercialisées à la fois dans le réseau Citroën et auprès des grands magasins. Ces jouets, proposés à des échelles allant du 1/43 au 1/6, firent fureur. Voitures à pédales, C4 et C6 : c'était un merveilleux support publicitaire, mais au coût croissant alors que celui des vraies voitures baissait. La famille Michelin, pour qui la gestion financière n'était pas une plaisanterie, tira donc un trait final sur les jouets Citroën. En effet la répercussion de leurs coûts dégradait celui de l'acquisition des vraies voitures, devenant trop significatif.

Avec la crise économique du début des années 1930, la situation empira. André Citroën recherchait désespérément des capitaux pour engager sa société dans la production de masse et cette politique eût une conséquence sur les jouets : elle en diminua la taille. L'échelle approcha le 1/24. Cette réduction des coûts poussa CIJ à l'utilisation de nouveaux matériaux facilitant des réalisations plus petites. Ce furent les débuts du 1/43. Constituée de plâtre et de farine, la Citroën Rosalie apparut en 1933. Les jouets Migault en plâtre et en farine étaient hélas plus fragiles que ceux en tôle. Ils sont aujourd'hui très difficiles à trouver en bon état.

De nos jours, en dehors de salles de ventes spécialisées ou de sites d'enchères bien connus, il est quasiment impossible de trouver ces jouets de légende dans les brocantes. Leurs cotes s'envolent et peuvent, pour un exemplaire en bon état, franchir allègrement les 1000 euros. Tous ces modèles sont d'une merveilleuse poésie et les collectionneurs les gardent farouchement auprès d'eux.

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