Centaurus | Leo, Rodolphe, Janjetov | 2015-2019

24/01/2023
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Scénario : Leo & Rodolphe
Dessin : Janjetov



Centaurus 1 : Terre promise (2015)

Centaurus 1 : Terre promise © 2015 Editions Delcourt
La planète Terre est devenue inhabitable. A bord d'un «vaisseau-monde», nos descendants traversent l'espace à la recherche d'une terre d'accueil. Ils croient l'avoir trouvée dans la constellation du Centaure. Mais attention aux simulacres et aux pièges...

Fiche de lecture T1

Il y a 400 ans, des guerres violentes éclatèrent sur la Terre, la rendant inhabitable. Le « projet Vera » fut initié. L’on bâtit un vaisseau-monde. Neuf mille huit cents personnes furent sélectionnées pour constituer l’équipage de cet immense arche cylindrique en partance pour une lointaine exoplanète : Vera.

Aujourd’hui, le vaisseau-monde est arrivé à destination et se trouve aux abords de la terre promise. Le grand voyage touche à sa fin, mais un autre se prépare. En effet, en raison de leurs particularités, les sœurs jumelles June et Joy, ainsi que leur ami Bram, sont recrutés par les dirigeants du vaisseau pour intégrer la petite équipe de spécialistes qui doit visiter des ruines repérées sur la planète Vera, afin de s’assurer qu’il n’y a aucun danger pour y installer la colonie. L’enjeu est crucial, car le vaisseau-monde est délabré et n’est plus en mesure de repartir pour une autre destination…

La mise en bouche est appétissante pour qui apprécie les voyages spatiaux et l’exploration de mondes inconnus, dans le cas présent, la planète de toutes les attentes.

Au fil de la lecture, il y a clairement deux trames qui se profilent et qui viennent pimenter cette histoire. Tout d’abord, la préparation de l’équipe pour l’exploration d'une zone de Vera, dont les bâtisses abandonnées semblent recéler bien des mystères (et peut-être aussi de la vie intelligente ?) et bien sûr, une faune et une flore exceptionnelles ! La seconde, c’est la découverte lors d’une révision d’une trappe sur la coque du vaisseau-monde qui n’apparaît sur aucun plan. Après quelques analyses, il s’avère que cette ouverture a été faite il y a une vingtaine d’années, alors que le vaisseau se trouvait loin de tout et traversait le vide spatial. Le sas ayant été refermé et scellé depuis l’intérieur, cela signifie que quelqu’un ou quelque chose s’est introduit dans le vaisseau (!) et qu’il est toujours à son bord. Gasp !

En ce qui concerne les principaux protagonistes, pour l’heure ceux-ci sont encore bien timides… June et Joy, deux sœurs jumelles pour le moins spéciales : l’une est aveugle, néanmoins elle « voit » au travers du regard de sa sœur et de plus, elle possède un don lui permettant de ressentir certaines choses, que sa sœur retranscrit aux autres membres du groupe. C’est pourquoi elles sont toujours agglutinées l’une à l’autre et semblent indissociables. Les jumelles sont chaperonnées par leur ami Bram, un grand balèze pas très futé, mais au cœur tendre. Le trio accompagne les personnes qualifiées pour la mission au sol : Mary-Maé Randolf coordinatrice de la mission, Pierre de Bourges (et son chien) spécialiste en faune et flore, le docteur Jenny Goldman, Richard Klein ingénieur et pilote bourru, et Feng Liu spécialiste de la sécurité tout en nerfs. Voyons comment ces personnages et leurs interactions entre eux vont se développer au cours de la série…

Le dessin de Janjetov est, comme à son habitude, un régal pour mes yeux. Les couleurs sont agréables. J’adore les plans d’ensemble – de l’extérieur ou de l’intérieur – de cet immense cylindre O’Neill !

Après ce premier tome, il m’est difficile de deviner où cette histoire va me transporter. Cependant, une chose est sûre, le scénario élaboré par Leo et Rodolphe est intrigant. Les bases sont posées et elles sont alléchantes. Ce planet opera s’annonce donc prometteur !

Centaurus 2 : Terre étrangère (2016)

Centaurus 2 : Terre étrangère © 2016 Editions Delcourt
Ça y est ! Une première équipe de reconnaissance a débarqué sur cette mystérieuse planète qui pourrait être LA terre d'accueil pour les habitants du vaisseau-monde en quête de planète habitable depuis plus de 400 ans. Mais qui dit mission d'exploration dit dangers potentiels, et ce ne sont pas les étranges visions de June qui vont simplifier les choses ni rassurer qui que ce soit...

Fiche de lecture T2

Sur la planète Vera, terre promise et étrangère, la petite équipe qui y a été débarquée poursuit son expédition et fait des découvertes pour le moins extraordinaires. A commencer par l’exploration de ces immenses ruines, dont les bâtiments semblent avoir été construits par une race extraterrestre de grande taille et à la technologie très proche de la nôtre. Et puis, il y a cette rencontre improbable avec des petites créatures apparemment inoffensives, mais qui ne sont assurément pas les bâtisseurs des monuments de ce lieu. A cela s’ajoute l’observation d’une faune et d’une flore à la fois belles et dangereuses. Cependant, le phénomène le plus incroyable se situe au-delà des ruines, dans le désert, où l’équipe découvre des carcasses de navires… issus de la Terre (!), dont - entre autres – celle de la Santa Maria de Christophe Colomb et celle de l’USS Baltimore, un croiseur lourd américain datant de la Deuxième Guerre mondiale ! Mais il y a encore plus surprenant… et cela est montré dans la toute dernière case de la BD. C’est à ne pas en croire ses yeux ! 👀

Pendant ce temps, à bord du vaisseau-monde en orbite autour de Vera, l’enquête se poursuit. Il s’agit de comprendre qui ou quoi s’est introduit dans le vaisseau il y a une vingtaine d’années, alors qu’il se trouvait loin de tout et traversait le vide spatial, pour s’y cacher à l’intérieur à l’insu de tous. Les recherches mettent en lumière un point curieux et intéressant : les naissances de jumeaux ont triplé quelques mois après l’arrivée de l’intrus. Il est également démontré que les jumeaux sont de pères différents et que l’un des deux enfants est surdoué ou hyper-intelligent. Malheureusement, ces enfants aux capacités exceptionnelles sont aujourd’hui tous décédés ou devenus fous à lier. Exception faite des jumelles June et Joy qui sont en éclaireuses sur Vera...

Les personnages principaux sont développés petit à petit, je commence à me familiariser davantage avec eux. Pierre est un protagoniste intéressant, énigmatique aussi. J’ai le sentiment qu’il cache quelque chose. Je remarque avec plaisir que Bram s’affirme et qu’il n’est pas seulement le grand musclé avec un petit pois en guise de cerveau. Il est courageux et déterminé. Finalement, c’est peut-être le plus lucide et le plus réveillé des membres de cette équipe d’exploration. Quant aux deux jumelles, je ne sais pas trop que penser d’elles… Joy me paraît arrogante et June me fait un peu peur avec ses visions. 😅

Scénario de Leo et Rodolphe : top. Dessin de Janjetov : top.

On n’échappe pas à l’incontournable scène érotique, un moment torride sous la douche qui s’étale sur plus de deux pages, une histoire de savon qui glisse et « toussa toussa » … mais cette fois-ci, par rapport à d’autres cycles de Leo dans lesquels l’érotisme est gratuit et un peu naïf, ici cette scène me semble arriver au bon moment. En tout cas, Bram sous la douche, ça vaut son détour ! 😉

En conclusion, un second tome truffé de mystères, très intrigant. Je n’ai aucune idée de la direction que va prendre ce cycle, tellement il est surprenant. J’aime beaucoup !

Centaurus 3 : Terre de folie (2017)

Centaurus 3 : Terre de folie © 2017 Editions Delcourt
L'équipe de reconnaissance qui a débarqué sur la planète Véra se retrouve face à un Mont Saint-Michel fidèlement reconstitué mais totalement abandonné. Elle y retrouve aussi bien de l'argent terrien que des boules à neige pour touristes.

Les mystères autour de cette planète se font de plus en plus étranges et les dangers de plus en plus grands...

Fiche de lecture T3

Vera est terre de folie. En effet, l’expédition aligne les découvertes inexplicables, dont – après les bateaux terriens - une réplique copie-conforme du Mont Saint-Michel, puis des gratte-ciels ! Quant à la faune indigène, l’équipe fait des rencontres de plus en plus dangereuses et agressives, au point que deux victimes sont désormais à déplorer. 

A bord du vaisseau-mère, on n’est pas en reste. A commencer par la découverte de scaphandres extraterrestres (voir illustration de couverture) dans une cale. Mais il y a pire : les communications entre l’appareil et Vera sont coupées. C’est là l’œuvre d’un sabotage, comprendra-t-on. S’ensuit également des faits macabres : des crimes sont commis. Et pour compléter le tableau déjà bien sombre, il semblerait que quelqu’un ait même réussi à pénétré dans la programmation globale de la trajectoire du vaisseau, système ultra-protégé.

Ce troisième tome est captivant et porte bien son nom. C’est vraiment la folie.

L’évolution des principaux protagonistes est intéressante, surtout celle des deux sœurs jumelles Joy et June. Elles qui sont unies par un étroit lien mental les rendant inséparables, voilà que ce dernier devient pesant pour toutes les deux et source de conflits. En brisant ces chaînes, elles ont enfin l’occasion de s’émanciper indépendamment l’une de l’autre, pour devenir deux personnes bien distinctes, aux caractères bien différents.

Et alors, il y a cette révélation qui est juste énorme !

[Attention spoilers]
On apprend que tout à bord du vaisseau-mère a été truqué, que la trajectoire qu’il a suivi n’est pas celle initialement planifiée et que la planète Vera… n’est pas Vera, la terre promise !
[Fin des spoilers]

WOUAH, la claque ! Du coup, cela pourrait expliquer pas mal de choses…

Et tandis que cette révélation nous chamboule corps et esprit, l’on s’aperçoit que June a mystérieusement disparu. Bram, pisteur hors-pair, part illico à sa recherche contre l’avis des autres membres du groupe…

En conclusion, un troisième tome phé-no-mé-nal.

Centaurus 4 : Terre d'angoisse (2018)

Centaurus 4 : Terre d'angoisse © 2018 Editions Delcourt
A bord du vaisseau, les forces de l'ordre poursuivent leur enquête sur des meurtres perpétués ces derniers temps. La tâche ne leur est pas facilitée dans l'atmosphère délétère qui semble s'appauvrir en oxygène...

L'équipe d'exploration, elle, a atterri sur une planète qui n'est pas la planète Vera mais pour l'instant elle fait face à une autre priorité : retrouver June sans qui sa sécurité est compromise.

Fiche de lecture T4

[Attention cette chronique contient des spoilers]

Sur la fausse planète Vera, Bram retrouve enfin June, qui avait mystérieusement disparu. Y’a du rapprochement dans l’air… Elle lui explique qu’elle s’est éloignée du groupe parce que son grand-père – pourtant décédé il y a des années de cela – se trouve ici et l’appelle. Tandis que cette planète n’inspire que crainte et dégoût à Bram, qui aimerait retrouver le reste du groupe et rentrer à bord du vaisseau, June elle, n’est pas de cet avis : pour elle, cet endroit est merveilleux et magique. Va dire cela à Maé, la cheffe du groupe au sol, qui à quelques kilomètres de là est en train de se faire zigouiller sauvagement par de petites créatures apparemment pas si inoffensives que ça !

Quelques heures après ce drame, l’équipe fait une drôle de rencontre : des humains à l’apparence d’Indiens d’Amérique qui baragouinent l’anglais et, fait étonnant, semblent connaître Pierre ! Les autochtones incitent les colons à les suivre pour les conduire auprès de leur « maître » qui, comme on va l’apprendre, n’est autre que le dernier survivant des occupants de la planète. C’est un extraterrestre humanoïde de grande taille, l’un des anciens habitants des ruines visitées précédemment. Le maître les avise qu’ils ont un ennemi commun : celui qui les a attirés sur cette planète ! Et ce dernier prépare quelque chose de terrible. L’ultime souhait du maître, qui est mourant, est de les aider à fuir ce lieu d’horreur et de désolation.

A bord du vaisseau-mère, les membres d’équipage cherchent qui est la personne qui les a fait dévier de leur trajectoire dans le but de les guider vers cette fausse Vera. D’autres meurtres sont commis et finalement l’un des envahisseurs (il y avait deux scaphandres dans la cale) est découvert ! Parallèlement, ils tentent toujours de rétablir la liaison avec l’équipe au sol, tandis que des investigations sont menées sur la mort de la mère des jumelles. Se faisant, ils remarquent que des zones du vaisseau présentent un taux d’oxygène extrêmement bas dû à une fuite importante dans l’une des canalisations principales. Le stock d’oxygène étant presque épuisé, un débarquement d’urgence sur la planète doit être envisagé. C’est alors que les liaisons avec l’équipe au sol sont enfin rétablies et c’est un soulagement ! En effet, le message de Maé est on ne peut plus clair et rassurant, du genre « Tout est parfait, paisible et sans danger, venez nous rejoindre ! » Ouais, sauf que le truc important qu’ils ignorent, c’est que Maé est décédée… (gasp)

Après la terre de folie, voici la terre d’angoisse… Ce quatrième tome porte fort bien son titre ! Les événements qui s’y déroulent sont vraiment flippants.

J’ai apprécié les réponses qui tombent enfin grâce aux informations dévoilées par le maître. Arrivé des siècles plus tôt sur cette planète, ce peuple extraterrestre la prédestinait à être une terre d’expérimentations pour y analyser des faunes et flores diverses, notamment grâce au portail spatial installé sur place leur permettant de faire des allers-retours là où bon leur semblait, pour collecter des « échantillons », dont sur Terre. Des activités somme toute peu recommandables, mais là n’est pas le sujet. Un jour, un météore s’est écrasé à proximité, apportant avec lui l’enfer : une forme de vie qui a progressivement colonisé le sous-sol de la planète et qui est responsable de la lente extermination du peuple du maître.

Un organisme qui a attiré June dans ses filets, incité les humains à visiter ce monde et qui aujourd’hui, les persuade de débarquer sur son sol, tout un programme en perspective…

J’adore cette histoire et j’ai hâte de lire le cinquième et dernier tome, qui je l’espère, finira en apothéose !

Centaurus 5 : Terre de mort (2019)

Centaurus 5 : Terre de mort © 2019 Editions Delcourt
« Nous avons mis toutes nos ressources pour découvrir l'origine du mal. Nous avons disséqué nos morts à la recherche d'une explication. Nous avons analysé l'air que nous respirions, l'eau que nous buvions, les aliments que nous consommions. Aucune bactérie inconnue, aucun virus endémique n'ont été trouvés. Puis, nous avons vu les filaments et nous avons compris : le mal venait du sous-sol et il était partout ! »

Fiche de lecture T5

Nous voici arrivés au bout de cette aventure de science-fiction, dans le genre planet opera, avec des petites touches vintage et UFO bien sympathiques.

J’espérais une fin en apothéose, elle est carrément cataclysmique !

J’ai dévoré ce cinquième et dernier tome de Centaurus. Il est passionnant, comme l’ensemble du cycle. Je suis contente d’avoir cette lecture à mon effectif. Que de suspense sur cette terre promise et étrangère parsemée de folie, d’angoisse et de mort…

A part pour une question - à savoir : quelles étaient initialement les intentions des extraterrestres ayant colonisé cette planète envers les Terriens ? - toutes les réponses à mes interrogations ont été amenées.

Ce cycle est clos. Néanmoins, on pourrait tout à fait lui imaginer une suite avec les habitants du vaisseau-mère et leurs hôtes qui se dirigent cette fois-ci vers la vraie Vera, la terre promise.

Que ce soit au niveau du scénario de Leo et Rodolphe et des personnages qu’ils ont élaboré, ainsi que du dessin de Janjetov, je suis conquise par cette œuvre.

Une lecture dont je ne vous révélerai pas la fin - je vous laisse le plaisir de la découverte – et que je vous recommande chaleureusement !

Centaurus | Montage © Le Galion des Etoiles

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