Version française | Ăditions KazĂ© | 2022
Boyle Samejima est un flic qui aime l'action en mode badass. Seul problĂšme : ses mĂ©thodes sont rarement approuvĂ©es par ses supĂ©rieurs ! Suite Ă un Ă©niĂšme dĂ©rapage, cet Ă©nervĂ© de la gĂąchette est mis au placard dans un archipel perdu au milieu de l'ocĂ©an Pacifique. Lui qui pensait se dorer tranquillement la pilule au soleil se retrouve chargĂ© d'enquĂȘter sur le mystĂ©rieux culte de la mer : une secte guidĂ©e par une jeune oracle de cinq ans... Et ce n'est pas tout, pour rĂ©soudre l'enquĂȘte, il doit faire Ă©quipe avec... un dauphin !
Note
Ce manga est constitué de 5 volumes parus originalement entre 2019 et 2021. Le premier tome en français est édité depuis janvier 2022.
Fiche de lecture
Le ShĂŽnen, avec son type dâamĂ©nagement Ă©ditorial centrĂ© sur les adolescents fĂ©rus de Mangas aux principes forts, rĂšgle ses codes en les conservant dans une impression constante de dĂ©jĂ -vu. Mais parfois lâexception confirme la rĂšgle, lâon se confronte Ă des Ćuvres sâen jouant, soit avec finesse, soit dâune maniĂšre exagĂ©rĂ©e (et assumĂ©e) dans ce quâelles ont de plus dĂ©concertant. Câest le cas avec Badass Cop & Dolphin.
« Je suis un flic qui aime lâaction en mode Badass »
« Je fais équipe avec un Dauphin »
La rĂ©initialisation se conçoit ici par lâentremise dâun ton qui dĂ©note, ce qui constitue une exaltation auprĂšs du lecteur assidu. Cette imagerie exubĂ©rante explore une plongĂ©e dans lâirrĂ©alitĂ© absolue, mais pas nâimporte comment. Comme de coutume lâhumour sâadjoint de connotations semi-Ă©rotiques et frivoles sur des cadrages osĂ©s du genre fĂ©minin sans ĂȘtre offensant. Le comique grossier sâĂ©tire sur une sorte de pilotage automatisĂ© du potache dâenvergure avant de puiser lâessentiel de son message dans un guide assouvi par la dĂ©mesure de celui qui lâĂ©crit.
Des lignes apparaissent rĂ©guliĂšres avant quâelles ne chassent un naturel convenu pour mieux dĂ©velopper son Ă©trangetĂ©. Cependant lâeffort artistique de Ryuhei Tamura sâaccomplit par la particularitĂ© dâun horizon inĂ©dit en faveur de personnages aux atouts caricaturaux, puis adoucis dâune vision calme et familiĂšre de lâeffort philanthropique et le respect dâautrui que le ShĂŽnen adopte ; des pauses dâoxygĂ©nation qui apaisent par petites touches le vocabulaire surnaturel rencontrĂ© sur cette Ăźle du Pacifique oĂč tout ne se passe pas comme prĂ©vu.
Tout dĂ©bute avec la prĂ©sentation dâune contrefaçon de lâagent de police Boyle Samejima. Lâofficier, obligĂ© Ă cause de ses maniĂšres rĂ©actionnaires de changer dâenvironnement, draine ses idĂ©aux dâincorruptible Ă la limite de lâinsubordination au cĆur de lâarchipel dâOgasawara. Du moment oĂč le flic « Badass » de Tokyo est mutĂ© dans un commissariat en prenant compte dâun nouveau coĂ©quipier qui nâest rien dâautre quâun « dauphin hominidĂ© », la forme et le fond symbiose alors la clĂ© de voute de son sujet : « ce qui vient du fond des mers doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une menace mutagĂšne ».
De lâintĂ©rieur de lâocĂ©an bon nombre de dangers existe et les situations fantastiques, trĂšs visuelles, aident Ă accepter lâinconcevable. Le dessin Ă©purĂ© de Ryuhei Tamura utilise la technique de la ligne claire, sa maitrise Ă capter lâessentiel des espaces, urbains et campagnards, dĂ©clenche dans les scĂšnes dâactions une visibilitĂ© et une comprĂ©hension indĂ©niable ; la fluiditĂ© bien sentie.de son trait de dessin obtient un dĂ©sir qui se prolonge (sans faillir) de la premiĂšre page jusquâĂ la derniĂšre.
« Tout doux Cthulhu »
Si lâespace Ă©crase lâinfiniment petit de lâexistence humaine face Ă des entitĂ©s cĂ©lestes chez HP Lovecraft, lâauteur de Badass Cop & Dolphin sâen excuse en usant de son empreinte cosmique, en la plongeant Ă lâintĂ©rieur dâun ocĂ©an trouble et inexplorĂ© et souvent distanciĂ© Ă la peur quâelle devrait susciter. LâĂ©lĂ©ment liquide anime le point vital des histoires, de ce qui sâen associe, de ce qui en Ă©merge. Les courtes missions quâaccomplissent le duo de flics sâattachent Ă montrer la banalitĂ© de leurs interventions au-devant dâaffaires surrĂ©alistes acceptĂ©es par tous comme si elles Ă©taient normales.
Parfois lâon voit une rĂ©fĂ©rence Ă©vidente dans une perspective de louange Ă un style lovecraftien marquĂ©. DĂšs quâune crĂ©ature tentaculĂ©e le dĂ©termine par un aspect dĂ©cidĂ© Ă lâexprimer ainsi, Lâon se focalise Ă cette idĂ©e pour comprendre progressivement quâil y a volontairement une duperie par un changement dâatmosphĂšre. LâinterprĂ©tation par la perception personnelle de cet univers relance constamment une interrogation chez le lecteur lui refusant une identification concrĂšte car, Badass Cop & Dolphin nâest pas une pĂąle copie de ce quâil honore explicitement. Le manga trace sa voie la faisant unique.
« Bien jouĂ©, Same !! Tâas fait du tartare de poulpe ! »
« Et dâabord, tu pourrais commencer par arrĂȘter dâamener ta gamine au travail. »
La stupĂ©faction vient dâune narration limpide provenant dâĂȘtres qui ne le sont pas. Il nây a aucun compromis, pas dâexplication possible dans ce premier volume. La petite fille du nom de Shako, sauvĂ©e et adoptĂ©e par Horpheus, le flic Dauphin, dâune secte (le culte de la mer) la prenant pour un oracle, encercle la dramaturgie si spĂ©ciale par son Ă©nigmatique attitude. Sa rafraichissante personnalitĂ© dĂ©tĂ©riore toute impression de nĂ©gativitĂ© pouvant surgir de tant de tĂ©nĂšbres liĂ©e aux « monstres » de la mer. Sous son extraordinaire pouvoir le Badass se fait souvent humilier, pour rire, et le Dauphin complĂšte sa caractĂ©ristique dâange protecteur. Lâarchipel oĂč elle vit est comme une chambre gĂ©ographiquement immense sujet Ă ses expĂ©riences de jeux.
« Autrement dit, 95% des animaux marins nous sont totalement inconnus ! »
Sur cette Ăźle isolĂ©e de lâarchipel dâOgasawara de 1800 habitants, fictive, imaginaire, le crĂ©ateur parvient Ă accorder plusieurs genres en les mĂ©langeant dans un check-up rĂ©solument hasardeux. On passe dâactions routiniĂšres Ă celles dont la paranormalitĂ©, abasourdie, excĂšde, voir dĂ©connecte de lâeffet « horreur cosmique » sous-exploitĂ© pour communiquer sur dâautres dimensions tout aussi intrigantes. On relĂšve la caractĂ©ristique dâun territoire et des agissements mystĂ©rieux de sa population comme dans la sĂ©rie Twin-Peaks, des bestioles « poulpeuses » de chez Lovecraft, des lĂ©gendes japonaises en relation avec les fonds sous-marin, des faits divers de problĂšmes simples de voisinage ou de voirie. Le ton y est absurde et humoristique et on sâamuse beaucoup Ă lire les pĂ©ripĂ©ties de ces interactions magiques ou rĂ©elles sâĂ©coulant comme lâeau du robinet sur autant dâintrigues que dâillustration Badass et irracontables.
Un pur rĂ©gal, bancal mais suffisamment intĂ©ressant pour patienter jusquâau deuxiĂšme volume.
« Je suis un flic qui aime lâaction en mode Badass »
« Je fais équipe avec un Dauphin »
La rĂ©initialisation se conçoit ici par lâentremise dâun ton qui dĂ©note, ce qui constitue une exaltation auprĂšs du lecteur assidu. Cette imagerie exubĂ©rante explore une plongĂ©e dans lâirrĂ©alitĂ© absolue, mais pas nâimporte comment. Comme de coutume lâhumour sâadjoint de connotations semi-Ă©rotiques et frivoles sur des cadrages osĂ©s du genre fĂ©minin sans ĂȘtre offensant. Le comique grossier sâĂ©tire sur une sorte de pilotage automatisĂ© du potache dâenvergure avant de puiser lâessentiel de son message dans un guide assouvi par la dĂ©mesure de celui qui lâĂ©crit.
Des lignes apparaissent rĂ©guliĂšres avant quâelles ne chassent un naturel convenu pour mieux dĂ©velopper son Ă©trangetĂ©. Cependant lâeffort artistique de Ryuhei Tamura sâaccomplit par la particularitĂ© dâun horizon inĂ©dit en faveur de personnages aux atouts caricaturaux, puis adoucis dâune vision calme et familiĂšre de lâeffort philanthropique et le respect dâautrui que le ShĂŽnen adopte ; des pauses dâoxygĂ©nation qui apaisent par petites touches le vocabulaire surnaturel rencontrĂ© sur cette Ăźle du Pacifique oĂč tout ne se passe pas comme prĂ©vu.
Tout dĂ©bute avec la prĂ©sentation dâune contrefaçon de lâagent de police Boyle Samejima. Lâofficier, obligĂ© Ă cause de ses maniĂšres rĂ©actionnaires de changer dâenvironnement, draine ses idĂ©aux dâincorruptible Ă la limite de lâinsubordination au cĆur de lâarchipel dâOgasawara. Du moment oĂč le flic « Badass » de Tokyo est mutĂ© dans un commissariat en prenant compte dâun nouveau coĂ©quipier qui nâest rien dâautre quâun « dauphin hominidĂ© », la forme et le fond symbiose alors la clĂ© de voute de son sujet : « ce qui vient du fond des mers doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une menace mutagĂšne ».
De lâintĂ©rieur de lâocĂ©an bon nombre de dangers existe et les situations fantastiques, trĂšs visuelles, aident Ă accepter lâinconcevable. Le dessin Ă©purĂ© de Ryuhei Tamura utilise la technique de la ligne claire, sa maitrise Ă capter lâessentiel des espaces, urbains et campagnards, dĂ©clenche dans les scĂšnes dâactions une visibilitĂ© et une comprĂ©hension indĂ©niable ; la fluiditĂ© bien sentie.de son trait de dessin obtient un dĂ©sir qui se prolonge (sans faillir) de la premiĂšre page jusquâĂ la derniĂšre.
« Tout doux Cthulhu »
Si lâespace Ă©crase lâinfiniment petit de lâexistence humaine face Ă des entitĂ©s cĂ©lestes chez HP Lovecraft, lâauteur de Badass Cop & Dolphin sâen excuse en usant de son empreinte cosmique, en la plongeant Ă lâintĂ©rieur dâun ocĂ©an trouble et inexplorĂ© et souvent distanciĂ© Ă la peur quâelle devrait susciter. LâĂ©lĂ©ment liquide anime le point vital des histoires, de ce qui sâen associe, de ce qui en Ă©merge. Les courtes missions quâaccomplissent le duo de flics sâattachent Ă montrer la banalitĂ© de leurs interventions au-devant dâaffaires surrĂ©alistes acceptĂ©es par tous comme si elles Ă©taient normales.
Parfois lâon voit une rĂ©fĂ©rence Ă©vidente dans une perspective de louange Ă un style lovecraftien marquĂ©. DĂšs quâune crĂ©ature tentaculĂ©e le dĂ©termine par un aspect dĂ©cidĂ© Ă lâexprimer ainsi, Lâon se focalise Ă cette idĂ©e pour comprendre progressivement quâil y a volontairement une duperie par un changement dâatmosphĂšre. LâinterprĂ©tation par la perception personnelle de cet univers relance constamment une interrogation chez le lecteur lui refusant une identification concrĂšte car, Badass Cop & Dolphin nâest pas une pĂąle copie de ce quâil honore explicitement. Le manga trace sa voie la faisant unique.
« Bien jouĂ©, Same !! Tâas fait du tartare de poulpe ! »
« Et dâabord, tu pourrais commencer par arrĂȘter dâamener ta gamine au travail. »
La stupĂ©faction vient dâune narration limpide provenant dâĂȘtres qui ne le sont pas. Il nây a aucun compromis, pas dâexplication possible dans ce premier volume. La petite fille du nom de Shako, sauvĂ©e et adoptĂ©e par Horpheus, le flic Dauphin, dâune secte (le culte de la mer) la prenant pour un oracle, encercle la dramaturgie si spĂ©ciale par son Ă©nigmatique attitude. Sa rafraichissante personnalitĂ© dĂ©tĂ©riore toute impression de nĂ©gativitĂ© pouvant surgir de tant de tĂ©nĂšbres liĂ©e aux « monstres » de la mer. Sous son extraordinaire pouvoir le Badass se fait souvent humilier, pour rire, et le Dauphin complĂšte sa caractĂ©ristique dâange protecteur. Lâarchipel oĂč elle vit est comme une chambre gĂ©ographiquement immense sujet Ă ses expĂ©riences de jeux.
« Autrement dit, 95% des animaux marins nous sont totalement inconnus ! »
Sur cette Ăźle isolĂ©e de lâarchipel dâOgasawara de 1800 habitants, fictive, imaginaire, le crĂ©ateur parvient Ă accorder plusieurs genres en les mĂ©langeant dans un check-up rĂ©solument hasardeux. On passe dâactions routiniĂšres Ă celles dont la paranormalitĂ©, abasourdie, excĂšde, voir dĂ©connecte de lâeffet « horreur cosmique » sous-exploitĂ© pour communiquer sur dâautres dimensions tout aussi intrigantes. On relĂšve la caractĂ©ristique dâun territoire et des agissements mystĂ©rieux de sa population comme dans la sĂ©rie Twin-Peaks, des bestioles « poulpeuses » de chez Lovecraft, des lĂ©gendes japonaises en relation avec les fonds sous-marin, des faits divers de problĂšmes simples de voisinage ou de voirie. Le ton y est absurde et humoristique et on sâamuse beaucoup Ă lire les pĂ©ripĂ©ties de ces interactions magiques ou rĂ©elles sâĂ©coulant comme lâeau du robinet sur autant dâintrigues que dâillustration Badass et irracontables.
Un pur rĂ©gal, bancal mais suffisamment intĂ©ressant pour patienter jusquâau deuxiĂšme volume.