
Depuis 1940 et sa rencontre avec un petit reporter à bord d'un vieux cargo, on sait tout de la vie aventureuse que ce marin a menée à ses côtés, mais sur sa vie antérieure, c'est le black-out complet !
Une longue et minutieuse enquête a permis de révéler que la mer et les bateaux ont toujours eu une importance capitale pour ce capitaine désormais célèbre dans le monde entier. On apprendra aussi pourquoi les amateurs de BD l'ont découvert sous les traits d'un véritable ivrogne, capitaine d'opérette d'un bateau utilisé à son insu pour le trafic de drogue.
Fiche de lecture
Archibald le Marin est une biographie quelque peu troublante...
Une casquette de marin, une barbe bien fournie au-dessus d’un pull bleu à col roulé, une bouteille de rhum s’agitant derrière quelques mille millions de mille sabords et autres jurons perfectionnés et tout le monde reconnaît ce bon vieux capitaine Archibald Haddock.
Lors de l’occupation de la Belgique dès 1940, Hergé - qui travaillait pour le journal de jeunesse Le petit Vingtième dont la fermeture a été imposée par les Allemands - ne voulait pas se faire oublier et s’est tourné vers le quotidien (censuré) Le Soir.
C’est durant cette période que le capitaine Haddock fait sa toute première apparition le 2 janvier 1941 dans ce quotidien belge qu’est le journal Le Soir. Sa rencontre avec Tintin se fait dans Le Crabe aux Pinces d’Or le 9 janvier 1941 (album publié du 17 octobre 1940 au 18 octobre 1941). La parution en couleur de l’album Le Crabe aux Pinces d’Or n’arrive qu’en 1944.
Voulez-vous découvrir la façon dont l’histoire de sa vie a été imaginée ? Alors cet ouvrage est fait pour vous. Attendez-vous à un bon voyage sur les terres et - bien entendu - sur les mers, en partant d’Anvers en Belgique, puis en voguant des Caraïbes jusqu’à Montréal en passant par New-York. Et tout cela avec une multitude de navires, d’aventures et de péripéties !
Que ce soit dans la première partie racontée par Haddock (de 1894 à 1919) ou dans la partie de Chester (1920-1940 dans laquelle il explique aussi comment le capitaine a sombré dans l’alcoolisme), l’auteur fait référence à une impressionnante série de personnages et de bateaux qui ont attisé ma curiosité. Après une rapide recherche, le tout s’avère juste et précis, malgré quelques petites coquilles orthographiques et une erreur de date à propos de la déclaration de guerre du 3 août 1914 (et non pas 1918).
L’ouvrage est d’ailleurs richement illustré. On y trouve par exemple Felix Von Luckner officier de la marine militaire allemande. Ou encore l’actrice de films muets Texas Guinan – aventure amoureuse du capitaine - qui a tenu le cabaret 300Club à New-York durant la prohibition de l’alcool aux USA, ainsi que Le Frolics à Montréal. Je ne mentionne que ces deux personnes, mais il y en a beaucoup d’autres, Et il en va de même pour les navires.



Dans cette partie y sont mentionnés le contexte France-Angleterre (la guerre de course) de l’époque et différents conflits navals et personnages communs aux Mémoires du Comte de Forbin - que j’ai lus récemment - tel Jean Bart, pour ne citer que lui. Tout cela est passionnant.
Voici la biographie d’un célèbre personnage de fiction dans un contexte historique véritable, d’où la raison pour laquelle - malgré que je n’aie pas été un grand féru des histoires de Tintin - elle m’a tout de même parue troublante, du moins de prime abord, parce que je n’ai pas réalisé de suite que je lisais une bio fiction. C’est donc bien fichu.
Hergé s’est-il inspiré d’un personnage réel pour créer le capitaine Haddock ? Le mystère reste entier…
