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🎬 Mickey 17 | 2025

24/05/2025
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Synopsis

Mickey prend part Ă  une expĂ©dition humaine de colonisation de la planĂšte de glace Niflheim. C'est un employĂ© jetable. À chaque fois qu'il meurt, ses souvenirs sont implantĂ©s dans un nouveau corps et sa mission reprend.

Présentation

EndettĂ© jusqu’au cou et menacĂ© par un usurier sadique, Mickey Barnes s’engage pour quitter la Terre au plus vite et Ă  n’importe quel prix. Ce dernier s’avĂšre trĂšs Ă©levĂ© : l’expĂ©dition qui doit emmener une colonie humaine sur une planĂšte inconnue a arrachĂ© le droit de recourir Ă  des « Expendables Â» (Remplaçables). Que ce soit durant le trajet ou une fois sur place, Mickey sert de cobaye aux scientifiques du bord : irradiation solaire, virus atmosphĂ©rique, hormones de synthĂšse, mĂ©dicaments, travaux dangereux, missions suicides
 on n’hĂ©site pas Ă  envoyer Mickey au casse-pipe en lui demandant de dĂ©crire avec prĂ©cision tout ce qu’il ressent.

Qu’importe s’il meurt, on sauvegarde sa mĂ©moire dans une brique et on la tĂ©lĂ©charge dans un corps tout neuf, imprimĂ© Ă  volontĂ© Ă  partir des dĂ©chets organiques recyclĂ©s de la colonie.

Le Mickey original accepte son sort de trĂšs bonne grĂące, ainsi que Mickey 2,3,4, jusqu’à la 17e version. En face, ses bourreaux n’expriment aucune compassion lors de ses longues agonies. L’image de scientifiques froids pourrait ĂȘtre vue comme caricaturale, mais n’est-ce pas la mĂȘme insensibilitĂ© qui habite ceux qui pratiquent des expĂ©rimentations sur des animaux de laboratoire ?

Si on peut qualifier Bong Joon-ho de rĂ©alisateur Ă  la fibre animaliste (Barking Dog, The Host, Okja
), Ă  l’humour grinçant, la finesse des portraits qu’il brosse du genre humain montre que les seuls personnages sensibles Ă  la souffrance et Ă  l’oppression sont des femmes.

La plus marquante est certainement Nasha, la copine de Mickey. Forte et bad-ass, intelligente et compatissante, elle donne de l’importance Ă  toute forme de vie : celles de Mickey, mais aussi celles des Creepers, qu’elle est la seule Ă  considĂ©rer comme des natifs, un peuple autochtone envahi par les Terriens (quand les autres les voient abusivement comme des aliens).

Du cĂŽtĂ© des antagonistes, le couple de dirigeants marche trĂšs bien, et pourrait passer aussi pour une caricature si le trumpo-muskinisme ambiant n’était dĂ©jĂ  pas too-much. C’est sĂ»rement ce que la critique aura retenu avant tout : un politicien ratĂ©, obsĂ©dĂ© par son image, soutenu par une foule portant des casquettes rouges, qui se refait dans une virile conquĂȘte spatiale. De mĂȘme auront marquĂ© les esprits l’odieuse attitude « hors-sol Â» (je dĂ©teste cette expression que tout le monde emploie Ă  tout-va, mais elle s’applique ici Ă  la perfection) des puissants, et le vertige d’une duplication illimitĂ©e d’un mĂȘme individu.

Le thĂšme du clone a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© traitĂ© en SF, notamment la rencontre accidentelle de deux copies dans le magnifique Moon de Duncan Jones. Chez le rĂ©alisateur sud-corĂ©en, les questions Ă©thiques sont clairement Ă©noncĂ©es, mais ne sont pas centrales. Il faut voir la rĂ©impression continuelle de Mickey Barnes comme la mĂ©taphore du prolĂ©taire qui se rĂ©veille chaque matin pour retourner au mĂȘme turbin qui tue, vĂ©ritable chaire Ă  canon du pouvoir colonisateur et industriel.

Car, avec les ambitions eugĂ©nistes et mĂ©galo du commandant de mission, on aurait pu s’attendre Ă  voir l’imprimante produire des doubles en sĂ©rie du leader suprĂȘme, Ă  l’instar du film de Schaffner, Ces garçons qui venaient du BrĂ©sil. Mais le slogan de campagne est : « The One and Only Â», une idĂ©ologie politico-religieuse fondĂ©e sur l’Élu, enjoignant Ă  croĂźtre et multiplier de façon « naturelle Â». Dans ce contexte, il choisit comme machines Ă  imprimer ses mini-Me les spĂ©cimens les plus Ă  son goĂ»t parmi le staff fĂ©minin. Classe.

À l’autre bout du spectre social, Mickey se trouve plus bas que le premier barreau de l’échelle. Seul expendable de l’expĂ©dition, il a Ă  peine le temps de s’interroger sur ce qui lui arrive. Le running gag de tous ceux qui lui demandent : « Ă§a fait quoi de mourir ? Â» montre que la question est dĂ©risoire, et ne vaut mĂȘme pas une rĂ©ponse.

Bong Joon-ho livre un trĂšs beau film de SF, oĂč l’on retrouve ses personnages fĂ©tiches (hĂ©ros stupide, femmes fortes, puissants minables) dans un enchaĂźnement d’aventures extraordinaires. Il nous surprend du dĂ©but Ă  la fin, et l’histoire continue de rĂ©sonner en nous longtemps aprĂšs les final credits.

Fun fact : Anna Mouglalis a Ă©tĂ© castĂ©e pour ĂȘtre la voix de la mĂšre des Creepers. Creepy.

Note

Réalisé par Bong Joon-ho, ce film est l'adaptation du roman Mickey7 d'Edward Ashton paru en 2022.

Bruno Blanzat
Copyright @ Bruno Blanzat pour Le Galion des Etoiles. Tous droits réservés. En savoir plus sur cet auteur


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