Synopsis
Mickey prend part à une expédition humaine de colonisation de la planÚte de glace Niflheim. C'est un employé jetable. à chaque fois qu'il meurt, ses souvenirs sont implantés dans un nouveau corps et sa mission reprend.
Présentation
EndettĂ© jusquâau cou et menacĂ© par un usurier sadique, Mickey Barnes sâengage pour quitter la Terre au plus vite et Ă nâimporte quel prix. Ce dernier sâavĂšre trĂšs Ă©levĂ© : lâexpĂ©dition qui doit emmener une colonie humaine sur une planĂšte inconnue a arrachĂ© le droit de recourir Ă des « Expendables » (Remplaçables). Que ce soit durant le trajet ou une fois sur place, Mickey sert de cobaye aux scientifiques du bord : irradiation solaire, virus atmosphĂ©rique, hormones de synthĂšse, mĂ©dicaments, travaux dangereux, missions suicides⊠on nâhĂ©site pas Ă envoyer Mickey au casse-pipe en lui demandant de dĂ©crire avec prĂ©cision tout ce quâil ressent.
Quâimporte sâil meurt, on sauvegarde sa mĂ©moire dans une brique et on la tĂ©lĂ©charge dans un corps tout neuf, imprimĂ© Ă volontĂ© Ă partir des dĂ©chets organiques recyclĂ©s de la colonie.
Le Mickey original accepte son sort de trĂšs bonne grĂące, ainsi que Mickey 2,3,4, jusquâĂ la 17e version. En face, ses bourreaux nâexpriment aucune compassion lors de ses longues agonies. Lâimage de scientifiques froids pourrait ĂȘtre vue comme caricaturale, mais nâest-ce pas la mĂȘme insensibilitĂ© qui habite ceux qui pratiquent des expĂ©rimentations sur des animaux de laboratoire ?
Si on peut qualifier Bong Joon-ho de rĂ©alisateur Ă la fibre animaliste (Barking Dog, The Host, OkjaâŠ), Ă lâhumour grinçant, la finesse des portraits quâil brosse du genre humain montre que les seuls personnages sensibles Ă la souffrance et Ă lâoppression sont des femmes.
La plus marquante est certainement Nasha, la copine de Mickey. Forte et bad-ass, intelligente et compatissante, elle donne de lâimportance Ă toute forme de vie : celles de Mickey, mais aussi celles des Creepers, quâelle est la seule Ă considĂ©rer comme des natifs, un peuple autochtone envahi par les Terriens (quand les autres les voient abusivement comme des aliens).
Du cĂŽtĂ© des antagonistes, le couple de dirigeants marche trĂšs bien, et pourrait passer aussi pour une caricature si le trumpo-muskinisme ambiant nâĂ©tait dĂ©jĂ pas too-much. Câest sĂ»rement ce que la critique aura retenu avant tout : un politicien ratĂ©, obsĂ©dĂ© par son image, soutenu par une foule portant des casquettes rouges, qui se refait dans une virile conquĂȘte spatiale. De mĂȘme auront marquĂ© les esprits lâodieuse attitude « hors-sol » (je dĂ©teste cette expression que tout le monde emploie Ă tout-va, mais elle sâapplique ici Ă la perfection) des puissants, et le vertige dâune duplication illimitĂ©e dâun mĂȘme individu.
Le thĂšme du clone a dĂ©jĂ Ă©tĂ© traitĂ© en SF, notamment la rencontre accidentelle de deux copies dans le magnifique Moon de Duncan Jones. Chez le rĂ©alisateur sud-corĂ©en, les questions Ă©thiques sont clairement Ă©noncĂ©es, mais ne sont pas centrales. Il faut voir la rĂ©impression continuelle de Mickey Barnes comme la mĂ©taphore du prolĂ©taire qui se rĂ©veille chaque matin pour retourner au mĂȘme turbin qui tue, vĂ©ritable chaire Ă canon du pouvoir colonisateur et industriel.
Car, avec les ambitions eugĂ©nistes et mĂ©galo du commandant de mission, on aurait pu sâattendre Ă voir lâimprimante produire des doubles en sĂ©rie du leader suprĂȘme, Ă lâinstar du film de Schaffner, Ces garçons qui venaient du BrĂ©sil. Mais le slogan de campagne est : « The One and Only », une idĂ©ologie politico-religieuse fondĂ©e sur lâĂlu, enjoignant Ă croĂźtre et multiplier de façon « naturelle ». Dans ce contexte, il choisit comme machines Ă imprimer ses mini-Me les spĂ©cimens les plus Ă son goĂ»t parmi le staff fĂ©minin. Classe.
Ă lâautre bout du spectre social, Mickey se trouve plus bas que le premier barreau de lâĂ©chelle. Seul expendable de lâexpĂ©dition, il a Ă peine le temps de sâinterroger sur ce qui lui arrive. Le running gag de tous ceux qui lui demandent : « ça fait quoi de mourir ? » montre que la question est dĂ©risoire, et ne vaut mĂȘme pas une rĂ©ponse.
Bong Joon-ho livre un trĂšs beau film de SF, oĂč lâon retrouve ses personnages fĂ©tiches (hĂ©ros stupide, femmes fortes, puissants minables) dans un enchaĂźnement dâaventures extraordinaires. Il nous surprend du dĂ©but Ă la fin, et lâhistoire continue de rĂ©sonner en nous longtemps aprĂšs les final credits.
Fun fact : Anna Mouglalis a Ă©tĂ© castĂ©e pour ĂȘtre la voix de la mĂšre des Creepers. Creepy.
Quâimporte sâil meurt, on sauvegarde sa mĂ©moire dans une brique et on la tĂ©lĂ©charge dans un corps tout neuf, imprimĂ© Ă volontĂ© Ă partir des dĂ©chets organiques recyclĂ©s de la colonie.
Le Mickey original accepte son sort de trĂšs bonne grĂące, ainsi que Mickey 2,3,4, jusquâĂ la 17e version. En face, ses bourreaux nâexpriment aucune compassion lors de ses longues agonies. Lâimage de scientifiques froids pourrait ĂȘtre vue comme caricaturale, mais nâest-ce pas la mĂȘme insensibilitĂ© qui habite ceux qui pratiquent des expĂ©rimentations sur des animaux de laboratoire ?
Si on peut qualifier Bong Joon-ho de rĂ©alisateur Ă la fibre animaliste (Barking Dog, The Host, OkjaâŠ), Ă lâhumour grinçant, la finesse des portraits quâil brosse du genre humain montre que les seuls personnages sensibles Ă la souffrance et Ă lâoppression sont des femmes.
La plus marquante est certainement Nasha, la copine de Mickey. Forte et bad-ass, intelligente et compatissante, elle donne de lâimportance Ă toute forme de vie : celles de Mickey, mais aussi celles des Creepers, quâelle est la seule Ă considĂ©rer comme des natifs, un peuple autochtone envahi par les Terriens (quand les autres les voient abusivement comme des aliens).
Du cĂŽtĂ© des antagonistes, le couple de dirigeants marche trĂšs bien, et pourrait passer aussi pour une caricature si le trumpo-muskinisme ambiant nâĂ©tait dĂ©jĂ pas too-much. Câest sĂ»rement ce que la critique aura retenu avant tout : un politicien ratĂ©, obsĂ©dĂ© par son image, soutenu par une foule portant des casquettes rouges, qui se refait dans une virile conquĂȘte spatiale. De mĂȘme auront marquĂ© les esprits lâodieuse attitude « hors-sol » (je dĂ©teste cette expression que tout le monde emploie Ă tout-va, mais elle sâapplique ici Ă la perfection) des puissants, et le vertige dâune duplication illimitĂ©e dâun mĂȘme individu.
Le thĂšme du clone a dĂ©jĂ Ă©tĂ© traitĂ© en SF, notamment la rencontre accidentelle de deux copies dans le magnifique Moon de Duncan Jones. Chez le rĂ©alisateur sud-corĂ©en, les questions Ă©thiques sont clairement Ă©noncĂ©es, mais ne sont pas centrales. Il faut voir la rĂ©impression continuelle de Mickey Barnes comme la mĂ©taphore du prolĂ©taire qui se rĂ©veille chaque matin pour retourner au mĂȘme turbin qui tue, vĂ©ritable chaire Ă canon du pouvoir colonisateur et industriel.
Car, avec les ambitions eugĂ©nistes et mĂ©galo du commandant de mission, on aurait pu sâattendre Ă voir lâimprimante produire des doubles en sĂ©rie du leader suprĂȘme, Ă lâinstar du film de Schaffner, Ces garçons qui venaient du BrĂ©sil. Mais le slogan de campagne est : « The One and Only », une idĂ©ologie politico-religieuse fondĂ©e sur lâĂlu, enjoignant Ă croĂźtre et multiplier de façon « naturelle ». Dans ce contexte, il choisit comme machines Ă imprimer ses mini-Me les spĂ©cimens les plus Ă son goĂ»t parmi le staff fĂ©minin. Classe.
Ă lâautre bout du spectre social, Mickey se trouve plus bas que le premier barreau de lâĂ©chelle. Seul expendable de lâexpĂ©dition, il a Ă peine le temps de sâinterroger sur ce qui lui arrive. Le running gag de tous ceux qui lui demandent : « ça fait quoi de mourir ? » montre que la question est dĂ©risoire, et ne vaut mĂȘme pas une rĂ©ponse.
Bong Joon-ho livre un trĂšs beau film de SF, oĂč lâon retrouve ses personnages fĂ©tiches (hĂ©ros stupide, femmes fortes, puissants minables) dans un enchaĂźnement dâaventures extraordinaires. Il nous surprend du dĂ©but Ă la fin, et lâhistoire continue de rĂ©sonner en nous longtemps aprĂšs les final credits.
Fun fact : Anna Mouglalis a Ă©tĂ© castĂ©e pour ĂȘtre la voix de la mĂšre des Creepers. Creepy.
Note
Réalisé par Bong Joon-ho, ce film est l'adaptation du roman Mickey7 d'Edward Ashton paru en 2022.



